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ETIENNE IX OU X — ETRANGERS


plac-^ malgré lui, par le clergJet le peuple, le 2 août, et sa’.Té à Saint-Pierre, le 3. On le choisit à cause de ses vertus et parce qu’il était assure de l’appui de son frère, le duc Gotfricd. On ne prévint pas la cour, Henri III, qui lui aurait été hostile, était mort, et son jeune fils Henri IV était sous la régence de sa mère, Agnès. Mais Hildebrand alla, pour le bien de la paix, lui demander sa reconnaissance et l’obtint facilement. Etienne fut un pape réformateur ; dans les quatre premiers mois de son pontificat, il tint à Rome de nombreux synodes, pour empêcher les mariages des prêtres et des clercs et les mariages entre consanguins. De retour au Mont-Cassin.il y restaura la règle de la pauvreté. Dans l’affaire des patarcs de Milan, il cassa l’excommunication qu’un synode avait portée contre eux et, leur envoyant Pierre Damien avec le prêtre riald, il les exhorta à continuer pacifiquement leur ( « uvre de réformes. Il avait, semble-t-il l’intention d’orgiiniser une expédition avec son frère pour expulser les Normands’d’Italie et, dans ce but, il envoya une ambassade à l’empereur de Constantinople pour se ménager son concours. ! Mais il sentait venir la mort. Il avait prié les moines du Mont-Cassin de lui choisir de son vivant un successeur, qui fut Didier ; il assembla les cardinaux, les évêques, le clergé, le peuple de Rome pour les supplier, afin d’éviter toute compétition, d’attendre le retour d’Hildebrand, alors en Germanie, avant de procéder à l’élection de son remplaçant. La mort le surprit à Florence, entre l’abbé Hugues de Cluny et son frère Gotfried, qui tous deux lui firent de belles funérailles dansl’église Sainte-Rcparate de cette ville.

Jané, Reg. pont, roni., 1°> édit., p. 376, 379, 381 ; 2e édit., p. 553-556 ; Monumenta gregoriana ; Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 278 ; P. /-., t. c.VLiii, col. 868 ; Delarc, Suint Grégoire VII et la ré/orme de l’Église au

.T « sièrle. 1889, t. il, p. 22 sq. ; l’I. Robert, Etienne X,

dans II Revue des questions historiques, 1876, t., x, p. 49-76 A. Clerv.VL.

11. ETIENNE BAR SOUDAÏLI, panthéiste syrien, né à Édesse vers le milieu du v<e siècle. Jeune encore, il alla en Egypte, où un moine, nommé Jean, l’imbut d’idées panthéistes. Il revint dans son pays et se mit à commenter l’Écriture d’après son sens personnel. Il paraissait pieux et il alla trouver Philoxènc de Mabboug († 523) » pour le séduire et lui faire dire comme lui qu’il y aurait un terme au châtiment ; que, selon le péché qu’on aurait commis, on serait châtié pendant un an ou plus ou moins ; que, si l’on était justifié, on jouirait de même (durant un temps), et qu’ensuite aurait lieu le mélange des justes et des impies. Il s’appuyait sur cette parole de Paul, I Cor., XV, 28, que Dieu sait tout en tous, et il supprimait les expressions de vie éternelle et de supplice éternel. Philoxène lui ayant fait connaître que telle était l’hérésie d’Origène, pour laquelle celui-ci avait été anathématisé, il prit ses livres pendant la nuit et s’enfuit en Palestine. Plusieurs lui adressèrent des remontrances, qu’il n’accepta pas. Il fui anathématisé. . Chronique de Michel le SyriV/i, Paris. 1002, t. ii, p. 250. Ce texte a été résumé par Bar Hébncus, Chron. eccl., i, 221, et il reste encore deux lettres, l’une de Philoxène et l’autre de Jacques de Saroug (-, - 521), destinées à le réfuter.

Etienne se réfugia à Jérusalem, sans doute dans un monastère ; il y fut en relation avec des moines origénistes partageant ses idées et apprit, sans doute, à connaître les écrits du pseudo-Denys l’Aréopagite. L’auteur inconnu de ces écrits avait mis ses idées, panlhéîstiqucs par endroits, sous un nom ancien et célèbre ; Etienne l’imita et mit ses propres idées sous le nom d’IIiérothéc, le soi disant maître de Denys J’AréopagHe. I.c Livre d’HicroIhée paraît, en elTet,

d’origine syrienne et non grecque ; Bar Hcbræus en attribue explicitement la paternité à Etienne Bar Soudaïli, et cette attribution est accept(e en général. C’est par cet ouvrage que les idées néoplatoniciennes ont pénétré chez les Syriens et, par leur intermédiaire, chez les musulmans, car M. Merx a montré que la mystique orientale du moyen âge et aussi le soufisme islamique ont emprunté à cet ouvrage sj-rien leurs idées les plus fécondes.

Chez les Syriens, le Livre d’Hiérothée a été commenté par Théodose, patriarche d’Antioche de 887 à 986, et par Bar Hébræus. Celui-ci raconte qu’il a eu beaucoup de peine à en trouver un exemplaire : celui qui lui a servi, et sur lequel il a composé son résumé du livre et son commentaire, est encore conservé à Londres.au British Muséum (orfrꝟ. 7189).

.. L. Frotingham, On the book of Hierolheus. bij a syrian mijstic of the fifth cent., dans American or. Soc. Proc, 1884, p. ix-xiii ; SIephen bar Sudaili. the si/rian niyslic and the book of Uierolheos. Leydc, 1886 ; R. Duval, La littérature syriaque. Paris, 1907, p. 356-358 ; Morx, Idée und Grundlinien einer allgenieinen Geschiclite der Myslik, Rektoratsrede, Heidelberg, 1893 ; C. Brockelniann, Die syrische und die christlich-arabisclie Litteraitu ; Leipzig, 1909, p. 29-30.

F. Nau.

    1. ÉTRANGERS##


ÉTRANGERS. — I. Dans la Bible. II. Dans la théologie morale. III. Dans le droit civil.

I. D.Ns LA Bible. — 1° Avant la captivité. — Les peuples de l’antiquité regardaient tout étranger comme un ennemi. Encore de nos jours, ce préjugé règne parmi les pajens et chez les nations non civilisées. Il semble que la différence de figure, d’habillement, de langage inspire naturellement un commencement d’aversion. On connaît l’éloignement que les Égyptiens avaient pour les étrangers ; ils ne les admettaient point à leur table. Gen., xliii, 32. Les Grecs et les Romains n’ont pas été exempts de ce travers ; ils ne l’ont que trop manifesté par le mépris qu’ils professaient pour les autres peuples, et il n’y a pas loin du mépris à la haine.

La législation mosaïque contraste singulièrement, par l’esprit dont elle est animée, avec les coutumes en vigueur chez tous les autres peuples. Dieu prescrit la bienveillance envers l’étranger parce que les Hébreux ont été eux-mêmes étrangers en Egypte. Exod., xxii, 21 ; xxiii, 9 ; Lev., xix, 34. Une reconnaissance spéciale est même ordonnée envers les Égyptiens à cause du séjour que les Hébreux ont fait en leur pays. Deut., XXIII. 7, 8. Les Hébreux doivent traiter l’étranger comme un indigène et l’aimer comme eux-mêmes. Lev., XIX. 33, 34. L’étranger est, en effet, un être faible et sans défense, et dans bon nombre de textes où ses droits sont réglés, il est mis au même rang que la veuve et l’orphelin. Voir Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, art. Étranger. Ces recommandations bienveillantes sont répétées dans la suite par les prophètes. Jer., VII, 6 ; Zach., vii, 10 ; Ezech., xxii, 7 ;

Ps. CXLV, 9.

L’application de ces principes généraux se manifeste dans les droits civils et religieux que la Bible accorde aux étrangers.

L’étranger a droit à l’égalité devant la justice. Lev., xxiv, 22 ; Num., xv, l, i : Deut., i, 16 : xxiv, 17. Les villes de refuge sont ouvcrli-s aux étrangers comme aux Hébreux en cas de meurtre involontaire. Num., XXXV, 15. L’Iduméen, frère de l’Hébreu, et l’Égyptien peuvent obtenir la naturalisation à la troisième génération. Deut., xxiii, 7, 8. L’Ammonite et le Monbile ne peuvent l’obtenir même après la dixième. Deut., xxiii, 3. Quant aux Chananéens. le mariage est interdit avec eux. Deut., vri. 3. L’étranger qu’on fait travailler a droit à son salaire le jour même. Deut.. xxiv, 14, 15. Il peut se vendre comme esclave, Lev., xxv, 45,