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HENRI DE GAND — HENRI DE HESSE


que Iarèglede saint Augustin, adoptée par les servîtes, lui est étrangère ; et nous possédons, des dépenses de voyages faites par le général de l’ordre pendant la période 1285-1300, un Diarium très détaillé, où le nom d’Henri n’est pas même mentionné. Il n’y a plus personne qui admette comm ? authentique une bulle d’Innocent IV par laquelle il aurait été nommé « protonotaire apostolique du saint-siège avec des pouvoirs s - tendant non seulement à Paris et à tous les diocèses de France, mais encore à celui de Tournai » . Or, c’est de cette pièce apocryphe qu’on tirait jadis une foule de détails biographiques, notamment la naissance en 1217 et la promotion au doctorat en 1245 ou 1246. Enfin, la famille et le nom de famille du docteur solennel demeurent pour nous une énigme. Il résulte des dernières recherches que ses rapports avec la noble lianée des Goethals ou Bonicollii ont été, selon toute vraisemblance, inventés par des généalogistes complaisants. D’autre part, les deux appellations de Gandarensis (a Gandavo) et Mudanus (a Muda) ne paraissent point être des désignations patronymiques, mais de simples indications d’origine : elles s’expliquent tout naturellement par l’usage, cher aux lettrés, de prendre, surtout lorsqu’ils s’expatriaient, le nom de leur lieu de naissance.

Parmi les ouvrages d’Henri de Gand, il faut surtout mentionner : 1° les Quodlibeta, au nombre de quinze. Ce sont autant de dissertations ou de conférences sur les problèmes les plus variés. Ils nous donnent un aperçu intéressant des sujets agités dans les écoles de Paris et leurs annexes vers la fin du xine siècle. La plupart de ces sujets se rapportent à la psychologie, mais il y a aussi nombre de thèses de cosmologie et de métaphysique, sans compter des chapitres de nature purement canonique ou théologique. Il arrive parfois, bien que rarement, que l’auteur, entraîné par l’esprit du temps, tombe dans des minuties d’une subtilité excessive. Le recueil des Quodlibeta a été édité à Paris, en 1518 (c’est le premier texte imprimé où se rencontre le nom de Goethals) ; à Venise, avec les commentaires de Zuccolius, en 1608 ; dans la même ville, 2 in-fol., 1613. On annonce que M. A. Pelzer en prépare une nouvelle édition. 2° Une Summa theologica, qui est restée inachevée et ne contient en réalité qu’un prologue et une théodicée. Mêlant, comme on le faisait alors, la philosophie à la théologie, elle débute par une étude remarquable sur les fondements ontologiques de la vérité. Elle a été imprimée à Paris en 1520, et réimprimée à Anvers, en 1639, puis à Ferrare en 1646. 3° Liber de scriptoribus illustribus, édité pour la première fois à Cologne, en 1580. Hauréau en a contesté l’authenticité ; Mémoire sur l* livre De viris illustribus, attribué à Henri de Gand, daiis les Mémoires de l’Académie des inseriplions et belles lettres, t. xxx, 2e partie, p. 349 sq. ; Xotices extraites de quelques manuscrits di’la Bibliothèque nationale, Paris, 1895, p. 162-173 ; mais ses arguments, purement internes, n’ont pas convaincu tout le monde. 4° Un Commentaire sur la Physique d’Aristote, et 5° un Traité de logique. Ces deux ouvrages n’ont pas été imprimés. La Bibliothèque nationale de Paris possède un exemplaire des Commentarii in VIII libros Physicorum, n° 16609, niais il est incomplet et ne contient que des parties relatives aux 1. IV-VIII. Quant au Traité de logique, il en existe un exemplaire à la bibliothèque de la ville de Bruges et un autre à la bibliothèque d’Erfuit. Il nous reste aussi, en manuscrit, plusieurs ouvrages d’exégèse, de morale et d’ascétisme, notamment : 6° des Sermons (mss de Saint-Omer et de la Bibliothèque nationale) ; 7° une explication Super prima capita Genesis ; 8° un traité De virginitate (mss de la bibliothèque royale de Bruxelles et de la bibliothèque royale de Berlin) ; 9° un traité De peenilentia ;

10° Quæsliones super Decretalibus (ms. de Vienne). Notons enfin qu’on a attribué à Henri de Gand un Commentaire sur le Hure des Sentences et un Commentaire sur la Métaphysique d’Aristote ; mais, eu égard aux nombreuses confusions dont la personne du docteur solennel a été l’objet, l’authenticité de ces écrits est douteuse.

M. de Wulf, Éludes sur Henri de Gand, in-8°, Paris et Louvain, 1897 ; Franz Ehrle, Beitràge zu den Biographicn berulimter Scholastiker, Heinrich von Gent, dans Archiv fur Litleratur und Kirchengeschichte, 1885, t. i, et traduction française de ce travail par Raskop, dans le Supplément au t..x.x des Bulletins de la Société historique et littéraire de Tournai ; A. Wauters, contre l’authenticité de la bulle d’Innocent IV, dans les Bulletins de l’Académie rogale de Belgique, 1875, 2e série, t. xi, p. 356 ; Delehaye, Nouvelles recherches sur Henri de Gand, dans le Messager des sciences historiques, 1886 et 1888 ; N. de Pauvv, Note sur le vrai nom du docteur solennel Henri de Gand, et Dernières découvertes concernant le docteur solennel, dans les Bulletins de la Commission rogale d’histoire, 1888 et 1889 ; Hagemann, De Henrici Gandavensis quem vocant ontologismo, Munster, 1898 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Moyen âge, Paris, 1895, t. îi, p. 227246 ; U. Berlière, dans Zeitschrift fiir katholische Théologie, 1890, p. 384-388 ; Hurter Nomenclator, Inspruck, 1906, t. il, col. 396-400.

J. Forget.

    1. HENRI DE HESSE (de Hassia)##


5. HENRI DE HESSE (de Hassia), théologien chartreux, surnommé le jeune pour le distinguer de ses homonymes Henri de Heyerburg de Langestein († 1397), Henri de Hassia, augustin († 1317) et de plusieurs autres savants ainsi nommés. Le chartreux Henri de Hesse naquit à Mayence et fit ses études à Paris, où cependant il ne prit pas les grades. C’est à Cologne qu’il fut fait maître es arts et, en 1400, il fut agrégé à l’université d’Heidelberg, où il remplit les charges de recteur, vice-recteur et de doyen (1401-1411), enseigna les Sentences (1405-1410) et prit la licence le 18 décembre 1411. En 1414, il se fit chartreux à Fribourg-en-Brisgau, et dix ans après, sur la demande des religieux de Monichusen, près d’Arnheim, dans la Gueldre, le chapitre général l’y institua prieur. Il fut aussi visiteur de la province du Rhin et mourut le 12 août 1427 avec la réputation d’un saint. Il a écrit : 1° sur les Sentences, et son commentaire est conservé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, à celle de l’Arsenal à Paris, à celle d’Alençon, n. 144, et autrefois à Strasbourg ; cf. Migne, Dictionnaire des manuscrits, t. i, col. 1202, 1383 ; t. il, col. 860 ; une autre copie a été mise en vente par M. L. Rosenthal, libraire à Munich (Bavière), dans ses catalogues 31° et 40e ; 2° sur la Genèse, l’Exode, les Proverbes et l’Apocalypse. Possevin, dans V Apparatus sacer, au mot Salomon, met Henri de Hesse au nombre des commentateurs du Cantique des cantiques. 3° Un recueil de ses Sermoncs de sanctis, écrit en 1464, in-4°, se trouve mentionné dans le catalogue de la vente des livres provenant de la chartreuse supprimée de Buxheim, dans la Souabe, p. 139, n. 2605. Plusieurs autres sermons se trouvent éparpillés dans divers recueils mss. Cf. Migne, op. cit., t. ii, col. 680 ; L. Rosenthal, catal. 40e, p. 14, n. 211, etc. 4° Dialogus inter episcopum et presbylerum de celebratione missarum. ms. ; 5° Tractalus de contractibus emptionis et venditionis, dans le codex ms. n. 719 de la bibliothèque Palatine au Vatican, à la bibliothèque Mazarine, de Paris, n. 943 (1081), et aussi à la bibliothèque de l’université de Bàle, A. IV, 20 ; A. IX, 19 ; C. III, 32 ; G. V, 36 ; autrefois à la bibliothèque de Strasbourg ainsi qu’à celle de la chartreuse de Buxheim ; 6° Régulée ad noscendum discrimen inter peccalum morlale et venialc, opuscule imprimé plusieurs fois au xve siècle ; cf. Hain, Repertorium, n. 1190-8400 ; 7° Aubert Le Mire attribue à H. de Hesse le jeune l’ouvrage suivant, qui a eu beaucoup d’éditions : Sécréta sacerdolum quæ sibi