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GRÉGOIRE DE RIMINI -GRÉGOIRE (HENRI)

1854

bachelier, retourna alors en Italie où, pendant douze ans, il enseigna successivement à Bologne, Padoue et Pérouse, puis revint à Paris en 1310 dans le but d’expliquer au couvent de son ordre le Maître des Sentences et arriver ainsi au grade de docteur en Sorbonne : ce qu’il obtint effectivement, sur recommandation particulière de Clément VI, en 1345. De retour ensuite à Padoue, où il figure, dès 1347, dans les Actes des chapitres de sa province, en qualité de maître en théologie, il fut élu un peu plus tard, c’est-à-dire en 1357, supérieur général de l’ordre des augustins. Il avait à peine commencé à se distinguer en cette charge par son grand zèle pour la réforme des abus introduits çà et là à la suite d’une épouvantable épidémie qui avait fait périr la moitié environ de ses religieux, lorsqu’il mourut inopinément à Vienne en Autriche quelques jours après le 20 novembre 1358, date de son dernier document ofliciel. Il fut enterré en cette ville, dans le même caveau que Thomas de Strasbourg et, plus tard, le premier historien augustin, Jourdain de Saxe. Ses concitoyens lui érigèrent à Rimini un monument funèbre avec l'épitaphe suivante :

Magistcr Giegorius Ariminensis | Ord. Erem. S. Augusfini Prior Generalis | Eximius Philosophas, Theologus acutissimus | optimorum morum splendore, magna ; doctrinse copia, prudentia, sanctimonia | Parisiensia egregie sublimavit | gymnasia | multis editis libris Vienne Austrise decessit Anno 1358. |

Plusieurs lui ont reproché en philosophie son trop grand attachement à l'école nominaliste. Il était peutêtre visé, en effet, dans un décret du chapitre général de son ordre tenu à Pavie en 1348, par lequel on défend formellement à tous et à chacun des religieux augustins « de garder la logique d’Occam, d'étudier ses ouvrages, ainsi que d’enseigner ou de suivre en quelque façon que ce soit ses opinions ou d’autres analogues, pour autant qu’elles ne seraient pas appuyées sur la doctrine approuvée d’autres docteurs véridiques. i Toutefois il dut mettre assez de modération dans cet attachement ou du moins s’en déprendre dans la suite, si l’on en juge d’après le bref du pape déjà rappelé, le surnom de Doctor aulhenticiis que lui appliquèrent les contemporains, et surtout le choix de ses confrères lorsqu’ils le désignèrent pour le généralat : il est difficile d’admettre, en effet, que ceux-ci eussent accordé leur voix à quelqu’un qui eût passé pour être en rébellion avec une loi obligeant en conscience chacun des membres de l’ordre augustinien.

En théologie, il se dislingue surtout par son attachement scrupuleux à la doctrine et même aux opinions personnelles de saint Augustin : ce qui a induit le cardinal Noris à affirmer « qu’aucun scolastiquc n’avait dépassé Grégoire dans la connaissance des œuvres de ce saint docteur. » Quant à la malicieuse épithète de lurlor parvulorum, que lui accola le fameux Paolo Sarpi et qui, appliquée plus tard à toute l'école augustinienne, obligea ses partisans à riposter par l’expression de deceptores populoriim à l’adresse de leurs adversaires, elle a pu être suggérée aussi bien parle nom de famille de Grégoire, qui descendait des « Tortoricci » , que par sa thèse connue sur la peine sensible duc aux enfants morts sans baptême, opinion que l’on peut voir assez clairement enseignée par saint Augustin lui-même.

En attendant des recherches plus complètes et plus critiques au sujet des ouvrages qui viennent de lui, voici la liste de ceux que lui attribue le mieux informé des bibliographes augustins : 1° Leclura in librum I et II Sententiurum, in-fol., Paris, 1482, 1487 ; Milan, 1494 ; Venise, 1518 (mss. à la bibliothèque Angelica, à la Bibliothèque nationale de Paris [2 tomes], à Vienne et à Padoue) ; 2° Leclura in III et IV Sententiarum ;

3° Liber de mûris, Rimini, 1622 ; 4° Liber de imprestanliis Venelorum et usuris, in-4°, Rimini, 1522 ; 1622 ; 5° Commentaria in Epislolam D. Jacobi ; 6° Libri XIV super Epislolas D. Pauli ; 7° Traclalus de conceptione B. V. Marias, qui était autrefois conservé à la bibliothèque augustinienne de Milan ; 8° Sermoncs de lempore ; 9° Sermoncs de sanctis ; 10° Quæslioncs mctaplujsicales ; 11° Traclalus de condilionibus Florenlinorum ; 12° Traclalus de inlensionc et remissione formarum ; Vi° Car mina ilalica et latina, au témoignage de Raphaël Adimario, dans son livre : De silu Arimincnsi. p. 76.

Ossinger, Bibliolhcca augustiniana, Ingolstadt, 1768, au mot Ariminensis ; Analecta augustiniana, 1911-1912, t. iv, p. 278 ; Noris, Vindicim augustiniana-, p. 217 ; llurter, Nomenclator, 1906, t. ii, col. 620-621.

N. Merlin.

27. GREGOIRE Henri, né le 4 décembre 1750, à Vého (diocèse de Metz, archiprêtré de Marsal), fils d’un humble tailleur d’habits, montra dès son enfance une précocité peu commune. A 8 ans, un ami de sa famille, l’abbé Cherrier, curé d’Emberménil, lui fit commencer le latin et le mit à même d’entrer au collège des jésuites de Nancy. Brillant élève, Henri Grégoire se plut, jusqu'à la fin de sa vie, à rendre hommage au savoir, au dévouement et aux vertus de ses premiers éducateurs. Il fit sa théologie au séminaire de Metz et fut ordonné prêtre le 1 er avril 1775. Après avoir été quelques mois professeur au collège de Pont-à-Mousson, il fut envoyé, le 3 janvier 1776, comme vicaire à Marimont ; six ans après, il succédait à l’abbé Cherrier dans la cure d’Emberménil.

L’abbé Grégoire fut un pasteur très pénétré de ses devoirs, sans négliger pour cela de s’adonner à l'étude ; même dans les voyages qu’il entreprenait au temps des vacances, il cherchait moins le délassement qu’un moyen de compléter son instruction ; il prenait des notes qui sont conservées à la bibliothèque de Nancy et dont il tira, à la fin de 1797, plusieurs articles qui parurent dans la Correspondance sur les affaires du temps. Tout en se montrant pieux et zélé, il appartenait à la catégorie des jeunes curés qui se croyaient autorisés à intercaler dans leur enseignement religieux des leçons de sciences physiques, des principes d'économie rurale, des conseils d’hygiène et sans doute des digressions politiques. Il obéit à cette tendance lorsqu’on 1788, il présenta à la Société royale des sciences et des arts de Metz son Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs. Ce mémoire, qui fut couronné, annonçait déjà en Grégoire le défenseur de toutes les libertés et l’adversaire irréconciliable de toutes les oppressions.

En 1789, Grégoire sollicita et obtint un mandat de député aux États généraux ; il allait s’y trouver le collègue dcl'évêquc de Nancy, M. de La Farc, que les curés lorrains n’avaient pas cru devoir exclure de la députation, mais auquel ils prétendaient donner une leçon en lui associant un jeune piètre d’opinions absolument différentes. Il n’entre pas dans le cadre de cette notice de retraçai' le rôle politique de Grégoire ; il suffira de dire qu’il marcha à la tête de la fraction la plus avancée du clergé, et que, tout en s’inclinant par un reste d’habitude devant le principe monarchique, il fut de ceux qui, dès l’origine de la Révolution, entreprirent de saper les bases de la royauté. Après l’aventure de Varennes, en juin 1791, il devait publier une lettremanifeste où il réclamait la convocation des électeurs, à l’effet de nommer une « convention » chargée de juger Louis XVI. Il se défendra plus tard d’avoir voté la mort du roi, mais nous voyons ici que, longtemps ; i l’avance, il excitait les passions populaires et préparait, inconsciemment peut-être, un exécrable forfait.

Grégoire prit une part considérable à l'élaboration de la Constitution civile du clergé et, le 27 décembre