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HABITUDES MAUVAISES — HABITUDINAIRES


moralis decalogalis et sacramentalis per moclum con/irentiarum casibus practicis illustrata, part. IV, conf. VII, § 3, n. 194, 31n-4°, Venise, 1759, t. iii, p. 224 sq. ; Lehmkuhl, l’heologia moralis, part. III, 1. I, tr. V, De sacramenio pœnitentix, sect. ii, a. 1, § 2, n. 313, t. ii, p. 232.

2° Si, en règle générale, le pénitent n’est tenu de manifester les mauvaises habitudes que s’il est interrogé à ce sujet par le confesseur, il peut y être tenu, peraccidens, dans certains cas particuliers : par exemple, quand il doute de ses propres dispositions par rapport à l’absolution à recevoir, s’il craint de se faire illusion sur le ferme propos qu’il croit avoir, et que peut-être il n’a pas. Il doit, alors, manifester ses habitudes mauvaises, afin que le confesseur puisse juger de ses dispositions actuelles. Cf. Salmanticenses, Cursus theologiæ moralis, tr. XVII, De juramento, c. ii, p. ix, § 3, n. 162-166, t. iv, p. 200.

3° En pratique, il est mieux de conseiller aux pénitents de manifester leurs habitudes mauvaises, quand ils se confessent à un prêtre qui, n’étant pas leur confesseur ordinaire, ne les connaît pas, ou les connaît moins, de sorte qu’il peut plus facilement se tromper sur leurs dispositions actuelles par rapport à l’absolution. Il est mieux aussi de leur donner ce conseil, afin qu’ils reçoivent une direction plus adaptée à leurs besoins présents, et qu’on puisse leur indiquer les moyens les plus efficaces pour se débarrasser radicalement de ces habitudes mauvaises. Cf. Ballerini, Compendium theologiæ moralis, tr. De sacramento pœnilenliæ, part. II, c. ii, a. 1, § 2, n. 485, t. ii, p. 395.

T. Ortolan.

    1. HABITUDINABRES##


HABITUDINABRES. — I. Définition et division. II. De l’absolution des habitudinaires.

I. Définition et division.

1° Par habitudinaires les moralistes entendent ceux qui ont contracté l’habitude de péché. Voir Habitudes mauvaises. Le mot habitudinaire n’a pas eu la même signification chez les anciens qu’il l’a chez les modernes, depuis un siècle ou deux. Ceux-ci, en effet, ont introduit à ce sujet une distinction plutôt subtile, ignorée de ceux-là. Pour eux, les habitudinaires sont les pécheurs qui ont contracté l’habitude de pécher, et qui viennent s’en confesser pour la première fois. Si, après cette première confession, les habitudinaires retombent dans ces mêmes fautes, les théologiens modernes les appellent, non plus des habitudinaires, quoique la mauvaise habitude persiste, mais plutôt des récidifs. Ce n’est pas à dire évidemment que le récidif ne soit pas un habitudinaire, puisqu’il garde malheureusement cette mauvaise habitude ; mais il aggrave son cas en ce qu’il la conserve et retombe dans les mêmes fautes, après s’en être confessé, et avoir promis sérieusement de s’amender. Cf. S. Alphonse, Theologia moralis, 1. VI, tr. IV, De sacramento pœnilenliæ, c. i, dub. ii, § 2, n. 459 ; Praxis conjessarii, c. v, n. 70-71, Opéra moralia, édit. Gaudé, 4 in-4°, Rome, 1905-1912, t. iii, p. 467 ; t. iv, p. 565 ; Faure, Dubitaliones theologicæ de judicio praclico, quod super pœnitenlis, præcipue consueludinarii aul recidivi, dispositione formare sibi potest ac deb t conjessarius, ut eum rite absolval, dub. iii, § 1, in-8°, Lugano, 1843, p. 17 ; Gousset, Théologie morale, traité des sacrements. De la pénitence, c. x, a. 1, 2 in-8°, Paris, 1877, t. ii, p. 358.

Les habitudinaires, ainsi distingués des récidifs, semblent devoir s’entendre surtout des pécheurs qui, étant restés plusieurs années sans se confesser, ont besoin de soins spéciaux de la part du confesseur, pour sortir du déplorable état dans lequel les a jetés une habitude mauvaise invétérée, passée comme à l’état de seconde nature. Cf. Ballerini, Compendium heologix moralis, tr. De sacramenio pœnilenliæ, part.

III, c. ii, a. 1, § 2, p. ii, n. 032, note, 2 in-8°, Rome, 1869, t. ii, p. 432.

Quelques auteurs distinguent aussi les récidifs qui ne seraient pas habitudinaires du tout : par exemple, les pécheurs qui, après avoir confessé une faute, y retombent, sans néanmoins en conserver ou en contracter l’habitude.

On voit aisément l’importance de la précision dans les notions d’habitudinaires et de récidifs, pour éviter au confesseur de grandes anxiétés de conscience, si l’on songe que plusieurs auteurs, notés il est vrai comme trop rigides, donnent la valeur d’un principe incontestable à cette assertion que l’habitude mauvaise est un signe certain du manque, chez le pénitent, des dispositions nécessaires à la réception de l’absolution. Cf. Merbesius (Bon de Merbes), Summa christiana, seu ortliodoxa morum disciplina, tr. De pœnitentia, q. xlviii, cas. v, reg. 2, 3, 2 in-fol., Paris, 1683 ; Venise, 1770 ; Juenin, Institutiones theologicæ, tr. De pœnitentia, q. vi, c. v, a. 1, concl. 7, 4 in-8°, Lyon, 1694 ; 7 in-8°, Venise, 1704, ouvrage mis à l’Index par décret du 22 mai et du 17 juillet 1708 ; Genêt, Theologia moralis, tr. De pœnitentia, c. vii, q. x, c. x, n. 13, 16, 19, 7 in-8°, Venise, 1713 ; Bassano, 1769.

D’autre part, d’après saint Alphonse, les habitudes mauvaises peuvent être contractées par cinq actes, et même moins, voir Habitudes mauvaises ; et il faut cependant que le confesseur soit moralement certain des bonnes dispositions actuelles du pénitent, pour pouvoir l’absoudre, sans charger sa propre conscience, puisqu’il s’agit là de la matière même du sacrement, et de l’invalidité ou de la profanation sacrilège auxquelles on l’exposerait ; enfin, l’expérience démontre malheureusement que, à part les pénitents qui sont réellement vigilants sur eux-mêmes pour éviter le péché, on en trouve trop souvent qui pèchent tous les mois plusieurs fois. Faudra-t-il donc les regarder comme manquant des dispositions indispensables, parce qu’ils sont considérés comme habitudinaires ? et devrait-on leur refuser l’absolution, alors qu’ils en ont beaucoup plus besoin que d’autres ? Faudra-t-il donc, ce qui malheureusement aussi arrive trop souvent, imiter ces confesseurs timorés, qui, pour échapper à ces inquiétudes qui tourmentent leur propre conscience à ce sujet, se consacrent presque exclusivement à entendre la confession des personnes dévotes, et redoutent d’entendre les pécheurs qui en auraient un plus impérieux besoin ? Cette méthode ne réjouit que trop l’infernal ennemi de l’humanité, qui trouve le moyen de pêcher largement en eau trouble, et d’entraîner des légions innombrables d’âmes dans l’abîme de l’éternelle perdition. Cf. Palmieri, Opus Iheologicum morale in Busembaum medullam, tr. X, Desacramentis, sect. v, De pœnitentia, c. i, dub. ii, n. 215, t. v, p. 120.

2° Pris au sens strict que nous avons indiqué plus haut, le mot habitudinaire est susceptible encore de deux acceptions différentes. Il peut indiquer, en effet, ou bien un pénitent habitué au péché, c’est-à-dire attaché au péché : habitualiler ajfectus erga peccatum, qwindo jugi quadam voluntate et amore dcliberato adhæret pravitati, v. gr., odii adversus inimicum, vel impudici amoris, vel injuslitiæ violantis jus alterius, etc. ; et, dans ce cas, le confesseur, avant d’absoudre le pénitent, doit bien examiner si celui-ci renonce sérieusement à cet attachement au péché ; ou bien le mot habitudinaire indique un pécheur auquel la répétition du péché a donné l’habitude, c’est-à-dire une propension plus grande au péché et une plus grande facilité à le commettre ; et c’est en ce sens seulement que les théologiens entendent ce mot, quand ils l’emploient.

Cette distinction est importante, car, à moins de confondre cette propension ou cette facilité au péché