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ÉPHÉSIENS (EPITRE AUX]

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obscure : ii, 3 (3 fois sv), 5, 6 (hi, tic, 61à, si :, -/.u-i, £. ;), i 7 (èv, Sidt, y.arà), 11 (deux fois xarct), etc. Les particules logiques, que saint Paul emploie couramment, manquent ici : à’ù.i. ne se lit pas avant v, 17 ; on le retrouve encore v, 24 ; vi, 4, et c’est tout ; yâp, avant v, 5, ne vient que trois fois, ii, 8, 10, 14 ; o’jv ne se rencontre pas avant iv, 1 ; on le voit ensuite six fois ; apa o-jv, tt)./, -/, vuvl Se ne sont employés qu’une fois. Les liaisons se font surtout par Z : 6, Sci tojto, To-JTCiu /^P’"- L’Épître contient de longues périodes, dont les membres sont rattachés par des relatifs et des particules, sans que l’ordre logique apparaisse clairement ; i, 3-14, 15-23 ; iii, 1-19 constituent trois phrases, dont la seconde n’est pas terminée et forme anacoluthe ; la manière dont l’idée principale est développée par reprises successives complique encore cet enchevêtrement. Les parenthèses n’ont pas la même raison d’être que dans les Épîtres authentiques : sous la plume de l’apôtre, elles viennent de ce que l’écrivain passe d’une idée à l’autre ; ici, elles résultent de l’agglutination des pensées. Le style de la lettre est donc verbeux, lourd, embarrassé et enchevêtré ; on n’y reconnaît pas le style de rapôtre. 2° Ses preuves.

1. Preuves directes. — a) Extrinsèques.

— L’origine paulinienne de cette Épître a, du côté de la tradition ecclésiastique, les plus fortes garanties. Les témoignages sont anciens, nombreux et unanimes. Toujours et partout, en Orient et en Occident, à partir de la seconde moitié du iie siècle, cette Épître a été expressément attribuée à saint Paul. En dehors, en effet, des allusions, qu’on découvre dans les Pères apostoliques, qui sont vagues souvent et ciui prouveraient seulement, contre les critiques de Tubingue, l’existence de cette Épître avant l’an 140, elle est peut-être visée directement par saint Ignace d’.

tioche, qui écrivait aux Éphésiens : « Vous êtes le lieu de passage de ceux qui sont enlevés à Dieu, les CO-initiés(<r’J ! J.|J.’J0-Tai)dePaul, i ; èv r.in-r, ÈTriTTo). ?, |j.vr)[j, ovE-Jti ÙU.ÛV. » Ad Epli., XII, 2, Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. I, p. 222. Cf. Eph., i, 9 ; ni, 3. Bien que littéralement l’absence d’article exige la traduction : ! dans toute lettre » , comme l’apôtre ne mentionne pas les Éphésiens dans toutes ses Épîtres, il semble plus naturel d’adopter le sens, reçu par beaucoup de critiques : « dans toute sa lettre » , celle qu’il vous a écrite. Cette interprétation se justifierait par les deux passages, Eph., i, IG ; iii, 14, dans lesquels l’apôtre parle des prières qu’il fait pour ses lecteurs. D’ailleurs, d’autres indices montrent que saint Ignace a vraisemblablement connu cette Épître. L’adresse de sa lettre, Funk, p. 212, contient des expressions qui paraissent lui avoir été suggérées par le début de notre Épître. Les termes : in^i-r^za : ovte ; 9soO, Ad Eph., I, 1, p. 214, proviennent d’Éph., v, 1, et la phrase : » Vous êtes les pierres du temple du Père, préparées pour l’édifice de Dieu le Père, » Ad Eph., ix, 1, p. 220, visent Eph., ii, 20-22. Voir cependant E. von der Goltz, Ignalius vont.iitiochirn, dans Tctlr. und Untersuchungen, Leii)zig, 189 1, t. xii, fasc. 3, p. 103-105. Quand l’évêque d’Antioche écrit i saint Polycarpe, v, 1, p. 292, de recommander aux frères au nom de Jésus-Christ d’aimer leurs femmes comme le Seigneur aime l’Église, il vise Eph., v, 25. La panoplie chrétienne, indiquée plus loin, vi, 2, iliid., lui a été probablement suggérée par Eph., vi, 11, bien qu’une partie fie l’armure soit différcnte.

Quoi qu’il en soit, il est certain quc, vers MO, Marcion plaçait cette Épître à son rang chronologique ilans son’ATtoaTo/iy.i-Jv comme étant de saint Paul, en l’intitulant -y, ;.Vaoîi/.tC ;, comme nous rcxplique rons plus loin. Les valentiniens en faisaient grand cas, et au témoignage de saint Irénée, Conl. hær., I, viii, 4. 5. /’. a., t. vii, col. 531, 536, ils citaient Eph., v, 32,

13, comme paroles de Paul. D’après les Philosophouinena, VI, 34, 35, P. G., t. xvi, col. 3247, ils citaient la prière, Eph., iii, 10-18, comme Écriture, etEph., iii, 5, avec la formule : Kai 6 àTrÔCTToXos. Ptolémée attribuait aussi Eph., ii, 15, à Paul. S. Épiphane, Hær., xxxiii, 6, P. G., t. XLi, col. 565. Théodote rapportait Eph., iv, 24, à Paul, et Eph., vi, 22 ; iv, 30, à l’apôtre. Clément d’Alexandrie, Excerpla Theodoti, 19, 48, 85, P. G.. t. IX, col. 668, 681, 697. Dans la seconde moitié du ue siècle, l’Épître aux Éphésiens était universellement reconnue dans l’Église catholique pour l’œuvre de saint Paul. En parlant des Épîtres de cet apôtre aux sept Églises, l’auteur du canon de Muratori place celle aux Éphésiens (ad Ephesius) au second rang, après la 1 Cor., qui est au premier rang. Saint Irénée rapporte Eph., v, 30, avec cette formule d’introduction : KaOïoç 6 ixxxâpio ; IlajÀo ; s/ji’iv âv rr, iipô ; ’Kçsii’o’j ; i’^iTTOÀr, , Cont. hær., V, 2, 3, P.G., t. vii, col. 1126 ; Eph., i, 7 : Quemadmodum apostolus Ephesiis ail, /&(d., V, xiv, 3, col. 1163 ; et Eph., ii, 2 : In Epistola quæ est ad Ephesios. Ibid., , xxiv, 4, col. 1188. Clément d’Alexandrie, après avoir cité Gal., v, 16-22 ; I Cor., xi, 3, 8, 11, avec ces mots : ç/jclv 6 àuôutoÀoç, ajoute : Atô v.a. èv t/j Tipb ; *E ?c(n’o-j ; yoâçet, avant de rapporter Eph., v, 21-25. Slrom., IV, 8, P. G., t. viii, col. 1272, 1276. Il cite encore II Cor., xi, 2, sous le nom de l’apôtre qu’il dit iraisa-TaTa 6è’E(p£criot ; ypxçàiv, dans le passage, Eph., IV, 13-15. Pœd., i, 5, ibid., col. 269. Ailleurs, il introduit Eph., iv, 17-19 ; v, 14, par ces mots : Acï ToCto à (j.axâpio ; ’AtiôcttoXoc’|j.apT’Jpou.at èv Kupt’o), 3Y)t’[, etc. Cohort. ad génies, ix, ibid., col. 193, 196, Tertullien dit à propos du titre : Ad Laodicenos, que Marcion donnait à cette Épître : Ecclesiæ quidem veritate epistolam islam ad Ephesios habenms emissam. .dversus Marcioncm, [.Y, c. xi, xvii. P.L., t. ii, col. 500, 512. Origène cite Eph., i, 4, en disant : Scd et apostolus in epistola ad Ephesios eodeni sernwnc usus est. De principiis, iii, 5, n. 4, P. G., t. xii, col. 328. Saint Cyprien cite Eph., iv, 29, en disant : /^ « u/us ad Ephesios, Testimoniu, iii, 13, P. L., t. iv, col. 741, et Eph., V, 25, 26, sous le nom du même apôtre. Epist., lxxvi, ad Magnum, 2, P. L., t. iii, col. 1140. Ainsi au ii’=et , au III'e siècle, les hérétiques et les catholiques sont l unanimes à attribuer à saint Paul la lettre aux Éphé-I siens. La tradition ecclésiastique n’a pas varié de senj timent, et il faut arriver à 1826 pour que des doutes j soient émis pour la première fois sur l’origine paulij nienne de cette É])ître.

b) Intrinsèques. — - Ces preuves sont tirées de la doctrine et de la langue de la lettre elle-même, sans I compter le témoignage de l’auteur qui, dans l’adresse, 1, 1, et au cours de l’Épître, iii, 12 ; iv, 1, se donne pour Paul, l’apôtre des gentils et le prisonnier du Christ. — n. Doctrine. — Les enseignements spécifiquement pauliniens des Épîtres incontestées ne manquent pas absolument ici. Si, s’adressant à des païens, morts par leurs offcnses et leurs péchés, ii, 1, l’auteur leur dit que la grâce de Dieu est le principe de leur salut, ii, 6, il ajoute cependant que la foi est le moyen de ce salut, II, 8. Cf. iii, 17 ; vi, 23. D’autre part, les vérités, sur lesquelles l’Épître aux Éphésiens insiste spécialement, se retrouvent dans les lettres authenticiues de l’apôtre. Ainsi, le dessein éternel de Dieu de sauver les hommes, i, 4 11, est exposé Rom., viii, 28-30 ; ix, 8-24 ; xvi, 25, 26 ; I Cor., Il, 7 ; Gal., IV, 4, 5 ; la réunion de tous les êtres en Jdsus-(>hrist, i, 10, est indiquée Rom., VIII, 34 ; iii, 22, 29, 30 ; iv, 9. 16 ; v, 9-11 ; xi, 28-32 ; I Cor., xii, 27 ; Phil., ii, 9 ; la conception de la chair, siège des mauvais désirs et du péché, ii. 3, est énoncée équivalemment Rom., viii, 3 ; Gal..v, 13, 16, 10. D’autres rapprochements peuvent encore être signalés : Eph., i, 16, et Rom., i. 9 ; liph., i. 20, et I Cor., xv, 25 ; Eph., i, 22, et 1 Cor., xv, 27 ;