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GOLDHAGEN — GOMAR


Messiam qucm venturum esxpectant, ibid., d’après les manuscrits. A ces travaux de pure érudition, le P. Goldhagen ajoutait, pour ranimer en Allemagne le sentiment religieux, un solide traité spirituel sur la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus : Anweisung zu der hoehwichligen Andacht zum heiligsten Hcrzen Jesu Christi, Saint-Gai ], 1767 ; Bamberg, 1763 ; Mayence, 1769, etc. Enfin, dans le but de répondre plus rapidement et plus régulièrement aux attaques pour ainsi dire quotidiennes dirigées contre la religion, le P. Goldhagen fondait la première revue apologétique sous ce titre : Religions-Journal, oder Auszùge aus den beslen allen und neuen Schriflslellern undVertheidigern der christlichen Religion mil Anmerkungen. Cette revue paraissait tous les deux mois et contenait, outre le périodique, des suppléments et des pièces d’actualité imprimées à part. Goldhagen la dirigea pendant dix-neuf ans, de l’année 1776 jusqu’en 1794. Cette publication fut reprise en 1797 à 1804, sous le titre de Journal der Religion, Wahreit und Litleratur. Elle rendit à la religion d’éminents services. Ces multiples et absorbants travaux n’épuisaient pas toutefois l’activité prodigieuse du P. Goldhagen. En 1766, il était nommé procureur de la province du Rhin supérieur et, en 1773, il recevait la charge de conseiller ecclésiastique à Mayence, puis à Munich, où il mourut à la tâche, le 28 avril 1794, au milieu des tristesses et des appréhensions que suscitaient en Allemagne dans le monde religieux les horreurs et les menaces de la Révolution française.

Sommcrvogel, Bibliothèque de la C le de Jésus, t. iii, col. 1538-1544 ; Hurter, Nomenelator, 3’édit., t. IV, col. 444 sq.

P. Bernard.

GOMAR et GOMARISME — I. Gomar. II.Gomarisme.

I. Gomar ou Gomarus, et, d’après l’orthographe originelle, Gomær, François, théologien, exégète et polémiste protestant, naquit à Bruges, le 30 janvier 1563. Ses parents, ayant embrassé les principes de la religion dite réformée, émigrèrent en 1578 dans le Palatinat, afin de pouvoir professer plus librement leur foi nouvelle. Ils firent donner à leur fils une éducation soignée, en rapport avec ses dispositions naturelles et avec leurs propres convictions. Pendant trois ans, il suivit, à Strasbourg, les leçons de Jean Sturm. De là, en 1580. il passa à Neustadt, où les professeurs de la faculté d’Heidelberg, principaux représentants et défenseurs des opinions de Calvin, avaient été relégués par l’électeur palatin, adepte fervent du luthéranisme. Il y eut pour maîtres Zacharie Ursinus, Jérôme Zanchius et Daniel Tossanus, tous trois très attachés à l’orthodoxie calviniste. Vers la fin de 1582, il se rendait en Angleterre. Il y fréquenta, à Oxford, les cours de théologie de Jean Reynold, et, à Cambridge, ceux de Guillaume Whitaker. C’est dans cette dernière ville qu’il prit, en juin 1584, le grade de bachelier. Il revint ensuite à Heidelberg, où la faculté avait été réinstallée et où il employa deux ans à se perfectionner dans la connaissance du grec et de l’hébreu. De 1587 à 1593, nous le trouvons remplissant à Francfort les fonctions de pasteur du groupe hollandais de l’Église réformée. Mais en 1593 la communauté qu’il dirigeait fut dispersée, et on lui offrit une chaire de théologie à Leyde. Il l’accepta, après avoir conquis le bonnet de docteur à Heidelberg. Il était tout entier à sa tâche professorale quand, en 1603, on lui donna comme collègue, à son grand déplaisir, Jacques Arminius, déjà connu par ses tendances à mitiger les effrayantes théories du prédestinatianisme calviniste. Dès l’année suivante, il commençait contre lui cette lutte âpre et sans merci, empreinte d’un véritable fanatisme, qui devait aboutir au partage de l’Église néerlandaise en deux factions ennemies. Arminius (voir ce mot) s’écartait, en effet, des sentiments

qui dominaient alors dans les écoles et dans les Églises réformées de la Hollande. Il rejetait les dogmes de la prédestination absolue et de la grâce irrésistible, et rendant à Dieu la bonté et à l’homme la liberté, il enseignait que la miséricorde divine et les mérites de Jésus-Christ s’étendent à tout le genre humain, et que la grâce n’entraîne pas au bien par une force nécessitante sans le libre concours de la volonté à laquelle elle est offerte. Gomar lui reprochait de ruiner ainsi non seulement la doctrine prédestinatienne, mais encore toute l’économie protestante du salut, toute la doctrine de la justification par la foi, et d’incliner vers la thèse catholique de la justification par les œuvres. « Je n’oserais pas, disait-il, paraître devant Dieu après avoir fait miennes les opinions d’Arminius. » Il eut la bonne fortune de rencontrer, dès le début de sa campagne, un fidèle allié et un solide appui en la personne de Jean Bogermann, qui fut plus tard professeur de théologie à Franeker et président du synode de Dordrecht. Ses partisans portèrent d’abord le nom de gomaristes, auquel vint se joindre ensuite celui de contre-remontrants. Les dissensions entre gomaristes et arminiens s’envenimèrent bientôt au point’de faire craindre, dans certaines provinces, qu’elles ne dégénérassent en une véritable guerre civile. La masse du peuple tenait généralement pour les croyances calvinistes pures, tandis que bon nombre de théologiens et de personnages influents étaient favorables aux idées nouvelles et plus indulgentes. Diverses tentatives de conciliation furent faites à la demande ou avec l’assentiment du gouvernement. Il y eut entre les adversaires plusieurs colloques ou discussions publiques. En 1608, à deux reprises, Gomar personnellement soutint un débat de ce genre devant l’assemblée des États généraux ; et l’année suivante, une dispute plus solennelle encore mit aux prises deux groupes de cinq champions chacun, Gomar figurant toujours en tête des défenseurs de sa cause. La mort d’Arminius, survenue en 1609, ne mit fin ni à la controverse dont il avait été la cause ou l’occasion, ni à l’ardeur avec laquelle les héritiers de ses vues théologiques furent poursuivis partout où l’on crut les rencontrer. Pourtant, en 1611, Gomar eut comme un moment de découragement et sembla vouloir abandonner le champ de bataille. Il s’était vainement remué pour empêcher qu’on confiât la chaire délaissée par son rival à un des amis de celui-ci, Conrad Vorstius. Dépité de son échec et cle cette nomination, il donna sa démission, quitta Leyde et se retira à Middelbourg, où il se livra à la prédication, tout en faisant des leçons de théologie et d’hébreu dans un établissement qu’on venait de fonder sous le nom d’Illustre Schule. Mais, en 1614, il consentit à reprendre une chaire de théologie à la faculté protestante de Saumur, en France ; et, quatre ans plus tard, rentrant dans les Pays-Bas, il devenait premier professeur de théologie et d’hébreu à Groningue. Ce fut la dernière étape de sa carrière errante, et elle embrasse une période de vingt-trois années. On a noté, comme indice de son application et de son prosélytisme scientifiques, qu’il n’avait, durant tout ce temps, interrompu son enseignement que deux fois, et cela pour se rendre aux assemblées ecclésiastiques de Dordrecht et de Leyde. Au synode national de Dordrecht (1618-1619), où il représentait les États de Groningue, il fut, sinon le premier chef et l’unique inspirateur, du moins l’un des principaux coryphées de la faction étroitement conservatrice, l’un des ennemis les plus acharnés de ceux qu’il traitait volontiers de novateurs, voire de papistes. C’est à lui, en grande partie, qu’est due l’extrême rigueur des décrets portés pour enlever aux arminiens toute possibilité de rattacher leurs théories particulières à la doctrine officielle de l’Église réformée. Si entier était son attachement à son propre système, si irréductible