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GERMAIN

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à attribuer à Marie cette délivrance, en même temps que les deux autres dont la ville avait déjà été l’objet, en 626 et en 077. En reconnaissance de cette triple préservation, il institua, en l’honneur de la sainte [i rge, un office d’une ordonnance toute spéciale, connu sous le nom : ô àxoéOttîTOç Gjavoç. Pargoire, L'Église byzantine de 527 à 847, p. 355-356. C’est la thèse de Théarvic, dans les Échos d’Orient, 1904, t. vii, p. 293-300 ; 1905, t. viii, p. 163-166. Cet auteur distingue dans l’acathiste i rois parties distinctes : l’hymne composée par un mélode, dans un but d’actions de grâces, peut-être pour la fête de l’Annonciation ; le synaxaire, discours du début du ix c siècle, sans doute ; enfui, la fête elle-même, ainsi que le xovtcJxiov, tous deux œuvre de saint Germain. Il se base pour cela sur un texte très explicite, publié en 1903, d’un manuscrit latin de Saint-Gall, du ixe siècle. Cette thèse, adoptée depuis lors par plusieurs savants, Krumbacher, de Meester, Bouvy, a été contestée par M. PapadopoulosKérameus, qui, ayant déjà fait à Photius l’honneur de l’institution de cette fête, dans '() àxâOicrcoç G|avoS xa : ô -aToiap/riç 4><ôt'.oî, Athènes, 1913, a gardé ses positions dans ' -aTp-.âv//, ; r.iT'.oç xaî 6 àzàOiciTo ; Gavo ;, 1905, et ensuite dans un long article du Byzantiskii Yrcmennik, 1908, t. XV, p. 357-383.

En 719, saint Germain baptisa le fils de Léon III, Constantin. La cérémonie fut quelque peu troublée par l’accident qui valut au futur empereur le surnom de Copronyme, mais le patriarche sut immédiatement relever les esprits, en voyant dans ce fait le présage du mal que le jeune prince ferait un jour à l'Église. Les dix premières années du règne de l’Isaurien furent calmes. De l’activité de saint Germain à cette époque, il reste, pour tout document, quelques modèles des homélies pleines de foi et de piété, qu’il adressait à son peuple, et un certain nombre de poésies ecclésiastiques, conservées dans les livres liturgiques.

4° Saint Germain et l’iconoclasme. Dernières années. — Saint Germain fut la première victime de l’iconoclasme après en avoir été le premier adversaire. Durant trois ans, de 725, date du premier édit iconoclaste, jusqu’en 729, date de sa démission, il fut l'âme de la résistance en Orient. Quelques évêques s'étaient déclarés, dès le début, favorables aux doctrines officielles : c'était Théodose d'Éphèse, Thomas de Claudiopolis, Constantin de Nacolia. Ce dernier, blâmé par son métropolite, Jean de Synnada, avait recouru au patriarche, peut-être dans l’espoir de le gagner à sa cause. Le métropolite, de son côté, porta l’affaire devant saint Germain, qui, dans sa réponse, P. G., t. xcvni, col. 156-162, lui résuma l’excellente leçon d’exégèse biblique qu’il avait donnée au prélat novateur, pour lui prouver que le culte des images n’est pas du tout contraire au texte de l’Exode, xx, 4 : Non faciès omnemsimilitudinem ad adorandum eam. L'évêque, devant cette semonce, fit les plus belles promesses, mais, de retour dans son diocèse, se hâta de les oublier et c’est pour l’en blâmer que Germain lui écrivit, P. G., t. xcviii, col. 161-164. Une troisième lettre, sur le même sujet, est adressée à Thomas de Claudiopolis. P. G., t. xevin, col. 164-188. Cet autre iconoclaste de la première heure semble avoir mis surtout en avant les objections des juifs et des musulmans, car le saint commence par le raisonner sur ce point ; il lui rappelle ensuite que les images sont un simple souvenir des exemples des saints et un encoument à glorifier Dieu avec plus de zèle, col. 172 ; en lin il donne le vrai sens de divers passages bibliques et termine en l’invitant à la paix. Ces lettres sont extraites des actes du VIIIe concile œcuménique, auquel elles furent lues, sur la proposition de saint Taraise, et qui les approuva sans restriction.

Devant la résistance qu’il rencontrait, dans les

provinces surtout, l’empereur ne pouvait trop exiger l’application de ses décrets. Même après la défaite des révoltés des Cyclades, 726, il devait ménager l’opposition. A Constantinople, c’est Germain qui l’arrêtait. On ne toucha pas aux églises tant que le saint fut là. Tout au plus, peut-être, essaya-t-on alors de détruire le christ de la Chalcé. Léon III semble avoir porté son premier décret sans s’occuper du patriarche, et avoir négligé d’abord de le gagner. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. iii, p. 612. Peut-être comptait-il que la mort le débarrasserait bientôt de ce nonagénaire. Mais, en 728, il résolut de passer outre et d’attirer Germain à ses vues ou de s’en débarrasser. Il eut, à cette fin, avec lui une entrevue qui fut sans résultat. Théophane, Chronographia, édit. Bonn, p. 625. A en croire saint Jean Damascène, De imag. oral., ii, 12, et l’auteur de la Vie, 18, le brutal souverain osa même souffleter le saint vieillard. Il en était réduit à éloigner ( iermain, s’il voulait poursuivre son œuvre. Pour voiler l’odieux de cette mesure, il essaya, avec l’appui du syncelle Anastase, de le faire passer pour un révolté, coupable du crime de lèse-majesté.

Le biographe du saint nous apprend, n. 18, que Léon III fit brûler les écrits que Germain avait composés en faveur de la foi orthodoxe, ainsi que ses discours, mais il est tout à fait fantaisiste lorsqu’il nous conte, n. 19, que le patriarche, pour échapper au tyran, se retira à Cyzique, dans un couvent de femmes, où il prit le voile et en devint méconnaissable, parce qu’il ressemblait parfaitement à une « vieille » nonne. Peut-être, à cette époque, écrivit-il à Grégoire II. On ne sait pas avec certitude non plus si la lettre du pape, P. G., t. xcvni, col. 147-155, le trouva encore patriarche. En effet, le 17 janvier 729, Léon III réunit au palais un conseil d'État, silenlium, dans lequel il chercha encore à gagner Germain. Celui-ci, n’espérant rien obtenir de l’Isaurien, donna sa démission en faisant sa réponse célèbre : « Si je suis Jonas, jetezmoi à la mer ; mais, ô prince, sans un concile général, je ne puis pas innover en matière de foi. »

Le départ de saint Germain était un vrai désastre pour la foi : son successeur, l’ambitieux Anastase, approuva les vues de l’empereur et l’iconoclasme triompha en partie. Les remarques suivantes de M. Hubert, Revue historique, 1899, t. lxix, p. 17-18, mettront encore en plus vif relief l’influence qu’exerçait le saint : « Le nouveau patriarche étant hérétique, il n’y avait plus maintenant d’intermédiaire entre le pape et les catholiques orientaux. L’autorité qu’avait eue Germain passa tout entière à Grégoire II. Le pape fut son véritable successeur. L'Église romaine devait devenir le foyer de la résistance à l’iconoclasme. »

Saint Germain, retiré du pouvoir, acheva ses jours dans le calme, dans sa propriété de Platanion. C’est là sans doute qu’il composa son traité De hxresibus cl synodis, à en juger par les circonstances dans lesquelles il se trouvait lorsqu’il écrivit. Voir n. 43. Il mourut presque centenaire, disent les anciens synaxaires, donc vers 733, si l’on prend pour base les données de la première lettre de Grégoire II à Léon III. Il fut enterré au monastère de Chora. Le synode iconoclaste de 754 l’excommunia et raya son nom des diptyques. Il ne fut définitivement réhabilité qu’au VIIe concile œcuménique, en 787.

II. Œuvres. — 1° Œuvre historique. — Il ne reste de saint Germain, au point de vue historique, que le traité Des conciles et des hérésies, P. G., t. xcviii, col. 40-88. Il ne faut pas le confondre avec l’opuscule Des six conciles généraux, qui a été à tort attribué à Germain, voir Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, t. xii, p. 40-41, jusqu'à ce que le cardinal Mai ait enfin publié, Spieilegium romanum, t. vii, p. 3-74, l’ouvrage certainement authentique, dont nous