1080, il comptait déjà 9 éditions. Citons en plus de l’édition princeps parue à Bordeaux, celle de Cologne, 1671, en 5 in-fol. ; celle de Paris, 1669. Une édition plus parfaite parue à Lyon en 1681 sous la surveillance du P. Jean-Baptiste Gonneau, en 5 in fol. Cette édition porte le titre de 4e édition. Gonneau ne fit aucune modification qu’il n’en ait reçu chaque fois l’autorisation formelle de l’auteur ; de sorte que cette édition peut passer comme donnant la pensée définitive de Gonet. Après la mort de l’auteur il y eut encore d’autres éditions du Cli/peus : G in-4°, Paris, 1686 ; 5 in-fol.. Anvers, 1725 ; 1744-1753 ; Venise, 1753 ; 3 in-fol., 1772 ; 6 in-4°, Paris. 1876. Gonet mourut sans pouvoir donner la partie morale de son cours de théologie ; ce fut le P. Maderan qui entreprit de le compléter sous ce titre : Supplementum Clypei Iheologiæ thomistiese, sive Dissertationes morales de officiis justitiiv, quibus rcsolvuntur selecli casus conscicnliæ juxta doctrinam D. Thomas, ex sacris canonibus, sententiis sanctorum Patrum et theologicis ralionibus comprobatam et explanatam. Cet ouvrage en 5 in-4° était conservé avant la Révolution chez les dominicains de Bordeaux ; il se trouve aujourd’hui parmi les manuscrits de la bibliothèque municipale, sous la cote 154. On peut en voir le détail dans l’article sur J.-B. Maderan. Scriptores ordinis prædicalorum, édit. Coulon, xviiie siècle, p. 126. L’ouvrage est demeuré manuscrit. Gonet publia encore Manuale thomistarum scu breuis theologiæ thomisticæ cursus in graliam et commodum sludenlium, ut facilius ac citius inspicere possint, quæ in Clijpeo jusius et laliori calamo conscripsil, 6 in-12, Béziers, 1680 ; Lyon, 1680 ; 2 vol., Cologne, 1682 ; 6 in-12, Bologne, 1681 ; Padoue. 1704-1718, édition préparée par Serry et portant aussi la marque de Venise (Hurter, Nomenclator, t. iv, col., 319, déclare cette édition moins fidèle que les autres, mais sans dire pourquoi, probablement à cause des notes de Serry) ; 6 in-12, Padoue, 1729 ; Anvers, 1742 ; in-fol., Venise, 1778. Dans son histoire des congrégations De auxiliis, Venise, 1740, col. 569, Serry félicite l’auteur du Manuel d’avoir corrigé dans sa 4e édition, Lyon, 1681, ce qu’il avait enseigné touchant les effets du péché originel, re malurius discussa et altenlius ponderata, p. 218, et d’avoir ainsi échappé à l’accusation de molinisme, en proclamant cette doctrine chère aux thomistes : hominem nedum originali peecalo spoliatum gratuitis, verum etiam in naturalibus vulneratum : algue ideirco longe minores esse vires in homine lapso, quam fuissent in homine puro. Un dernier ouvrage de Gonet est intitulé : Dissertatio iheologica ad tractation de moralilate actuum humanorum perlinens de probabilitate, in qua novorum casuislarum laxilates et jansenianorum excessus ex doctrina D. Thomæ conjulantur, in-12, Bordeaux, 1664.
Echard, Scriptores ordinis prsedicatorum, Paris, 17191721, t. il, p. 692-693 ; Ant. de Lantenay [Bertrand !, Mélanges de biographie et d’histoire, Bordeaux, 1885, p. 50-55, 56, 90, 92, 103 ; Laurent Josse Le Clerc, Remarques sur le Dictionnaire de Bayle, art. Gonet ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, t. ii, col. 308 sq. ; on y trouve l’épitaphe composée par Jos. Gourgas et qui a disparu de la 3e édition, 1910, t. iv, col. 317-319 ; Dollingcr-Beusch, Geschichte der Moralstreitigkeilen, Nurdlingen, 1889, t. i, p. 43, 100 ; t. ii, p. 67, 71 ; Serry, Historiée congregationum de auxiliis, Venise, 1740, col. 569 ; Contenson, Theologia mentis et cordis, II. Probabilitatis commentant, p. 163, et passim. Voir Godoy.
R. Coulon.
- GONNELIEU (Jérôme de)##
GONNELIEU (Jérôme de), jésuite français, né à
Soissons, le 8 septembre 1640, entré au noviciat de Paris
le 4 octobre 1657. Après avoir enseigné dans divers
collèges la grammaire et les humanités, il fut appliqué
à la prédication et aux fonctions du saint ministère.
Le caractère simple, mais chaleureux et tout apos
tolique de son éloquence, atlira de grandes foules au
pied de sa chaire et la bonté aimable de cet homme
pénétré de l’esprit de Dieu lui gagna les cœurs. Il
opéra dans toutes les classes de la société de nombreuses
conversions et dirigea dans les voies de la
piété des âmes d’une sainteté éminente. Aussi les
ouvrages de spiritualité composés parle P. de Gonnelieu
et qui ont porté si haut sa réputation d’ascète, se font
remarquer par une connaissance approfondie des voies
intérieures et de la conduite des âmes non moins que
par l’élévation et la solidité de la doctrine. Il convient
de citer parmi ses principaux écrits : 1° Les exercices
de la vie intérieure ou l’espril intérieur dont on doit
animer ses actions durant le jour, Paris, 1684 ; 2° Méthode
pour bien entendre la sainte messe et mener une
vie chrétienne dans le monde, Paris, 1690 ; 3° Pratiques
de la vie intérieure, 2 in-12, Paris, 1693, 1694 ; plusieurs
éditions ont pour titre : Sentiments de la vie intérieure ;
4° Instruction sur la communion et la confession, Paris,
1694 ; 5° De la présence de Dieu qui renferme tous les
principes de la vie intérieure, Paris, 1703 ; 6° Méthode
pour bien prier, Paris, 1710 ; 7° Le sermon de Noire-Seigneur
à ses apôtres après la Cène, essai d’une explication
littérale et morale du texte évangélique sous
forme d’homélies, Paris, 1712 ; 8° Nouvelle retraite de
huit jours à l’usage des personnes du monde et du cloître,
Paris, 1734. La plupart de ces ouvrages ont eu de
très nombreuses éditions jusque dans la seconde
moitié du siècle dernier. L’ouvrage le plus souvent
réédité sous le nom du P. de Gonnelieu : L’Imitation
de Jésus-Christ, traduction nouvelle, Nancy, 1712,
n’est pas de lui, mais de Jean Cusson, imprimeur et
avocat au parlement. Dans son Essai bibliographique
sur le livre de l’Imitation et dans la Bibliothèque des
écrivains, 2<~ édit., t. i, col. 2179-2182, le P. de Backer
a relevé plus de 250 éditions qui attribuent cette
traduction au P. de Gonnelieu et Barbier n’a pas
manqué d’en faire un grief aux jésuites. Dissertation,
p. 64. Dom Calmet, Bibliothèque lorraine, p. 318, a
donné l’explication historique de ce fait étrange.
L’édition de Nancy, faite en 1712 par Jean-Baptiste
Cusson, contenait des réflexions et pratiques attribuées
au P. de Gonnelieu. Elle parut sous ce titre : L’Imitation
de Jésus-Christ, traduction nouvelle, dédiée à la
duchesse de Lorraine et de Bar, avec une pratique et une
prière èi la fin de chaque chapitre, par le R. P. Gonnelieu,
de la Compagnie de Jésus, Nancy, J.-B. Cusson,
1712. Trompé sans doute par le titre, le Journal des
savants attribua dès 1713 la traduction elle-même au
P. de Gonnelieu et la disposition typographique du
titre dans les éditions suivantes ne fit que confirmer
l’erreur : L’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle.
Avec une pratique et une prière à la fin tic chaque
chapitre. Par le R. P. Gonnelieu, de la Compagnie
de Jésus. Paris, 1712, etc. Les Mémoires de Trévoux,
janvier 1716, p. 183, ont vainement réclamé contre cette
attribution. Quant aux Réflexions et pratiques, extraites
des œuvres du P. de Gonnelieu, elles reflètent le plus
pur esprit janséniste, avec toutes les atténuations voulues,
et comme l’observait en 1738 le P. Patouillet,
auteur de la préface du Dictionnaire des livres jansénistes,
si elles sont « dans le genre de celles de Gonnelieu, » elles ne peuvent à aucun titre lui être attribuées.
Mémoires de Trévoux, janvier 1738, p. 123. Néanmoins
d’innombrables traductions du livre de J.-B. Cusson,
publiées dans toutes les langues de l’Europe, continuent
a porter en titre le nom du P. de Gonnelieu. Épuisé
par ses travaux apostoliques, le saint religieux mourut
à la maison professe de Paris, le 28 février 1715.
La France littéraire, 1778, IIe partie, p. 143 ; Journal des savants, 1713, p. 123 ; Mémoires de Trévoux, 1713, p. 1403 ; 1716, p. 183 ; Sommervogel, Bibliothèque de la C le de Jésus, t. iii, col. 1560-1567. P. Bernard.