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trouve avantagée ici : présence réelle, transsubstantiation, persistance des espèces, durée de la présence réelle, interprétation de la profession de foi de Bérenger, qui donne occasion à des gloses intéressantes, etc., toul cela est fortement développé.

Il en va de même avec l’extrênie-onction, où une question revient souvent : celle de la réitérabilité ; elle est longuement discutée chez les théologiens dogmatiques, chez les canonistes et chez les moralistes ; les cisterciens conféraient ce sacrement, en cas de maladie prolongée, une fois par an ; partout, les avis sont partagés sur la réitération ou sur les raisons théoriques qui la permettent.

Il a déjà été question, plus haut, de la pénitence, ainsi que du mariage ; ici, il est bon de mentionner les idées sur l’essence du sacrement dans le rite matrimonial et sur les diverses espèces d’empêchements, notamment celui qui a eu son heure de succès chez les canonistes et qu’on faisait dériver du sacrement de pénitence ; il est exposé entre autres par Fr. Gillmann, Das Ehehinderniss der geislliehen Verwandtschaft aus der Busse, dans Der Katholik, 1910, t. xc (extrait). A propos de l’ordre, il faut encore une fois rappeler la tradition des instruments et les nombreuses controverses qui ont lieu chez les théologiens sur la matière de ce sacrement ; les gloses des canonistes sont fort précieuses pour l’examen dogmatique du problème au point de vue historique. Voir l’article déjà cité : Le Irailé des sept ordres ecclésiastiques chez Pierre Lombard, ses modèles et ses copistes, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1910, t. xi, p. 32-39.

La forme du baptême, à propos du baptême conféré in nomine Jesu, ou in nomine Christi, revient assez souvent aussi. Voir l’étude fortement documentée de Gillmann, Taufe in Namen Jesu oder im Name Christi, dans Der Katholik, 1912 (extrait). Les questions de l’institution de divers sacrements, en particulier, la confirmation et l’extrême-onction, se rencontrent assez souvent chez les canonistes, avec des affirmations qui corrigent ou partagent les idées inexactes qui régnent chez leurs confrères, les théologiens.

Parmi les sacrements, l’on établit aussi quelques divisions que Gratien et d’autres avant lui avaient déjà indiquées : telle la division en sacramenta necessitatis ou voluntatis, communia ou voluntaria, qui donne occasion à des précisions ou à des explications intéressant l’histoire de la théologie.

L’on peut en dire autant d’un rite qui revient dans divers sacrements et sacramentaux, l’impositio manuum dont les diverses espèces sont décrites dans des tableaux schématiques fréquemment reproduits, comme chez Sicard de Crémone, dans diverses Summa ? anonymes, chez Huguccio, etc. De là, elles passent assez souvent dans les notes marginales des Sentences de Pierre Lombard.

Il est inutile de prolonger davantage cette nomenclature, le lecteur trouvera dans la bibliographie cijointe les principaux travaux imprimés qui l’éclaireront et le renseigneront davantage, en attendant que paraisse un travail d’ensemble, en préparation actuellement, sur cette période. Les gloses imprimées dans les marges du Corpus juris conservent quelques-unes de ces formules abrégées et peuvent rendre déjà quelque service. Il a fallu se borner ici à donner une simple orientation qui peut suffire pour le but poursuivi : même quand il s’agit de l’époque où la théologie médiévale achève d’élaborer son manuel d’enseignement, l’histoire du dogme et des systèmes théologiques ne peut négliger ces sources juridiques ; les productions canoniques de l’âge qui précède Gratien, ou des deux générations qui le suivent, apportent les matériaux les plus abondants à l’esquisse du développement historique de la théologie.

Ce n’est pas le lieu de donner ici une bibliographie complète. Nous nous contenterons de donner les renseignements suffisants pour orienter le lecteur dans cette vaste littérature et pour lui faciliter le contrôle des idées développées dans l’article qui précède.

I. Renseignements généraux sur les collections canoniques et les canonistes. — Nomenclatures plus ou moins détaillées de Pohle, Kanonensammlungen, dans Kirchenlexikon, 1883, t. ii, col. 1845-1868 ; de von Schulte, Kanonensammlungen, dans Realencyklopddie, 1901, t. x, p. 212 ; de Besson, Canons (Collections of ancient), dans Catholic cncyclopedia, 1908, t. iii, p. 281-287. Pour la période qui précède Gratien, l’ouvrage capital est celui de Maassen (t. i, seul paru, jusqu’au milieu du ixe siècle), Geschichle der Qnellen und der Lileratur des Canonisclien Rechls, Gratz, 1870 ; excellentes notices dans la dissertation des Ballerini, De antiquis collectionibus et collecloribus canonum, appendice de leur édition des Opéra S. Leonis Magni, Venise, 1757, t. ni ; P. L., t. lvi, col. 11-354 ; A. Gallandius, De vetustis canonum collectionibus dissertationum Sylloge, Venise, 1778 ; Theiner, Disquisitiones criticce in præcipuas canonum et dccrclalium eollecliones, Rome, 1836 (demande à être contrôlé).

Pour la période qui suit Gratien, le principal ouvrage (à rectifier en beaucoup) de détails) est celui de Fr. von Schulte, Geschichte der Quellen des canonisclien Rechts, Stuttgart, 1874, t. i. Le même auteur a donné de longues dissertations, souvent fort utiles, sur un certain nombre de glossateurs ou de collections anonymes, dans ses Beilràge zur Literatur iiber das Dekret Grattons, publiées dans les Sitzungsbericide der philosopliisch-historichen Classe der kais. Akademie der Wissenscha /ten, de Vienne, t. lxiii, p. 287, 299 ; t. I.xiv, p. 93 ; 1870, t. lxv, p. 21 et 595 ; 1871, t. lxviii, p. 37.

La période qui s’écoule entre les fausses Décrétales et le Décret de Gratien a fait l’objet d’un grand nombre d’études de la part de P. Fournier, qui prépare un travail d’ensemble sur les divers groupes de ces collections. Les principales de ces études ont été citées dans l’article ; voir une énumération plus complète dans J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XII » siècle, Paris, 1914, p. 276 sq., passim.

Bon résumé, court mais substantiel, de toute la littérature canonique, dans Tardif, Histoire des sources du droit canonique, Paris, 1887 (à compléter par les travaux parus plus récemment).

II. Éditions des œuvres. — Celles qui précèdent Réginon de Prum jusqu’aux Fausses Décrétales inclusivement ont été indiquées déjà, col. 1734 sq. Voici par ordre chronologique la liste des auteurs cités, dont les œuvres sont imprimées : Réginon de Prum, Reginonis libri duo de synodalibus causis et disciplinis ecclesiasticis, par Wasserschleben, Leipzig, 1840 ; édition préférable à celle de Baluze, reproduite dans P. L., t. cxxxii, col. 175 sq. ; Burchard de Worms, Decretum, dans P. L., t. cxl, col. 537 sq. ; Schmitz, Die Bussbiiclier und das kanonische Bussver/ahren, Dusseldorꝟ. 1898, t. ii, p. 407467 (édition du Pénitentiel, 1. XIX de Burchard) ; Deusdedit, Die Kanonessammlung des Kardinals Deusdedit, par V. Wolf von Glanvell, Paderborn, 1905, 1. 1 (seul paru), texte sans l’introduction critique et les tables, que la mort a empêché l’auteur de publier ; l’édition de Martinucci, Collectio canonum, Venise, 1869, est fort inférieure ; Anselme de Lucques, Collectio canonum, par Fr. Thaner, Inspruck, 1906, quatre premiers livres parus ; table des chapitres, d’après une recension remaniée, dans Mai, Spicilegium romanum, Rome, 1841, t. vi, p. 379 ; Bonizon de Sutri, extraits, surtout du 1. IV, dans Mai, Noua Patrum bibliotheca, Rome, 1854, t. vii, part. III, p. 1-76 ; Yves de Chartres, Decretum et Panormia, P. L., t. clxi, col. 9 sq., et 1037 sq. ; Alger de Liège, Liber de misericordia et juslitia, P. L., t. clxxx, col. 857-969 ; Gratien, Discordantium canonum concordia, ou Decretum, P. L., t. c.lxxxvii, col. 17 (édition Bœhmer) ; édition meilleure de Friedberg, Corpus juris canoniei, Leipzig, 1878, t. 1 ; Paucopalea, Die Summa des Paucopalea iiber das Decretum Gratiani, par Fr. von Schulte, Giessen, 1890 ; Roland Bandinelli, Die Summa Magistri Rolandi, nachmals Papstes Alexander III, par Fr. Thaner, Inspruck, 1874 ; Rufin, Die Summa Decretorum des Mag. Rufinus, par H. Singer, Paderborn, 1902 ; à préférer à l’édition défectueuse de von Schulte, Giessen, 1892 ; Etienne de Tournai, Die Summa des Stephanus Tornacensis iiber das Decretum Gratiani, par Fr. von Schulte, Giessen, 1891.

Les autres collections sont inédites : la Collection en 7 4 titres, la Triparlita, a Colleclio duodecim partium, la Collection en dix livres, etc., ainsi que les œuvres canoniques de Simon