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ETIENNE V OU VI — ETIENNE IX OU X


le coup de cette lettre bientôt confinnée par une légation pontificale, munie d’un Comnwnilorium, c parti slavene put se miintenir. Deux ans après, Swatopluck, se fond nt sur ces actes apostoliques, expulsa presque tous les disciples de Méthode. Ceux-ci portèrent leur liturgie chez les Bulgares, malheureusement plus accessibles à l’influence byzantine, et, peu de temps après, la Moravie était conquise par les Hongrois.

Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 191 sq. ; Id., Les premiers temps de l’État pontifical, 1904, p.286-294 ; Jaffé, Reg. pont, rom., l"édit., p. 294-298, 945 ; 2e édit., p. 427435 ; P. L., t. cxxviii, col. 1397-1406 ; t. cxxix, col. 785, 1021 ; Hardouin, Ac(a conciliorum, t. v, col. 1115 ; Lapôtre, L’Europe et le Saint-Siègeàl’époque carolingienne, JeanV II L 1895 ; Giazel, GeschichtederSlavenaposlel Cijrill nnd Méthode, 2e édit. ; Ewald, Neues Archiv, t. v, p. 408-410.

A. Clerval.

7. ETIENNE VI ou VII, pape (896-897), était évêque d’Anagni depuis 891, lorsqu’il fut sacré, après la mort deBoniface VI, qui régna quinze jours, au commen : ement de juin 896. Il était transféré d’un siège à un autre, contrairement au droit, mais conformément à plusieurs précédents. On devait plus tard se servir de ce fait contre lui. Mais il méritait, pour, des motifs plus justes encore, de terribles représailles. C’est lui qui se fit l’instrument de la maison de Spolète dans le procès de Formose (897).

Ce dernier pape avait renié cette maison en appelant Arnulf de Germanie et en le couronnant empereur (22 février 896). La mort si prompte de celui-ci, presque immédiatement suivie de celle de Formose (4 avril 896), ne satisfit pas les rancunes de Lambert de Spolète, et surtout de sa mère Ageltrude. Sous leur pression, Etienne VI fit tirer de son sarcophage le cadavre desséché du vieux pontife, décédé depuis neuf mois (janvier 897). Il fut placé sur un siège, tout habillé des vêtements pontificaux, au milieu d’une assemblée synodale, présidée par le pape, qu’on appela le concile cadavérique. Lin diacre était à ses côtés, tout glacé de terreur, pour répondre aux juges en son nom. Les actes de ce concile furent brûlés l’année suivante, mais les contemporains nous en ont conservé quelques traits. On passa en revue toute la vie de Formose ; d’abord, ses difficultés avec Jean VIII. Déposé et excommunié le 19 avril 876, Formose, cardinal-évêque de Porto, avait été réconcilié et admis à la communion laïque, au synode de Troyes (aoiit 878), à condition de jurer de ne plus reparaître à Rome et de ne jamais rechercher l’épiscopat. Mais le pape Marin, successeur de Jean VIII, l’avait gracié et rétabli sur son siège de Porto. Malgré cette réintégration, on rappela ce passé. On invoqua aussi contre Formose sa translation de Porto à Rome, sans tenir compte des précédents nombreux qui avaient affaibli les canons anciens défendant ces translations. Enfin, le mort fut condamné, déclaré intrus, dépouillé des ornements pontificaux et privé des doigts qui lui avaient servi à bénir : on ne lui laissa que son cilice incrusté dans sa chair. Puis on le jeta dans un tombeau profane, au cimetière des étrangers. La populace l’y reprit et le jeta dans le Tibre.

Les actes de Formose furent déclarés nuls, spécialement les ordinations qu’il avait faites, pendant cinq ans. Cependant on ne déposa que les clercs romains, ordonnés par lui ; ils ne furent pas réordonnés. Les Clercs des pays étrangers, qui étaient hors d’atteinte, ne furent pas inquiétés. Quant à Etienne V lui-même, qui avait été ordonné par Formose, évêque d’Anagni, il profita de la cassation pour dire que, son ordination ayant été nulle, il ne pouvait plus être accuse d’avoir passé d’un siège à un autre.

Il est probable que ce drame souleva contre Etienne les esprits. L^ne insurrection le jeta bas de son trône.

On le déshabilla vivant, comme il avait fait déshabiller Formose mort : on l’interna dans un monastère, puis dans une prison et, au bout de peu de temps, on l’y étrangla quillet 897).

Parmi les papes, plusieurs voulurent, par esprit de justice, reviser cette odieuse procédure, réhabiliter Formose et ses clercs : tels Théodore II (897) et Jean IX dans des conciles tenus à Rome et à Ravenne. Mais d’autres, comme Serge III (904-911), compétiteur de.Jean IX, et Jean X (914-928), se portaient défenseurs d’Etienne et de son concile. Les situations furent ainsi lon-gtemps remises en question, ce qui donna lieu à une longue agitation et à une vive controverse sur les conditions de validité de l’ordination, notamment dans les écrits d’Auxilius et d’Eugenius Vulgarius.

Diiches, ne, Liber ponliflcalis. t. ii, p. 229 ; Id., Les premiers temps de CÉtat pontifical, 1904, p. 300 ; Jaffé, Reg. pont, rom., 1e édit., p.302 ; 2e édit., p. 439 ; P. L., t. cxxix, col. 853, 1059, 1070, 1103 ; Dummler, Aiixilius und Vulgarius, Leipzig, 1806 ; Mansi, Concil., t. xviii ; Saltet, Les réordinations, Paris, 1907, p. 152.

A. Clerval.

8. ETIENNE VII ou VIII, pape (929-931), était prêtre de Sainte-Anastasie, quand il monta sur le siège pontifical, à la mort de Léon VI, au commencement de février 929. C’était le temps où Marozie, fille de Théophylacte, veuve d’Albéric, remariée à Guy, marquis de Toscane, après avoir suscité une émeute dans Rome contre Jean X, l’avait fait jeter en prison et étouffer sous un oreiller. Maîtresse du pouvoir, elle donnait le Saint-Siège à ses créatures ; après Léon VI, prêtre de Sainte Suzanne, elle choisit Etienne VII. On ne sait rien de ce pape, qui probablement ne fit rien. Il mourut après deux ans, un mois et douze jours de pontificat, pour être remplacé par Jean XI, le propre fils de Marozie. C’est alors que le moine de Soracte put dire : Siibiugalus est Romam potestatiic in manu feminæ.

Duchesne, Liber pontificalis.t. ii, p. 242 ; Jaffé, Reg. pon/. rom., 1e édit., p. 313, 946 ; 2e édit., p. 453 ; P. L.. t. cxxxii, col. 1049.

A. Clerval.

9. ETIENNE VIII ou IX, pape (939-942), succéda à Léon VII en juillet 939. A ce moment, le pouvoir était passé des mains de Marozie à son fils Albéric. Etienne VIII, comme Léon VII avant lui et Marin II qui lui succéda, n’a presque pas d’histoire ; il menaça par deux fois d’excommunication les princes et les habitants de la France et de la Bourgogne, s’ils ne recevaient pas comme leur roi Louis IV d’outremer. C’était en 942 ; il mourut cette année-là au mois d’octobre.

Duchesne, Liber pontificalis, t. ii, p. 244 ; Jaffé, Reg. pont, rom., 1e édit., p. 316 ; 2e édit., p. 457 ; P. L., t. cxxxii, col. 1087.

A. Clerval.

10. ETIENNE IX ou X (Vénérable), pape (10571058), s’appelait Frédéric de Lorraine et était le frère du duc Gotfried de Lorraine, mari de la duchesse Béatrix et beau-père de la comtesse Mathilde de Toscane ; après avoir été archidiacre de Liège, il avait été nommé chancelier et bibliothécaire de l’Église romaine, le 12 mars 1051. Il avait été envoyé comme ambassadeur à Constantinople, près de Constantin Monomaque, avec le cardinal Humbert et Pierre, archevêque d’Amalfi, en janvier 1054. A son retour, il s’était retiré, pour échapper aux poursuites d’Henri III, ennemi de sa famille, dans la solitude du Mont-Cassiu : il en fut élu abbé le 23 mai 1057, et le pape Victor II le créa cardinal-prêtre du titre de Saint-Chrysogone, le 14 juin. Mais ce pape étant venu à mourir à Arezzo, le 28 juillet, Etienne fut élu à sa