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EUCHARISTIE DU IX" A LA FIN DU XI-^ SIÈCLE


Le dogme euclmrislique et la piélé.

Une connaissance

plus approfondie de la vérité dogmalique prépare un renouveau de la piélé. Avec le sacrement de l’cucliaristie, le sacrifice de la messe est l’objet de travaux nombreux. Cf. F. S. Renz, Die Geschiclitc des Messopfers-Begrifjs, t. i, Allerliim itnd Mitlelattcr, Freising, 1901 (le 1. III est consacre au moyen âge), et J.-M.-A. Vacant, La conccplion du sacrifice de la messe dans la tradilion de l’Église latine, dans L’universilé catholique, Lyon, 1894, t. xvi, p. 363-372. Les splendeurs du culte eucharistique, les manifestations extérieures que le moyen âge multiplia, ne s’épanouiront que peu à peu. « Les commencements de la dévotion au saint-sacrement, sous la forme aujourd’hui reçue, n’apparaissent guère qu’un siècle entier après la mort de Bérenger… On peut affirmer qu’à partir de 1200 la pensée et le culte de l’eucharistie deviennent dans presque toute l’Église un objet constant et immédiat de sollicitude. » H. Thurston, L’eucharistie el le Saint-Graal, trad. A. Boudinhon, dans la Revue du clergé français, Paris, 1908, t. lvi, p. 550, 555. Pour l’élévation de l’hostie à la messe, voir t. iv, col. 23212323. En règle générale, le progrès de la dévotion ne suit qu’à une certaine distance celui du dogme, et les magnificences du culte public sont précédées par les intimités de la piété individuelle. Du ix<= à la fin du XIe siècle, l’eucharistie gagne de la place dans la vie chrétienne. La réaction contre le bérengarianisme stimule la ferveur des fidèles. La communion semble mieux comprise. La communion fréquente, et même quotidienne, est instamment recommandée par un saint Pierre Damien, un saint Grégoire VII, un Durand de Troarn, voir t. iii, col. 526-527, et ce qui n’est pas moins digne d’attention que l’insistance avec laquelle ils la louent, c’est la manière dont ils en parlent ; il y a là. cf. aussi la Confessio fldei publiée parmi les œuvres d’Alcuin, part. IV, c. i-vii, P. L., t. ci, col. 1085-1092, une délicatesse et une chaleur de sentiment qui annoncent les effusions de piété du moyen âge. Or, une fois de plus, Paschase Radbert donne le ton. Il trouve des accents délicieux jusque dans l’acrostiche initial de son traité, et, quand il parle du « grand bien » de l’eucharistie, ’de la beauté qu’elle communique, des dispositions qu’elle réclame, Liber de corpore et sanguine Domini, c. xxi, n. 4-7 ; c. xxii, n. 4-5, P. L., t. cxx, col. 1261-1262, 1335-1338, 1345-1346, il rivalise avec les plus dévots admirateurs du sacrement. Voir encore les belles prières qui terminent le traité, col. 1347-1350. Tant il est vrai qu’on rencontre Paschase Radbert à toutes les avenues du domaine eucharistique ! « Paschase Radbert, dit A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 3e édit., Fribourg-en-, Brisgau, 1897, t. iii, p. 287, est peut-être le théologien le plus savant et le plus solide après Alcuin, un homme aussi bien au courant de la théologie grecque qu’il est chez lui dans l’augustinisme, un esprit compréhensif, qui ressent ce qu’il y a de plus profond dans les exigences de la vie, unit la théorie et la pratique, et fait valoir tout ce que la tradition ecclésiastique a enseigné jusqu’alors sur l’eucharistie. » P. Batifïol, L’eucharistie, la présence réelle et la transsubstantiation, p. 359, estime que de ce que la théologie « s’est établie sur les lignes posées par Paschase, il ne convient pas de surfaire son œuvre » et de mettre trop haut « le compilateur qu’est ce bon I^aschase. Son livre, sans doute, est la première monographie théologique qui ait été composée sur l’eucharistie. Mais Paschase n’est qu’un récapitulateur, lui aussi, comme était saint Jean Damascène… Aussi bien cette impersonnalité faisait-elle la force de son livre. » Entre ces deux jugements il y a des différences. C ? qui leur est commun et ce qu’il faut retenir, c’est que Paschase Radbert a utilisé tout l’héritage du passé, qu’il a écrit la pre mière monographie théologique sur l’eucharistie, et que les développements ultérieurs de la théologie eucharistique se sont produits sur les lignes qu’il avait posées. C’est assez jjour que saint Paschase Radbert mérite le nom de Iheologus eucharislicus.

I. Sources.

Cette bibliographie n’embrasse que les écrits qui traitent ex professa du sacrement de l’eucharistie ; les principaux textes eucharistiques qui se trouvent dans les autres écrits ont été indiques au cours de cet article. Pour les livres et traités liturgiques, recueils canoniques et pénitentiels, voir Messe. On trouvera une bibliographie des sources un peu sommaire dans J.-A. Chollct, La doctrine de l’eucharistie cliez les scolastiiiues, Paris, 1905’p. 6-9, et une bibliographie détaiUée, mais insuflisamment précise, dans L. Biginelli, / beneditlinie gli sludi eucarislici nel medio cvo, Turin, 1895, p. 3-CO.

1° Au ; ïe siècle. — Amalaire, Epist., vi, ad Gunlradum. P. L., t. cv, col. 1336-1339 ; Florus de Lyon, Opuscula adversus Amalarium, P. /.., t. cxix, col. 71-94 (les deux premiers opuscules) ; S. Paschase Radbert, De corpore et sanguine Domini, P. L., t. cxx, col. 1259-1350 ; Epistola de corpore et sanguine Domini ad Frudegardum, col. 1351-1366 (comprend Vexposilum sur Matth., x.vni, ou extrait du commentaire sur saint Matthieu, 1. XII, c. xxvi, col. 890-891) ; pour Ériugène et Adrevald de Fleury, voir Érigène, t. v’col. 405-406, 419-420 ; Ratramne, De corpore et sanguine Domini, P. L., t. cxxi, col. 125-170 ; Raban Maur, Epist., ii, ad Heribaldum episcopum Antissiodorensem, dans Pœnilentiule, c. xxxiii, P. L., t. cxii, col. 1510 ; t. ex, col. 492-494 ; Epist., iii, ad Egilem Prumiensem abbatem, de corpore et sanguine Domini adversus Ratperlum, P. L., t. cxri, col. 1510-1518 (c’est le traité d’aljord publié par Mabillon’Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti. sœc. iv, part. II, t. VI, p. 592-596, sous le titre de Dicta cufusdcun sapientis de corpore et sanguine Domini aduersus Radberlum, et identifié par lui avec la lettre de Raban Maur à Egil) ; l’auteur anonyme du fragment publié par Mabillon, p. 596 ; Hincmar, Ex Ferculo Satomonis, P. L., t. cxxv, col. 1202 (fragment conservé par Durand de Troarn, Liber de corpore et sanguine Ctiristi, c. xxi, P. L., t. cxLix, col. 1407) ; Haymon d’Halbcrstadt. De corpore et sanguine Domini, P. /, ., t. c.KViii, col. 815-818 ; l’auteur anonyme de la Responsio cufusdam de corpore et sanguine Domini publiée par dWchery, Spici-Icgium, Paris, 1675, t. xii, p. 39-42 (a écrit peut-être au IX » siècle, peut-être au x « ) ; Théodore Abucara, Contra hæreticos, j’udæos et saracenos varia opuscula. Opusc, XXII, P. G., t. xcvii, col. 1551-1554 ; Pierre de Sicile, Serm., iii, contra paulicianos qui dicunt Dominum in cœna discipulis suis haud vere oblulisse panem ac vinuni sed parabolire locutum, P. G., t. civ, col. 1347-1350.

Au v’siècle.

Rémi d’Auxerre, Expositio de celebratione

missæ, P. L., t. ci, col. 1246-1271 (cet écrit, inséré dans le Liber de divinis officiis du pseudo-.Alcuin, dont il forme le c. xl, semble bien l’oeuvre de Rémi) ; Gézon de Tortone, Liber de corpore et sanguine Christi, P. L., t. cxxxvii, col. 371-406 ; Rathier de Vérone, Epist.. i, ad Palricum de corpore et sanguine Domini, P. L., t. cxxxvi, col. 643-648 ; Hériger deLobbes (ou Gerbert), Libcllus de corpore et sanguine Domini, P. L., t. cxxxi.x, col. 179-188. Les deux premiers recueils des sermons d’Aelfric ont été édités par Thorpe, The homilies o/ Ihe anglo-saxon Church. The fwsl pari, containing Ihe Sermones calholici or homilies o/ Aelfric, Londres, 1844-1845, 2 vol. ; le troisième recueil a été édité par Skeat, Aelfric’s Lives of saints being a sel o/ sermons on saints’dags, Londres, 1881.

Au M’siècle.

Fulbert de Chartres, Epist., iii,

Einardo ; v, Adeodado, P. L., t. cxli, col. 192-195, 196204 ; Robert le Pieux, lettre à Leuthéric, archevêque de Sens, rapportée par Helgaud de Fleury, Epitoma vilee régis Roberli pii, P. L., t. cxli, col. 912 ; Gérard de Cambrai, De corpore et sanguine Domini, P. L., t. cxi.ii, col. 1278-1284 (une partie du discours de Gérard aux néo-manichéens d’Arras) ; pour les écrits de Bérenger et ceux qui furent composéspour ou contre lui au xi » siècle, voir Bérenger de Tours, t. II, col. 740-741 ; Renallo de Barcelone, Versus excerpti de libro Renalli magislri Barehinonensis Gerundensis de corpore Christi, P. L., t. cxLii, col. 599-602 ; S. Grégoire VII, Epist., 1. I, epist. xlii, ad comilissam Mathildem, P. L., t. cxLviii, col. 326-328 ; Samonas de Gaza, Disceplalio cum Achmed saraceno perspicue docens panem ac vinum, ulrumque per sacerdolem consecratum, verum