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HELVIDIUS — HÉLYOT


appris de la tradition palestinienne que Jacques et Siméon étaient les fils de Cléophas, le frère de saint Joseph. Eusèbe, H. E., iv, 22, P. G., t. xx, col. 380. Cf. Th. Zahn, Brùdcr und Vettern Jesu, dans Forschungen zur Gcschichte des neulest. Kanons, Leipzig, 1900, t. vi, p. 235-238. Voir Hégésippe, col. 2119.

Après avoir répondu ainsi à Helvidius sur la question de la virginité de Marie, saint Jérôme réfuta son erreur relative à la supériorité du mariage sur l’état de virginité. Risimus in te proverbium : « Camtlum vidimus saltitantem. » C’est ainsi qu’il débute avant d’interpréter le passage célèbre de saint Paul sur les occupations de la femme mariée et de la vierge, I Ccr., vu, 34, l’une pensant aux choses du monde, aux moyens de plaire à son mari, l’autre pensant surtout aux choses de Dieu, aux moyens de plaire à Dieu. En comparant la virginité avec le mariage, il conjure ses lecteurs de ne pas croire qu’il veut relever les vierges en rabaissant les personnes mariées ou qu’il entend blâmer le mariage ; nullement, mais comme saint Paul, sans faire de la virginité un précepte, il a le droit de la conseiller comme préférable au mariage ; et il termine par ces mots : « Nous venons de faire de la rhétorique et nous avons un peu joué à la manière des déclamateurs. C’est toi, Helvidius, qui nous y as poussé en soutenant, malgré l’éclat de l’Évangile, que la gloire était la même pour les vierges et les femmes mariées. Et comme je suppose que, vaincu par la vérité, tu vas calomnier ma vie et me maudire, je te préviensque tes injures me seront un honneur, puisque tu me déchireras de cette même bouche qui a calomnié Marie et que les aboiements de la même faconde confondront le serviteur de Dieu avec sa Mère. » De perp. virginilale, 24.

Il est à croire qu’Helvidius ne répondit rien à cette exécution. Aurait-il été du nombre de ceux qui plus tard, à la suite des deux livres Adversus Jovinianum, accusèrent saint Jérôme de condamner le mariage ? Ceux-ci, au dire de saint Jérôme, EpisL, xlviii, 12, ad Pammachium, étaient des hommes diserts et versés dans les études, ce qui semble bien exclure Helvidius ; et lorsque, dans cette même lettre. EpisL, xlviii, 18, P. L., t. xxii, col. 508, de dix ans postérieure au De perpétua virginilale, pan.ît le nom d’Helvicius, rien ne permet de croire qu’il soit actuellement visé. « Quand vivait Damase de sainte mémoire, nous avons écrit contre Helvidius sur la perpétuelle virginité de la bienheureuse Marie, et nous avons été dans l’obligation, pour relever le bonheur de la virginité, d’exposer avec une certaine étendue les ennuis du mariage. Est-ce que cet homme éminent, si versé dans les Écritures, docteur vierge d’une Église vierge, trouva rien à reprendre dans ce discours ? Dans le livre à Eustochium, EpisL, xxii, nous avons dit des choses encore plus dures sur le mariage, et personne qui s’en soit fâché. » Les attaques nouvelles ne venaient donc pas d’Helvidius ; peut-être était-il mort à cette époque ; mais elles provenaient d’un parti hostile à saint Jérôme et qui n’était pas sans partager les erreurs d’Helvidius.

S. Jérôme, De perpétua virginilale B. Marite adversus Ilelvidium, P. L., t. xxiii, col. 183-206 ; S. Augustin, Hier., 84, P. L., t. xlii, col. 46 ; Gennade, De scriptoribus ecclesiaslicis, 32, P. L., t. lviii, col. 1077 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1693-1712, t. i, p. 71, 624 ; t. xii, p. 81-84 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1863, t. vii, p. 595-597, 664 ; Otto Zôckler, Hieronymus, 1865, p. 94 sq. ; W. Haller, Jovinianus, 1897, dans Texte und Untersuchungen, nouv. série, t. ii, fasc. 2, p. 512 sq. ; Grûtzmacher, Hieronymus, t. i, p. 269-274 ; J. Niessen, Die Mariologie des hl. Hieronymus, Munster, 1913 ; Kirchenlexikon, 2° édit., t. v, col. 1757-1759 ; Dictionary o/ Christian biography, t. ii, p. 892 ; Realencyclopadie fiir proteslantische

Théologie und Kirrhe, t. vii, p. 654-655 ; U. Chevalier, Répertoire, Bio-bibliographie, t. i, col. 2051.

G. BAREILLE.

    1. HÉLYOT Pierre##


HÉLYOT Pierre, en religion P. Hippolyte, fils de Bénigne Hélyot et de Marguerite Musnier, naquit à Paris en 1660. Sa famille, anglaise d’origine, s’était transportée en France pour demeurer fidèle à la foi et se distingua par sa piété. Un des grands-oncles de Pierre, dom Ambroise Hélyot, mourut saintement chez les chartreux de Paris en 1667. Il était neveu de Claude Hélyot, conseiller à la cour des aides († 30 janvier 1686) dont on a des Œuvres spirituelles, in-8°, Paris, 1710 ; une biographie de sa vertueuse femme, écrite par le P. Crasset, S. J., La vie de M me Hélyot, in-8°, Paris, 1683, a été plusieurs fois réimprimée. Un autre de ses oncles, Jérôme Hélyot, chanoine de Paris, avait quitté le monde pour aller achever sa vie chez les religieux pénitents du tiers-ordre de Saint-François de la congrégation de France, dits de Picpus, du nom de leur monastère de Paris, dont il fut un bienfaiteur († 1687). On peut croire que c’est lui qui attira son neveu dans cette congrégation ; il en revêtait l’habit le 1 er août 1683, sous le nom de frère Hippolyte. Ses vertus et son mérite lui concilièrent bien vite l’affection et l’estime de ses confrères et de ses supérieurs, qui par trois fois le choisirent pour secrétaire de la province de France et de Lorraine. Élu définiteur au chapitre de 1710, il ne lui manqua qu’une voix pour être nommé provincial. Ses qualités étaient si bien connues et si totalement appréciées que son supérieur général le déléguait en 1714 pour présider le chapitre de la proince de Lyon. Il avait, en effet, été par deux fois envoyé à Rome, pour les affaires de sa congrégation et il profita de ce voyage, ainsi que des autres qu’il avait occasion de faire en accompagnant le provincial dans ses visites, pour recueillir des informations qui devaient lui servir pour le grand ouvrage qui a rendu son nom impérissable. Auparavant le P. Hélyot avait débuté comme écrivain par un petit volume, dont on veut que l’idée lui soit venue pendant une maladie qui le conduisit aux portes du tombeau : Idée d’un chrétien mourant, et maximes pour le conduire à une heureuse fin, contenant des instructions pour bien mourir et exhorter les malades à la mort, in-8°, Paris, 1695. Le Journal des sçavans du dernier de juin 1708, t. xl, p. 578-590, publiait une Dissertation du P. Hippolyte Hélyot sur le bréviaire du cardinal Quignonez, dans laquelle il démontrait que le texte primitif avait été interpolé, en particulier pour l’office de l’Immaculée Conception, où l’on avait inséré des passages faussement attribués à saint Dominique et à saint Thomas. Au mois de mars 1711, p. 355, le même journal rendait compte d’une Lettre du P. Hippolyte Hélyot, sur la nouvelle édition de l’Histoire des ordres religieux de M. Hermant, curé de Mallot en Normandie, in-4°, Paris, 1710. La première édition de l’ouvrage du curé de Maltot avait paru en 1697, suivant de près celle de Schoonebeck, Amsterdam, 1695. mais elles étaient toutes les deux si incomplètes et souvent si inexactes que le P. Hélyot avait conçu le projet de traiter le même sujet avec plus d’ampleur et d’exactitude. Dans sa Lettre de 1710 il promettait un ouvrage in-folio ; « il est tout prêt à imprimer, ajoutait-il, et il ne tient qu’aux libraires, » il priait aussi ceux qui avaient « dans leurs cabinets d’anciens habillemens de religieux, de lui en envoyer un dessin » . Coignard, imprimeur et libraire du roi, se chargea de la publication et la mena rapidement ; elle portait pour titre : Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations séculières de l’un et de l’autre sexe, qui ont esté establies jusqu’à présent, les événements hs plus considérables qui y sont arrivés, la décadence des uns et leur suppression, l’agrandissement des autres par le moïen des différentes réformes qui y ont esté inlro-