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178I

GRÉGOIRE I er LE GRAND

GRÉGOIRE II

1782

Gregory the Grent, hisworkand his spirit, Londres, 1892 ; H. Dudden, Gregory the Great, Londres, 1905 ; T. Tarducci, Storia cli Gregorio Magno c del sno tempo, Rome, 1909 ; H. H. Howorth, St. Gregory the Great, in-8°, Londres, 1912 ; Tixeront, Histoire des dogmes dans l’antiquité chrétienne, Paris, 1912, t. m ; Bardenliewer, Les Pères de l’Église, édit. franc., Paris, 1903, t. iii, p. 198 sq. ; G. Pi’eilschifter, Die authentisclic Ausgabe dcr Evangelien-Homilien Gregors d. Gr., Munich, 1900 ; Kirehenlexikon, t. v, col. 1075-1092 ; Hurter, Nomenelalor, 1903, t. i, col. 555-565 ; un article de A. Lagarde, Le pape saint Grégoire a-t-il connu la confession ? dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1912, p. 160 sq., appelle les plus grandes réserves. D’heureux correctifs se trouvent dans la brochure de M. Tixeront, Le sacrement de pénitence dans l’antiquité chrétienne, Paris, 1914, p. 9-11, par une référence à YHomil-, xxvi, sur les Évangiles.

P. Godet.

    1. GRÉGOIRE H (Saint)##


2. GRÉGOIRE H (Saint), pape (19 mai 71510 février 731). De famille romaine, il fut initié très jeune à la pratique des affaires ecclésiastiques. Le palais de Latran avait abrité ses premières années sous les pontificats de Sergius 1° (687-701), de Jean VI (701-705), de Jean VII (705-707), de Sisinnius (708) et de Constantin (708-715). Instruit aux leçons de Sergius I er, sous-diacre chapelain au palais pontifical, et dans la suite bibliothécaire, il était entré dans l’ordre des bénédictins. De 687 à 701, la papauté avait été troublée par le double schisme des antipapes Pascal (687-vers 692) et Théodore (687). Le réveil de propagande religieuse, commencé à la fin du vi c siècle sous l’impulsion de saint Grégoire le Grand, avait amené à Rome, pour y recevoir le baptême, le roi de Sussex, Ceadwalla, et l’évêque Willibrord avait alors reçu le nom de Clément afin d’aller évangéliser la Frise. Enfin la résistance de l’armée de Ravenne, prenant fait et cause pour Sergius I er, avait fait échouer l’exarque impérial, accouru dans la ville des papes, pour traîner à Constantinople le pontife rebelle au concile quinisexte in Trullo de 692. Une visite à la cour byzantine avait complété l’éducation psychologique du futur pape : diacre, il avait accompagné le souverain pontife Constantin dans son voyage au Bosphore. L’empereur, en grec de race, l’avait interrogé sur la tkéologie. Des réponses très aisées firent dès lors prévoir la bonne tenue dans la discussion du futur défenseur du culte des images. En 715, Grégoire II montait sur le trône de Pierre au milieu des acclamations du peuple et du clergé, parce qu’il était armé pour la lutte.

Trois problèmes s’offraient à son attention. La continuation de l’apostolat inauguré par Grégoire le Grand sur les peuples barbares encore païens s’imposait, si l’on voulait former par une discipline chrétienne des peuplades errantes toujours dangereuses pour l’ancien monde latin. La Rome pontificale pouvait aussi toujours craindre sa vieille rivale Constantinople, où l’hérésie, depuis quatre siècles, semblait avoir élu domicile. Le concile quinisexte in Trullo de 692 qui avait repiis, au point de vue disciplinaire, le VIe concile œcuménique de Constantinople de 680, sans en garder l’orthodoxie, ne datait que de vingt-deux ans : l’argutie greccjue n’était pas morte. Enfin, le souverain pontife devait, pour vivre, pourvoir à la situation matérielle de Rome, ballottée depuis 406 par les assauts des Barbares, et pour le moment tiraillée par les ambitions lombardes, chaque jour grandissantes, et les réclamations byzantines de moins en moins efficaces. Dans ces trois domaines, l’impulsion donnée par Grégoire II a marqué un acquis pour la théologie.

La conquête de la Germanie.

L’action du

pontife a été simultanée. Elle apparaîtra mieux, étudiée d’abord dans les forêts de Hesse et de Thuringe. Grégoire va planter la croix au delà des frontières danubiennes que jamais les aigles romaines ne sont

parvenues à franchir. Son collaborateur, à qui il vient, suivant l’usage, de donner le nouveau nom de Boniface, n’est autre que l’anglo-saxon Winfrid. Voir t. ii, col. 1005-1008. L’œuvre d’évangélisation commença dès 716 par la réforme de l’Église de Bavière. En 719, Boniface partait pour la forêt hercynienne, et le 30 novembre 722, de retour à Rome, il recevait Fépiscopat. De 724 à 731, l’apôtre de la Thuringe, évêque légionnaire, aidé de moines et de moniales anglaises, parfaisait son œuvre, en créant les monastères d’Amœnebourg, de Friztlaren Hesse, d’Ohrdrufî, près de Gotha, deBischoffsheim sur Tauber, dont les religieux allaient défricher et essarter la région du mystère païen. Dans tout ce travail, Grégoire II avait été la pensée agissante. Il avait commencé la mission en demandant avec succès à Charles Martel l’aide de son bras puissant pour l’apôtre qui confiait ses efforts à la barbarie de la nature et des cœurs. La force devait être au service du droit pour empêcher que Boniface’ne fût opprimé par les violents et les malveillants. Epist., xxi et xxv, dans Jaffé, Bibliotheca rerum germanicarum, Berlin, 1866, t. iii, p. 24-315. Dès les débuts, le pape avait aussi félicité les Thuringiens. Epist., xx, ibid. Saint Boniface ne resta jamais seul. Toute une théologie fut fixée par la lettre du 22 novembre 726, écrite par Grégoire II à l’évêque de Germanie. Epist., xxvii, ibid. Morale, doctrine, liturgie, pastorale y sont présentées d’une façon bien ferme à l’action scrupuleuse du légat.

La question des mariages illégitimes, réglée en 721, par dix-sept anathèmes, dans un synode tenu à Rome, cf. Labbe et Cossart, Colleclio conciliorum, Paris, 1672, t. iv, préoccupe à nouveau le pontife. Il demande que l’on ne pousse pas jusqu’à l’excès la rigueur des dispositions canoniques sur les empêchements. Vis-à-vis de peuples si barbares, il suffira d’interdire le mariage jusqu’au quatrième degré inclusivement. Il autorise la rupture du lien, quand la femme ne peut rendre le devoir conjugal à son conjoint. Celui-ci ferait peut-être mieux de ne pas se remarier. Il faudra le tolérer toutefois, à la condition qu’il ne laisse pas sans secours celle qu’il aura abandonnée. Grégoire II tranche à la manière de saint Paul, en employant ses expressions, la question des viandes consacrées aux idoles. Il décide que les lépreux doivent être admis au banquet eucharistique, mais séparément. Le prêtre, accusé, sans témoignages décisifs contre lui, pourra se laver par son seul serment. Les oblats, une fois donnés à Dieu, ne doivent plus retourner aux voluptés du siècle.

Sur les questions doctrinales, le pape est d’une haute fermeté. Le sacrement a une valeur absolue qui ne peut être diminuée par l’indignité du ministre qui le confère : il n’y a donc pas lieu de rebaptiser ceux qui ont reçu le baptême d’un prêtre indigne. Des enfants enlevés à leurs parents, qui ne se souviendraient plus d’avoir reçu ce sacrement, devraient à nouveau le recevoir. Il ne faut pas administrer deux fois le sacrement de confirmation.

Les questions de liturgie sont aussi abordées dans la lettre de 786. Le pape demande que l’on ne place pas deux ou trois calices sur l’autel, quand on célèbre le sacrifice de la messe. Enfin, il donne à son mandataire quelques directions pastorales relativement à sa conduite vis-à-vis des prêtres indignes, qui faute d’une préparation soignée n’avaient pu maintenir leur tenue sacerdotale dans le paganisme ambiant. Boniface avait prêté au pape serment de n’avoir aucune communication avec les prêtres indignes. Mais les nécessités de son apostolat le mettaient en contact inévitable avec de pareils prêtres, surtout à la cour de Charles Martel. Devait-il donc s’en tenir à son serment au risque de compromettre sa mission ? Grégoire II, avec une modération pleine d’optimisme chrétien, fixe toute une conduite : « Quand ils ne sont pas formelle-