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GUERRE


disp. XIII, De bello, scct. i, n. 3, Opéra omnia, t. xii, p. 738. — 2. On objecte aussi les textes des prophètes : Conjlabunt gladios in vomeres, et lanceas in falces ; non levabit gens contra génies gladium ; — non cxercebuntur ullra in prælium ; … non noccbunt et non occident in monte sancto. Is., ii, 4 ; xi, 13 sq., etc. ; Mich., iv, 3, etc.

— Ces paroles s’appliquent au temps du Messie et à la paix que la rédemption accomplie apportera aux hommes, qui, jusque-là, étaient l’objet de la colère divine : ou bien elles font allusion aux moyens dont se servira le Messie pour établir son règne sur la terre ; car la guerre que le Messie et les prédicateurs de l’Évangile devront faire aux démons et aux erreurs, étant une guerre spirituelle, sera poursuivie non avec le glaive matériel qui tue les corps, mais avec le glaive spirituel de la parole sainte qui illumine les âmes ; ou bien encore, les prophètes, dans les passages de ce genre, entrevoient à l’avance le royaume de la gloire éternelle, après la résurrection, royaume qui n’aura plus d’ennemis à combattre ; mais tant que les ennemis subsistent dans cette terre de larmes, ces textes ne défendent pas de lutter contre eux, même par la guerre. Cf. Bellarmin, II*Controversia generalis, De membris mililanlis Ecclesiæ 1. Il I, De laicis, c. xiv, Opéra omnia, t. ii, p. 328. — 3. Le texte de l’Évangile : Ego antem dico vobis, non resistere malo ; sed si quis le percusserit in dexteram maxillam, præbe et alteram, Matth., v, 39, s’entend de la vengeance personnelle qui est défendue, et non d’une guerre juste pour la défense d’un État, ou le maintien de ses intérêts compromis par la malice d’autrui. Cf. Bellarmin, toc. cil. — 4. Quand Notre-Seigneur, la veille de sa passion, ordonne à saint Pierre, dans le jardin des Olives, de remettre le glaive dans le fourreau, car ceux qui se servent du glaive, périront par le glaive, Matth., xxvi, 52 ; Joa, xviii, 11, il ne condamne pas davantage la guerre en général. Cf. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xl, a. 1, ad l um ; Suarez, toc. cit. ; Bellarmin, loc. cit. Pour obéir à son Père céleste, le Christ s’offrait lui-même à ses bourreaux. Il ne voulait donc pas que Pierre mît obstacle à son oblation spontanée. J.. lui, 7. — 5. Quand saint Paul recommande aux chrétiens de ne pas se défendre, il n’a en vue, également, que la vengeance personnelle, qui n’est pas permise. Le contexte manifeste clairement la pensée de l’apôtre : Scriptum est enim : Mihi vindicta, ego rclribuam, dicit Dominus. Rom., xii, 19. Même réponse à un autre texte de saint Paul, Non malum pro malo reddentes. Rom., xii, 17. Dans ces textes et d’autres analogues, il n’est jamais question de l’autorité publique et légitime qui, non seulement a le droit, mais le devoir d’empêcher les ennemis de la société de lui nuire. Cf. Suarez, De charilale, disp. XIII, sect. iv, n. G, t. xii, p. 744 sq. Saint Paul l’insinue lui-même très clairement, lorsqu’il dit du chef d’un État : Non sine causa gladium portai : Dei enim minister est, vindex in iram ei qui malum agit, Rom., xiii, 4 ; et cette puissance contre les méchants, le chef de l’État peut et doit l’exercer, non seulement contre les ennemis du dedans, mais aussi contre ceux du dehors, comme le font remarquer les commentateurs de ce passage. Cf. Suarez, loc. cit., t.xii, p. 744. — 6. En rappelant que les principales armes des chrétiens sont le bouclier de la foi, le casque du salut, la cuirasse de la justice, le glaive de la parole, Eph., vi, 14-18, l’apôtre des nations ne leur défend pas de se servir aussi des armes matérielles contre les ennemis de la société. Le contexte, en effet, montre clairement qu’ici saint Paul n’a en vue que la lutte des chrétiens contre les légions infernales : Induite vos armaturam fldei, ut possilis stare aduersus insidias diaboli, quoniam non est nobis colluctalio adversus carnem et sanguinem, sed adversus mundi redores lenebrarum harum, contra spirilualia nequitise. Eph., vi, 11, 12. Ce passage peut signifier aussi que, même dans la

guerre, les principales armes du chrétien sont la foi et la prière, et qu’il doit se confier plus en le secours de Dieu que dans la force de son bras, comme le fit Moïse qui priait sur la montagne, tandis que les Hébreux combattaient dans la plaine, Exod., xvii, 10-14 ; comme le fit Josué qui priait en combattant, Jos., x, 11-14 ; comme le firent les Machabées que Dieu secourut du haut du ciel, en leur envoyant plusieurs de ses anges, sous la forme de cavaliers armés. II Mac, x, 29-31, etc. Mais ni ce passage, ni les textes analogues ne défendent l’usage des armes matérielles contre les ennemis publics. Ils recommandent seulement, tout en se servant des armes, de s’adresser par de ferventes prières au Dieu des armées de qui dépend la victoire, et c’est ce qu’ont toujours fait les princes chrétiens, à travers tous les siècles, en invoquant Dieu, avant de marcher au combat. Cf. Bellarmin, II* Conlroversia generalis, De membris mililanlis Ecclesiæ, 1. III, De laicis, c. xiv, Opéra omnia, t. il, p. 330.

IV. La guerre et les saints Pères.

1° Que la guerre n’est pas mauvaise en soi. — En bien des endroits les Pères l’affirment. — 1. Tertullien dit que les chrétiens ne refusent pas, dans ce but, de s’unir aux païens : Navigamus et nos vobiscum, et mililamus, et ruslicamur, et mercamur. Apolog., c. xlii, P. L., t. i, col. 491. Selon lui, elle n’est pas plus répréhensible que la navigation, le travail des champs, ou le négoce. — 2. Parmi les vertus, saint Ambroise place la force guerrière. De officiis, 1. I, c. vii, n.40, 41, P. L., t. xvi, col. 81-84.— 3. Saint Augustin l’expose longuement en commentant les passages de l’Évangile, où il est question des soldats : Si christiana disciplina omnino bella culparet, hoc potius consilium salulis petentibus in Evangelio diceretur, ut abjicereni arma, seque mililiæ omnino sublraherentur. Diclum est autem eis : Neminem concusseritis ; sufficial vobis stipendium veslrum. Quibus proprium slipendium sufficere præcipil, mililare non prohibuil. Epist., v, ad Marcellinum, c. ii, n. 15, P. L., t. xxxiii, col. 531 sq. ; Scrm., lxxxii, de verbis Domini, 19, P. L., t. xxxix, col. 1904. Cf. S. Jean Chrysostome, Homilia in Joannem, P. G., t. lix, col. 35 ; S. Athanase, Epislolaad Amunem, P. G., t. xxvi, col. 1173. — 4. Saint Grégoire le Grand enseigne la même doctrine : Sicut excellenliam vesiram hostilibus bellis in hac vila Dominus vicloriarum fecit luce fulgere, ila oportet eam inimicis Ecclesise ejus omni vivacitale mentis et corporis obviare. Epist., 1. I, epist. lxxiv-lxxv, ad Gennadium, P. L., c. lxxvii, col. 528 sq. — 5. Saint Grégoire de Tours désire que les princes chrétiens n’hésitent pas à faire la guerre, quand elle est nécessaire : Utinam et vos, o reges, in his prœliis, in quibus parentes veslri desudaverunt, exerceremini, ut génies veslra pace contenlse, vestris viribus premerentur. Hislor., 1. V, c. i, P. L., t. lxxi, col. 515.

— 6. De son côté, saint Bernard montre que la guerre est légitime et même méritoire : Al vero Christi milites securi præliantur prælia Domini sui, nequaquam meluentes aul de hostium cœde peccatum, aut de sua nece periculum, quando quidem mors pro Christo, vel ferenda, vcl injerenda, et nihil habeat criminis, et plwimum gloriie mereatur. Sermo ad milites, c. iii, P. L., t. clxxxii, col. 924. Les Pères grecs parlent de même. Cf. S. Grégoire de Nazianze, Oral., iii, de pace, P. G., t, xxxv, col. 1155 sq.

2° Que la guerre doit être entreprise par l’autorité publique. — Ordo naturalis morlalium paci accommodalum hoc poscil, ul suscipiendi belli auclotilas atque consilium pencs principem sil. S. Augustin, Contra Fauslum, 1. XXII, c. lxxv, P. L., t. xlii, col. 448.

Causes qui légitiment la guerre.

1. Justa bella

definiri soient quse ulciscuntur injurias, si gens, vel civilas quse bello petenda est, vel vindicare neglexeril quod a suis improbe factum est, vel reddere quod per injurias ablatum est. S. Augustin, In Pentaleuch., 1. VI,