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ENFER D’APRES LES PERES


nouvelles preuves, In Epist. ad Pliilem., homil. iii, 2, ibid., col. 717. Enfer et amour de Dieu : discours pour vider la question. Dieu donne par pur amour tout ce qu’il donne et il nous a donné le surabondant ; mais le plus grand don de sa bonté, c’est la liberté responsable ; la perspective de la sanction est nécessaire à la vie liumaine ; maintenir la responsabilité morale, c’est donc l’essence même d « la bonté. Donc Dieu, parce qu’il est bon, a créé la géhenne. Objection : il n’a fait que des menaces ; mais elles seraient un vain fantôme inefficace. In Epist. ad Heb., homil. r, n. 4, col. 18 sq., feu éternel, société des démons, ténèbres qui font isolement complet au milieu de cette foule ; plus de pitié de la part de personne ; homil. xx, 1 ; xxviii, 4, ibid., col. 143 sq., 196 sq. : terrible éternité. In ps. MI, 11-12, P. G., t. Lv, col. 97 sq.. enfer et conduite de Dieu sur ce point, preuves de son amour miséricordieux infini ; de nèmc. Ad Slagyiiiim, i, 3, 4, P. G., t. Xivii, col. 430 sq.. Dieu a permis qu’il y ait des damnes pour les élus qui méritent la gloire par la liberté victorieuse du démon, etc. Les homélies De pœnilenlia, celles In Lazarnni et diviicm, le De sacerdotio, etc., sont aussi explicites, inculquant la foi, expliquant le dogme et développant magistralement l’apologie.

A Antioche et à Constantinople, saint Jean Chrysostome prêche donc comme continuellement l’enfer aux chrétiens de cette civilisation grecque raflinée, jouisseuse et souvent corrompue.

On a cru voir l’opinion de la mitigation. In Episf. ad Philip., homil., iii, 4 ; In Act. Aposl., homil. xxi, 4. Voir Mitigation.

Saint Cyrille d’Alexandrie, neveu et successeur du farouche antiorigéniste Théophile, va nous fiire constaterle triomphe du dogme de l’enfer à Alexandrie même, dans la première moitié du v’e siècle (y 4-11). Il affirme l’éternité du feu et des sui)plices <le l’enfer. In ps. X, 0, P. G., t. Lxix, col. 793, il déclare que les méchants qui sont tombés en enfer n’en sortiront plus. In ps. A’.Y.ïr, 13, col. 921 ; In ps. i.xii, 10, col. 1125 ; In Is., i.v, 11, 1. V, tom. vi, P. G., t. i.xx, col. 1413 : ce supplice éternel est la punition de leurs fautes, et la raison de son éternité est que leur ma-Jicencpeut cesser. Cyrille applique le texte d’Isaie, LXVL, 24, littéralement h la prise de Jérusalem ; il ajoute que d’autres l’entendent de la fin du monde <t de répoque à laquclle les mécliants seront jetés dans les flammes éternelles où leur ver vivra toujours, où le feu est inextinguible. Ibid., col. 1449. Dans l’homil. xiv, De exila animi et de secundo advenlii, P. G., t. i-xxvii, col. 1072 sq., il trace une vive image de l’éternité du feu et de la justice de l’enfer, de la domination des démons, des peines diverses, dam, remords, désespoir, ténèbres, dans un lieu souterrain, etc., de la continuité de l’éternité de toutes ces peines. Sur un point, saint Cyrille d’.Mexandrie semble revenir en arrière, lorscpie, Adrers. antliropomorphilas, c. xvi, P. G., t. i, xxvi, col. 1101, il affirme le délai de l’enfer : avant la résurrection, il est absurde de croire à une rétribution des justes et des nu’chanis. Cf. In Luc., XVI, 19, P. G., t. lxii. col. 821 sq., mais ceci peut s’entendre d’une rétribution c()rporellc. Voir S. CYnii.LE, t. iii, col. 2522.’J’héodoret de Cyr, vers le même temps enseigne le dogme intégral de l’enfer aux Grecs de Syrie. Aux païens d’abord. Gi.Tcar. afjrclion. curatio, c. xi. De fine et jndicin, P. G., t. i.xxxiii, col. 10 ! » 3 scj..près avoir exposé les opinions des philosophes, de l’Iaton surtout tlont il cite longuement les textes sml’enfer -éternel pour les " incurables » , il arrive aux dogmes sacrés de l’Évangile : le jugement, surtout d’après Matlh., XXV, les sentences de condamnallon au feu « t aux supplices éternels pour les incrédules et de

récompense éternelle7aux justes. La même doctrine est donnée aux catholiques dans le Ilœrelic. fabutur. compendium, I. V, c. xx. De judicio, P. G., t. lxxxiii, col. 517 ; il y aura résurrection des corps et l’âme ne subira pas seule les châtiments des péchés, et ce sera, non pas pour quelque temps, mais pour les siècles infinis, puisque l’Écriture affirme la vie éternelle et le supplice éternel ; c. viii, col. 473 sq., il montre la justice de l’enfer, spécialement pour les démons : le péché est un acte libre ; In Mich., , P. G., t. lxxxi, col. 1704, les démons, restant inguérissables, seront à jamais séparés du troupeau élu ; In Is., lxvi, 20, col. 485, dans l’autre vie les justes et les pécheurs vivront les uns autant que les autres, car ils sont immortels et la punition des pécheurs est éternelle comme le bonheur des justes est éternel. Il semijle inutile de disculper Théodoret de « miséricordisme > ; les incrednii du jjremier texte cité sont les païens incrédules, auxquels parle l’évêque de Cyr, mais sans exclure évidemment les pécheurs chrétiens. Cf. Garnier, Dissert, de fide Theodoreli, c. vi, P. G., t. Lxxxiv, col. 443 sq.

L’Église sj’riaque finalement enseigne elle aussi, au ive siècle, le dogme catholique de l’enfer éternel.

Aphraate affirme l’éternité de l’enfer, DemonsL, xxii, 18 ; VIII, 19, 20 ; vi, 18, Palroloçjia syriaca de MaiGraffin, P ; u-is, 1894, t. i, col. 1028, 396, 400, 309. Le premier texte dit : nequc impii resipiscent regnumqiie ingredientur ; nequc jusli peccabunt ainplius al ad cruciatum abeanl. Il admet l’inégalité des peines, les ténèbres, le feu, le ver, xxii, 22, 23. Ibid., col. 1032. 1033.

Saint Éphrcm enseigne aussi ces deux points de dogme : le second. Opéra, Rome, t. iii, p. 243, 6.’57, 638 ; Hijmni et sermones, t. il, p. 423 ; le premier. Opéra, t. iii, p. 213 ; Hymni et sermones, ibid. Les deux textes. Opéra, t.iii, p. 205 ; Carmina nisib., lix, 8, ne nient pas l’éternité de l’enfer, mais font simplement une hypothèse impossible. Cf. Tixeront, op. cil., p. 209, ’220, 221.

II. COMROVEn^E Onir.ÉXISTE SUR /.’k.v /£/) iî.V ocri-DE. r. — 1° Origénismc. — A partir de 380, l’influence d’Origène pénètre en Occident par saint Ambroise qui " remanie > ses commentaires, dit saint Jérôme, Epist., XLViii, 7, P. L., t. XXII, col. 749 ; par saint Jérôme lui-même, qui traduit les homélies du grand exégète alexandrin. Mais c’est surtout Hulin, par la traduction du De principiis, en 397, qui fait connaître au.x Latins quelques principes erronés de l’origénisme. Le traducteur infidèle supiirima, en cffet, les erreurs concernant la sainte Trinité, mais laissa entières celles qui concernaient l’eschatologie. L’effet fut considérable et les esprits furent bientôt boule versés. Cf. Tixeront, op. cit., yi. 334-336. L’origine du péché, la résurrection, la conversion du démon et la rcslilulio omnium in ivqualem statum, le feu métaphorique de l’enfer, voilà ce qui séduisit de très nom preux prêtres, moines, surtout liommes du monde. Cf. S..Jérôme. Apol. adn. lihr. liu/ini, i, 6, 7, P.L., t. xxiii. col. 419 sq. ; Episl., hii, 2 : i.xxxv, 3 ; cxxvii, 9, P. L., t. xxii. col. 606, 753, 1092 ; In.Jonam, m. 6, etc. ; S..ugustin. De civilate I)ci, ]. XX, c. xxii : 1. XX Le. i. 2 ; x, 2 ; xvii-xxii, /’./… t. xli.coI. 694, 723, 725. 731sq. ; Enchiridion, cxii, P. L., t. xi.. col. 284.

Outre cette influence générale sur une foule anonynie qui raisemblablement ne put êti’c qu’une petite minorité relativement à la masse catholique, il faut rechercher si l’origénisme s’est introduit dans renseignenient des docteurs et des l’ères de ce temps, saint.mbroisc, l’Ambrosiasler. Uufin, saint.lérônie. ]>qur saint.mbroisc, on trouvera un résumé suffisant des divers points de sa doctrine. 1. i, col. 950. 9.">I. Cf. « le ()lus Tixeront, op. cit., p. 347, 348 ; D. J. E. Nie-