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1812
GRÉGOTRE XITT


Denzinger-Bannwart, Enrichidion, Wurzbourg, 1908, n. 1083-1085.

Grégoire XIII et les Décrétâtes.

Un code ecclésiastique

très ferme était la première institution à réaliser au lendemain de l’assemblée de Trente. Pie V avait institué en 1566 une commission composée de cardinaux et de quinze docteurs pour préparer une édition officielle du Corpus juris canonici. Cette commission dite des Corrcclores romani s’occupa d’abord du Décret de Gratien. Procédant ensuite à la récognition des autres parties du Corpus, elle les expurgea de toutes les gloses et annotations contraires à la foi catholique. Grégoire XIII, avant d’être pape, avait fait partie de la commission des Corrcclores. A son avènement, il trouva parfait de continuer le travail de réorganisation juridique ; François Pegna et Sixte Fabri furent ses hommes de confiance. Les travaux terminés, le pape voulut donner au recueil une teneur immuable et une valeur officielle. Il ordonna par la bulle Cum pro munere pastorali d’éditer dans une imprimerie privilégiée (in officina populi romani… a catholicis lypographis ) les textes ainsi revisés : Ut hoc jus canonicum, sic expurgalum, ad omnes ubique Christi fidèles sartum, lectum perveniat, ac ne cuiquam liceat eidem operi quicquam addere, vel immulare aul invtrtere, nullave inlcrprelamenta adjungere. L’impression fut achevée en 1582. Elle parut sous ce titre : Dccrctales D. Gregorii IX susc integrilali una cum glossis reslitutæ, 4 in-fol., Rome. Cette édition a formé le fonds commun de la plupart des publications postérieures portant communément la mention ad exemplar romanum diligenter recognitæ. (Les partes decisæ des Décrétales non maintenues dans l’édition de Grégoire XIII sont marquées par une croix et imprimées en lettres italiques dans le Corpus juris de Friedberg, 2 in-4°, Leipzig, 18791880.) Elle fut surtout un élément d’ordre à une époque où les spécialisations introduites dans la curie romaine nécessitaient une précision dans les droits et pouvoirs de chacun.

La curie romaine.

Grégoire XIII avait, en

effet, voulu doter l’Église d’un état-major de prélats aussi distingués par la pureté morale que par la compétence doctrinale. Il tint une liste exacte des prêtres de tous les pays propres à l’épiscopat. Très bien informé à chaque proposition, il dirigea toujours avec un soin scrupuleux les nominations. Cf. Ranke, op. cit., t. il, p. 237. C’est dans ce but d’ailleurs qu’il institua la S. C. des Évêques. Avec le même esprit de dignité et de tenue, le pontife établit aussi, en 1572, la S. C. du Cérémonial. Elle fixa les cérémonies dans les chapelles papales, les questions de préséances et de formalités, les costumes et armoiries des ecclésiastiques, le protocole imposé aux représentants des puissances et aux souverains dans leurs visites au pape. Ailleurs, Grégoire XIII ne fit qu’ébaucher ; la Propagande lui doit son origine. Par ordonnance, il avait chargé trois cardinaux de la direction des missions d’Orient pour maintenir les grecs catholiques dans l’unité et tâcher d’y ramener les schismatiques. Le même décret décidait l’impression de catéchismes dans les langues les moins connues. Cf. Ranke, op. cit., t. iv, p. 115, qui cite Cocquelines, Prœfatio ad Majjei Annales Grcgorii XIII, dans Bullarium romanum, Rome, 1754-1758, t. IV, p. v. Ce fut aussi une idée d’expansion catholique qui inspira Grégoire quand il maintint la S. C. du Concile de Trente, instituée par Pie V, en la chargeant de trancher les cas qui paraîtraient clairs, sauf à déférer les autres au jugement pontifical. Cf. Vacant, Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 445-448. Il semble qu’au milieu de toutes ces questions théologiques, Grégoire X 1 1 1 ait apporté un soin tout spécial à la liturgie. C’est pour la fixer, suivant les désirs du concile, qu’il réforma le calendrier.

Le calendrier grégorien.

 La réforme était

devenue indispensable par suite des décrets des Pères de Trente qui déplaçaient les grandes fêtes et leurs rapports avec les saisons de l’année. L’heureuse correction de Jules César supposait l’année de 365 jours 6 heures ; en réalité, elle n’est que de 365 jours, 5 heures, 18 minutes, Il secondes. En 400 ans un retard de trois jours 25 sur l’année astronomique était donc à enregistrer. Depuis la réforme julienne, et « l’année de confusion » (45 avant J.-C), on avait compté dix jours de trop. Un savant calabrais, d’ailleurs peu connu, Luigi Lilio, indiqua à Grégoire XIII la méthode la plus facile pour remédier aux inconvénients résultant des décrets du concile ; toutes les universités, entre autres, celles d’Espagne, Salamanque et Alcala, donnèrent leur avis. Une commission centrale, dont les membres des plus actifs furent l’Allemand Clavius et le cardinal Sirleto, les rassembla à Rome, où l’on procéda à un nouvel examen dans un véritable secret. Le nouveau calendrier ne fut montré à personne, pas même aux ambassadeurs, avant d’être approuvé par les différentes cours. La suppression d’une année bissextile à chaque siècle, dont le quantième n’est pas divisible par 4, fit la péréquation de l’astronomie et du comput. Les 10 jours comptés en trop depuis l’année « julienne de confusion » furent supprimés. Le concile de Nicée décréta que le lendemain du 4 octobre 1582 s’appellerait le 15 octobre. En fait, la mort de sainte Thérèse a marqué une date mémorable. La bulle Inter gravissimas du 13 février 1582 publiée solennellement par Grégoire XIII annonça la réforme à l’univers catholique. Le pape la considérait comme une preuve de la grâce immense de Dieu envers son Église. Bullarium de Cocquelines, t. iv, p. 4-10 ; Magnum bullarium romanum de Cherubini, t. ii, p. 487. Il avait raison. L’astronomie avait joué son rôle dans les premiers siècles chrétiens. De l’uniformité de son interprétation avait dépendu l’unité romaine. Le pape, homme de droit, ne laissait rien à l’imprévu de ce qu’il pouvait lui enlever. Il ne se contenta pas d’ailleurs de fixer ainsi ne varietur les principales fêtes chrétiennes, en faisant concorder leurs dates avec les grandes époques de l’année astrale. Il enrichit la liturgie mariale de deux fêtes nouvelles. En 1573, la fête du très saint Rosaire (bulle Monel apostolus, Magnum bullarium romanum, t. ii, p. 398), fixée au premier dimanche d’octobre, rappela le souvenir glorieux de la victoire de Lépante, en même temps que la puissance de la sainte Vierge sur la vie de l’Église. Après avoir honoré la fille, Grégoire XIII n’oublia pas la mère. En 1584, la bulle Sancla mater Ecclesia instituait la fête de sainte Anne. Magnum bullarium romanum, t. ii, p. 484.

5° Les collèges, les ordres religieux, et les combinaisons politiques. — Grégoire XIII a su créer, pour la théologie, les instituts scientifiques, capables de la défendre. Peu de règnes ont plus fait que le sien pour l’éducation du clergé. Il n’en est pas qui ait laissé d’établissements plus durables. En 1572, le Collège romain, tel qu’on le voit aujourd’hui, était rebâti aux lieu et place de maisons achetées et de rues fermées par le pape. « Disposé pour vingt salles dites auditoires, et pour trois cent soixante petites chambres d’étudiants, il fut appelé le séminaire de toutes les nations ; pour indiquer cette pensée qui embrassait le monde entier, on fit prononcer dès la première fondation vingt-cinq discours en différentes langues, et chaque discours eut sa traduction latine. » Cf. Ranke, op. cit., t. il, p. 338. Le Collège germanique, menaçant ruines, fut doté par le pape du palais de Saint-Apollinaire, des revenus de San Stephano sur le mont Celio et de dix mille scudi annuels alloués sur la Chambre apostolique. Cf. bulle Postquam Deo placuit de 1574, Magnum bullarium romanum, t. ii, p. 402. Grégoire XIII