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EUCHARISTIE D’APRÈS LES PÈRES


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Le Sauveur étant ainsi présent dans l’eucharistie, le communiant reçoit donc avec son corps sa divinité. « Nous communions, dit saint Jean Damascène, De imag., III, 26, col. 1348, aux deux natures, au corps corporellement ; à la divinité spirituellement ; » T(i’)V o’Jû ç’jiteijOv |j.ôtî/_(0[j.£v, to’j <T(o(jiatoç (r(o|j.aTixâi ;, TÎjç 6£ÔTr)Toc 7 : ve’ju.aTi-/.à)ç. Le communiant mange le corps et boit le sang du Christ, non que ceux-ci se consument, s’altèrent et subissent le sort des aliments ordinaires, mais d’une manière toute spirituelle, c< car la chair du Seigneur est un esprit vivifiant, en tant que conçue par l’esprit vivifiant. Je dis ceci, non pour supprimer la nature du corps, mais pour montrer sa vertu vivifiante et divine. » De ftde orih., IV. 13, col. 1152. Cette Mertu vivifiante du corps eucharistique va-t-elle jusqu’à conférer à notre corps le privilège de l’immortalité ? Saint, Iean Damascène se contente d’en signaler certains effets, tant pour l’âme que pour le corps, comm3 l’entretien, la conservation, la préservation de toute tache, la purification de toute souillure, sans dire un mot de l’immortalité comme avaient fait saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nysse et saint Cyrille d’Alexandrie. Il signale enfin l’incorporation du fidèle au corps mystique du Christ, car en participant à un pain, oi uâvte ; £v (7’i)|J.a Xp((jToO, v.al ï’i atij.a, y.a à).).r|/.(i)v (j.ê), -/) yivo[j.£Oa, i’j’jrst311.r)i XptuTO’j y pru.aTpovtEç. Ibid., Col. 1153. Telest le résumé de la doctrineeucharistiquerecueillie dans les Pères grecs par saint Jean Damascène. On y trouve des affirmations catégoriques de la présence réelle, du fait de la conversion substantielle, de la nature et des effets de la communion, mais pas la moindre spéculation sur le mode de la présence réelle, sur la nature intime de la conversion : ce sont là, dit- il, des mystères impénétrables : ils sont à croire comme des articles de foi, fondés qu’ils sont sur l’autorité de la parole divine. On s’étonne après cela que Loofs ait pu écrire, Abendmaht, loc. cit., p. 57 : « L’Église grecque a maintenant un dogme de la cène : elle enseigne la présence réelle du corps et du sang du Christ dans l’eucharistie, après la consécration. Elle a maintenant une théorie de la conversion. Car.lean de Damas, qui l’a le premier développé, est demeuré le dogmatiste normal de l’Église grecque. > Car, nous l’avons vii, le dogme de la présence réelle était traditionnel, et ce n’est pas saint Jean Damascène qui l’a formulé, il n’a fait que le constater. D’autre part, saint .lean Damascène n’a nullement développé la théorie de la conversion, il signale simplement le fait miraculeux d’une conversion, sans en dire la nature intime et le propose comme un article de foi. Ce qui est vrai, c’est que Jean Damascène « a formulé la doctrine grecque ne varietur, comme le dit Mgr Batiffol, L’enclutrislie, p. 338, sur l’eucharistie, et que, chose bien remarquable, cette doctrine est en définitive arrêtée dans les mêmes tennes que celle de saint Ambroise. Seulement, tandis que la spéculation théologlquo chez les grecs est finie, chez les latins, au contraire, divisée en deux écoles, celle d’Augustin et celle d’Ambroisc, elle va instituer au ixe siècle une discussion plus approfondie, consacrer le principe de l’identité du corps hislorique et du corps eucharistique, consacrer de même celui de la conversion et préparer la théorie du mode de celle conversion.

VI. A PARTIR nu V^ SIÈCLE, EN OCCIDENT.

1° Saint Au(/us(in († 430). —. Difficulté qu’ocre à première vue sa dorlrinr nirluirisliquc. — D’après la plupart des critiques protestants, saint Augustin occupcr.nit, dans la doctrine eucharistique, à peu près la même position que Hérengor. Harnack prétend

même qu’aucun texte augustinien n’est absolument décisif en faveur de la présence réelle. Dogmengeschichte, 3<= édit., t. iii, p. 148. C’est ce qui ne paraît guère admissible. Cf. Schanz, Die Lehre des hl. Augusiiniis iiber die Eucharistie, dans Tiibinger theol. Quartalschrift, 1896, p. 79-^115 ; E. Tarchier, Le sacrement de l’eucharistie d’après saint Augustin, Lyon, 1904 ; O. Blank, Die Lehre des hl. Augustin vom Sacramente der Eucharistie, Paderborn, 1907 ; P. Batiffol, Études d’histoire, 2’^ série. L’eucharistie, 3’^ éàit., Paris, 1906, p. 226-246 ; K. Ajiam, Die Eucharistielehre des hl. Augustin, Paderborn, 1908 ; Tixeront, /ï is^oiVe des dogmes, de saint Athanase à saint Augustin, 2<’édit., Paris, 1909 ; E. Portalié, art. Augustin, t. i, col.2418-2426. Que la doctrine eucharistique de saint Augustin soit difficile à coordonner en soi, rien de plus vrai, tant les textes paraissent contradictoires et inconciliables. Cela tient non seulement à la difficulté du sujet, non encore étudié sous toutes ses faces et dans tous les problèmes qu’il soulève, et à l’absence d’une terminologie précise, mais encore et surtout au goût des explications allégoriques, aux procédés oratoires de l’évêque d’Hippone, qui le font passer très souvent sans transition du signe à la chose signifiée, du fait concret aux enseignements qu’il contient et suggère, de la cause aux effets ou des effets à la cause. Il convient aussi de ne pas oublier la discipline du secret, à laquelle saint Augustin fait si souvent allusion. Il est également malaisé de mettre d’accord sa doctrine avec celle de saint Ambroise, par exemple, ou de saint Grégoire de Nysse et de saint Jean Chrysostome. Mais « si l’on consent, observe Mgr Batiffol, L’eucharistie, p. 226, à la situer dans sa tradition propre, la tradition africaine, on découvre aussitôt que sa pensée se modèle fidèlement sur celle de Tertullien et deCyprien, dont elle est seulement un état plus réfléchi et plus développé. > Il n’y pas, dans saint Augustin, que de simples allusions à la présence réelle, il y a de nombreux textes qui identifient le pain eucharistique et le corps du Sauveur. Loofs a été obligé de le constater, et ce serait même, dit-il, ce qui a détourné les théologiens postérieurs de toute explication symboliste du mystère eucharistique ; il n’en prétend pas moins que saint Augustin doit s’entendre dans un sens figuré, parce qu’il affirme en certains passages que l’eucharistie est un signe. Or, à moins d’admettre de l’incohérence ou des contradictions dans sa pensée, saint Augustin, même dans les passages visés, qui seront discutés plus loin, n’a nullement abandonné le réalisme pour un symbolisme qui en serait la négation. Le symbolisme dont il parle, loin d’être le symbolisme qu’on prétend y voir, s’explique et se justifie par son concept du sacrement, parfaitement d’accord en cela avec l’enseignement catholique. 2. Notion du sacrement.

D’une manière générale, saint Augustin formule cette importante distinction : aliud est sacramentum, aliud virlus sacramenti. In Joa., tr. XXVI, 11, P.L., t. XXXV, col. IfilL Pour lui, le sacrement est un signe, mais il n’est pas que cela ; il signifie quelque chose de sacré, mais en même temps il confère une grâce. Relativement à l’eucharistie, ce qu’il appelle la sanctification ou la consécration joue un rôle capital : elle fait d’abord des éléments matériels une res sacra, un sacranwntum, un signe, le signe du corps et du sang du Christ. A’o ; i Dominas dubitavit dicerr : Hoc est corpus nieum, cum signum dard corporis.su(. Contra Adimant., xii, 3, P. L., l. xlii, col. 144. Mais elle opère en même temps autre chose : au signe elle ajoute un don qui n’est autre que le corps et le San u du Christ lui-même. Comment ? Par une transformation mystérieuse qui fait que le pain est le corps et que le vin est le sang du Christ. Panis ille quem videtis in allari, sanctificatus per vcrbum Dei, corpus est