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HEISS — HELVETIUS


t. iii, col. 431 sq. ; B. Duhr, Geschichte der Jesuilen in den Làndcrn deulscher Zungc, Fribourg-en-Brisgau, 1913, t. Il b, p. 394 ; A. Hirschmann, Gretsers Schriflen iiber das Kreuz, dans Zeitschrijt fur katholische Théologie, t. xx, p. 484 sq.

B. Bernard.

    1. HÉLICITES##


HÉLICITES. Voir IIicètes.

    1. HELMONT François mercure van##


HELMONT François mercure van, fils du célèbre chimiste et médecin Jean-Baptiste van Helmont, naquit à Vilvorde, Brabant (Belgique), en 1618. Non content de partager les goûts de son père pour la médecine, la chimie et l’alchimie, il s’intéressa aux arts et aux sciences les plus extraordinaires. Il accumula ainsi des connaissances superficielles, qui étonnèrent ses contemporains, jusqu’à Leibnitz lui-même. Son premier soin fut de publier quelques travaux de son père, restés manuscrits, sous ce titre : Opuscula medica inedita, in-4°, Amsterdam, 1648. On l’accuse d’avoir mis à cette édition beaucoup de négligence. La curiosité le fit se mêler à une troupe de Bohémiens pour étudier leur langue et leurs usages et il parcourut avec eux une partie de l’Europe jusqu’à ce qu’il se vît arrêté en Italie et incarcéré au nom de la sainte Inquisition (1662). Il fut sans doute soupçonné de sorcellerie à la suite de propos et d’actes inspirés par son amour de, l’occultisme. Les sciences occultes, la cabale, la magie, la métempsycose eurent ses préférences. On ne le garda pas longtemps sous les verrous ; nous le retrouvons en Allemagne à Suizbach, auprès de l’électeur Charles-Louis (1663) ; il collabora avec Knorr de Rosenroth à la rédaction de la Kaballa denudata. Un opuscule qu’il publia dans le même temps fit quelque bruit : Alphabeti vere naturalis hebraici brevissima delineatio, quæ simul melhodum suppedilat juxla quam qui surdi nati sunt sic informari possunt, ut non alios saltem loquentes intelligant, sed et ipsi ad sermon is usum pcrveniant, in-12, Suizbach, 1667. Il prétendait avoir découvert la langue primitive du genre humain. Ce serait l’hébreu ; les caractères de cette langue ne seraient que la figure de la position prise par le ; organes vocaux pour les prononcer. Van Helmont s’imagina en donner la preuve sensible dans les 36 planches qui illustraient son ouvrage. A le croire, un sourd-muet de naissance n’aurait eu qu’à reproduire ces mouvements pour parler. Il se vanta d’en avoir fait l’expérience avec succès. Leibnitz crut à cette rêverie. Après un séjour en Angleterre où il rédigea pour la comtesse de Cannoway ses Deux cents questions sur les révolutions de l’âme, nous le trouvons à Amsterdam, où il se fixa. Les ouvrages qu’il y publie sont un amas d’élucubrations étranges ; c’est à se demander s’ils ne sortent pas de la plume d’un fou. Il a fait un exposé de ses doctrines dans ses Opuscula philosophica quibus conlinentur principia philosophiæ antiquissima et recenlissima, item philosophiæ vulgaris refutata, quibus subjecta sunt CC problemala de revolutione animarum humanarum, in-12, Amsterdam, 1690. Son livre intitulé : Sedcr olam sive ordo sseculorum, historica enarralio doclrinse, in-12, Amsterdam, 1693, est rempli d’absurdités. On a de lui un ouvrage sur la Cenèse : Qusedam præmeditatæ et considérâtes cogilationes super quatuor priora capita libri primi Moisis, Genesis nominati, in-8°, Amsterdam, 1697. Il a publié divers opuscu’es en allemand et en hollandais. Il mourut à Coin sur la Sprce, près de Berlin, en 1690. Leibnitz lui composa une épitaphe.

Adelung, Geschichte der menschliclien Narrheit, Leipzig, 1785-1799, t. iv, p. 294-325 ; Nouvelle biographie générale, de Hœfer, Paris, 1858, t. xxiii, p. 864 ; Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, 1884-1885, t. viii, col. 921-926.

J. Besse.

    1. HELVETIUS Claude-Adrien##


HELVETIUS Claude-Adrien, l’un des représentants du mouvement philosophique fran.ais au xviiie si cle. ni à Paris, janvier 1715, mort à Paris,

26 décembre 1772. — I. Avant l’Esprit. II. Le livre et l’atïaire de l’Esprit. III. Dernières œuvres.

I. Avant -l’Esprit, — D’une famille nommée Schweltzer ou Schweitzer, apparentée au bienheureux Canisius, originaire du Palatinat, mais, à la suite des troubles religieux, passée, vers 1650, en Hollande où elle prit le nom d’Helvétius, il était fils et petitfils de médecins.

Son grand-père, Jeanvdrien, anobli par Louis XIV en 1724, pour avoir fait connaître l’ipécacuana, s’était fixé en France et son père, Jean-Claude-Adrien, avait eu à la cour et à l’armée une haute situation et dans le pays une grande réputation de bienfaisance. Claude-Adrien fit ses humanités au collège Louisle-Grand et fut ainsi l’élève des jésuites, comme Voltaire. Fermier-général à vingt-trois ans, ayant de gros revenus, avide d’aventures galantes, « il débute par se faire la réputation d’unpetit-maître accompli. » Brunetière, Manuel de l’histoire de la littérature française, Paris, 1899, p. 322. Puis « enragé de célébrité » , ibid., il s’introduit dans le monde des lettres, y répand des largesses, tente, sous l’influence de Fontenelle, de briller dans le mouvement scientifique du temps, et finalement se tourne vers la poésie, où il s’était déjà essayé au sortir du collège, et vers la philosophie. Comme il envie le succès de Voltaire, il cultive à son exemple et sous sa direction le poème philosophique. Les résultats sont pauvres. Les Épîtres d’Helvétius, sur le plaisir, dédiée à Voltaire, sur l’amour de l’élude, dédiée à la marquise du Châtelet, sur les arts, sur l’orgueil et la paresse de l’esprit, les fragments d’une Épttre sur la superstition sont sans originalité ni valeur littéraire. Il en est de même de son poème philosophique le plus considérable, Le bonheur. Ce poème allégorique et mythologique, en 4 chants, indique déjà les principales idées et les tendances philosophiques de l’auteur. Le bonheur n’est ni dans la volupté ni dans le pouvoir et la richesse uniquement goûtés et possédés : il y a un art d’être heureux. Cet art, il ne faut le demander ni aux métaphysiques religieuses, ni aux philosophies comme le stoïcisme qui impose à la nature d’orgueilleuses contraintes, mais à la raison éclairée par l’expérience et à des maîtres comme Locke. Le bonheur a des conditions individuelles : unir « les voluptés des sens aux plaisirs de l’esprit, et par la variété éviter la tyrannie du désir et la saturation » ; il a des conditions sociales, en premier lieu l’affranchissement du despotisme et de la superstition. Helvétius avait composé ce poème pour se faire valoir en face de Fontenelle et de Maupertuis, qui avaient écrit sur le même sujet, mais, absorbé par la préparation de l’Esprit, il ne le publia pas. Ce fut l’œuvre de Saint-Lambert. L’ouvrage parut en 1772 sous ce titre : Le bonheur, mais il comprenait en outre les Épîtres et un Essai sur la vie et les ouvrages de M. Helvétius, anonyme, mais qui est de Saint-Lambert. Le bonheur eut 3 éditions, Londres, 1772, 1773, 1776.

II. Le livre et l’affaire de VEsphit. — Vers 1748, Helvétius, grand admirateur de Locke, de Fontenelle et de Voltaire, lié avec Buffon, Diderot, Montesquieu, Saint-Lambert, etc., reçu chez M me de Graffigny et chez M me Geolîrin, partage toutes les idées des futurs encyclopédistes et aspire à prendre rang parmi eux — encore qu’il ne collabora jamais à l’Encyclopédie. C’est l’Esprit des lois qui l’oriente, 1748. Sur le point d’en livrer le manuscrit à l’impression, Montesquieu le lui communiqua et Helvétius en fit plusieurs critiques : 1° dans une Lettre à Montesquieu, Œuvres d’Helvétius, édit. Didot, 1795, t. xiv, p. 61 ; 2° dans une Lettre à Saurin, un ami commun, ibid., p. 57 ; 3° dans des notes écrites en marge des huit premiers livres de son exemplaire et publiées pour la première