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ETHIOPIE (ÉGLISE D’)
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trce, ’une blouse ou chemise fermée et descendant au moins au-dessous des genoux ; à la 1° profession, une ceinture de cuir, ken’ûi’; à la 2 « , une calotte ou bonnet blanc, d’abord moins haut de forme, le bonnet de bénédiction, et plus tard haut de forme, le bonnet de perfection ; enfin, le scapulaire, askéma.

Près de quelques couvents, l’on voit, à une distance discrète, un monastère de religieuses dépendant du même ordre. Elles sont censément sous l’obéissance d’une abbesse. Le voisinage et la facilité des visites aux cellules particulières, d’ailleurs isolément construites, prêtent à de scandaleux abus et au discrédit du couvent.

Les églises ou édifices religieux.

Les édifices

religieux ne présentent pas tous le même aspect, quoique, à l’intérieur, ils doivent tous répondre à la division du temple de Salomon ou du tabernacle de Moïse : 1. le vestibule ou parvis, où se tient le chœur des chantres, Kenê-Mahclêt’; 2. le saint Kedest, où se tiennent les communiants ; 3. le sanctuaire, Makedès, réservé aux prêtres et aux ministres. Voir plus haut, col. 966.

La forme antique des églises était quadrangulaire, plus longue ou profonde que large. Elles avaient à l’intérieur trois nefs, comme, en général, les églises latines. On en retrouve des vestiges à Aksum, etc., et d’autres entièrement conservées à Dabra Damo, à Aiba (monolithe), à Lalibala, etc. Elles appartiendraient au type des basiliques anciennes. Aussi sont-elles intérieurement spacieuses, sans ces murs qui forment une autre enceinte intérieure réservée : rien que le grand voile sépare de l’abside ou sanctuaire. Le second type a conservé la forme quadrangulaire, mais la muraille de l’édifice sert d’enceinte à une construction centrale carrée ou polygone, séparée ou isolée par une galerie ou couloir qui en fait le tour et tient lieu de Kedest, occupé par les communiants ; cet édicule intérieur sera le sanctuaire fermé par une porte ; et au-dedans de ce MaA’cdès, derrière un grand voile, se dressera l’autel, une sorte d’armoire surmontée d’un baldaquin, et sur la table au-dessus de l’armoire, se place le tabot’, l’équivalent de notre pierre sacrée ; il consiste en une tablette carrée, de pierre rare ou de bois dur, avec l’image ou de la croix, ou de la Vierge, ou de la Trinité, ou de saint Michel, etc., grossièrement gravée sur l’une des faces. Ce tabot’est l’objet d’un culte exagéré jusqu’à l’idolâtrie, car on se prosterne en adoration à son passage ou à l’église comme devant la sainte eucharistie au moment de la consécration ; de plus, la superstition populaire attribue à cette planchette portative des effets prodigieux de préservation contre les fléaux, etc.

Le troisième type est de forme ronde ; il est plus moderne ; il a été emprunté à la rotonde qui entoure le Saint-Sépulcre, par dévotion pour ce monument sanctifié et glorieux entre tous. Ce genre d’église comprend donc deux rotondes l’une dans l’autre ; le couloir qui fait cercle entre les deux est le parvis Kené mahelél’: la rotonde isolée au centre se dresse à l’instar de l’édicule du Saint-Sépulcre et s’appelle le Kedest ou saint, comme dans le type précédent ; et là, derrière le voile, se dresse l’autel, comme dans l’enfoncement intérieur de l’édicule où se trouve la tombe du Seigneur. Ce type est le plus fréquent aujourd’hui, peut-être à cause de la facilité de construction semblable à celle des grandes malsons du pays, pièces circulaires couvertes d’un toit conique en chaume que domine une croix quelquefois en métal, le plus souvent en bois, et agrémentée d’œufs d’autruche.

Les rois et les grands ont eu tous, dès leur élévation, le soin jaloux d’attacher leur nom à quelque

monument religieux par eux construit. L’ancienne capitale Gondar en comptait 42, avant le sac de 1889 par les mahadistes ; les îles du lac Sâna comptent aussi beaucoup d’églises royales, et les empereurs choisissaient là leur sépulture. La Tarika-Nagast’en prend note à chaque règne ; mais ces sanctuaires sont plus illustres par la mention des soins, des frais qu’ils ont coûtés et des noms de leur dédicace, que par l’art et la solidité des travaux. En dehors des monolithes, fort peu ont résisté aux injures du temps et conservent le souvenir de leur fondation ; peut-être les églises bien construites en pierres taillées par les Pères jésuites, à Gorgora, à Azazo, subsistent-elles encore ; celle de Frémona a été découronnée et abaissée de mihauteur par l’abouna Salamâ, sous Théodoros II, . afin de la décatholiciser et de lui enlever le cachet qui rappelait aux yeux du peuple les souvenirs de la mission du xviie siècle.

Les peintures murales sont admises comme ornementation des églises, mais non les sculptures. Mêmele crucifix ne supporte pas le Christ en relief ; seul ledessin y est buriné au petit bonheur. Les peinturesmurales représentent le plus souvent la Vierge tenant son divin enfant, des anges flamboyants, des saints, des scènes de martyres ou même des scènes représentant les rois, fondateurs de l’église, dans quelques-uns de leurs exploits ; c’est plutôt grotesque. Les images viseraient à imiter celles du style byzantin, mais généralement sans goût, sans proportions, etc. Exceptons les peintures des actuelles églises royales dues à des mains plus formées à cet art.

3° Missions catholiques au Jr/.ve siècle. — Des citations incidentes, faites plus haut, col. 960, ont déjà averti que, dès le coup de ruine porté contre la mission des Pères jésuites, la S. C. de la Propagande, récemment instituée, avait envoyé des missionnaires aguerris, des fils de saint François, au sauvetage des naufragés et des épaves de l’Église catholique en Ethiopie. Les tentatives ont succédé aux tentatives sans même réussir à franchir la frontière strictement interdite à tout prêtre d’Occident. Seulement en 1839, les missions catholiques ont pu enfin s’implanter et bientôt se développer en diverses régions de l’Ethiopie^ L’essai du vénérable Justin de Jacobis, de la congrégation de la Mission, ayant ouvert le grand champ del’Abyssinie et des contrées limitrophes, les lazaristes gardèrent la Haute-Ethiopie proprement dite ; les capucins, à la suite de l’illustre cardinal Massaja, en 1846, eurent la charge des dépendances Galla ; et à l’ouest, Mgr Combini ouvre un peu plus tard un nouveau vicariat apostolique à Khartoum dans les régions^ soudanaises. Enfin, en 1894, 1a nouvellecolonie, acquise par l’Italie sous le nom d’Erythrée, forme une préfecture apostolique, un quatrième lot confié aux capucins. Voir t. i, col. 542-543, et la carte des missions catholiques d’Afrique. L’Église catholique commence donc à revivre en Ethiopie, malgré lesobstacles, les oppositions, les persécutions même. Péniblement, lentement, chacune de ces quatre missions continue les entames et les percements pour pénétrer plus avant, s’étendre plus loin et y rétablir la vraie foi. Jusqu’à l’heure présente, l’empereur Ménélik, quoique non hostile, n’a pas accordé même le minimum de liberté d’établir quelque œuvre catholique en dehors des positions occupées avant son avènement au trône. Voir, pour plus ample information, Massaja, I miei trenla-cinque anni di missione neir alla Etiopia, 5 in-S", Rome, 1895-1898 ; Piolet, . Les missions catholiques françaises au A7Ae siècle, Paris, s. d., pour la mission d’Abyssinie, 1. 1, p. 1-44 ; pour la mission Galla, t. i, p. 45-78 ; Mgr Demimuid, Vie du vénérable Justin de Jacobis, 2e édit., Paris, 1906 ; H. Froidevaux, dans le Dictionnaire d’histoire, .