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ÉTATS DE VIE


fection de l’épiscopat celle des religieux prêtres (et aussi des curés) qui se consacrent au soin des âmes. Sum. theoL, II » l^, q. clxxxviii. Knfln, le prêtre séculier est au-dessus du religieux laïc, tant par l’excellence du saint ministère que par la sainteté requise pour cette fonction. Ibid., IIa-IIæ , q. clxxxiv, a. 8.

III. D’après la morale. — 1° Devoirs d’état. — Nous entendons par états de vie les diverses conditions objectives de la vie de l’homme, lesquels, par conséquent, comprennent tous les métiers, toutes les professions ou carrières auxquelles l’homme consacre son activité.

Les devoirs d’état sont les obligations particulières dans les diverses conditions objectives de la vie. Le père de famille, le patron, le juge, le marchand, etc., sont soumis à des préceptes spéciaux, à des obligations particulières en vertu de l’état de vie dans lequel ils se trouvent engagés. Quel que soit cet état de vie, il est possible à l’homme d’y faire son salut..Saint Paul dit aux fidèles : « Que chacun demeure dans la vocation ou dans l’état où il a été appelé : maître ou esclave, dans l’état de virginité ou dans celui du mariage, qu’il - persévère selon Dieu. » I Cor., vii, 20. Aussi, lorsque les publicains et les soldats demandaient à saint Jean-Baptiste ce qu’ils devaient faire, il ne leur ordonna point d’abandonner leur profession, mais de s’abstenir de toute injustice. Luc, iii, 22..lésus-Christ n’eut pas une conduite différente, il ne dédaigna point les publicains pour lesquels les Juifs avaient le plus grand méiH’is et, lorsqu’ils lui en firent le reproche, il répondit qu’il n’élait point venu appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence.

Cette vérité est pleinement confirmée par l’histoire de l’Église, qui nous montre des saints dans tous les états de vie, parmi les pauvres et les ignorants aussi bien que parmi les riches et les savants ; dans les chaumières aussi bien que sur le trône et dans les palais des rois, dans les siècles mêmes les plus corrompus et les moins favorables à la pratique des vertus. Tous se sont sanctifiés par leur piété et par l’accomplissement de leurs devoirs d’état.

Ce sont là deux moyens de salut, deux moyens nécessaires qu’il ne faut pas séparer. De même qu’un chrétien serait dans l’illusion s’il pensait se sanctifier ]iar la piété seule, sans remplir les devoirs de l’état où la divine providence l’a placé ; il ne se tromperait pas moins s’il se persuadait qu’il ne doit rien à Dieu dès qu’il ne manque point à ce qu’il doit aux hommes. La vie chrétienne a pour principe la vertu de charité, qui se rapporte non seulement à Dieu, mais encore aux hommes. Dès lors, les obligations de la vie chrétienne comprennent les devoirs envers Dieu et les devoirs envers le prochain. Les devoirs d’état n’étant autre chose <[ue certaines obligations envers le prochain, particulières à des conditions déterminées de la vie humaine, il s’ensuit que les devoirs d’étal rentrent dans les obligations de la vie chrétienne.

Sous prétexte que les catholiques ne sont pas toujours exacts à satisfaire aux devoirs de la société, on prétend que la fidélité à accomplir ces devoirs tient lieu de toutes les vertus et remplit toute justice. Mais il est aisé de voir que cette morale n’est quune hypocrisie. Quiconque, en effet, ne se fait pas scrupule de secouer le joug de toutes les lois religieuses, ne s’en fait pas davantage d’enfreindre les devoirs de son état lorsqu’il peut le faire impunément, et qu’il n’y est fidèle qu’autant que son honneur et sa fortune en dépendent. L’Église catholique, qui n’a rebuté aucune profession honnête, a toujours proscrit toutes celles qui sont criminelles, celles qui ne servent qu’à exciter les passions et à fomenter les désordres. Aussi, dès les I>renilers siècles, clic a refusé d’admettre au bajjtênie es fenuncs perdues et ceux qui tenaient des lieux de

débauche, les ouvriers qui fabriquaient les idoles, les gladiateurs, les astrologues, les conducteurs de chars dans les cirques. Ils étaient obligés de renoncer à ces professions s’ils voulaient être baptisés, el s’ils y retournaient après leur baptême, ils étaient excommuniés.

Choix d’un état de vie.

1. Règle générale. —

L’homme doit se préparer à la béatitude éternelle dans les conditions concrètes où l’a placé la divine providence. La béatitude éternelle est, on le sait, la fin dernière de toute l’activité humaine. Dès lors, il faut considérer, dans le choix d’un état de vie, le rapport de celui-ci à la fin dernière de l’homme. Celui-ci ne pourra donc choisir qu’un état honnête et qui ne soit pas un obstacle insurmontable à la fin dernière.

Il devra, en outre, examiner avec soin ses aptitudes internes et externes, physiques, morales et intellectuelles, de manière à avoir la certitude qu’il pourra, avec la grâce de Dieu, remplir les obligations particulières à l’état de vie qu’il veut embrasser. S’il s’agit de l’état sacerdotal ou de l’état religieux, il devra étudier avec une grande sollicitude sa vocation. Voir Vo C.TIOX.

2. Règles partieulières.

a) La plupart des hommes devant se procui-er par le travail les moyens nécessaires à leur subsistance, doivent s’adonner à un métier ou à une profession lucratifs. C’est là un devoir de charité envers soi-même. D’une manière générale, la nécessité du travail s’impose d’autant plus que la jjopulation du territoire est plus dense. Il est bien évident que, par suite de la concurrence, la quantité de biens matériels disponibles, je veux dire de biens que l’on peut se procurer sans travail ou avec peu de travail, cette quantité diminue à mesure que le nombre des parties prenantes augmente.

Ceiicndant, la nécessité pour l’homme du travail intellectuel ou corporel ne provient pas seulement de la nécessité de la subsistance quotidienne : elle découle encore de l’obligation de fuir l’oisiveté, afin d’éviter de tomber dans toutes sortes de vices. Telle est, en effet, la condition de la nature corrompue par le péché originel que, si elle se laisse aller à l’oisiveté, elle ne tarde pas à tomber dans le péché.

b) Les riches, qui n’ont pas besoin de travailler pour se procurer le pain quotidien, sont soumis eux aussi à la loi du travail et doivent se créer des occupations utiles. Le danger d’oisiveté est imminent pour eux, et pour eux aussi l’oisiveté est la mère de tous les vices.

Le riche reçoit de nombreux bienfaits de la société : protection, sécurité pour sa personne et ses biens ; il doit donc, en contribuant au bien comnuin par un travail adapté à sa situation, payer sa dette envers la société. Le riche fainéant ne serait qu’un iiarasite social.

L’oisiveté des riches est un exemple dissolvant pour la masse des travailleurs qui peinent et qui souffrent ; elle excite l’envie, la rancune, la haine du peuple et préparc de terribles révoltes. Ceux qui possèdent en abondance les biens de la terre satisferonl à la loi générale du travail en cultivant les arts, les lettres, les sciences, ou encore en se dévouant à la chose publique. Au reste, dans le temps où nous vivons, les riches n’ont que l’embarras du choix pour trouver une occupation utile. Les œuvres sociales catholiques, les institutions d’assistance pour les pauvres, les malades, les orphelins, l’action publicpie par la presse, les réunions, les associations, fournissent un vaste chamj) à l’activité de ceux que Dieu a comblés des biens de la fortune.

D’ailleurs, le riche satisfera en partie à la loi générale du travail en élevant chrélicnnement sa famille, en prenant soin de ses domestiques et des autres personnes qui dépenilent de lui.

f) Nous avons considéré le choix d’un état en gêné-