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GERMAIN


de son existence. Les homélies sur la Dormition renferment la même insinuation : la mort de la sainte Vierge n’y est pas attribuée au péché originel, seule cause de la dissolution des corps, mais à de hautes raisons providentielles. Voir la ; rc homélie sur la Dormition, toc. cit., col. 345.

Sur l’autre point, la puissance d’intercession de Marie et son rôle de médiatrice universelle dans la distribution des biens surnaturels, saint Germain « lépasse tous ses contemporains, même saint André de Crète, et annonce saint Bernard, qui l'égalera, peutêtre, sans le dépasser. C’est surtout dans l’homélie sur la ceinture de la Vierge et les deux sur la Dormition que Germain se fit le propagateur de cette doctrine. Voici, entre bien d’autres, un court extrait, fort explicite : « O mère de Dieu, ton secours est puissant dans l’ordre du salut ; il n’a pas besoin de recommandation auprès de Dieu… A penser à toi, on ne se lasse pas ; ton patronage est immortel, ton intercession vivifiante, ta protection continue. Si tu ne prenais les devants, il n’y aurait point d’homme spirituel : personne n’adorerait Dieu selon l’Esprit… Personne ne connaît Dieu que par toi, ô toute sainte. Personne n’est sauvé que par toi, ô mère de Dieu ; personne n'échappe aux dangers que par toi, ô vierge mère : personne n’est racheté que par toi. » 11e homélie sur la Dormition, t. xcviii, col. 349. Dans la i rc sur la Dormition, il montre que Marie reste toujours présente par son assistance au milieu des fidèles qui l’invoquent. Voir, par exemple, col. 346.

On remarquera que dans l’homélie sur l’Annonciation saint Germain adopte l’opinion curieuse, commune à certains Pères grecs, d’après laquelle Marie aurait conçu Jésus-Christ, au moment même où l’ange la salua, avant qu’elle eût manifesté son consentement. Voir M. Jugie, dans Byzanlinische Zeitschri/l, 1913, p. 47.

2. Autres homélies.

Nous n’insisterons pas sur les deux autres homélies attribuées à saint Germain, P. G., loc. cit., col. 223-244, sur la croix vivifiante, et col. 244-290, sur la sépulture du corps du Christ : un trop grand doute plane sur elles. On ne les trouve pas dans les manuscrits antérieurs au xiii c siècle ; Gretser et Combefis, P. G., loc. cit., col. 243, ont nié l’authenticité de cette dernière en se basant sur des critères internes. Les mêmes arguments ont autant de valeur pour la précédente. L’attribution n’en sera certaine que lorsque auront été édités tous les discours de Germain IL

4° Œuvres liturgiques. — Nous avons déjà signalé l’institution de l’acathiste. Il reste à ajouter quelques

mots sur Y ln-.oyy. ÈjocX7)aiflreTUCJ] y.oci ixjcîTtx.r, Secopia,

V. G., loc. cit., col. 384-454, et les poésies religieuses de saint Germain. 1. L"IoTopîa èxxÀTjataarixT) /.ai rj.j7T.zr, Œajpta est, avec la MuaTaytoyio : de saint Maxime, le document le plus important de cette époque pour l’histoire de la liturgie byzantine. C’est un commentaire des messes orientales de saint Basile, « le saint Jean Chrysostome et des Présanctifiés. Le texte donné par Migne est la reproduction exacte de la 6e édition, faite par Galland. Velerum Palrum bibliolheca, Venise, 1765. Ce traité a été longtemps attribué à Germain II, à cause de nombreuses interpolations du xie ou du xiie siècle qui l’avaient rendu suspect. Le cardinal Pitra en disait, en son style énergique : Nonne trium sœculorum sannis vapulal àvKJTopizï] historia ? Nonne risu perilorum explosa contemplalio nujstiea ? Nonne pulidis oppletur sequioris sévi inepliis, non rancidulis fœtet urabum vocabulis, non horret barbarie, quæ vix Germanum Nicsenum decet ? Juris eccl. græc. historia, t. ii, p. 97. Il désespérait lui-même de pouvoir discerner jamais dans cette oeuvre la part authentique des morceaux interpolés,

lorsqu’il découvrit, au cours de ses recherches, un document qui rendait possible ce travail, en servant en quelque sorte de « pierre de touche » , c’est la traduction latine du traité original ou d’un abrégé de ce traité, faite par Anastase le bibliothécaire durant son séjour a Constantinople, en 869-870. Ce précieux manuscrit n’a été édité qu’en 1905, par le P. S. Pétrides, avec une introduction explicative, dans la Revue de l’Orient chrétien, t. x, p. 287-309, 350-364. Voir P. de Meester, dans les Chrysostomika, Borne, 1908, fasc. 2°, p. 290. L’opuscule comprend lxiii chapitres, dont cinq, lv, lvi, lvii, lxi, lvii, empruntés à saint Maxime. Brigthman, The journal of theological studies, 1903, t. ix, p. 218-267, 387-398, a reconstitué le texte même sur lequel Anastase a fait sa traduction. Une lettre du même Anastase à Charles le Chauve, éditée par Pétrides, ibid., attribue formellement le commentaire en question à saint Germain, mais en se basant uniquement sur la tradition grecque d’alors, ut Grœci ferunt, ut jertur. Si, de ce fait, il n’est pas absolument certain que saint Germain en soit l’auteur, cela est du moins fort probable.

2. Pour ce qui concerne les poésies religieuses de saint Germain, nous nous contenterons de résumer ce qu’en écrit le cardinal Pitra, Juris eccl. græc. historia, t. ii, p. 296 : Cetera canonum sive canticorum ecclesiaslicorum palœstra est, dit-il, in qua vincit quoque Germanus et facile princeps eminet. Il compte sous le nom de ce mélode, cent quatre o-ctyrjpa et vingtdeux canons, comprenant au moins cent soixante odes. Tout cela est disséminé surtout dans les menées, du mois de septembre au mois de février, de juin à août, beaucoup de ces poésies sont destinées à la fête de Noël. Ces constatations ont leur importance pour l’histoire de la liturgie byzantine. Le savant cardinal en conclut que les stovrctscia et les oixoi sont encore inconnus à Sainte-Sophie, de même que rôy.tor, yo ;. Il ajoute à cette liste les œuvres liturgiques suivantes, qui se trouvent dans des manuscrits antérieurs au xme siècle : sù/â ; majorum horarum in natalium vigiliis ; officium integrum yovuxXioiaç in penlecostali cursu ; flebilia quiedam troparia in obitu monachorum.

5° Œuvres perdues. — Nous ne possédons pas, il s’en faut, toutes les œuvres, théologiques, pastorales ou polémiques, composées par saint Germain. Léon III fit brûler celles qui lui tombèrent sous la main. Peutêtre les autres empereurs iconoclastes continuèrentils cette besogne de vandale. Un des traités qui avait échappé à ces tempêtes, mais qui s’est perdu depuis, est l’AvTa-oooTixo ; rj àvoOrjTo ;. Photius le connaissait et en a donné une analyse. Biblioth., cod. 233. L’auteur s’y proposait de prouver que saint Grégoire de Nysse n’a pas du tout enseigné, avec Origène, que les peines des démons et des damnés sont temporelles. Il établissait la fausseté de cette théorie origéniste par l'Écriture et par les témoignages des Pères et à ce propos il justifiait saint Grégoire de Nysse par diverses citations de ses écrits. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, t. xii, p. 40.

En dehors des œuvres de saint Germain, les principales sources à consulter sont : Bt’oç xai noXiTei’a xai ixepty.r, OauixaTWv oirjYr.a-t ; toO èv 'Ayt’oiç llaTpô ; r, |Aà>v l’effiavoC, éditée par A. Papadopoulos-Kérameus, dans MavpoyopSi-reto ; p'.6).ioQr, Xï), t. ii, 'AvéxScT « é/>.r ( vr.xi, p. 1-17 ; Ttic|j.vr|[j.a Tr, ç Mapia ; xf, ; Ttou.a'.a :, édité par M. Gédéon dans rEx*.Xr)<Tta<TTixT| à).r, 0eia, 1883, t. iii, p. 211-229 ; Mansi, Concil., t. xii, col. 255-258 ; S.Jean Damascène, De imaginibus, orat. Et, 12, P. G., t. xciv, col. 1298 ; les lettres apocryphes de Grégoire II à Léon III l’Isaurien, dans Mansi, Concil., t. Xli, col. 959, 975 ; P. G., t. Lxxxix.col. 511, 521 ; voir à leur sujet L. Guérard, Les lettres de Grégoire II à Léon l’Isaurien, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1890, t. x, p. 44-60 ; Théophane, Chronographia, 6204-6222.