^
mystique ; » c’est ainsi qu’il appelle l’eucharistie. Le Fils est la vie même par sa nature, et le corps qui lui est uni est vivifiant à raison même de cette union. « Du moment donc que la chair du Sauveur est devenue vivifiante, parce qu’elle est unie à celui qui est la vie par sa nature, c’est-à-dire au Verbe de Dieu, quand nous la mangeons nous avons la vie en nous-mêmes, étant unis à elle comme elle esL unie au "Verbe qui habite en elle. » In Joa., 1. IV, ii, P. G., t. lxxhi, col. 577. La chair du Christ a produit jadis des miracles de guérisons et de résurrections. Si donc « par le seul attouchement de sa chair sacrée, le Christ a vivifié ce qui était corrompu, comment ne recevrons-nous pas une eulogie vivifiante plus riche, quand nous la mangeons elle-même ? » Ibid., col. 577. « Il fallait, en effet, que non seulement l’âme fût renouvelée dans la nouveauté de la vie par le Saint-Esprit, mais encore que ce corps grossier et terrestre fût sanctifié par une participation corporelle conforme à sa nature et qu’il reçût, lui aussi, l’ineorruption. » Ibid., col. 580. Or, c’est la chair seule du Christ qui lui procure cet avantage. « Bien que la mort condamne le corps humain à la corruption, cependant, parce que le Christ est en nous par sa chair, imimçi bi riiJïv ô Xjjccttô ; ocà t7| ; î8^a ; YivsTai (rapxô ;, nous ressusciterons certainement. .. Une étincelle, cachée dans un tas de paille, conserve le germe du feu ; ainsi Notre-Seigneur Jésus-Christ par sa chair cache la vie en nous et l’y conserve comme une semence d’immortalité, oûtco -xal èv ïifiîv xai Cl K-jpio ; ôià Tr-.ç ISc’aç crapvcôç iva7Ta/.p’J71Tet T"r)V ^uir^v, xai (îiijirEpTt (J7rép[ji.a xriçâôavaa-iaç ÈvT ; 0r|<jiv.76/rf., COl.581. Ce n’est certes pas qu’il n’y ait à ressusciter que ceux qui auront reçu la chair du Christ en communiant, car tous doivent ressusciter, mais il s’agit ici d’un privilège à part, celui de la résurrection glorieuse ; car, saintCyrilleradéjànoté, « la vraie viedans leChristest la vie dans la sainteté, le bonheur et la joie sans fin… et c’est celle-là qui est promise à ceux qui auront participé à la chair vivifiante. » Ibid., col. 568. Cette chair vivifiante donne ce que la manne ne donnait pas. Les Hébreux ont bu de l’eau de la pierre, mais sans profit, car « le vrai breuvage est le précieux sang du Christ, qui arrache jusqu’à la racine toute corruption, et tire comme avec un instrument la mort qui habite en la chair humaine. Car ce n’est pas le sang d’un homme ordinaire, mais celui qui, par sa nature, est la vie même. C’est pourquoi nous sommes appelés corps et membres du Christ, parce que, par l’eulogie, nous recevons en nous leFils même de Dieu, wç Sià t ?, ; ejXoyia ; a’JTOv Èv iauToï ; ôiyou.-.’jo : to’/ Tiôv. » Ibid., COl. 584. La communion est donc la réception par l’eulogie du corps et du sang du Christ vivifiés par leur union avec le Verbe-vie, et par là même vivifiant à leur tour le corps du communiant. Il se produit par elle, entre le fidèle et le Christ, une union que Cyrille compare à celle de deux morceaux de cire fondus l’un dans l’autre. Un peu de levain fait lever toute la pâte, dit saint Paul ; ainsi la plus petite eulogie s’empare de tout notre corps et le remplit de sa propre énergie ; et de la sorte le Christ est en nous, et nous sommes en lui. Ibid., col. 584. Il y a là plus qu’une simple union morale par la charité, il y a une participation physique, une fjiOî : ; ; çjTtxr, . « Pourquoi, en effet, l’eulogie mystique pénètre-t-elle en nous ? N’est-ce pas pour y faire habiter le Christ corporellement par la communion et la participation de sa chair sacrée ? » o^ioixaTt/tcô ; … zT] i].t<31Hi y.al xotvwvca’riZ àyîaç aÙTOÛ crâpxoi ;. Le Christ ne dit pas seulement qu’il sera en nous par une relation d’affection, mais par une participation physique, -/.a-x (jiBcEiv fjCTixriv. In Joct.. x, 2, P. G., t. Lxxiv, col. 341. Ce n’est pas là pourtant, fait-il observer ailleurs, une union de même nature que l’union hypostatique du Verbe avec son humanité ;
le Verbe ne s’incarne pas en nous comme il s’estincarné
en Marie. In Luc, xxii, 19, P. G., t. lxxii, col. 909.
Dans l’incarnation, il y a une Évwit ; çvTî/.r, ou /.axa
(71p/.a ; dans l’union eucharistique, il n’y a qu’une
iT-jvâ.peia -xarà irif/.’ï, une piOpi ; ^’jijiy.r, OU .), r ; "/OL ; à-OT£/ =’. » Ibid., col. 560.
Présence réelle du corps du Christ, puissance vivifiante
de ce corps pour le corps de ceux qui le reçoivent,
effets merveilleux de la communion, voilà ce que
viennent de nous montrer ces textes, tirés pour la plupart
du commentaire de saint Cyrille sur saint Jean.
En voici d’autres tirés de sa discussion contre les
nestoriens. Le Christ « nous assure que celui qui le
mange aura la vie. Nous le mangeons véritablement,
non en consumant sa divinité. Dieu nous garde d’une
telle impiété 1 Nous mangeons seulement cette chair
propre du Verbe, qui a été rendue vivifiante parce
qu’elle est devenue la chair de celui qui vit par son
Père… Nous qui participons à sa sainte chair et son
sacré sang, nous sommes entièrement vivifiés, parce
que le Verbe demeure en nous, non seulement d’une
manière divine par le Saint-Esprit, mais d’une manière
humaine par cette sainte chair et ce sang précieux
que nous recevons. » Adv. nest., iv, 5, P. G., t. lxxvi,
col. 193. Et voici le résumé de sa foi contre les nestoriens : « Nous croyons que le Verbe de Dieu le Père,
qui est la vie par nature, s’étant uni au corps animé
par une âme raisonnable, engendré par la sainte Vierge,
l’a, par cette ineffable et mystérieuse union, rendu
vivifiant, afin que, nous faisant participer à lui spirituellement
et corporellement, il nous élève au-dessus
de la corruption et détruise la loi du péché qui domine
dans les membres de notre chair. « Ibid., col. 197.
D’après l’ensemble de ces témoignages, on voit
qu’on reçoit le Christ, le pain de vie, dans l’eulogie
mystique ou eucharistie ; qu’on mange la chair du
Verbe incarné ; que cette chair sacrée, en s’unissant au
fidèle, vivifie son âme et dépose en son corps un germe
de résurrection glorieuse ; que le Christ s’incorpore à
nous physiquement, se mêle à nous comme un morceau
de cire à un autre morceau de cire ou comme le
levain à la pâte. C’est donc, comme du reste il l’affirme
catégoriquement. De adoralione in spiritu et
verilate, P. G., t. lxviii, col. 501, que le corps et le
sang du Christ sont réellement présents dans l’eucharistie.
Mais saint Cyrille enseigne aussi la conversion,
et une conversion substantielle. Sur le pain, le Seigneur
a dit : « Ceci est mon corps^ » et sur le vin : « Ceci
est mon sang, » afin que l’on ne s’imagine pas de croire
queccqui se voit est une figure, tj ; : ov er/aità cpaivriasva,
mais que l’on sache bien que, par la puissance ineffable
de Dieu, les dons offerts sont véritablement
changés au corps et au sang du Christ, jj-eTa-oiEiiTÔa ;
ÊÏ ; (70)|j.a v.cii a’ifj.a XpiuToO y.axà xb à), r, Ôs ;. In Mailh.,
XXVI, 26, P. G., t. lxxii, col. 452.
Steitz, il est vrai, a prétendu. Die Abendmahlslehre,
loc. cil., p. 241-242, que ce n’est ni dans le commentaire
de l’Évangile de saint Jean, ni dans ses écrits
contre Nestorius, que Cyrille a formulé sa vraie
pensée, mais bien dans ce texte de son commentaire
sur saint Luc : « Dieu transforme les éléments en
l’énergie de sa propre chair. » Cette phrase, dit-il,
devrait s’entendre ainsi : " De même que le Logos a
transformé qualitativement son propre corps en lui
communiquant sa puissance vivifiante, ainsi il transforme
les éléments en son corps et en son sang, non