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ENGELEN — ENNEMIS f AMOUR DES)

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heure, van Engelen n’avait pas toujours été l’antagoniste de Corneille Jansénius. Il combattit même, en 1630, aux côtés du futur évêque d’Ypres contre les calvinistes de Hollande. Les États généraux de ce pays venaient d’expulser de Bois-le-Duc tout le clergé romain. Ils y avaient ensuite envoyé quatre ministres instruits et renommés, avec mission d’agir sur la population, de la détacher de la vieille foi et de l’amener à l’Église réformée. Ces ministres lancèrent, le 16 mai 1630, à l’adresse des catholiques en général et des prêtres en particulier, une provocation à un débat public, qui aurait lieu en présence du magistrat de la ville et dans lequel on discuterait les titres des deux confessions opposées. D’un commun accord, van Engelen et Jansénius relevèrent ce défi, et ils firent connaître leur décision par un placard affiche à Louvain le 9 juin suivant. Ils exigeaient seulement que la dispute se fît en lieu sûr pour les deux partis, que la présidence en fût confiée à un magistrat étranger à l’un et à l’autre, que tous les arbitres fussent versés dans les sciences tliéologiques, et enfin que, des deux côtés, on fût muni de sauf-conduits. Ces conditions n’aj’ant pas été acceptées, la guerre, suivant l’expression de Paquot, au lieu de se faire oralement, se poursuivit par écrit.

C’est à cette occasion que van Engelen : 1° publia un livre intitulé : Den Deckmantel des Caiholyckc næms afgenickt van de leere, dte de Calvinsche Predicanteii poogen tots’Hciiogenbosch in te voeren. Ofl Verweyringe voor het Oiidl Calholyck en Aposiolisch geloove, iegen de Nieuivicheden van vier Keilcrsche Woordendienærs tôt s’Herlogenbosch (La doctrine que les ministres calvinistes s’efforcent d’introduire dans Bois-le-Duc, dépouillée du manteau du nom ccdholique, dont on la couvre ; ou Défense de l’cmcienne foi catholique et apostolique contre les nouveautés de qucdre prédicants hérétiques de cette ville), in-12, Louvain, 1630. Les quatre ministres visés dans cet écrit, où le calvinisme apparaît en fort mauvaise posture, sont les provocateurs dont il a été question. Ils s’appelaient Gisbert Voet, Godefroid Uclemans, Henri van Swalmen et Samuel Everwyn. Ils étaient réputés les plus habiles parmi leurs coreligionnaires, et ils furent très mêlés aux polémiques religieuses de cette époque. Mais van Engelen en voulait surtout à Voet, plus remuant que les autres, el il composa contre lui plusieurs tracts, qui ne nous sont pas parvenus. Outre le volume désigné ci-dessus, van Engelen : 2 écrivit en latin, avec ses collègues Jean Schinkels et Chrétien Beusecum, une Relation des troubles excités à Louvain par l’impression de t’Augustinus de Jansénius. Cette relation fut envoyée, en 1641, à Urbain VIII, qui, par l’entremise de l’internonce Stravius, en témoigna aux collaborateurs son entière satisfaction. Elle est reproduite en grande partie dans la Disquisitio hisloricotheologica, per Jacobuni Mombron, in-12, Cologne, 1692. 3° G. van Engelen fut encore l’un des rédacteurs et signataires de la Drclaratio sive Protestatio ocio theologorum et professorum Lovaniensium, datée du 18 juin 1642. Ces professeurs déclarent qu’ils ont voté contre la résolution prise par l’université de surseoir à l’exécution du bref que le pape (Urbain VIII) lui avait fait remettre le mois précédent. La pièce se trouve, elle aussi, accompagnée d’une lettre à l’internonce Stravius, dans la Disquisitio de Mombron.

Ant. Dave, Oratio funebris in parenlalibus Gui. ab Anijelis, m-4, Louvain, 1649 ; Paquot, Mémoires pour seriùr à l’histoire des Pays-Bas, Louvain, 1765, t. v ; Foppens, Bibliotheca BeUjica, part. I, Bruxelles, 1739 ; Van der Aa, BiographischWoordenboeck, Haarlem, 1852, t. i ; Thonissen, Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, 1878, t. vi ;

Oudenho-cn, Beschrgvinge der sladl en Meijenje van s’Herlogenbossche, Amsterdam, 1649 ; Bois-le-Duc, 1670.

J. FORGET.

    1. ENNEMIS (Amour des)##


ENNEMIS (Amour des). — I. Notion. II. Obligations pratiques.

I. NoTio.v. — L’ainour des ennemis peut être considéré comme précepte et comme vertu. — 1° En tant que précepte, il se rattache au grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Les prescriptions de la loi naturelle et de la loi positive divine qui ont l)our objet l’amour du prochain en général doivent s’entendre aussi de l’amour des ennemis. Voir t. ii, col. 2256-2260. Toutefois, le devoir de la charité même à l’égard de ceux qui nous haïssent ou nous ont fait du mal, est rappelé, en termes formels, dans l’Ancien et surtout dans le Nouveau Testament. A’on oderis frcdrem tuum in corde tuo, sed publiée argue eumnehub.’as super illo peccatum. Non quæras ultionem, neque memor cris injuria ; civium iuorum. Lev., xix, 17, 18. Cum ceciderit inimicus tuus ne gaudeas, et in ruina ejus non exultet cor tuum : ne forte videat Dominus. et displicecd ei, el auferat ab co iram suam. Prov., xxiv, 17, 18. Relinque proximo tuo nocenti te et tune deprecanti tibi peccata solventur. Eccli., xxviii, 2. Voir encore Prov., xx, 22 ; xxiv, 29.

Mais Notre-Seigneur devait promulguer dans toute sa perfection le précepte de l’amour envers les ennemis. Non content de prohiber la haine, la vengeance, les emportements de la colère, de faire de la réconciliation avec le prochain la condition préalable de toute offrande agréable à Dieu, Matth., v, 21-23, 38, 39, il dit expressément qu’il faut aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous persécutent et nous calomnient. Math., V, 44 ; Luc, v, 27, 35. Dans le Pater, s’il nous fait demander la remise des dettes contractées envers la justice divine, c’est à condition que, nous pardonnions à ceux qui nous ont offensé. Matth., vi, 9-13 ; Luc., . XI, 4. CL Marc, xi, 25 ; Luc, vi, 32, 35. D’ailleurs, il déclare expressément que Dieu nous refusera son pardon, si nous ne voulons pas pardonner à notre prochain, qu’on usera à notre égard de la mesure dont nous nous serons servis pour les autres. ! Matth., vi, 14, 15 ; Marc, XI, 25, 26 ; Luc, vi, 36-38. Il joint l’exemple au précepte. Il ne refuse pas le baiser du traître Judas, il lui donne même le nom d’ami. Matth., xxvi, 49, 50. Au Calvaire, sur le point d’expirer, il prie pour ses bourreaux. Luc, xxiii, 34. Dès les premiers temps du christianisme, les fidèles se sont fait une gloire d’imiter le divin Maître. Saint Etienne prie pour ceux qui se disposent à le lapider. Act., vii, 59, et depuis lors l’amour des ennemis est devenu un des signes distinctifs des vrais disciiiles de Jésus-Christ. Amî’fosrfîVzi/e/r, dit Tertullien, omnium est, ininiicos autem soloruni christicuiorum. Ad Scapulam, c. i, P. L., t. i, col. 698.

2° Considéré comme vertu, l’amour des ennemis se rattache à la vertu théologale de charité, ou plutôt il est un des actes commandés par cette vertu. Selon l’explication de saint Thomas, Sam. theol., II-> II*, q. XXV, a. 8, nous ne devons pas aimer nos ennemis comme tels, c’est-à-dire en tant qu’ils nous veulent du mal ; ce serait approuver leurs mauvaises dispositions, et se complaire dans leur malice. Nous sommes tenus de les aimer, parce qu’ils possèdent la nature humaine, et qu’ils sont comme nous capables de parvenir, avec la grâce de Dieu, à l’éternelle béatitude. Inimici autem, dit le docteur angélique, toc. cit., sunt nobis contrarii in qncuitum sunt inimici : unde hoc debemus in eis odio habere. Débet enim nobis dispticere, quod nobis inimici sunt. Non autem nobis sunt contrarii, in quantum liomines sunt, et beatitudinis capaces. Et secundum hoc debemus cos diligere.