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ETHIOPIE (EGLISE D’;


par H. Zotenbcrg, Paris, 1883, p. 392. A cause de la difficulté et de la lenteur des communications entre Byzance, l’Egypte et l’Abyssinie, les ambassadeurs ne parvinrent à Alexandrie que sous le règne de Justinien. Licinius était alors vice-roi en Egypte et Apollinaire, patriarche catholique, occupait le siège -<le saint.Marc. Celui des jacobites, Timothée, quoique protégé par la fameuse impératrice Théodora, avait été forcé par Justinien, ou de se soumettre, ou de s’exiler. Dès lors, les patriarches coptes se tinrent cachés dans le monastère de Saint-Macaire, in veille Habib ; et, dit Eutychius, cathedra palriarchæ jacobitarum eo translata est iisque ad mahumedarum tempora. Dans Renaudot, p. 133.

4° Nouvel envoi d’apôtres par ordre de Justinien (.527-565). — Le fait, les circonstances et le résultat de l’ambassade éthiopienne nous sont autant de nouvelles preuves manifestes de la catholicité persévérante de l’Ethiopie. Les ambassadeurs étaient deux parents du roi Kaleb avec une suite de deux cents personnes. Malala, /oc. cit. Ils se rendent à Alexandrie près du patriarche grec Apollinaire et du gouverneur Licinius, et non auprès du patriarche jacobite à Saint-Macaire. En réponse au message, .Justinien donna ordre de faire choix, à Alexandrie, (le religieux recommandables par la sainteté de leurs mœurs et la sûreté de leur instruction. La caravane apostolique se rendit à Aksum, où elle fut accueillie avec allégresse par l’empereur Gabra Maskal, fils et successeur d’I- ; i-I-^sl3ân, et par toute la cour et tout le peuple. Cf. Vie de S. Pantaléwon, par un évêque d’.ksum, catalogue d’Abbadie, n. 110. Cependant les jacobites, au courant de la démarche des ambassadeurs abyssins, s’étaient remués et avaient sollicité l’intervention de Théodora, favorable aux monothélites. Elle fit expédier en hâte par le patriarche Timothée une troupe de moines jacobites vers la « ipitale d’Aksum. Ils n’y arrivèrent que quelque (cmps après les missionnaires chalcédoniens. Gabra Maskal ne les accueillit pas, malgré les recommandations de l’inipératrice Théodora, et ils durent s’en retourner vers leur patriarche, à Saint-^L^caire. Cf. ms. chrétien anlioch., de.Mgr Graffin. Cette deuxième expédition de Sadekân, missionnaires en Ethiopie au cours du vi"e siècle, trouve une confirmation dans Min récit récemment découvert par M. Conti Rossini. quidi, Dict. d’histoire, t. i, col. 213.

5° Apof/ée de ta prospérité. — Ce fut l’apogée, et, hélas ! bientôt la fin de la prospérité et de la gloire de l’Église d’Ethiopie. — 1. La prospérité se manifeste d’abord par l’extension : la conquête du Yémen ajoute comme dépendance à l’Église d’Aksum toute la chrétienté de l’Arabie méridionale, et la domination impériale sur la mer Erythrée et sur la rive africaine habitée par les Rcdja et les RIemnye a étendu jusque dans les déserts deMéroëïles progrèsdu christianisme parmi les tribus nomades. Vansleb, Hisl. eccl. Ale.r. — 2. A cette époque, c’est-à-dire sous Kaleb et son fils Gabra Maskal, remonte l’acquisition de plusieurs positions en Egypte et en Palestine, où, grâce à la bienveillance de Justin et de Justinien, furent fondés des hospices et des couvents pour les pèlerins et pour les religieux éthiopiens, qui, en foule, s’en allèrent d’année en année à Jérusalem. Aussi, primitivement, dit l’historien arménien.Abusalah, ces couvents et ces églises riaient occupés par des nestoricns, épithète injurieuse quc les jacobites infligeaient aux dyophysites ou chalcédoniens, et que l’arménien prend au pied de la lettre comme pour rappeler un souvenir glorieux à sa secte. Kaleb, en reconnaissance de la protection divine dans ses guerres heureuses en Arabie, aurait fait don de sa couronne impériale au Saint-Sépulcre. Gabra Maskal y fut représenté par un de ses fils, qui vécut en

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anachorète dans une laure et dont la sainte mémoire est vénérée dans une église qui porte son nom, abba Moussié, près de Naplouse. — 3. La vitalité de l’Église d’Ethiopie se manifeste par l’expansion du monachisme anachorétique dans le Tigré et au delà dans les âpres solitudes. Né des premiers ermites sous.-Amêda, ce mode de vie religieuse prit un grand essor comme dans la Thébaïde. Gabra Maskal fonda sur le pic abrupt de Damo le premier monastère connu sous ce nom de Dabra Damo (Tigré), sous la règle de l’abba Aragawi, l’un des neuf premiers Sadekân romawiân. — 4. Comme Charlemagne, ce prince Gabra Maskal encouragea les écoles ecclésiastiques et il favorisa l’introduction du chant liturgique par Yared, disciple de saint Pantaléwon. A ce maître, on fait remonter les trois modulations, types sur lesquels sont modelés tous les neumes et les phrases musicales ; on lui attribue également la composition du Dcgwa, antiphonaire, recueil des textes tirés de la sainte Écriture et adaptés aux fêtes et aux périodes cultuelles du cycle ecclésiastique, et des hymnes spéciales dues à sa piété. L’usage qui y est fait de la Bible atteste que la version en langue gheêz avait précédé. Saint Frumence a dû s’en préoccuper, et surtout les neuf religieux venus ensuite, comme maîtres instructeurs, et les disciples qu’ils formèrent à ces études. On note, à ce sujet, que l’antique traduction en gheêz du Nouveau Testament paraît faite sur le texte grec en usage dans l’Asie-Mincure.

III. Après les conquêtes de l’islam en Syrie ET EN Egypte, agonie de l’Église d’Ethiopie (vii^-xi » siècle). — 1° Contre-coup de la ruine de l’Église catholique d’Alexandrie. — Par la conquête d’Omar ebn Élass (634-044), il en fut fait du catholicisme en Egypte. Avec les troupes byzantines échappées au massacre, lors de la prise d’Alexandrie, le patriarche catholique Cyrus et sa suite se précipitèrent sur les galères du port et se réfugièrent à Constantinople. Le patriarche hérétique Benjamin, exilé sous le règne d’Héraclius depuis douze années, sortit du couvent de Saint-Macaire, grâce à un pacte de soumission et de connivence qu’il consentit avec Omcr, le représentant du calife (640). Ce fut l’interdiction aux coptes de toute relation avec Constantinople et Rome, et aux.Vbyssins, la défense, soit d’élire comme évêque aucun membre de leur propre clergé, soit d’en accueillir d’ailleurs que des mains du patriarche, transféré d’.Vlexandrie au Caire, afin d’en finir avec tous les souvenirs attachés au siège de saint Marc, (^’était donc désormais le triomphe du schisme en Ethiopie, comme en Egypte. Toutefois, même après la ruine de l’Église d’Alexandrie et celle de l’empire byzantin en Egypte, l’Église d’Ethiopie résista encore, au moins partiellement, durant prés de trois siècles, aux hérésies qui continuèrent à infester toutes les autres Églises d’Orient. Durant les persistantes querelles du monophysisme, du monothélisme et de la théandrie, qui déchirèrent l’Église orientale, l’écho des dissensions théologiques n’eu( guère de répercussion en Ethiopie. Ce ne fut pour elle qu’un bruit lointain. De fait, elle fut complètement séquestrée dans son isolement et elle cessa de figurer désormais parmi les grands États du reste du monde ; une barrière de fer, l’empire musulman, l’en tint désespérément séparée.

Sa résistance au schisme.

Quoique officiellement

rivée au siège schismatique du Caire et forcement inféodée à l’Église copte ou jacobite par le fait de la provenance de son évêque, l’Église d’Ethiopie, sous le joug doublement opprimant du schisme et de l’islamisme conjurés, se retranchera dans une indépendance indomptable au point de vue doctrinal. H est resté de tradition dans l ?s couvents et les uni V. - : x)