Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/488

Cette page n’a pas encore été corrigée
947
948
ETHIOPIE (ÉGLISE D’]


naissent que la prîlrise et le diaconat, qui comprend tous les ollices subalternes. D’ailleurs, le rituel n’en existe pas en langue ghecz, sinon dans les recueils synodaux, par la raison que le pontife ordonnateur est toujours égyptien et se sert du livre copte. Les ordinations risquent de n’Être pas valides à cause de l’incurie des obounas à les conférer dans les conditions essentiellement requises. Les incuries notoires n’ont pas manque, soit par ignorance, soit par négligence ou même parodie sacrilège. Voir plus haut et Revue angloromaine, n. 14, p. 634, Abonna Salama, par M. Coulbeaux. Les rois, à leur sacre, étaient ordonnés diacres afm qu’il leur fût permis de siéger dans le sanctuaire des églises réservé aux ministres de l’autel. Les abonnas imposent un tribut simoniaque à chaque ordinand.

/) Extiême-ondion, Masâhefa-Kan’dil ou Livre des cierges. — Ce sacrement n’existe guère que dans rénumération synodale des sacrements de l’Église. Comme pour la confirmation, la difficulté de se procurer l’huile sainte aura favorisé l’incurie des prêtres jusqu’à la désuétude. Cependant, le rituel en existe et donne nom à cette onction des malades ; ce nom a son origine dans la rubrique de ce rituel qui oblige chaque assistant à tenir un cierge durant toute la cérémonie.

g) Mariage, Mamhcla-Taklil ou Livre du voile. — Ce sacrement n’entre dans la pratique de la vie chez les chrétiens de l’Église d’Ethiopie qu’à la maturité avancée de l’âge. Alors, mari et femme vont trouver le prêtre qui les reçoit au tribunal de la pénitence, puis les bénit comme époux après la récitation d’un Pater, et les époux consacreront leur union par la communion eucharistique faite ensemble. De ce moment, ils regardent leur mariage comme indissoluble ; jusque-là, il était purement civil, facilement révocable ; aussi le divorce est fréquent et, de plus, le concubinage, etc. Voir plus haut et plus loin. Le rituel de ce sacrement existe cependant ; il contient de très longues lectures déprécatoires ; son nom indique qu’un voile était tendu au-dessus des deux époux durant ces bénédictions ; mais comme ces cérémonies ne s’accomplissent qu’aux premières noces, elles restent même ignorées, au moins des fidèles, sinon de beaucoup de prêtres.

4°^ Zara-Jacob réformateur du culte : fêtes, jeûnes, heures canoniales et chants. — Zara-Jacob occupe une place principale dans l’histoire théologique de l’Église d’Ethiopie. Le mobile de l’union avec l’Église catholique était, pour l’Abyssinie comme pour tout le Levant, l’espoir d’une entente avec les Francs contre la domination musulmane. L’accueil que Zara-Jacob fit au voyageur vénitien, le peintre Francesco Brancaleone, est une marque de ses dispositions plutôt favorables à l’égard de l’Église romaine, quand on sait combien les en éloignent la méfiance et les préventions invétérées des schismatiques. Ce prince montra constamment un grand zèle pour la réforme et la perfection du christianisme dans l’Église d’Ethiopie. Mais son zèle, mal conseillé par un fanatique, l’Ekâbé-Sa’ât’Amda Sion qui avait toute sa confiance, fut outré et trop inquisitorial.

1. Réforme du culte par l’abolition des superstitions.

— Le premier d’entre tous les empereurs d’Ethiopie, Zara-Jacob fit une chasse à outrance à toutes les formes d’idolâtrie, sabéisme et fétichisme, et à toutes les pratiques de superstition, de magie, de sorcellerie.

Condamnées officiellement, elles n’en survécurent pas moins effectivement. Son intransigeance ne toléra aucune concession à tout reste quelconque de paganisme ; et poussé aux mesures extrêmes par son fatal conseiller, il ordonna que tous ses sujets, en témoi gnage de leur foi en la Trinité, portassent tatoués au front les noms du Pcrc, du Fils et du.Saint-Esprit ; sur le bras droit :.Je renonce au diable et suis serviteur de Marie, la mère du créateur ; et enfui sur le bras gauche : Je renonce au diable impur et adore le Christ, mon Dieu. Les réfractaircs à ses édits furent impitoyablement mis à la torture et moururent dans les supplices. Il n’épargna pas même ses enfants, habitués, eux aussi, à des pratiques de fétichisme au foyer domestique. Courroucé du peu de cas qu’ils faisaient de ses défenses, il s’écria : « O habileté du diable 1 Pendant que je détourne mon peuple des abominations de l’idolâtrie, il pénétre en ma propre maison et pervertit mes enfants. » Il fit llageller quatre de ses fils, Glaodios, Anula-Mariam, Zara-Abraham et Betra-Sion, et trois de ses filles, Del-Samarâ, Erum-Gualâ, Adal-Mogasâ ; et afin que la leçon exemplaire impressionnât, les blessés furent exposés aux yeux de la foule. De fait, les meurtrissures étaient affreuses ; les royales victimes en moururent bientôt. Toute la population éclata en sanglots. Tarika-yagast ; Beccari, t. v, p. 2.39-249.

2.Réformes dans le culte par des prescriptions rituelles.

— Ayant fait table rase des cultes païens, le roi acheva la restauration du vrai culte de Dieu par des ordonnances liturgiques. Disons-le tout de suite, Zara-Jacob, avec les meilleures intentions, fut le mauvais génie de l’Église d’Ethiopie ; il voulait la sauver, il la perdit (paroles de.Socinios au P. Pæz).

a) Sabbatisme. — Les discordes divisaient les deux grands ordres religieux de Takla-haymânot’et d’Eustatios, principalement sur l’observance du sabbat. Voir plus haut. Zara-Jacob imposa silence aux querelles, en faisant une loi de l’État, sanctionnée par de graves peines, d’observer le samedi comme le dimanche. Il y tint la main jusqu’à la cruauté, car ceux des moines de Dabra Libanos qui refusèrent de judaiser, comme ils disaient avec raison, le payèrent de leur tête. Ibid. Or, l’observance sabbatine et dominicale consistait dans le chômage et l’assistance à l’office matinal. Le chômage comprenait l’abstention des œuvres serviles énumérées dans la royale ordonnance, c’est-à-dire après les gros travaux des champs, la chasse, la pêche, l’écriture, les voyages, la bastonnade des esclaves ; étaient permis l’abatage des bêtes, la cuisine, etc. L’assistance aux offices religieux obligeait les fidèles à se rendre à l’église vers le point du jour, heure des chants et de la messe, quand elle est célétcée. L’impureté dite légale, c’est-à-dire l’usage du mariage, excluait non seulement de la communion, mais de l’entrée dans l’éghse. Le chant des heures canoniales dès le chant du coq, vers deux heures du matin, a été inauguré par (, ; iori ; is de Gasecca, sous le règne d’Amda-Sion, mais régulièrement établi par Zara-Jacob ; au chant récitatif de prières ou versets des psaumes, sont intercalées les antiennes de Yared exécutées par les dabtarâ avec accompagnement de sistres, tambour, battement des mains et trépignement des pieds. — b) Les fêtes sont célébrées comme les dimanches, mais avec plus de solennel entrain. Les grandes fêtes des mystères chrétiens se succèdent dans le cycle commun à toutes les églises, et quant au nombre et quant aux intervalles. — c) Quant aux jeûnes, ils sont en Ethiopie conformes aux jeûnes de l’Orient, soit pour le nombre, soit pour la rigueur. Le Fethà-Nagast les énumère d’après le rite copte. Voir MoNOPHYSiTE (ij17//se). — d) Beaucoup d’autres fêtes, secondaires, mais aussi obligatoires, sont établies en l’honneur de la sainte Vierge ; — - outre celles communes à toute l’Église, Zara-Jacob en a institué trente-trois ; l’on sait qu’un culte spécial et, chez un grand nombre de gens simples, exagéré envers la Mère de Dieu est cher aux Abyssins, — en l’honneur de la croix,