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HÉNOTIQUE


chassé de son siège par la violence, si l’Église devait autrement demeurer sans pasteur — opinion contre laquelle le pape saint Gélase s’était très fermement élevé. Epiât., xiii, ad episcopos Dardanix, Mansi, t. viii, col. 49 sq. — le patriarche Macédonius sentit néanmoins l’illégalité réelle de son élection. Il s’efforça dans la suite de se faire pardonner cette illégalité, et montra, selon l’expression de Tillemont, op. cit., c. sur Euphème de Constantinople, a. 10, p. 661, qu’il eût été « digne assurément de cet honneur, s’il y fût monté par une autre voie » . Il se déclara très nettement contre les eutychiens, dans un synode tenu en 497 ou 498, et renouvela les décrets de Chalcédoine, soit totalement, soit partiellement. Évagre, H. E., 1. III, c. xxxi, P. G., t. lxxxvi, col. 2657 sq. ; Théophane, Chronographia, an. 491, P. G., t. cviii, col. 340 ; Libellus synodicus, dans Mansi, Concil., t. viii, col. 374 ; Cedrenus, Chron., P. G., t. cxxi, col. 684. Victor de Tunes ne s’accorde qu’en partie avec les auteurs précités. Voir Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 913-919. L’empereur Anastase se posant de plus en plus en protecteur des monophysites, Macédonius lui résista ouvertement. Le peuple se rangea du côté du patriarche. Mais l’hypocrite souverain eut recours à des intrigues pour se maintenir sur le trône dont la fureur populaire l’avait déclaré indigne. Il fit alors venir à Constantinople le fameux Sévère avec des bandes de moines de son parti. La lutte avec Macédonius se poursuivit, signalée tour à tour de la part du basileus par d’injustes vexations, puis par des concessions hypocrites, jusqu’au jour où, en 511, enlevé de son palais à la faveur des ténèbres, le patriarche fut emmené à Chalcédoine d’abord, puis à Euchaïtes en Paphlagonie. où Euphémius avait précédemment été exilé. Théodore le Lecteur, ii, 26-28 ; Théophane, an. 504, P. G., t. cviii, col. 364-368 ; Liberatus, Breviarium, c. xix ; Marcellinus Cornes, Chronicon, an. 511, P. L., t. ii, col. 937 ; Nicéphore, xvi, 26, P. G., t. cxvii, col. 164-168 ; Victor de Tunes, Chronicon, an. 501, P. L., t. lxviii, col. 949 ; Évagre, H. E., 1. III, c. xxxi-xxxii. Cf. Cuper, Hisioria chronologica patriarcharum Constantinopolitanorum, n. 289-291.

En dépit de son incontestable bonne volonté et de l’énergique résistance qu’il opposa aux menées de l’empereur, Macédonius, pas plus que son prédécesseur, n’avait pu réussir à rétablir la communion avec Rome.

Son successeur, Timothée (511-518), fut l’homme du basileus, tour à tour sévissant avec lui contre les orthodoxes, s’inclinant hypocritement devant le danger des menaces populaires, puis, le danger passé, reprenant la protection des hérétiques et la persécution des catholiques. Après l’expulsion de Flavien d’Antioche et d’Èlie de Jérusalem en 511, le siège d’Antioche fut occupé, en 513, par l’hérétique Sévère ; celui de Jérusalem, par Jean, qui, contrairement à ce qu’on attendait de lui, se rallia les moines orthodoxes. Vita S. Sabæ, c. lxxvii, lxxix, lxxx ; Théophane, Chronographia, an. 505, col. 368-373 ; Marcellinus Cornes, op. cit., an. 512, 513, col. 937-938 ; Victor de Tunes, toc. cit.

Les évêques d’Isaurie et de Syrie IIe s’opposèrent à l’usurpateur d’Antioche ; deux d’entre eux, Cosmas et Sévérien, lui envoyèrent même un écrit de déposition. La résistance orthodoxe se manifestait donc encore assez forte. C’est alors, en 514, qu’éclata la révolte du général Vitalien ; elle avait pris pour occasion les mauvais traitements infligés aux catholiques et le bannissement de leurs plus éminents pasteurs, et menaçait de devenir une guerre de religion. Hergenrother, Photius, t. i, p. 111. Effrayé par la marche victorieuse de Vitalien, qui venait sur la capitale, l’empereur demanda la paix et promit par serment de rap peler les évoques expulsés, notamment Macédonius de Constantinople et Flavien d’Antioche, de réunir un concile général sous la présidence du pape à Héraclée de Thrace, et de soutenir désormais les orthodoxes. Évagre, H. E., 1. III, c. xliii, P. G., lxxxvi, col. 2696 ; Théophane, Chronographia, an. 506, loc. cit., col. 373.

La réalisation de ces promesses eût été de fait le rétablissement des relations avec Rome, après une longue interruption. Déjà maints évoques orientaux, dans une lettre très respectueuse, avaient adressé au pape Symmaque (498-514), avec une profession de foi orthodoxe, un touchant appel. Epist. episc. Orient., dans Labbe, Concilia, t. v, p. 433 sq. ; Mansi, Concil., t. viii, col. 221-226 : réponse de S. Symmaque, Epist., vm, Mansi, col. 218-220. Voir P. Bernardakis, Les appels au pape dans l’Église grecque jusqu’à Photius, dans les Échos d’Orient, 1903, t. vi, p. 120-121.

A saint Symmaque succéda saint Hormisdas (20 juillet 514-6 août 523). L’empereur Anastase lui exprima en deux lettres successives, fin décembre 514 et janvier 515, le désir de voir la paix ecclésiastique rétablie et un concile général assemblé à Héraclée de Thrace. Voir la réponse du pape, 4 avril 515, dans Mansi, t. viii, col. 385. Après mûre réflexion, Hormisdas envoya à Constantinople (515) les évêques Ennodius de Pavie et Fortunat de Catane, le prêtre Venance, le diacre Vital et le notaire Hilaire, avec des instructions précises : Indiculus qui datus est Ennodio, etc., dans Mansi, t. viii, col. 389-393. Son but était surtout d’éprouver la bonne foi d’Anastase, précaution que les événements ultérieurs devaient pleinement justifier. Dans de nouvelles lettres, juillet et août 515, le pape recommanda au prince ses envoyés et indiqua avec précision les conditions de la paix ecclésiastique : l’empereur devait souscrire la formule qui lui serait présentée, accepter le concile de Chalcédoine et la lettre dogmatique de saint Léon ; condamner Nestorius, Eutychès, Dioscore et leurs partisans, entre autres notamment Acace, rétablir les prélats qui avaient été déposés pour leur attachement à l’orthodoxie et à la communion avec Rome, enfin, abandonner au siège apostolique la cause de chaque évêque. Mansi, t. viii, col. 388.

Le basileus essaya de nouveau ses anciennes habiletés, et mit tout en œuvre pour se gagner les légats. A ceux-ci, lors de leur retour à Rome, ainsi qu’aux deux fonctionnaires de la cour envoyés par lui, il donna des lettres pleines d’honneurs pour le pape. Il conviait Hormisdas à prendre part personnellement au concile projeté, et cherchait à le rassurer entièrement par une profession de foi orthodoxe où le synode de Chalcédoine était expressément reconnu. C’est seulement sur l’unique point concernant Acace qu’il déclara ne pas pouvoir céder, malgré sa disposition personnelle, parce que, disait-il, à cause de ce patriarche défunt, des vivants se verraient chassés de l’église, qu’il s’ensuivrait de grands troubles et d’inévitables effusions de sang. Cf. Baronius. Annales eccl., an. 516, n. 4-6.

Dans sa réponse, le pape, tout en louant le zèle montré par Anastase, exprima le désir que les faits répondissent aux paroles. Il ne pouvait, ajoutait-il, dissimuler son étonnement que l’ambassade promise eût tardé si longtemps, et que l’empereur, au lieu de lui envoyer des évêques, lui eût dépêché deux fonctionnaires laïques, Théopompe et Sévérien, dans lesquels il avait vite reconnu des partisans du monophysisme. Mansi, Concil., t. viii, col. 398. Voir aussi la lettre d’Hormisdas à saint Avit de Vienne, 15 février 517, ibid., col. 409-411, où le pape montre qu’il avait deviné la ruse grecque qui se cachait derrière les belles paroles et promesses du basileus : Sed quantum