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GROPPER

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défendre et dans ce but écrivirent leur Contra reprehensionem J. Eccii th. d. defensio libri, quem imperaior nosler de religione colloqucntibus Ralisbonas exhibait. Mais tout ce travail resta vain, et la diète se sépara en remettant la solution des controverses religieuses à un concile national ou général. C’était l’échec pratique de la théologie des expectants.

D’autres difficultés attendaient Gropper. Hermann de Wied, qui n’avait jamais été bien ferme, sous prétexte de conciliation, penchait de plus en plus du côté de la Réforme. Il avait appelé auprès de lui Bucer, dont il suivait les conseils. Le chancelier de Cologne se prêta un certain temps à ces compromis. Il restait en correspondance avec le réformateur strasbourgeois, lui communiquait des plans, l’exhortait à la modération. La correspondance se transforme même en colloques particuliers. Mais bientôt Gropper aperçoit le danger. Dès 1542, il présente à l’archevêque une supplique de l’université et du clergé lui demandant d’éloigner Bucer. Il prend la tête du parti catholique, obtient l’exclusion d’Oldendorp, professeur de droit, partisan des nouvelles doctrines, poursuit dans le clergé les partisans de la communion sub utraque, combat le projet de réforme que l’archevêque avait reçu de Mélanchthon et de Bucer et presse I Charles-Quint d’intervenir en personne. Celui-ci oblige | Hermann à se séparer de ses conseillers. Mais l’arche- | vêque n’en publie pas moins son ordonnance sous le j titre : Eun christlich Bedencken eincr christlichen j Rejormalion (fin 1543). Le chapitre et l’université chargent une commission, dont Gropper est l’âme, de réfuter cette ordonnance. Le résultat de ses travaux fut le Christliche und Calholische gegenberichtung eins ehrwirdigen Dhomkapitcls zu Collen wider das buch der genanntcr Rejormation. Une traduction latine, due à Everhard Billick, parut presque en même temps, sous le titre : Antididagma (1544). L’auteur principal, sinon unique, de ce travail est Gropper. On y retrouve partout son esprit conciliateur et aussi sa doctrine de la justification.

L’ouvrage fut, en général, favorablement reçu. Mais, le 9 juillet 1544, l’université de Louvain, dans une lettre à l’université de Cologne, y signalait quatre points qu’elle considérait comme équivoques et dangereux. Tous se rapportent à la doctrinejde la double justice. Gropper. pour se défendre, composa un mémoire intitulé : Articuli Antididagmatis nolati per theologos Lovanienses. Il cherchait à démontrer l’accord de sa doctrine de la justification avec les textes des anciens Pères et des théologiens récents. Il invoquait surtout Albert Pigghe et, à tort du reste, le théologien français Jean de Gaigni. Il prétendait même que sa doctrine ne différait pas au fond de celle des maîtres de Louvain. Son zèle de conciliation l’abusait certainement sur ce point. Cette réponse était assez vive à l’endroit de ses adversaires. Aussi, l’université de Cologne, à qui elle fut soumise, jugea préférable de répondre elle-même sur un ton plus modéré. C’est ce qu’elle fit dans une lettre du 24 juillet 1544. Elle y reprenait tous les arguments de Gropper dont elle louait l’œuvre et le caractère.

Mais la doctrine de Gropper n’en était pas moins, dès 1546, formellement abandonnée par les théologiens catholiques qui prirent part au nouveau colloque de Ratisbonne. Elle allait recevoir le coup de grâce au concile de Trente. Après de longues discussions et malgré l’appui de Seripando, les Pères, j à la majorité de trente-cinq contre cinq, rejetèrent ! la thèse de la double justification. Elle fut donc for- ! mellement condamnée dans le décret du 13 jani vier 1547 : Demum UKIC I jormalis causa qustifica-, lionis) est jusiilia Dei : non qua ipse juslus est, scd qua nos juslos facii. Sess. vi, c. vu. Gropper se soumit

complètement, mais non sans regrets, à la décision du concile.

Il était obligé de se défendre encore d’un autre côté. Bucer venait, en effet, de publier un compte rendu tendancieux du colloque de Ratisbonne. Il y ajoutait un pamphlet dirigé spécialement contre Gropper sous le titre : Eijn Cliristlich ongeferlich bedencken, wie ein leidlicher Anfang christlicher Vergleichung in der Religion zu machen seyn môchte. Bucer mettait en cause l’empereur et la diète. Gropper répondit par : Wahrhaftige Antwort und Gegenberichtung II. G Gropper ujj M. Buceri freventliche Clage und angeben, Cologne, 1545. L’ouvrage était dédié a l’empereur lui-même, et l’auteur, pour sa justification, l’adressait à la diète de Worms. En même temps il défendait pratiquement le catholicisme dans le diocèse de Cologne. Hermann de Wied favorisait de plus en plus les prédicants luthériens. Gropper, à la tête des catholiques, en appela d’abord à l’empereur. Celui-ci n’obtint aucun résultat. Alors Gropper s’adressa au pape. Une première bulle de Paul III (2 janvier 1546) prononça d’abord la suspension contre l’archevêque. Une seconde bulle du 16 avril l’excommuniait. Charles-Quint se prononça dès lors nettement et menaça Hermann de peine de corps. Celui-ci résigna le 25 février 1547. Son coadjuteur, Adolf de Schauenbourg, fut nommé à sa place. Gropper ne fut pas étranger à cette nomination, puisqu’il envoyait à Rome, le 27 juillet 1546, un mémoire dans lequel il défendait la pureté de la foi du coadjuteur.

Toutes ces luttes avaient désorganisé la vie religieuse dans le diocèse. Le chancelier de Cologne entreprit de la restaurer. Comme écolàtre de Saint-Géréon, il publia tout d’abord un catéchisme sous le titre : Capita instilutionis ad pietatem, Cologne, 1546. Cet ouvrage était destiné à la jeunesse des écoles. La question tout à la fois dogmatique et disciplinaire qui avait divisé le diocèse était surtout celle de l’eucharistie et de la sainte communion. Contre les tendances luthériennes et utraquistes introduites avec la connivence de Hermann de Wied, Gropper protestait dans son ouvrage allemand : Vonn wanr, wesentlicher und pleibender gegenwertigkeit des Leybs und Bluls Christi nach beschener Consekralion, Cologne, 1548. L’année suivante, il donnait un Libellus piarum precum, manuel de piété destiné aux élèves de Saint-Géréon. En 1550, il élargissait le plan de son catéchisme et en faisait un exposé complet de la doctrine chrétienne destiné surtout au clergé. C’est VInstitutio calholica, elementa christianæ pietalis succincta brevitate complectens, Cologne, 1550. qui eut un grand succès et fut, quelques années plus tard, traduite en français. Il y ajoutait une instruction pratique sur la dispensation des sacrements : Wie bey haltung und reichung der heiligen Sakramenten.. die Priester das Volk und errichten môgen, Cologne, 1550. Et enfin, toujours pour l’élévation intellectuelle et morale du clergé, une Formula examinandi designatos seu prsesenlatos ad ecclesias parochiales, Cologne, 1550.

Charles-Quint n’avait pas abandonné ses projets de conciliation religieuse. Comme les colloques ne réussissaient pas, il se décida à publier une formule de foi et de discipline qu’il voulait promulguer comme loi d’empire. Ce fut le célèbre Intérim d’Augsbourg. Il avait consulté les théologiens catholiques, Pflug et Gropper en particulier. C’est très probablement le projet de ce dernier qui s’est conservé manuscrit à la bibliothèque de Zeitz. Il l’avait communiqué à Pflug qui l’inséra mot pour mot dans son travail, dont l’Intérim de 1548 n’est qu’un léger remaniement.

Le concile de Trente s’était de nouveau réuni le 1 er mai 1551. L’archevêque de Cologne y partait en septembre. Il emmenait Gropper avec lui. Celui-ci