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1197 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE 1198

indique qu’il ne s’agit pas ici de pain ordinaire, par exemple, sur les fresques des chambres dites des sacrements et dans le tympan du couvercle du sarcophage conservé au Castello (château), à Milan. Romische Quarlalschrifi, 1905, t. xiXj p. 159. Pour le viii, on suit la coutume observée par le Christ : on le mélange avec de l’eau, oTvov -/priÇTÔv… -/Jpaapia. Ce mélange, Abercius le trouve partout : nulle part on ne rencontre une indication qu’on se servait de l’eau toute pure pour la confection de l’eucharistie comme le voulait Harnack. Cf. Funk, Kirchengeschichllichc Abhandlungen und TJ ntersuchungen, Paderborn, 1897, t. I, p. 278-292.

3° Consécration (bénédiction) ; présence réelle. — 1. Selon Wilpert, l’acte que nous appelons consécration serait présupposé dans la Fraclio panis, à Sainte-Priscille : celui qui préside la table tient dans ses mains le pain, dont la présence du poisson indique la nature particulière, pour le distribuer aux assistants. Wilpert, Fraclio panis, p. 46.

La fresque de la chapelle des sacrements A’nous montre, selon Wilpert, le Christ, selon De Rossi, Marucchi, Leclercq et d’autres, le prêtre bénissant un pain et un poisson posés sur le trépied : elle représenterait le moment même de la consécration et le changement du pain en Jésus-Christ — 1X0 YC — fils de Dieu et Sauveur. De là, sur notre fresque, l’absence des paniers dont parle l’Évangile et la présence d’un autel sous forme de trépied. Cette scène, que précèdent immédiatement trois scènes du baptême, est directement suivie de celles du repas symbolique de la multitude et du sacrifice d’Abraham : donc, toujours d’après Wilpert, la consécration. In communion et le sacrifice eucharistique. Wilpert, Mutercicn, p. 290. Évidemment la fresque perdrait de sa valeur si on ne voyait dans ce geste du personnage principal que le simple acte de prendre les cléments eucharistiques pour les distribuer soit à des absents soit à la personne qui figure à côté sous la forme d’orantc. Dès le iii<e siècle, la consécration nous est rappelée d’une autre manière : le Christ, debout, muni d’ordinaire du bâton de thaumaturge, touche les paniers et opère ainsi le miracle. Wilpert, op. cit., p. 292. Au ive siècle, on en rencontre une troisième : le Christ, debout ou assis, souvent entouré des paniers symboliques, étend les mains pour bénir les pains et les poissons que lui présentent un ou deux apôtres placés à côté de lui. Ce sujet figure rarement dans les catacombes, il est très fréquent sur les sarcophages. Wilpert, op. cit., p. 300, 301, pl. 237, n. 1 ; De Rossi, nultel. di archeotogia crisliana, 1865, pl. v ; Le Riant, Sarcophages chrétiens antiques de la ville d’Arles, Paris, 1878, p. 41, pi. XXIV, n. 1, etc. On représente également de cette façon abrégée le changement de l’eau en vin. — 2. Par suite de cette bénédiction, un changement s’opère dans les éléments et produit ce qui constitue réellement l’eucharistie : c’est ce qui indique l’association des deux miracles. Celui de Cana signifiait le changement du vin dans le sang de Jésus Christ, celui de la multiplication des pains devait figurer l’inépuisable changement du pain au corps du Sauveur présent à tous et mangé par tous. Car ce que l’on mange est en réalité le Christ, l’Ichtliys céleste, comme l’appelle le monument d’Autun ; c’est lui qu’on tient dans ses mains, quand on reçoit rcucharislie. comme l’aflirme le même monument. C’est lui tout entier qu’on reçoit et qu’on mange partout chez les amis quand, conduit iiar la foi, comme Abercius, on reçoit le pain et le vin mélangé avec de l’eau. La croyance à la présence réelle ressortirait encore d’une manière très sensible, si réellement, comme Wilpert et beaucoup d’autres l’ont affirmé pour un certain nombre de monuments, les premiers chrétiens avaient

donné intentionnellement aux entailles des pains ou même au poisson symbolique la forme très visible de la croix ou du monogramme constantinien, Wilpert, Malcreien, p. 292, n. 5 sq. ; Fraclio panis, p. 86, etc. ; mais Dôlger croit devoir le nier : il espère en fournir les preuves dans le t. ii de son ouvrage intitulé : IX0YC. Enfin, l’épitaphe de Tarsicius fait entendre très clairement que cette présence n’est pas limitée au seul moment de la consécration ou de la manducation, mais qu’elle dure, puisque, voulant porter les saintes espèces aux absents, le clerc romain, surpris par les païens, succombe parce qu’il ne veut pas livrer le corps du Christ, cselestia membru.

Ministre.

L’eucharistie est un don du Christ.

Il l’a confiée à son Église. C’est elle, la Ttap^àvoç àvvi, , comme le dit Abercius, qui la présente aux « amis » . Mais l’ÉgUse a ses ministres : l’évêquc et le prêtre. Wilpert l’ctrouve le premier dans l’homme barbu de la fresque de la Fraclio panis. De Rossi voyait le prêtre dans l’homme qui, à la chapelle des sacrements A’, est placé à gauche du trépied sur lequel sont posés pain et poissons qu’il bénit. De même, Marucchi et d’autres. Nuovo bulleltino, 1898, t. iv, p. 54, 55. Wilpert, par contre, fait observer que cet homme doit être un « saint personnage » , en particulier Jésus-Christ, parce qu’il est revêtu du pallium que les artistes chrétiens ne donnaient pas aux hommes ordinaires. Matereien der Sakrarnentskapellen, p. 19-21. C’est encore le Christ qui, dès le iii<e siècle, figure sur les scènes de la multiplication des pains, etc. C’est encore lui que l’on voit sur la fresque syracusainc décrite plus haut. Enfin, le ministre nommé sur la pierre de Saint-Gervais n’était probablement qu’un prêtre. LeBlant, Inscripl. chrél., t. ii, p. 90-91, n. 421, pi. 299. Un ministre secondaire était le diacre : il pouvait distribuer l’eucharistie, la porter à domicile, etc. Ces fonctions nous sont rappelées par l’épitaphe de Tarsicius qui, paraît-il, était plutôt diacre que simple acolyte comme on l’admet ordinairement. Voir t. v, col. 321, 322.

Sujet.

Sur les scènes du repas miraculeux, la

foule est régulièrement représentée par les sept convives assis à table, qui désignent les fidèles en général. Les deux sexes figurent sur la Fraclio panis, les foules, populi, œlas, sont nonnnées sur les épitaphes de l’évêquc Alexandre et du prêtre Marinus et sur le calice de Reims. Comme il fallait être baptisé pour être admis au sacrement, les adultes ne recevaient régulièrement la communion pour la première fois qu’à l’occasion de leur baptême. Toutefois, il semble que les monuments qui témoignent en faveur de la comnnuiion des enfants ne fassent pas complètemenl défaut. Rappelons la fresque de Syracuse mentionnée ailleurs. Si les cinq pains qui figurent sur le sarcophage priscillien d’Euelpistus ont une signification eucharistique, comme le veulent Wilpert et d’autres, leur présence sur un monument d’enfant du iie siècle ne trouverait une explication assez plausible que par la communion du petit défunt. D’après Diehl, Laleinischc christliche Inscliri/ten, Bonn, 1908, p. 5, cette communion serait également mentionnée sur l’épitaphc de la petito Nila (= Julia) Florcntina, de Catane, morte au conunenccment du ive siècle, à l’âge de dix-huit mois. Une explication beaucoup moins acceptable est donnée par dom Leclercq, dans le Diction, d’archéol. chrél., t. ii, col. 2519.

L’eucharistie étant regardée comine une garantie de la vie éternelle, on tenait à la recevoir avant de mourir. Elle devait même protéger le cor]is. On disait avec saint Jean Chrysoslonie, Exposil. in ps. xi.i, n. 2, P.r, ., t. Lv, col. 158, que là oil était le Christ, le démon ne pouvait pas trouver place. Cf. S. (irégoire.