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EUCHARISTIE AU XIP SIÈCLE EN OCCIDENT


415 ; Kaltner, Folmar von Triefenstein, dans Tiibinger tlieotogische Quartalschrifl, 1883, t. lxv, p. 523-552 ; Bach, Dogmengeschichie des Miitelalters, t. i, p. 398, 432, etc. Cette controverse met aux prises, outre Folmar, tout le groupe des polémistes de Reichersberg qui portent une attention toujours en éveil sur les travaux et les assertions des théologiens dialectiques des écoles de Paris, Episl., xv, xvii, etc., de Gerhoch de Reichersberg, son frère Arno, peut-être Hudiger, im autre de ses frères, ou un inconnu, R…, outre Ébcrhard I « f de Salzbourg, Éberhard II de Bamberg, etc. Voir une partie du dossier épistolaire de toute cette polémique qui agite les centres monastiques et épiscopaux de la Bavière et de la Franconie, dans Gretser, Opéra, t. xii b, p. 100 sq. ; ou dans P. L., t. cxciv, col. 1481-1490 ; les lettres v, vir, VIII, XIII, etc., parmi la correspondance de Gerhoch de Reichersberg, P.L., t. cxciii, col. 494, etc. ; le Liber de gloria et honore Filii hominis, -x.iu, xiy, etc., P. L., t. CXCIV, col. 1117, etc. : VApologeticus contra Folmarum d’Arno de Reichersberg, édit. Weichert Leipzig, 1888, etc.

Formé probablement par les ouvrages de Pierre Lombard, dont Gerhoch l’accuse gratuitement de dépendre pour une de ses erreurs, Episl., xv, P. L., t. cxciii, col. 547, et en tout cas par la lecture d’un Sentencier dialecticien qui n’a pu être identifié jusqu’ici, mais qui admet dans le Christ les trois natures dont parle saint Jean Damascène, De fide orthodoxa, m, 16, P.G., t.xciv, col.l068(voir la lettre d’Éberhard de Bamberg à Éberhard de Salzbourg, dans les œuvres de Gerhoch, Epist., viii, P. L., t. cxciii, col. 502503), Folmar admettait que, si le Christ était dit se trouver dans toute son intégrité présent sous les espèces, il fallait entendre cette formule non de son corps, mais de sa personne ; pour lui, la chair seule sans le sang ni les os était présente sous les espèces du pain, et le sang seul sans la chair, sous le vin : Sotam carnem purani Christi sine ossibiis sine membris corporalibus. Epist., v, P. L., t. cxciv, col. 1482 ; viii, P. L., t. cxcni, col. 500-503. Cette assertion qui s’appuyait, dans un effrayant littéralisme, sur un texte de saint Jean, vi, 54, Episl., viii, P. L., ex ciii, col. 502, et sur une citation fautive d’Augustin, Epist., cLxxxvii, 3, n. 10, dans le Liber de gloria et honore Filii hominis, xiv, P. L., t. cxciv, col., 1121, etc., se rattachait à sa conception de la présence du Christ localisée au ciel. Ibid., xiii, col. 1117. Mais F’olmarne renouvelait pas l’erreur de Bérengcr, comme le lui reprochent sans fondement Gerhoch : blasphémas Herengarii pedisequiis, aller Berengarins, ibid., xiii, XIV, col. 1117, 1123, et Bach, op. cit., t. i, p. 405 ; sa lettre dit clairement qu’il admettait la présence réelle par la conversion, P. L., t. cxciv, col. 1481, mais le vrai corps du Christ, présent dans l’eucharistie, ne l’était pas, d’après lui, dans toute sa plénitude ; celle-ci n’existait qu’au ciel. Par suite, dans une hostie, contenue dans un ciboire, il y avait moins du corps du (Christ que dans une grande hostie sur l’autel : quasi minus in eucharistiali quam in spalioso allari corpus Domini comprehendi possil. Episl., viii, P. L., t. ex ciii, col. 502.

Les accusations d’ubiquisine (du Plessis d’Argentrc, Collcclio judiciorum, t. i, p. 110) ne semblent pas fondées ; I-’olmar les retourne, du reste, contre ses adversaires. Cf..rno, op. cit., p. Ifil. L’adoration de l’humanité du Clirist intervenait dans la discussion comme corollaire, mais elle n’est, en somme, qu’un écho des vives controverses de ces mêmes polémisles sur la christologie, Epist., su, xv, etc., /’. L., t. exeni, col. 497, 547 ; Liber de gloria, etc., xix, P. L., t. exeiv, col. 1143, etc., dont r.MhMungno, la I-’rance, P.omc et l’Italie auront à s’occuper jusqu’au triomphe défi nitif du livre des Sentences. Grâce surtout à Éberhard de Bamberg qui réunit une conférence dans sa ville épiscopale, Folmar reconnut son erreur, Epist., VIII, P. L., t. exeiii, col. 500 sq., et fit une profession complète de foi dont les termes sont orthodoxes. Epist., V, P. L., t. CXCIV, col. 1485-1486.

Gerhoch de Reichersberg (1169), qui compare un moment son rôle à celui de saint Bernard (nos qui velul exploratorcs ab uno domino missi sumus, épître dédicatoirc du Libellus de eo quod princeps hujus mundi jam judicalus sit, dans Monumenta Gcmmnise hislorica. Libelli de lite, t. iii, p. 241), eut à soutenir des polémiques, au sujet du sacrement de l’eucharistie, avec d’autres qu’avec Folmar de Triefenstein. Cette fois, ce sont ses propres idées qui fvirent en cause. S’appuyant sur une distinction entre les formules sacramentelles qui portent sur un objet inanimé (pain et viii, saint chrême) et celles qui s’adressent à un être animé (comme dans le baptême ou l’ordination), il nie la validité de l’eucharistie chez les prêtres schismatiques, car Vinlenlio catholica ne peut pas intervenir là comme chez le récipiendaire du baptême ou de l’ordre. Il n’y a pas lieu de nous attarder sur le développement de ces polémiques qui ne constituent qu’un chapitre des controverses sur la valeur des sacrements en général à l’époque des investitures. Disons seulement que Gerhoch défendit ses idées jusqu’en cour de Rome (1133) et écrivit sur la matière le traité De simoniacis, P. L., t. cxciv, col. 1335 ; Monumenta Germanise hislorica. Libelli de lite, etc., t. iii, p. 240 sq. ; il le dédia à saint Bernard qu’il n’avait pu personnellement entretenir sur ce sujet à la diète de Bamberg (en 1135) ; son avis était, du reste, partagé par plusieurs hauts personnages ecclésiastiques. Voir Epislola ad Innocenlium, Monumenta Germanise hislorica, ibid., p. 225 ; Liber contra duas hæreses, P. L., t. cxc.iii, col. 1170 ; Episl., xxi, ibid., col. 577 ; Liber de simoniacis ou Libellus de eo quod princeps hujus mundi, etc., Monumenta Germanise hislorica, ibid., p. 262, 267268. Cf. aussi le Commentarius aureus super psalmos, vers 1145, pour les ps. x-xxv, dans Monumenta Germanise hislorica, ibid., p. 413-428 ; P. L., t. excm, col. 1025, ps. XXI, 19.

4. Innocent IIL — La lignée des maîtres en l’une et l’autre branche se ferme par un nom célèbre entre tous qui résume tous ses prédécesseurs, car dans l’histoire du dogme, de la théologie et du droit canon, l’œuvre de Lothaire de Segni (Innocent III. f 1216), sinon ses écrits proprement dits, prennent une idace considérable : il fait vraiment époque et par les tléflnitions du concile de Lalran, et par la législation canonique à laquelle son nom est resté attaché. Le traité dont il faut jiarler ici et dans lequel se résume tout l’enseignement scolaire précédent, est une étude liturgique : De sacra allaris mystcrio libri scx, P. L., t. eexvii, col. 773 916. entremêlée de théologie et dont le succès fut brillant à travers les âges.

Remarquons toutefois qu’une édition critique serait à faire : il y a des interpolations évidentes comme celle du c. xvii, 1. IV, col. 868, où intervient le frère Égide (Gilles de Rome) avec les mots ex naturali roncomilantia. Cf. Aigidii Columnse theorenmla de corpore Christi, Rome, 1554, prop. i., p. 37, etc. où le mot intervient souvent. Le De sacro allaris mtistcrio a dû être composé avant 1198, date de l’élévation de son auteur au souverain pontificat, car les soucis de cette charge ne lui en auraient plus laissé le temps, l’ne allusion fort claire à la participation des cardinaux à la messe pontificale confinue l’idée de IVtirht qui date l’ouvrage de répocpie où Lothaire de Segni était lui-même cardinal à Rome. f>p. cit.. 1. IV, c. xx. col. 874 ; Pealenrgclopddir, t. ix, p. 11). Au (’ébut du I. IV, col. 851, Innocent III interrompt brusquement la série