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EUCHARISTIE AU XIP SIECLE EN OCCIDENT


extenso : Chronica, pars posterior, édit. Stubbs, Rerum britannicarum medii eevi seriptores, t. li, 2, p. 157, 163 ; par le Liber adversus waldensium (en réalité calharorum) sectam, c. ix, P. L., t. cciv, col. 828 sq. ; par les révélations d’anciens cathares convertis, tels que Ermangaude, Contra hsereticos opusculum, c. XI, P. L., p. cciv, col. 1251-1255 (cf. aussi la note du manuscrit cité par Gretser, Opcra omnia, Ratisbonne, 1728, t. xii b, p. 111 ; il s’y agit des cathares, non des vaudois, malgré le titre donné par Gretser) ; ou Bonaccorsi, IManifestatio heeresis calharorum, P. L., t. cciv, col. 777 ; Adversus hærcticos, c. vii, ibid., col. 782 ; par la Gemma ecdesiastica de Girauld le Cambrien, en 1198, i, 11, édit. Brewer, dans les Rerum britannicarum medii eevi seriptores, t. XX, p. 40 ; par le Liber adversus hæreses, imprimé dans l’édition d’Amboise, en appendice aux œuvres d’Abélard, c. xi, P. L., t. clxxviii, 1834-1837 ; voir le Consolamentum cathare, c. xiv, ibid., col. 1843. La plupart de ces attaques contre l’eucharistie sont réunies par Alain de Lille au 1. I, 57, de son Contra hsereticos libri quatuor, P. L., t. ccx, col. 359-360, dont on a voulu lui enlever la paternité sans raison, sur la foi d’un seul manuscrit (Avranches, 135, fol. 125), au profit d’un inconnu, Alain du Puy. Cf. Ravaisson, Rapport sur les bibliothèques de l’Ouest, Paris, 1841, p. 157 ; Schmidt, op. cit., t. ii, p. 234. Ilauréaua rétabli les droits d’Alain de Lille. Notices et extraits des manuscrits, 1886, t. xxxii, 1° partie, p. 7-10. Ce sont ensuite Rainier Sacchoni, converti lui aussi et entré dans l’ordre dominicain, qui écrit vers 1240 sa Summa fratris Reinerii de catharis et leonistis, dans Martène et Durand, Thésaurus novus anecdotorum, t. v, p. 1763, etc. Citons encore, parmi les documents qui nous renseignent sur la persistance de ces erreurs sur l’eucharistie, les guides pratiques mis aux mains des inquisiteurs ou des prédicateurs, comme celui de Moneta de Crémone († 1235), intitulé : Summa adversus catharos et valdenses, Rome, 1743, 1. IV, c. III, p. 295 sq., ou la Disputatio inter catholicum et paterinum hærelicum, c. vii, dans Martène et Durand, op. cit., t. V, p. 1728 sq., ou plus tard la Praclica inquisitionis hæreticæ pravitatis, de Bernard Gui (-] 1331), part. V, c. I, 1 ; et II, 4, édit. Mgr Douais, Paris, 1886, p. 238, 247, etc. Les diverses Sommes des autorités, à l’usage des prédicateurs du xiie siècle dans le midi de la France, montrent la même extension des attaques contre l’eucharistie : Summa h : rrclicos, Compilatio autorilatum, etc. Douais, La somme des autorités, etc., Paris, 1896, p. 56, 95, 132, etc.

Un autre groupe de dissidents, qui fait parler de lui un moment au xiie siècle, dirige aussi quelques attaqucs contre le sacrement de l’autel : c’est le groupe des partisans d’Amaury de Bène, dont le traité. Contra amaurianos, écrit vraisemblablement par le cistercien Garnier (Wcrner) de Rochefort, évoque de Langres, avant 1209, cf. Bæumkcr, Ein Traktat rjegen die Almariciancr, Paderborn, 1893, p. 12-18, ouJahrbuch fUr Philosophie und spekulative Théologie, 1893, t. VIT, nous a conservé les principales objections ; elles sont d’ordre cosmologique, mais se ressentent aussi des idées bérengaricnncs, op. cit., c. xi et xii : Corpus Domini est ubique, adoratur in pane simplici, p. 56-67. Les doctrines des partisans de David de Dinan, voir t. iv, col. 157, ont aussi des corollaires qui regardent l’eucharistie comme les autres sacrements. Une liste des erreurs aniauricieiines est fournie par Martène et Durand, Thésaurus novus anecdotorum, t. IV, p. 163, et par Deniflc-Châtelain, Charlularium universilatis Parisiensis, t. i, p. 72. Voir aussi le concile de la province de.Sens, tenu à Paris en 1210. Mansi, Concit., t. xxii, col. 809, 801. L’erreur ubiquiste y est franchement aflirmée par les hérétiques.

Un premier fait à noter, parmi toutes ces objections, est leur dépendance étroite vis-iVvis des objections hcrengariennes. Le mot de Bérenger et de ses partisans, que rapportent Pierre de Cluny, Tractatus adversus petrobrusianos, P. L., t. clxxxix, col. 799, et Roger de Croix-Saint-Lcufroi, Guitmond, De corporis et sanguinis Domini veritate, 1. II, P. L., t. cxLix, col. 1450, sur l’impossibilité, pour le corps du Christ reçu par les fidèles, de se maintenir dans son intégrité, même s’il avait les dimensions d’une tour immense ou d’une montagne, se retrouve chez les cathares et ailleurs, par exemple, sur les lèvres de cette hérétique de Coblentz dont parle Eckbcrt de Schônau, op. cit., serm. xi, P. L., t. cxcv, col. 92 ; mais ici la comparaison se fait avec la croupe d’Ehrenbreitstein, située en face de la ville. Elle se rencontre encore chez les hérétiques du midi, au témoignage de Pierre de Vaux-Cernay ; mais cette fois il s’agit des cimes des Alpes. Op. cit., c. ii, P. L., t. ccxiii, col. 546 ; ou Recueil des historiens des Gaules, t. xix, p. 6. Au xiiie siècle, l’Italien Moneta le place encore parmi les objections que doit atteindre le travail apostolique du bon prédicateur. Op. cit., p. 300, 301.

La principale affirmation des sectes est dirigée contre la conversion du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ ; c’est contre elle qu’ils concentrent tous leurs efforts, en niant absolument sa possibilité, fidèles en cela à leurs idées sur la matière, ou en accumulant contre elle des arguties de nature diverse qu’il serait oiseux de détailler ici. On les retrouve chez les Sommistes en grande partie. Ce n’est pas du reste un des côtés les moins curieux de ce chapitre dans l’histoire de la théologie que de voir les minuties dialectiques, celles, par exemple, tirées du démonstratif hoc, hic, dont abusaient les bércngariens, passer dans les sectes et de là dans la réfutation des Sommistes du xiie siècle, avec les longues discussions sur ce qui sera appelé plus tard la suppositio de ces termes, par exemple, Pierre Lombard, Sent., 1. IV, d ist. X, X I ; Pierre de Poitiers, Sententiæ, 1. V, 1 1, P. L., t. ccxi, col. 1244 ; Alain, Contra hæreticos, l, 61, P. L., t. ccx, col. 365 ; Innocent III, De sacro altaris mijsterio, . IV, 17, P. L., t. ccxvii, col. 868 ; Liber adversus hæreses, 11, P. L., t. clxxviii, col. 1834.

Remarquons en passant combien ces objections des sectes hérétiques, lidèies en cela à la ligne tracée par Bérenger, mêlaient adroitement les subtilités dialectiques aux objections d’ordre vulgaire, ou plutôt partaient d’objections palpables qui devaient faire impression sur l’esprit des foules, pour asseoir sur ces premières attaques tous les développements que peut se permettre une encombrante dialectique.

Une autre objection, que relate encore Moneta au xiiie siècle, porte sur l’augmentation quantitative du corps du Christ résultant des consécrations quotidiennes : augmentation due à des substances étrangères et à laquelle la Vierge Marie, sa mère, n’a point eu de part. Les Sommistes semblent s’en être préoccupés beaucoup, par exemple, Roland, Sententiæ, édit. Gletl, p. 223-226, la Summa sentent iarum, IV, 4, P. L., t. cLxxvi, col. 111 ; les Sententiæ divinitatis, édit. Geycr, p. 132 ; Pierre de Poitiers, op. cit., 1. V, 12, P. L., t. ccxi, col. 1246-1247 ; Pierre Lombard, Sent., I. IV, dist. XI, 2 ; Alain de Lille, op. cit., L 57, P. L., t. ccx, col. 359. Elle se rencontre jusque dans le canon /"/r//117cr du concile de Lalran. Le reproche de fourberie ou d’illusion (dcccptio) que nous trouvons chez les pétrobrusiens et ailleurs, IMcrre le Vénérable, op. cit., P. L., t. clxxxix, col. 787, est rencontré par les Sommistes, Roland, op. cit., p. 228, par l’anonyme de Saint - l-’lorian, fol. 162, Giell, p. 228 ; csSententia : divinitatis, I.V, p. 134 ; Alain de Lille, Rrgulic iheologirw.Hn, P. L., t. ccx, col. 678, etc.