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HASARD — HAUNOLD


de lui donner, il l’obtiendra du concours ou de la rencontre de deux d’entre elles ; et nous saisissons ainsi, sur cet exemple frappant, où il se justifie le mieux, la véritable raison du rapport inverse qui existe, en Dieu, pour la production de tous les efîets, entre son entendement et sa puissance. Sa puissance se trouvct-elle atteinte par cette désaffection manifeste qu’elle témoigne vis-à-vis des effets prévus par sa sagesse ? Au contraire, Dieu fait tout et agit en tout, comme créateur et moteur de toutes choses. Mais le triomphe de sa sagesse consiste précisément à soustraire à l’action directe de sa puissance des effets qu’elle peut faire aboutir par les seuls moyens des causes naturelles ; et voilà comment se découvre, de la façon la plus évidente, la présence de l’Esprit dans le monde. Bien loin de la contredire, le hasard l’atteste plus que tous les autres efîets, de telle sorte qu’on puisse finalement se demander si ceux qui en ont pris peur se sont seulement préoccupés de savoir à quoi ils avaient affaire. Non seulement aucune des objections qui sont prises du hasard n’ont, en effet, rien de rare ni d’exceptionnel ; mais on peut dire qu’en lui restituant sa vraie notion, elles se retournent toutes contre ceux qui les avancent ; et il ne suffisait donc ici, comme partout ailleurs, que de ne pas suivre nos adversaires sur la position qu’ils voulaient nous imposer ; on ne sert jamais la vérité, mais on la compromet plutôt, si on la quitte seulement d’un pas ; et aucune question ne peut être véritablement dégagée des difficultés dont on l’embarrasse qu’en la remettant à sa véritable place. Nous en avons ici une excellente démonstration. Me permettra-t-on de dire qu’on obtiendra le même résultat, sur tous les sujets, même les plus rebelles, où l’on voudrait en faire l’épreuve, en revenant aux explications que saint Thomas en a proposées jadis, qui sont toujours les plus souples et les plus précises, à la fois si simples et si profondes, tellement consistantes et liées dans toutes leurs parties, que les objections les plus spécieuses tombent d’elles-mêmes devant elles ? Il se trouve, en effet, que, par une rencontre merveilleuse, la philosophie thomiste reioint tout ensemble le plus simple bon sens et la philosophie la plus savante ; et, grâce à cet accord admirable, elle a raison de tout, même du temps.

I. Ouvrages.

Aristote, Physte ; Albert le Grand, Physù., 1. II. tr. II, c. xiv ; Metaphys., 1. V, tr. VI, c. xv ; S. Thomas, Physic, 1. II, lect. vin ; Metaphys., 1. XI, lect. vin ; Cont. génies, 1. II, c. xxxix ; Sum. iheol., I a, q. cxv, a. 6 ; q. cxvi, a. 1 ; La Placette, Traité des jeux du hasard, La Haye, 1714 ; Montmort, Essai de l’analyse sur les jeux du hasard, Paris, 1713 ; Laplace, Théorie analytique des probabilités, 3e édit., Paris, 1820 ; A. Cournot, Théorie des chances et des probabilités, Paris, 1843 ; Essai sur les fondements de nos connaissances, Paris, 1851 ; Stuart Mill, Système de logique, trad. Peisse, 2e édit., Paris, 1880, t. II, p. 47-75 ; P. Janet, Les causes finales, Paris, 1876 ; Th. de Régnon, Métaphysique des causes, Paris, 1886 ; J. Bertrand, Le calcul des probabilités, Paris, 1888 ; A. Fouillée, La liberté et le déterminisme, 3’édit., Paris, 1890 ; A. Darbon, Le concept du hasard dans la philosophie de Cournot, Paris, 1890 ; L. Favre, Le hasard, Paris, 1912 ; E. Borel, Le hasard, Paris, 1914.

II. Revues.

1° Revue néo-scolastique : J. Huys, Le hasard, t. il, p. 272-285 ; J. Lottin, Le calcul des probabilités, t. xvii, p. 23-52. — 2° Revue de métaphysique et de morale : G. Milhaud, Le hasard chez Aristote et chez Cournot, t. x, p. 667-681 ; H. Piéron, Essai sur le hasard : la psychologie d’un concept, t. x, p. 682-695 ; E. Boutroux, Hasard oit liberté, t. xviii, p. 137-146. — 3° Revue de philosophie : F. Mentré, Râle du hasard dans les inventions et découvertes et Le hasard dans les découvertes scientifiques d’après Cl.Bernard, 4e année, 1. i 3 p. 426-439, 672-678 ; G. Tarde, La notion du hasard chez Cournot, 4° année, t. ii, p. 497-515. — 4° Revue philosophique : J. Maldidier, Le hasard, t. xliii, p. 561-598 ; G. Milhaud, La définition du hasard de Cournot, t. lxxii, p. 136-159 ; A. Darbon, Hasard et déterminisme, mars 1914, p. 225-265.

III. Dictionnaires.

E. Littré, Dictionnaire de la langue française, Paris, 1874, t. ii, p. 1987-1988 ; Diction naire des sciences philosophiques, 2e édit., Paris, 1875, p. 682-683 ; La grande encyclopédie, Paris, t. xix, p. 900.

J. Bouché.

    1. HATTEWI (Olivier van)##


HATTEWI (Olivier van), théologien et médecin, né à Utrecht vers 1570, mort à Anvers le 23 décembre 1610. Il appartenait à une noble famille protestante et, après avoir fait ses premières études dans sa ville natale, vint à Leyde où il étudia les belles-lettres et la théologie. En 1593 il se fit recevoir ministre. Après en avoir exercé les fonctions pendant quatorze ans, il abjura le calvinisme et amena avec lui à la foi catholique sa femme et ses enfants. Il étudia ensuite la médecine à Louvain, puis vint habiter Anvers. On a de lui : Apologie contre les ministres de la religion réformée : c’est peut-être la première édition de l’ouvrage suivant : Justification d’Olivier Hallem, tirée des marques de l’Église de Dieu, par où chacun saura comment distinguer, non seulement à présent, mais en tous temps, la véritable Église d’avec les synagogues des hérétiques, 2e édit., in-12, Louvain, 1610 ; Apostille sur une requête calomnieuse présentée au pape contre Olivier Hattem, in-12. Tous ces ouvrages sont écrits en flamand.

Valêre André, Blbllotheca belglca, p. 707 ; Foppens, Bibliotheca belgica, in-4°, Bruxelles, 1739, t. ii, p. 653 ; Théâtre sacré de Brabant, in-fol., La Haye, 1729, t. n a, p. 127 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. IX, p. 96 ; Hurter, Nomenclator, 1907, t. iii, col. 419, note.

B. Heurtebize.

    1. HAUNOLD Christophe##


HAUNOLD Christophe, théologien allemand, né à Altenhaus, en Bavière, le 18 octobre 1610, d’une ancienne et illustre famille, fut d’abord page à la cour de Bavière. Entré au noviciat de la Compagnie de Jésus le 25 avril 1630, il professa ensuite les humanités et consacra le reste de sa vie à l’enseignement de la philosophie et surtout de la théologie à Dillingen, à Fribourg et à Ingolstadt. Ses ouvrages philosophiques attirèrent de bonne heure sur lui l’attention du cardinal de Lu go. Il convient de citer entre autres : Philosophia de anima rationali, Dillingen, 1645 ; Philosophia de anima sensiliva, ibid., 1645 ; Quæstio anacutior hodie philosophia plus Isedat ingénia quam excolat ad alias facultates, Ingolstadt, 1645 ; Logica practica in régulas digesta, ibid., 1646 ; Cologne, 1688 ; Ingolstadt, 1696, etc. ; De ortu et interitu animx rationalis, Ingolstadt, 1694. En théologie, Haunold ne tarda pas à être regardé comme une des gloires de l’université d’Ingolstadt. Par la pénétration de sa pensée et la clarté de l’exposition, il reste un des maîtres de son temps. Ses Instituliones thculogicæ en quatre livres, in-8°, Ingolstadt, 1559, n’étaient qu’une préparation sommaire à son grand ouvrage : Théologies spéculatives scholasticis prælectionibus et exercitiis accommodatæ libri IV, in-fol., ibid., 1670, conçu sur le plan de la Somme de saint Thomas, mais adapté aux besoins de l’époque et se référant toujours, pour les soumettre à l’analyse et en suivre les progrès, aux données les plus neuves de la théologie contemporaine. Le traité qui a mis surtout en relief le savoir étendu et précis, le sens théologique profond et sûr, la méthode simplifiée et claire du P. Haunold, est le De justitia et jure dont le I er volume parut en 1671 à Ingolstadt sous ce titre : Conlrovcrsiarum de justitia et jure privalorum universo nova et theoretica methodo in decem tractatus et quatuor tomos digeslarum. Finalement l’ouvrage eut six volumes et fut achevé en 1674 : il est de ceux qui font honneur à la théologie et il garde aujourd’hui encore son intérêt, sinon son autorité. Haunold a laissé aussi un écrit de controverse : Pro Ecclesise romanse infallibililate notât responsorim seu succincla defensio, in-4°, Ingolstadt, 1654. Il mourut à Ingolstadt le 22 juin 1689. La faculté de théologie fit inscrire son éloge sur les murs de la grande salle des cours.