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GEORGIE


Novembre. 6. Les dix martyrs. — 10. Saint Constantin, prince et martyr. — 17. Saint Michel Gobroni et ses compagnons, martyrs. — 19. Saint Hilarion, ermite.

Décembre. 2. Saint Issé, évêque.

Fêtes mobiles. — 3° férié après Pâques, les saints martyrs de Garedja. — 5e dimanche après Pâques, saint Abib, évêque et martyr. — 6e dimanche après Pâques, saint David de Garedja.

Nous donnerons quelques détails sur chacun de ces différents saints. On trouvera la Vie de la plupart d’entre eux dans Martinov, Annus ecclesiasticus græcoslavicus. Remarquons en passant que la plupart sont morts dans les multiples incursions que la Géorgie eut à subir de la part des Perses, des Arabes, des Turcs, des Mongols et des Persans.

Saint Abo fut martyrisé à Tiflis par les Sarrasins en 890. Nous avons résume plus haut la vie de sainte Nino, en racontant la conversion de la Géorgie dont elle fut le premier apôtre. Les saints Louarsab et Artchil, rois de Géorgie, moururent pour la foi chrétienne lors de la dévastation de leur patrie par MerwànQrou ou le Sourd, en 741. Saint Antoine le Stylite, surnommé Martqoph ou le Solitaire, est un des missionnaires venus de Syrie au vie siècle sous la conduite de saint Jean Zédadznéli. Il mourut vers 620. Saint David III, roi de Géorgie (1089-1125), surnommé le Restaurateur, travailla à relever de leurs ruines l'Église et l'État et se fit remarquer par son zèle pour la reconstruction des églises et des monastères. Saint Pierre de Maïouma, qu’il ne faut pas confondre avec Pierre l’Ibère, un autre Géorgien qui fut évêque de la même ville, pratiqua la vie religieuse à Maïouma, près de Gaza, et mourut vers 452. Saint Louarsab le Jeune, roi de Géorgie, fut étranglé par les Persans en 1622, après un cruel exil de sept ans. Saint Jean Zédadznéli fut le chef des douze missionnaires venus de Syrie au vie siècle pour achever l'évangélisation de la Géorgie. Saint Chio, le Thaumaturge, un des compagnons du précédent, ermite à Mgvimé, est un des patrons de la Géorgie. Saint Euthyme, higoumène du monastère des Ibères, au mont Athos, était le chef des traducteurs des Livres saints et des écrits des Pères, au xi° siècle. Il mourut en 1028. Saint Chalva, prince d’Akhaltzkhé, mourut victime des Arabes après avoir longtemps souffert en prison (1227). Saint Chio et ses cinq compagnons périrent à une date non encore précisée, sous les coups des Leskines, montagnards musulmans du Caucase. Saint Georges, higoumène du monastère des Ibères au mont Athos, fut un des disciples et des successeurs de saint Euthyme, dans la traduction des Livres saints.

Le fondateur de ce monastère célèbre fut saint Jean, père de saint Euthyme, qui s'établit sur le mont Athos vers 970 et mourut en 998. Saint Eustathe de Mtzkhéta périt sous le fer des Perses en 581. Saint Rajdem, le premier martyr géorgien, fut cruellement mis à mort par le chah Piros, en 457. Saint Jean Zédadznéli aurait été un des premiers missionnaires envoyés en Géorgie par l’empereur Constantin, à la demande du roi Mirian, et serait mort en 356. Les données historiques sérieuses relatives à sa vie font complètement défaut. Les six martyrs honorés le 13 septembre furent mis à mort à Tiflis par les Perses. Ce sont : Etienne de Hirsa, Zenon d’Icalto, Tbaddée de Stépan-Zminda, Isidore de Samtva, Pyrrhus de Bréta et Michel dl’lnia. Sainte Kétévan, reine de Géorgie, emmenée en captivité par les Persans, mourut victime de son attachement à la religion chrétienne et à la chasteté (1622). Saint Joseph d’AUaverdi, ermite, fut massacré avec plusieurs de ses compagnons, durant une incursion des Perses en 650. Les princes Bizdina, Elisbar et Chalva, faits prisonniers par les Persans, préférèrent

mourir plutôt que d’embrasser l’islamisme (1615). Les saints Isaac et Joseph périrent à Tiflis, durant une incursion des musulmans (808). Sainte Chouchanike ou Suzanne refusa d’imiter son mari qui avait abandonné la foi catholique, et mourut martyre après six ans de la plus dure captivité, en 458. Saint Néophyte fut d’abord un chef musulman du nom d’Omar. Après sa conversion, il entra dans un monastère et devint évêque d’Urbnissi. Il mourut martyr des Sarrasins, vers 825. Les saints David et Constantin furent au nombre des victimes faites par Merwân-Qrou ou le Sourd à Routais, en 741. Les dix martyrs honorés le 6 novembre périrent au vie siècle. Leur vie et leur office ont malheureusement disparu. Saint Constantin, prince et martyr, fut mis à mort par le khalife Djafar, en 849. Saint Michel Gobroni, d’Akhaltzikhé, commandait les armées géorgiennes lorsqu’il fut tué par les infidèles avec deux cents de ses soldats, en 920. Saint Hilarion Vatchinazé, originaire de la Kakhétie, prêtre et ermite, mourut à Thessalonique, vers 882. Saint Issé, évêque de Cilcan, fut un des compagnons de saint Jean Zédadznéli. Les saints martyrs de Garedja périrent la nuit de Pâques 1621, massacrés dans l'église de leur monastère par le fameux chah Abbas le Grand. La tradition veut qu’ils aient été cinq mille. Saint Abib, évêque de Nécressi et martyr, fut un des compagnons de saint Jean Zédadznéli. Saint David de Garedja, ermite, fonda la solitude monastique appelée plus tard la Thôbaïde géorgienne. Il mourut vers 587.

XX. Langue et littérature géorgiennes. — Les linguistes n’ont pas encore pu se mettre d’accord pour dire à quel groupe appartient la langue géorgienne. Bopp et Brosset la rattachent à la famille indo-européenne ; Max Millier veut qu’elle soit de la famille touranienne ; P. A. Trombetti, L' imita d’origine del Hnguaggio, Bologne, 1905, p. 5, 216, voit dans le géorgien et le basque l’anneau qui unit les langues chamito-sémitiques aux langues indo-européennes ; d’autres enfin, comme Frédéric Millier, désespérant de classer cette langue ainsi que d’autres qui appartiennent à des peuples voisins des Géorgiens, en font provisoirement un groupe à part, le groupe des « langues caucasiques » . Quoi qu’il en soit de cette question que des études plus approfondies éclairciront probablement un jour, la langue géorgienne est une des plus anciennes du monde. Beaucoup de savants, après A. Gatteyra, Revue de linguistique, juillet 1881, t. xiv, p. 285, et F. Lcnormant, Lettres assyriologigues, t. i, p. 124-127, admettent une parenté étroite entre le géorgien et l’idiome ourartique révélé par les inscriptions de Van. Dans la suite des temps, la langue primitive s’est scindée en plusieurs dialectes locaux, tels que le gouri-imérète, le karthli-kakhète, le pchavkhevsour, le mesque, l’inguiloï. De même, un certain nombre de mots étrangers, d’origine sanscrite, perse, arménienne, grecque, latine, turque, russe, etc., se sont peu à peu introduits dans la langue. La Géorgie occidentale a principalement subi l’influence de la Turquie, la Géorgie orientale celle de la Perse.

Le géorgien dispose de deux alphabets de trentehuit lettres chacun, l’alphabet mkhédrouli ou civil, introduit probablement par le roi Pharnavaz à la fin du iv c siècle avant Jésus-Christ, et que J. L. Okromtcheldi croit emprunté à l’alphabet zend, et l’alphabet khoutsouri, ou religieux, qui ne serait qu’une transformation du mkhédrouli. Les Arméniens prétendent que Mesrob a envoyé aux Géorgiens cet alphabet religieux, après qu’il en eut composé un pour ses compatriotes. Bien qu’il y ait plus d’une analogie entre l'écriture géorgienne et l'écriture arménienne, cette paternité est fort contestable, car il n’est même pas démontré que Mesrob ait inventé l’alphabet armé-