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GERMAIN


Nous n’avons pas de renseignements sur son éducation. Elle dut être très soignée, à en juger par le rang de sa famille. M. Sokolof, dans la Bogolovskaïa enlsiclopediu, croit qu’il suivit une des plus hautes écoles de droit de Byzance. Il aurait aussi, dans sa jeunesse, fait le pèlerinage de Jérusalem, d’après le c lVJ[j.vr]ij.a t^ç Mafia ; tt]ç 'Ptojiataç, dans 1' 'ExxXirriOKmxr) àXr^Osta, 1883, t. iii, p. 213. D’abord simple clerc, il fut plus tard mis à la tête de tout le clergé de Sainte-Sophie. Peut-être est-ce à ce titre qu’il fut, avec le patriarche Georges, un des promoteurs principaux du concile de 681 ; car ce sont eux, si l’on en croit la pseudo-lettre de Grégoire II à Léon III, qui auraient persuadé l’empereur d'écrire à Rome touchant la convocation d’un concile œcuménique pour condamner le monothélisme. Quelle fut son action sur le synode Quiniscxte ? M. Sokolof, loc. cit., estime qu’elle fut considérable et que c’est en récompense de ses services qu’il reçut alors, ou peu après, la métropole de Cyzique. Nous ignorons à quelles sources sont puisés ces renseignements. Le seul document qui, à notre connaissance, détermine la date de la promotion épiscopale de Germain est la Vie, qui la retarde jusqu’au retour de Justinien II de l’exil, c’est-à-dîre Vers 705-706. Mais elle n’a pas asseye de valeur historique pour que sa seule allirmatioa suffise à trancher la difficulté, qui persiste.

Saint Germain et le monothélisme.

Le nom de

Germain, en tant que métropolite de Cyzique, paraît pour la première fois avec certitude dans le récit du synode que réunit Philippique, en 712, pour renouveler le monothélisme et supprimer le concile de 681. Encore le trouvons-nous, avec ceux de Jean VI, patriarche, et de saint André de Crète, dans la liste des prélats qui, par économie, cédèrent aux violences dont usa l’empereur. Théophane, Chronographia, édit. Boor, an. 6204. Cependant Germain trouvait, dans le concile même, de beaux exemples pour l’encourager à la résistance. Lui-même raconte, dans le De hærcsibus et synodis, P. G., t. xvciii, col. 76, n. 38, qu’un certain nombre d'évêques refusèrent de céder, et il cite en particulier avec admiration la conduite de Zenon de Sinope. Le Quien, Oriens christianus, t. i, col. 235237, se demande s’il ne se serait pas laissé entraîner à condamner le VIe concile par un reste de rancune personnelle contre Constantin Pogonat qui avait convoqué cette assemblée. En tout cas, cette animosité ne transpire pas dans le traité De hæresibus ri synodis, qui est parfaitement serein à l'égard de l’empereur.

Certains auteurs, par exemple, Henschen, P. G., loc. cit., col. 22-23, se refusent absolument à admettre la chute de saint Germain, qu’acceptent Baronius, Pagi, Hefele, pour ne citer que quelques noms. Ils affirment que Théophane et Nicéphore se trompent, ce qui est difficilement acceptable en pareille matière et concernant un personnage connu et vénéré comme l'était saint Germain. Leurs raisons, d’ailleurs, ne paraissent pas sans réplique. La participation au concile de 681 prouve seulement, ce qui n’est pas constesté, que le saint était partisan de la doctrine catholique sur les deux volontés dans le Christ, mais n’exclut pas absolument toute concession pratique, purement extérieure, colorée d'économie et aussitôt réparée. Il en est de même du concile de 787. Celui-ci, d’ailleurs, entend parler surtout de la doctrine sur le culte des images qu’il avait pour mission de définir et dans laquelle saint Germain fut toujours impeccable. Le récit fait par lui, dans le De hwresibus et synodis, P. G., t. xcviii, col. 76, n. 38, de la malheureuse tentative de Philippique, n’exclut pas non plus sa faiblesse passagère. Si l’on veut serrer de près le texte de sa narration, on y remarquera trois parties. Dans la première, il mentionne les violences dont on usa envers tous les évêques, pour les amener à signer des

écrits composés par quelques-uns contre le VIe concile œcuménique ; la deuxième parle des partisans convaincus de l’empereur, et la troisième de ceux qui lui résistèrent. Même si Germain a été parmi les faibles qui ont signé, rien ne s’oppose à ce que, vingt ans plus tard, il nomme avec admiration les courageux qui restèrent inflexibles, et avec indignation ceux qui furent peut-être la cause de sa chute. Par contre, il est difficile de ne pas voir une allusion à cette conduite dans le qualificatif d’homme « à double sentiment » (Siyvwum)), que le conciliabule iconoclaste d’Hiéria (754) lui infligea, en le rayant des diptyques.

Que devint Germain dans la tourmente monothélite ? Henschen, n. 8, croit qu’il fut expulsé de son diocèse par l’empereur et qu’il se retira au monastère de Chora, où, plus tard, il fut enterré. Mais tout ce que nous venons de dire détruit cette affirmation par la base. M. Sokolof le fait chasser par ses ouailles, irritées de sa condescendance. Quoi qu’il en soit, Philippique fut bientôt détrôné (713) et la paix revint avec Anastase (713-715). Le nouvel empereur étant orthodoxe, tous les évêques revinrent au devoir : Jean VI envoya même au pape une lettre pour s’excuser. Il expliquait sa conduite et celle des autres prélats infidèles, par le principe de l'économie. Rome n’eut qu'à pardonner. Jean, d’ailleurs, se montra digne de cette miséricorde. Il mourut deux ans plus tard, et c’est le métropolite de Cyzique, Germain, qui fut appelé à le remplacer, le Il août 715.

Premières années de son patriarcal.

Un synode

avait été réuni pour légitimer la promotion de Germain, les translations d’un diocèse à l’autre étant interdites par un canon d’Antioche. Mansi, Concil., t. xii, col. 735. Notons aussi, avec l’acte officiel, que « cette translation fut faite en présence du très saint prêtre Michel, apocrisiaire du Saint-Siège. » Ibid. La Vie, écrite au ixe siècle, voudrait même qu’on ait demandé expressément au pape Léon (?) la permission de faire ce changement. Cela est évidemment exagéré, mais mérite d'être remarqué.

Le début du patriarcat de saint Germain doit être fixé à l’année 715, Il août. Voir, sur cette question, E. W. Brocks, On ihe lisls of the patriachs of Conslanlinople jrom 63 to 715, dans Byzantinische Zeitschrijt, 1897, t. vi, p. 33-54. La date finale a longtemps fait difficulté. Il faut la placer au 19 janvier 729. Voir Hubert, Observations sur la chronologie de Théophane et de quelques lettres des papes (726 - 774), ibid, , 1897, t. vi, spécialement p. 495-496. Le patriarcat de saint Germain n’a duré que treize ans et demi et non quatorze et demi, comme le veut Théophane, qui s’est trompé dans ses calculs, pour n’avoir pas remarqué que l’indiction de l’année 726 a été doublée par le gouvernement impérial, dans le but de percevoir un double impôt.

L’un des premiers actes du patriarche fut la convocation d’un synode d’une centaine de prélats, qui proclama officiellement la foi reniée en 712 et anathématisa les fauteurs du monothélisme, Sergius, Pyrrhus, Pierre, Paul et Jean. Mansi, Concil., t. xii, col. 257. Le Quien croit que le Jean excommunié ici n’est pas le prédécesseur immédiat de saint Germain, qui s'était rétracté et était mort catholique. Oriens christianus, t. i, col. 236.

En 717-718, la ville de Constantinople fut assiégée par les Sarrasins et ne fut sauvée que par le feu grégeois qui incendia la flotte ennemie ; l’année d’après, 719, ce sont les Bulgares qui, soulevés par l’empereur déchu, Anastase, viennent mettre le siège devant la ville et ne se retirent qu’au prix de fortes sommes versées par l’empereur. Mais le saint patriarche voyait, au delà des agissements des hommes, la main de Dieu qui conduit tous les événements du monde, et aimait