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1203 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE 1204

tant, en sacrifice les éléments de l’eucharistie, citons comme preuves monumentales certaines cryptes des catacombes romaines, particulièrement au cimetière Ostrien, qui sont encore du ni’e siècle. Realencyclopâdic fiir protestanlische Théologie iind Kirche, 3^édH., Leipzig, 1901, p. 835-837. D’autres monuments ont été découverts en Afrique. Wieland, op. cit., p. 146. La cella que mentionne le marbre d’Euclpius à Césarée, en Maurétanie, avait très probablement cette destination. Elle est du iiie siècle. De Rossi, Bullet., 1864, édit. ital., p. 28. De même plusieurs oratoires à ciel ouvert dont parle Kirsch, Die christ/ichen Cullusgebàude im Allcrtiim, Cologne, 1893, p. 81. Cf. art. Cdla, dans Gabrol, Dictionnaire d’arch. chrétienne, t. ii, col. 2870. Plusieurs épitaphes de l’Asie-Mineure mentionnent des autels fixes, , 8w[j.o ;, qui se trouvaient à l’intérieur des tombeaux ou mausolées. Ramsay, The ciliés and bischoprics of Phrygia, Oxford, 1. 1 b, p. 519, n. 357 ; p. 525, n. 369 ; p. 717, n. 651. Enfin, d’après De Rossi, Bullet., 1886, p. 24, 25, le prêtre gaulois Patroclus, mentionné dans une épitaphe de 347 publiée par Le Blant, Inscriptions chrél., t. ii, n. 596, aurait été, selon une pratique attestée par saint Paulin, nommé pour dire l’ofiice à la tombe de sa maîtresse, Valeria Severa, et y célébrer la liturgie pour le repos de son âme. S. Félix, Epist., xii, ad Amandum, n. 12, P. L., . Lxi, col. 206.

II. AU POINT DE VUE DU CULTE ET DE LA LITURGIE — 1° Culte d’adoration. — Ici les monuments ne sont pas plus explicites que les documents. Voir le passage souvent cité de saint Grégoire de Nazianze, Oral., VIII, n. 18, P. G., t. XXXV, col. 810, 811, et discuté par le P. Thurston, dans le Journal of theological étudies, janvier 1910, t. xi, p. 275. On a voulu voir dans la position centrale de la mensa Domini sur le plafond de la chapelle des sacrements A^ « l’idée de l’adoration de ce sublime mystère. » Marucchi, Le dogme de l’eucharistie, p. 18. Il est plus que douteux que le peintre ait eu cette idée. Rappelons plutôt une lame de plomb qui a servi d’amulette. On y conjure les mauvais esprits par le corps et le sang de Jésus-Christ : (5) I (à tô) || COIVIA (=<T, op.a) K(a) EM (=aî(j.a) y TOY KY (=y.up : o’j) IM (=ô|xùv) || lYCOY (=’Ir ; ToC) || XY (=Xp’.'jroO). Le monument appartient encore à l’antiquité chrétienne. Rom. Quartalsclwift, 1887, t. i, p. 197, pi. iv ; Leclcrcq, danse Dictionnaire d’arch. chrétienne, t. i, col. 1801, 1802. Peut-être pourrait-on encore rappeler ici ce que nous avons dit sur la communion des morts et l’épitaphe de Tarsicius.

2 » Mode de collation. — La communion est symbolisée par le rassasiement miraculeux de la foule, par le repas des sept disciples sur le lac, etc. "Wilpert, Malereien, p. 285, 289 sq. L’idée du repas était étroitement associée à l’idée de la célébration de l’eucharistie. Dans la vie ordinaire, on faisait volontiers des entailles dans le pain pour pouvoir le briser plus facilement. Ces entailles, nous les remarquons sur les plus anciens monuments eucharistiques. Si parfois elles semblent affecter la foriue d’une simple croix, il ne faudrait pas y attacher une importance particulière, parce qu’on rencontre la même forme sur les monuments païens. Pour diviser le pain on a parfois dû faire usage d’un instrument. Aux « couteaux eucharistiques » déjà connus, le professeur Fuhrer en a ajouté un nouveau. Fûhrer, op. cit., p. 177 (847). Disons que la destination eucharistique de ces objets ne nous paraît nullement prouvée. Le pain brisé était distribué aux assistants. Des monuments des premiers siècles nous font voir les fidèles assis à la table eucharistique à la manière bien connue des anciens. On a dit que la posture couchée des convives, en particulier de ceux de la Fraclio panis, était incompatible avec la réception du sacrement.

Leclercq, dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. I, col. 807. Or, sans parler du motif artistique qui a pu guider le peintre, la raison alléguée perd sa valeur par le fait que telle était la manière habituelle d’être à table chez les anciens. Plusieurs fresques certainement eucharistiques des catacombes nous montrent les convives dans une posture analogue ; de même, les représentations de la cène sur des monuments d’une date un peu moins ancienne. Dans les églises, la pratique était évidemment autre. On s’approchait du cancellus ou banc de communion et debout on recevait dans la main le pain consacré. C’est ce que nous démontrent et le marbre d’Autun et l’épitaphe de l’évêque de Tipasa et le cancel haut de 1’^65 qui, dans sa basilique, séparait le sanctuaire de la nef et, un peu plus tard, les représentations de la réception de la communion étudiées par M. Dobbeft. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, sur un dessm du célèbre codex Rossanensis, édit. de Gebhardt et Harnack, pi. 10, qui date à peu près de l’an 500, le Sauveur est debout et distribue la communion. A ses côtés, un premier disciple élève les mains, pour rendre grâce ; un autre, profondément incliné, reçoit le pain et baise la main du Maître, tandis qu’un troisième s’en approche les mains voilées pour recevoir la nourriture céleste. — Le vin était distribué dans des calices à part, calices minisleriales. M. Marucchi en voit un dans celui qui figure sur une mosaïque du ve siècle, dans le pavé d’une basilique à Madaba, en Palestine. Nuovo bullet., t. iii, p. 148, 149. Celui de Reims a dû servir au même but.

Mode de conservation.

1. Dans les églises. —

Pour les premiers temps, nous sommes très mal renseignés sur ce point. A partir du ive siècle, nous trouvons souvent l’eucharistie dans les sacraria des basihques qui équivalent à nos sacristies. Cf. S. J. Chrysostome, Epist. ad Innoc. papam, n. 3, P. G., t. LU, col. 533, et Const. apost., 1. VIII, c. xiii, P. G., t. I, col. 1109. On a cité l’inscription que saint Paulin de Noie plaça dans la basilique de saint Félix, au-dessus d’une espèce de niche, à droite de l’abside : Hic locus est, veneranda penus qua conditur et qua I ponitur (promitur) aima sacri pompa ministerii. Epist., xxxiii, ad Sever., P. L., t. lxi, col. 338. Faut-il voir dans cette niche, avec le P. Kleinschmidt, dans Pastor bonus. Trêves, 1900-1901, t. xiii, p. 290, 291, et d’accord avec l’Ordo romain, l’endroit où on conservait l’eucharistie, pour la porter solennellement sur l’autel au commencement de la messe, ou bien admettre avec De Rossi, Bullet., 1876, édit. franc., p. 61, qu’on y préparait tout ce qui était nécessaire au sacrifice, en particulier, les éléments qui devaient être portés sur l’autel pour l’offertoire ? On peut se demander également si la niche d’une petite église près de Spolète, qui, avant la fin du iv<e siècle, était un temple païen, servait primitivement d’armoire eucharistique. Fleury, op. cit., t. ii, p. 60-65, pl. cxxi ; Corblet, iï ! 5/oi>e… de l’eucharistie, t.ï, p. 567-569. — 2. Dans les maisons.

Tertullien et samt Cyprien, entre autres, attestent que les chrétiens emportaient à la maison l’eucharistie sous l’espèce du pain, pour pouvoir se communier à l’occasion. Tertullien, Ad uxorem, 1. II, c. v, P. L., t. i, col. 1296 ; S. Cj’prien, X)e lapsis, c. xxvi, P. I, ., t. IV, col. 486 ; De spectaculis, c. v, édit. Hartel, t. ii, p. 8. A ce sujet, certains archéologues ont rappelé les corbeilles de la crypte de Luclne, comme si de pareils paniers avaient servi à cet usage. Marucchi, Le dogme de l’eucharistie, p. 16. Sans doute, saint Jérôme, Epist, cxxv, P. L., t. xxii, col. 1085, dit dans une lettre à Rustique : Nihil illo dilius quam qui corpus Domini in canislro portai vimineo et sanguinem ejus in vitro. Mais ce passage ne prouve rien. Voir Wilpert, Fraciio panis, p. 59, note. Après