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GOTHER — GOTTI


des calomnies des adversaires. Il intitula son livre : A papist misreprcscnted and représentée or a twofold character of popery. D’un côté, il y décrivait les catholiques tels qu’ils étaient dépeints par leurs ennemis ; de l’autre, il les représentait tels qu’ils étaient en realité. Ce livre eut un succès immense, et s’attira de la part des anglicans de nombreuses réponses, que Gother ne laissa pas sans répliques, de sorte qu’il se mit au premier rang des apologistes catholiques. Il avait l’esprit vif, des connaissances étendues, et son style excitait l’admiration de Dryden. « Avec moi, disait le poète, il est le seul individu cjui sache écrire en anglais. » Challoner publia un abrégé de l’ouvrage de Gother qui eut de trente à quarante éditions.

La révolution de 1688 obligea les catholiques à rentrer dans l’ombre ; Gother devint alors chapelain du château de Warkworth, dans le comté de Northampton ; il s’y livra au ministère parmi les catholiques des environs, et il eut la gloire d’instruire et de recevoir dans l’Église Challoner, plus tard vicaire apostolique du district de Londres. Voir t. ii, col. 2208. C’est là qu’il composa un grand nombre d’ouvrages tle spiritualité, qui eurent plusieurs éditions en 16 volumes, de 1718 à 1810.

En 1704, il fut nommé président du collège de Lisbonne, tandis que son nom était proposé à Rome pour la charge de vicaire apostolique du district occidental. Il s’embarqua pour le Portugal et mourut en mer ; le capitaine du navire fut tellement frappé de sa sainteté, qu’il ne voulut pas qu’on jetât son corps dans les flots ; il l’emporta jusqu’à Lisbonne, où il fut enseveli dans la chapelle du collège anglais ; on y voit encore son tombeau.

Migne, Catéchismes, t. n : vie de Goter ; Diclionary of national biography, Londres, 1908 ; Hurter, Nomenelatur literarius, 1910, t. iv, col. 698 ; Burton, The life and limes of bishop Challoner, 2 vol., Londres, 1909.

A. Gatard.

    1. GOTTHARD Georges##


GOTTHARD Georges, théologien allemand, né à Ingolstadt, a étudié au Collège germanique à Rome, de 1573 à 1576, et y a pris les grades de docteur en philosophie et théologie. Il était bon théologien et il a laissé plusieurs ouvrages composés contre les hérétiques de son époque : De bonorum operum cl særamentorum necessilate (deux discours), Ingolstadt, 1777 ; De confessione quæ altéra pars sacramenti pœnilentiæ, ibid., 1572 ; Defensio Ecclesiæ calholicæ (contre les calomnies de Jacques Heerbrand et d’autres sectaires), ibid., 1586 ; Apologia (contre la défense de Heerbrand), ibid., 1588 ; Disputaliones, 1587. A son retour en Allemagne, il fut nommé chanoine de Passau, en 1570. Il assistait régulièrement au chœur, ce qui était exceptionnel alors, et il régit les écoles de la cathédrale. En 1584, il fut délégué par le chapitre à Sirninga pour y soutenir les catholiques contre les protestants. Il n’y obtint pas beaucoup de succès, y eut beaucoup à souffrir et y courut même le risque de sa vie. Il quitta la paroisse et reprit ses études. Bien plus, par suite d’une calomnie portée contre lui, il lui privé de son titre curial par l’évêque et le chapitre. Il machina contre la vie de l’évêque, et il fut emprisonné, le 3 février 1589, et accusé du crime de lèsemajesté. Il tua son gardien pour tenter de fuir. Condamné à mort, il fut dégradé et il périt, le 6 mars 1589.

Dupin, Table des auteurs ecclésiastiques du XVIe siècle col. 1323 ; Lauchert, dans Der Katholik, 1904, t. xxix, p. 321-349 ; t. xxx, p. 41-01 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. xlix, p. 490 ; Hurter, Nomenclaior, 1907, t. iii, col. 204, note 2.

B. PIeurtebize.

    1. GOTTI Vincent-Louis##


GOTTI Vincent-Louis, dominicain, patriarche de Jérusalem et cardinal-prêtre du titre de Saint-Sixte,

est un des représentants les plus marquants de la science apologétique au xviii c siècle. Il naquit à Bologne le 5 septembre 1664 ; son père, Jacques Gotti, était professeur de droit à l’université de la même ville. A l’âge de seize ans, il prit l’habit dominicain au couvent de Saint-Dominique, en 1680, et après son noviciat qu’il lit à Aucune, il fut reçu à la profession en 1681. Il commença ses études philosophiques sous la direction du P.Jean-Marie délia Torre, voir Scripiores ordinis prædicatorum, édit. Coulon, xvtii siècle, p. 289, à Forli d’abord, puis il fut envoyé à Salamanque, où l’enseignement théologique, qui se donnait au collège dominicain, jouissait alors d’un grand renom. Après avoir achevé son cours de théologie, il soutint publiquement des thèses qui furent très remarquées ; on lui offrit même de demeurer à Salamanque en qualité de professeur, honneur qu’il déclina. C’est pendant son séjour à Salamanque qu’il se lia avec le nonce Durati. Après avoir été ordonné prêtre, vers la fin de 1688, des mains d’Antoine de Monroy, archevêque de Compostelle et qui auparavant avait été général de l’ordre des frères prêcheurs, voir Scriplores ord. preed., édit. Coulon, xviiie siècle, p. 222, Gotti revint en Italie et, après un très court séjour, comme lecteur de philosophie, à Mantoue, il fut assigné au collège de la Minerve, à Rome, pour y enseigner également la philosophie. Regest. Mag. Gen. Ant. Cloche. Il y demeura jusqu’en 1692, date à laquelle il fut envoyé à Bologne, toujours avec les mêmes fonctions de professeur de philosophie. Après un court séjour au couvent de Fænza, où il commença l’enseignement de la théologie, il fut choisi en 1695, pour succéder au P. Jérôme Bassano, O. P., dans la première chaire de théologie de l’université de Bologne. En même temps il enseignait la métaphysique dans le collège de son ordre, du moins à partir de 1698. A Bologne, Gotti avait retrouvé la protection du cardinal Durati, qui avait été nommé légat a latere. En 1708, il fut nommé prieur du couvent de Bologne et après avoir rempli cette charge pendant deux années, il fut élu provincial de la province dominicaine de Lombardie. De nouveau, en 1714, il fut élu prieur de Bologne, mais au bout d’un an, il dut résigner sa charge, car Clément XI venait de le nommer inquisiteur général de Milan. C’est de son séjour à Milan que date son premier ouvrage : La vera Chicsa di Cristo dimostrala da segnie da’dogmi, contra i duc libri di Giacomo I’ieenino intitolati Apologia per i riformatori, e per la rcligione riformala, c trionfo délia vera rcligione, 2 in-4°, Bologne, 1719 ; Milan, 1734. Cette édition de Milan corrigée fut traduite en latin par le P. Vincent-Thomas Covi, O. P., et parut à Bologne en 1750, 3 in-4°. Cet ouvrage, qui est un traité complet d’apologétique, fut composé pour réfuter les erreurs contenues dans deux écrits du ministre calviniste Jacques Picenini. Le premier de ces ouvrages : Apologia per i rijormalorie per la rcligione riformata, contro le inveltive di P. Panigarolo c P Scgncri, in-4°, Coire, 1706, avait déjà été réfuté par le P. André Semery, jésuite, Brève difesa délia vera rcligione contro il grosso volume di Giacomo Picenino apologisla de’pretesi riformalorie riformali, in-4°, Brescia, 1710. Le ministre avait répliqué par le second ouvrage : // trionfo délia vera rcligione, in-4°, Genève, 1712, auquel le P. Tonti, augustinien, avait répondu par un autre ouvrage paru à Padoue, en 1713, sous le titre de Dogmi délia Chicsa romana. Reprenant toutes les propositions de Picenini, Gotti en fit une réfutation systématique qui, au dire de Fontanini, constitue la défense de la religion catholique la plus complète et la plus exacte, qu’on eût encore écrite en langue italienne. Cf. Ricchini, De vita et siudiis card. Gotlii, p. 20. Cependant, quelqu’un à l’insu de Gotti avait glissé dans