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GEORGIE

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nicn. Cf. Lynch, Armenia, Travels and éludes, Londres, 1901, t. i, p. 312. Le D r R. von Aricht, Ist die JEhnliclikcit des glagolitisehen mit dem grusinischen Alphabet Zu/all ? Leipzig, 1895, admet que l’alphabet slave primitif dit glagolitique est un emprunt fait à l’alphabet civil géorgien, ce qui est une nouvelle preuve de l’antiquité de celui-ci.

La littérature géorgienne ne s’est pas bornée, comme certaines autres, aux sciences ecclésiastiques ; elle s’est essayée également dans le domaine purement profane e1 a donné de véritables chefs-d'œuvre en prose et en vers. Malgré les vicissitudes de la vie nationale, on peut dire qu’elle n’a pas cessé de produire un seul instant depuis le commencement jusqu'à nos jours. Alors que d’autres peuples orientaux se bornent à peu près exclusivement aujourd’hui à des traductions d’ouvrages européens, les Géorgiens sont restés fidèles à leurs traditions et ne subissent que faiblement l’influence occidentale.

On divise ordinairement l’histoire de la littérature géorgienne en quatre périodes : la période primitive ou préparatoire, du ve au xe siècle, la période classique, du xe au xiii c siècle, la période nouvelle, du xme au xix 1 ", enfin, la période moderne, du xixe siècle à nos jours. Cette histoire est encore imparfaitement connue. Il reste dans les diverses bibliothèques de la Géorgie et de l'étranger une masse de manuscrits non encore étudiés, dont la publication jettera certainement une lumière nouvelle sur les siècles passés. Malgré ces lacunes, nous pourrons donner de la littérature géorgienne un aperçu suffisant.

Période primitive.

Il est tout naturel que les

premières productions littéraires de la Géorgie aient été des traductions de l'Écriture sainte. On comprend que dès le début les missionnaires eurent à cœur de rendre intelligible aux fidèles le texte des Livres sacrés. Un manuscrit du ixe siècle, conservé au musée de la Société pour la diffusion de la littérature géorgienne, intitulé YÉpttre des apôtres — il renferme toutes les Épîtres apostoliques — porte en suscription qu’il a été copié sur un manuscrit plus ancien qui remonte à la troisième année du règne d’Arcadius, c’est-à-dire vers 398-399. Nous savons aussi que le roi Pharsman (542-557) donna à Évagre, du monastère de Saint-Chio, un Évangile qui avait appartenu au roi Vakhtang (446-499). C'était peut-être celui que le roi Artchil I" (410-434) fit traduire pour sa belle-fille, la princesse perse Sagadoukte, mère de Vakhtang. C’est très probablement dans l’idiome de la Perse que fut faite cette traduction, mais elle prouve assez clairement que l'Écriture sainte était déjà connue et appréciée en Géorgie. Il ne manque pas d’autres documents qui prouvent l’activité littéraire des Géorgiens dans les premiers siècles du christianisme. Un manuscrit de 897, appelé 1' < Évangile d’Adiche » en Svanétic, semble avoir été copié sur un texte beaucoup plus ancien. Parmi les livres de la bibliothèque de Saiiil-Sabas, il existe un synaxaire géorgien du viie siècle. Le Sinaï possède de nombreux manuscrits géorgiens sur papyrus, menées, psautiers, etc., que l’on fait également remonter au viie siècle, mais qu’on n’a pas encore suffisamment étudiés, Vn ordo de messes trouvé par Tischendorf fut copié en 941 sur un autre qui est resté inconnu. Les quatre Evangiles de Xnissa, document à peine recensé, portent la date de la création 0110, ce qui revient à l’an 506 de notre ère, d’après le système géorgien. Les Evangiles d’Urbnissa sont du mie siècle ; ceux de Parkalissa et de Tbétissa ne sont que des copies faites en 973 et 995 sur des manuscrits plus anciens.

Sur quel texte fuient faites ces traductions primitives ? II est difficile d’admettre que l'Épître des apôtres, qui remonte à 398-399, ait été traduite sur

un texte arménien, car Mesrob et Sahag n’avaient pas encore entrepris de traduire les Livres saints dans leur langue. Il est toutefois hors de doute que beaucoup de ces traductions subirent l’influence des Arméniens. Nous en avons pour preuve l’aveu de saint Georges Mtatsmindéli. Khakhanachvili, Histoire de la littérature géorgienne, Tiflis, 1904, p. 98. Il reconnaît que la zizanie, c’est-à-dire les erreurs des Arméniens, s'était introduite dans le texte sacré. La Syrie exerça également une certaine influence, surtout au vie siècle. Mais, à partir du viie siècle, c’est du côté de Constantinople que les Géorgiens vont principalement chercher la lumière. L’influence grecque pénètre déplus en plus et domine bientôt seule. Les importants monastères géorgiens répandus dans l’empire byzantin dirigent ce mouvement qui atteint son apogée aux Xe et xie siècles. Livres saints, livres liturgiques, œuvres des Pères, toutes les richesses ecclésiastiques des grecs pénètrent donc après celles des Arméniens et des Syriens.

Il ne faudrait pas croire cependant que le mouvement littéraire se borna uniquement aux sciences religieuses. Dès le début, l’histoire occupe une place importante. L’ouvrage intitulé : la Conversion de la Géorgie, dont la première partie au moins remonterait au viie siècle, fait connaître une masse d'écrits plus anciens fort précieux sur les premiers siècles du christianisme en Géorgie et qui ont malheureusement disparu. Une autre chronique importante de cette époque paraît subsister dans une traduction arménienne du xvine siècle. Le sujet principal de cet ouvrage est la description de la Géorgie au temps du roi Vakhtang I er (446-499), composée par un certain Gouamber qui la continua jusqu’au règne d' Artchil II (688-718). Enfin, les Annales géorgiennes, vaste compilation exécutée au xviii siècle sous le roi Vakhtang VI (1703-1738), sont basées sur une foule d'écrits historiques très anciens qui relatent les origines et l’histoire de la nation. Comme il y a une différence considérable entre le récit de la Bible et celui des Annales, certains auteurs veulent que ces documents soient antérieurs à l’introduction du christianisme en Géorgie. Tamarati, Église géorgienne, p. 28.

2° Période classique. — La seconde période ou période classique manifeste clairement l’influence grecque, mais non point dans tous les genres littéraires. Les couvents géorgiens de l’empire byzantin, particulièrement celui du mont Athos, ceux d’Opisi, de Chatbéri, de Saint-Chio Mgvimé, de Garedja et de Guélati, en Géorgie, concentrent à eux seuls presque tout le mouvement littéraire de l'époque. Au mont Athos, saint Euthyme (964-1028) et saint Georges Mtatsmindéli (1014-1066) dirigent une école de traducteurs qui font profiter leur patrie des ouvrages grecs les plus importants. La Bible et les livres liturgiques sont minutieusement revisés sur le texte grec. Saint Euthyme publie à lui seul la traduction de 52 ouvrages et saint Georges de 17. On trouvera la liste de 191 manuscrits géorgiens du mont Athos, qui sont pour la plupart de cette époque, dans le Journal asiatique, 6e série, 1867, t. i, p. 333-350. Elle fut dressée en 1836 par le P. Hilarion, confesseur du roi Salomon II. On y voit les œuvres de saint Athanase, de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Jean Chrysostome, de saint Jean Damascène, les vies d’une foule de saints, des synaxaires, des ouvrages apocryphes, etc. M. Tsagarelli a publié dans le Sbornik, revue de la Société russe de Palestine, Saint-Pétersbourg, 1883, t. iv, p. 144-191, la liste des 147 manuscrits géorgiens conservés dans la bibliothèque patriarcale de Jérusalem et qui viennent pour la plupart du monastère de Sainte-Croix. Le Sinaï possède aussi un certain nombre de manuscrits. Tous