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HARDOUIN — HARNEY


Lambeth et que Barlow qui l’aurait sacré n’a jamais lui-même reçu l’ordination épiscopale, ce qui infirme toutes les ordinations faites par eux. Le P. Le Quien, dominicain, grand ami du P. Hardouin, défendit la même thèse. Cf. Mémoires de Trévoux, 1724, p. 13931418 ; 1725, p. 469-495 ; 1726, p. 989-1030 ; Journal des savants, 1725, p. 116-126 ; 1726, p. 327-335.

Le P. Hardouin mourut le 3 septembre 1729, regretté de tous ceux qui l’avaient connu. Il était l’obligeance même, au témoignage de dom Massuet, et l’édification en personne. « Regardé par les savants comme un prodige de mémoire et d’érudition, dans le collège comme un modèle de la plus exacte régularité, occupé sans cesse au travail, ne connaissant ni plaisir ni récréation, ne se délassant de son application à l’étude que par celle qu’il donnait à la prière, » Éloges de quelques auteurs français (par Philippe Joly, le président Bouhier et Michault), Dijon, 1742, p. 428, il a su se faire pardonner les paradoxes de son esprit trop peu soucieux des jugements d’autrui. Il en porta toutefois lourdement la peine. En 1709 parut à Amsterdam une édition de ses œuvres : Joannis Harduinie Societate Jesu près bij ter i opéra selecla, comprenant les ouvrages déjà publiés et quelques écrits nouveaux. Le P. Hardouin avait fait à ses précédents ouvrages d’importantes retouches que signalait le titre même de l’édition nouvelle : Opéra selecla emendatiora ; mais l’éditeur n’en avait nullement tenu compte, comme on le voit par une Protestation du P. Hardouin contre l’édition que l’on fait de ses ouvrages à Amsterdam, Paris, 1708, protestation reproduite dans les Mémoires de Trévoux, août 1708, et renouvelée en septembre, p. 1660-1664. Les Opéra selecla ne furent pas moins publiés ; ils excitèrent de vives rumeurs et la Compagnie de Jésus fut accusée d’avoir patronné elle-même cette édition. Les supérieurs furent obligés de protester à leur tour contre une pareille assertion et obligèrent le P. Hardouin à désavouer publiquement les théories qu’il avait autrefois avancées sur l’authenticité d’une foule d’écrits des Pères de l’Église, d’écrivains ecclésiastiques et d’auteurs classiques, théories qui avaient précisément motivé sa protestation auprès de l’éditeur. Le P. Hardouin se rétracta en toute humilité et sincérité. Cf. Mémoires de Trévoux, février 1709, p. 163167. Ces pièces, publiées séparément, ont été reproduites également par Chauffepié dans son Dictionnaire, art. Hardouin. Voir aussi C. Koch, Slrictura theologica in J. Harduini opéra selecla, Helmstadt, 1710. Les Opéra selecla ont été prohibés par décret de l’Index, le 13 avril 1739. Divers écrits du P. Hardouin furent publiés après sa mort sans tenir compte des corrections faites antérieurement et des rétractations formulées. Tels sont les Opéra varia, in-fol., Amsterdam, 1723, qui furent mis à l’Index le 13 avril 1739. L’ouvrage contenait différents manuscrits inédits, entre autres Athei dctecli, où les doctrines de Jansénius, du P. Malebranche, de Thomassin, d’Arnauld, de Nicole et même de Descartes étaient accusées de conduire à l’athéisme. L’auteur de cette édition suspecte ne s’est jamais fait connaître. On a soupçonné l’abbé d’Olivet d’en être l’auteur et le P. Brumoy déclare avoir à ce sujet « plus que des conjectures » . Lettre au marquis de Caumont, 2 janvier 1731. Cf. Mémoires de Trévoux, juin 1731, p. 1147. Voir aussi Acla eruditorum, 1735, p. 481-490. Parmi les œuvres posthumes citons encore le Commentarius in Novum Testamentum, Amsterdam, 1741, mis à l’Index le 28 juillet 1742 ; le P. Hardouin émet l’opinion bizarre que le Christ et les apôtres ont prêché en latin et que Céphas repris par Paul n’était pas l’apôtre Pierre ; Joannis Harduini jesuitas ad censurant scriptorum veicrum prolegomena, Londres, 1766. La préface est de M. Bowyer. L’édition semble avoir été faite par d’Olivet sur un manuscrit de l’auteur.

L’ouvrage fut prohibé à Paris dès son apparition. Huet a fort bien dit au sujet du P. Hardouin en faisant la part du feu : a II a travaillé quarante ans à ruiner sa réputation sans pouvoir en venir à bout. » Cf. Mémoires de Trévoux, 1734, p. 111.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iv, col. 84 ; Fleury, Histoire ecclésiastique, t. xxxiii, p. 173 sq. ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1910, t. iv, col. 794, 1198-1206 ; Oudin, dans Éloges de quelques auteurs français, Dijon, 1742, p. 428-469 ; Lambert, Histoire littéraire du règne de Louis XI V, 1. 1, p. 182 sq. ; Michault, Mélanges historiques et philologiques, Paris, 1754, t. ii, p. 74-77 ; Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1711, t. xix.

P. Bernard.

    1. HAREN (Jean de)##


HAREN (Jean de), théologien, né à Valenciennes vers 1540, mort vers 1620. Fils d’un ministre protestant que ses discours séditieux firent condamner à mort, il se rendit fort jeune à Genève oii Calvin le prit en amitié. Il assista à la mort de cet hérétique. Pendant dix-huit ans Jean de Haren remplit les fonctions de ministre protestant. Converti par les jésuites, il abjura à Anvers le 3 mars 1586 et s’appliqua dès lors à prêcher les doctrines catholiques. En 1599, il était à Nancy et paraît avoir été attaché au service de la princesse Antoinette de Lorraine qui venait d’épouser le duc Jean-Guillaume de Juliers. Le 7 mars 1610, étant à Wessel, il eut le malheur de revenir au calvinisme dont il fit profession publique dans le temple des Wallons. On a de lui : Brief discours des causes justes et équitables qui ont meues M. Jean Haren, jadis ministre, de quitter la religion prétendue réformée, pour se ranger au giron de l’Église catholique. Récitées publiquement au peuple d’Anvers en la grande salle du collège des Pères de la Société de Jésus, le ix* jour de mars 1586 parle dit Haren. Auquel sont adjoustées certaines demandes chrestiennes proposées par ledit Jean Haren à un certain ministre protestant, louchant les principaux pointz de la religion catholique, in-12, Anvers, 1587 ; le même écrit avait été publié en flamand, in-12, Anvers, 1586 ; Treize catéchèses contre Calvin et les calvinistes, in-12, Nancy, 1599 ; Profession catholique de Jean Haren, in-12, Nancy, 1599 ; Épistre et demande chrestienne de Jean Haren à Ambroise Wille, ministre des estrangers Wallons relirez en la ville d’Aix-la-Chapelle, in-12, Nancy, 1599.

Valèrc André, Bibliotheca belgica, in-4°, Louvain, 1643, p. 511 ; Foppens, Bibliotheca belgica, in-4°, Bruxelles, 1739, t. ii, p. 653 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. iv, p. 186 ; dom Calmet, Bibliothèque lorraine, in-fol., Nancy, 1751, p. 479.

B. Heurtebize.

    1. HARNEY Martin##


HARNEY Martin, dominicain belge, naquit à Amsterdam le 6 mai 1634, et entra dans l’ordre des prêcheurs le 21 novembre 1650. Ses études achevées, il enseigna tour à tour la philosophie et la théologie à Louvain, puis à Bruxelles. Il se présenta à la licence à l’université de Louvain en 1661. Voir ses thèses dans Scriptores ord. præd., xviii sœc, p. 45. Ce n’est qu’en 1669 qu’il prit le bonnet de docteur dans la même université. (Ses thèses, ibid.) En 1672, le général de l’ordre, Thomas de Roccaberti, l’appela à Rome, en qualité de socius pour les provinces de langue allemande. Trois ans après (1675), il quitta Rome pour remplir l’office du premier régent au collège de Louvain. En 1680, puis de nouveau en 1692, il fut élu provincial pour quatre ans. En 1687, la chaire de théologie thomiste établie à l’université de Louvain, à la fin du xvi° siècle, étant devenue vacante, Harney y fut appelé au mois d’octobre 1687. Il l’occupa jusqu’à sa mort, qui arriva le 22 avril 1704. En 1661, Pierre de Alva y Astorga, mineur, avait publié à Anvers son Nodus indissolabilis oà l’école thomiste se trouvait