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GREGOIRE II — GREGOIRE 111

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Sur la controverse des images, Dalilé, De imaginibus libri IV, 1642 ; Maimbourg, Histoire de l’hérésie des iconoclastes, Paris, 1674-1679 ; F. Schlosser, Geschiclite der bilderstiirmenden Kaiser, 1839 ; Gasquet, L’empire byzantin et la monarchie franquc, 1888 ; Le Quien, Conspectus operum Joannis Damasceni, Paris, 1700 ; Nève, Saint Jean de Damas et son influence en Orient, dans la Revue belge, 1861 ; Perrier, Jean Damascéne, sa vie, ses écrits, Strasbourg, 1863 ; Grundlehncr, Johannes Damascenos, Utrecht, 1877 ; Langen, J. von Damaskus, Gotha, 1879.

Sur le pouvoir temporel, B. J. Ililgens, Commen.ta.lio de Gregorii II P. M. in seditione inter Italiiv populos adversus Leonem Isaurum imperatorem excilata negotio, in-4°, Cologne, 1849 ; Dichl, L’administration byzantine dans l’exarchat de Ravenne, Paris, 1888 ; Koch, Die Injzantinisclien Beamtentitel von 400 bis 700, Iéna, 1903 ; Halphen, Études sur l’administration de Rome au moyen âge (7511252), Paris, 1907 ; Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, 2e édit., Paris, 1904 ; J. Gay, L’Italie méridionale et l’empire byzantin, Paris, 1904, Introduction, p. iv.

P. Moncelle.

3. GREGOIRE H ! (Saint), pape (18 mars 73127 novembre 741). Ue naissance syrienne, il fut désigné à la chaire de Pierre par un de ces enthousiasmes subits du clergé et du peuple, qui relèvent en langage canonique de « l’inspiration divine » . Esprit ferme et très averti, il avait, pour conquérir, les dons de la vertu comme ceux de la science. Aux termes du Liber ponlificalis, édit. Duchesne, Paris, 1885-1890, des connaissances linguistiques latines et grecques, une éloquence facile et prenante, une mémoire aisée, capable d’une assimilation verbale du psautier tout entier, faisaient du nouvel élu l’homme d’une situation créée sans doute par son prédécesseur, mais qu’il fallait maintenir avec plus de difficultés peut-être. Il faut noter que Grégoire III est le dernier des papes pour l’élection desquels on ait demandé la confirmation de l’exarque de Ravenne, représentant des empereurs byzantins. L’affranchissement de la papauté n’eut d’ailleurs alors d’autre cause que la personnalité même d’un pontife qui sut voir, étudier et conclure.

En 731, le règne de Grégoire II s’était terminé en plein travail. La conquête germanique, la résistance aux iconoclastes, la constitution de la souveraineté temporelle pontiiicale avaient trouvé, à différents titres, leur appoint dans le magistère ordinaire plus encore que dans de grandes réunions conciliaires. La force calme avait été la caractéristique des puissantes ébauches du pape défunt. Grégoire III avait pratiqué son prédécesseur. Il définit plus encore que lui. Mais la méthode resta la même. La théologie lui doit un sérieux acquis.

La conquête de la Germanie.

Dès son avènement,

l’attention du pape fut sollicitée par la mission de saint Boniface comme par la controverse des iconoclastes. Ces deux questions nécessitaient la décision immédiate. Pour la première, la phase d’organisation s’imposait, la seconde attendait la définition conciliaire solennelle. L’une préparait l’avenir le plus consolant, l’autre faisait craindre l’orage de la destruction. Ici et là, Grégoire III réalisera son œuvre avecune aisance égale. Exposées séparément, les deux tactiques seront mieux comprises.

Dès 732. le pape envoyait le pallium à Boniface. faisant ainsi dp l’évêque régionnaire un archevêque particulièrement uni avec le Saint-Siège. Episl., xxviii, dans Jafîé, Bibliolheca rerum germanicarum, t. iii, p. 91. Désormais, ce qui avait été le diocèse de Germanie devenait une province ecclésiastique, partagée en plusieurs diocèses, gouvernés par autant d’évêques institués par le saint. Celui-ci, sans siège fixe, pour pouvoir plus librement s’occuper des intérêts généraux, devenait le métropolitain de toute l’Allemagne transrhénane. Il avait à créer de nouveaux

diocèses, à choisir les évêques appelés à devenir ses collaborateurs ; le pape lui recommandait seulement de n’en ordonner que dans les localités suffisamment importantes, pour que le prestige de la dignité épiscopale ne fût pas diminué. Grégoire III se montrait ainsi l’administrateur habile qui sait qu’on n’improvise par les centres d’influence. L’établissement d’une ville d’action ne peut se faire qu’au confluent territorial qui a pu capter par sa situation physique et économique tous les affluents ethniques qui y convergent. Un évêché est un foyer de lumière intellectuelle et morale. Pour rayonner, il lui faut des avenues. Cette règle de propagande avait sa grande utilité : les évèchés de Burabourg et d’Erfurth en Hesse et Thuringe, créés un peu en dehors d’elle, devaient languir pour être finalement absorbés, sous Charlemagne, par ceux de Mayence et d’Halberstadt. L’œuvre de Grégoire III s’étendit à la Bavière, à la Hesse, et à la Thuringe. Dans la première, qui comprenait la Haute-Autriche, le pays de Salzbourg, le Tyrol, et une partie de la Styrie, le pays avait été converti au christianisme depuis quelques générations par Rupert à Salzbourg et Corbinien à Frisingue. La dynastie ducale des Agilolfings était alors foncièrement chrétienne. Mais l’Église de Bavière manquait du groupement hiérarchique de ses chefs sous l’autorité métropolitaine, du fonctionnement périodique des conciles, du lien avec Rome, centre du monde chrétien. Isolée dans ses membres, isolée dans son ensemble, elle s’exposait aux aberrations ; à tout le moins ne pouvait-elle avancer, faute de coordination. Grégoire II, en 716, avait déjà fixé tout un programme de concentration romaine à une mission dont faisait partie Boniface. Le duc Théodon II, venu près du pontife pour s’entendre avec lui, avait emmené les prélats qui devaient créer un archevêque et des évêques bavarois pour les grouper en conciles. Des querelles de famille survenues à la mort de Théodon II en 717 avaient enlevé toute efficacité à ces efforts. Mais en 732, Grégoire III, de concert avec Hubert, petit-fils de Théodon II, reprenant le programme de 716, confiait à l’archevêque de Germanie la réforme de l’Église de Bavière. Boniface ne devait la parfaire qu’après son troisième voyage à la ville éternelle en 738. Les sièges de Salzbourg, Frisingue, Ratisbonne, Passau furent alors réorganisés. Le saint partit ensuite vers la Thuringe et la Hesse pour y parvenir aux mêmes conclusions. Les conditions n’étaient pas les mêmes. La Bavière était une terre d’ancienne civilisation romaine, avec de vieilles villes où il y avait eu des sièges épiscopaux de l’époque impériale. Ici, tout était neuf, et dur, le sol et les hommes. L’archevêque réussit pourtant à établir trois sièges, Burabourg entre Fritzlar et Amœnebourg en Hesse, Erfurt près d’Ohrdruff en Thuringe, Wurzbourg sur le Mein en Franconie. La parole de Hauck apparaît donc comme très exacte : « L’Église de l’Allemagne centrale est l’œuvre de Grégoire III. » Kirehenijeschichle Deutschlands, Leipzig, 1887, t. i, p. 466. Théologiquement, l’œuvre du pontife est des plus intéressantes ; elle apporte un témoignage traditionnel des plus convaincants à la thèse fondamentalement catholique de la primauté, de la hiérarchie, du concile romain. Pour l’appuyer, le pape n’a rien ménagé. Il a dressé toute une batterie de renforcement. Il s’est acquis la sympathie efficace de Liutprand, roi des Lombards, Epist., xxxv, Jaffé, op. cit., p. 100-101 ; il a écrit aux peuples de Hesse et de Thuringe, en leur demandant de répudier les pratiques païennes ; aux évêques de Bavière et d’Allemagne, pour leur présenter son légat, leur prescrire l’obligation du synode deux fois l’an, les mettre en garde enfin contre les pratiques païennes