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aux deux parties jusqu’à ce que le Saint-Siège eût dirinié la question (1588).

2. Une autre controverse surgit bientôt après. Depuis les origines de l’université, les Pères jésuites occupaient à Douai une chaire de théologie ad doccnda pasioralia. Le P. Deckers venait d’y monter ; il enseignait le niolinisme et avançait que cette doctrine était celle de saint Thomas et de la plupart des théologiens. Le professeur Rythovius s’attacha à le réfuter. Le jésuite répondit ; la querelle s’envenima et dégénéra bientôt en attaques personnelles.

Deckers alla jusqu’à dire qu’il ne voyait aucune dilïérence réelle (sccundum rem) entre la doctrine thomiste sur la prédestination physique et celle de Calvin. Les évêques de Tournai et d’Arras intervinrent pour ramener la paix et pour inviter les jésuites à ne pas enseigner des doctrines contraires à celles de l’université. Les Pères acceptèrent, sous réserve de l’approbation de leur supérieur. En 1.591, le provincial Olivier Manare refusa son consentement à cet accord et en appela au nonce de Cologne. Sur ces entrefaites, la cour de Bruxelles fut avertie et ordonna à la faculté de publier le décret de Sixte-Quint de 1588. Ce fut alors qu’Estius entra en lice et envoya un mémoire très important contenant des réclamations qu’il croyait fondées. Serry l’a publié dans VHistoiid conf/irf/alionis de auxiliis, où il résume cette controverse. Enfin, le 26 septembre 1591, des ordres définitifs dans le même sens furent donnés aux évêques et au recteur : tous se soumirent sans nouvelle observation.

La querelle n’eut pas d’autres suites, au moins pour le moment. En décembre 1602, nous voyons Estius et les jésuites donner ensemble un avis motivé au magistral de Douai. Celui-ci avait posé celle question : Faut-il accorder le saint viatique aux condamnés à mort ? Les deux autorités théologiques furent pleinement d’accord iiour répondre afiirmativement.

3. Nous trouvons aussi, dans le même ouvrage de Serry, 1. III, c. iv, et dans les Mémoires importants pour servir ù l’histoire de l’université de Douai, y>. 102, attribuées à Quesnel, trois lettres dont on prétend qu’Estius est l’auteur. Elles attaquent vigoureusement le molinisme et le P. Jean Deckers, son défenseur ; mais Liévin de.Mej-er doute que ces écrits émanent réellement du savant professeur.

On cite enfin de lui plusieurs pièces de vers sans importance.

III. AppnÉciATiox.

La réputation d’IIstius fut et reste grande dans l’école. Benoit XIV l’appelle doclor fundalissimus. Bossuet et Fénelon en font l’éloge et citent longuement des textes tirés de ses ouvrages à propos des points les plus délicats de la dispute fameuse sur le quiélisme. Cf. Srronde lettre’Il réponse ù divers écrits. Le cardinal de liérullc icconuuande toutes les œuvres d’I-^slius à ses fils de l’Oratoire. Ellies Dupin, Richard Simon, dom Calmet, Cornely, ces spécialistes en fait d’exégèse, louent pres<iuc sans réserve ses Commentaires sur les fjp’ilres des apôtres. Tirin et.Ménochius citent sans cesse ses xjjositions scrlpturaires, Steyacrt et Paquot placent ses Commentaires sur le Maître des Sentences au premier rang des théologies après la Somme de saint Thomas.

V. André, Fasti ncademici stiidii generalis Lovanirnsis, MV.’f.S ; d’Arucntré, Colleclio judicinritm, t. iii, p..571 ; de l’.atker, hihlinlluque des érritmins de la Compnqnic de Jésus, X. ii, p. 720 ; ’l’h. Tlouqiiillon dans In Heiiiic ile.i v’iVnrp.i eccl^siiistiriiics..'>' sitio. l.SSO, t. ii, p. 211 ; (loin Uilmct. Diclionnnire de In Uible. t. vi ;. Corndy, 111^liirica et crilica inlrodiirlio in iilriiisqiie Tmlanienli liliros wirroï, f. iii, p. 17 ; <|u (Ihosne, Jlisloire ilii ttainnisme, Doiini, 17.31 ; l-Aiei Dupin, liihtiolltéqite des (iiileiirs ccrlà^iastiqucs du mu’sidcle, I" partir, p. l.’Hi ; l’oppens, Hi bliollieca Belgica, t. i, p. 399, avec portrait ; Hurter, Nomeiiclalor IHcrarius, G’cdit., Inspruck, 1907, t. iii, col. 484489 ; Th. Leuridan, dans la Revue des sciences ccclésias tiques, 8’série, 1895, t. ii, p. 120-131,.320-340, 481-495 ; L. de Meycr, Ilistoria cnntroversinrum de auxiliis, 1715, 1. 1, n. 7, 10, 18 ; Paquot, Mémoires pour servir ù l’histoire littéraire des Pays-Bas, 1~68, t. II, p. 481 sq. ; Epitome eommentariorum Guillelmi Eslii… per Joannein a Gorcuni in j omnes epislolas divi Pauli, 1776 ; en tête se trouve la vie j d’Estius ; édition Paquot ; Serry, Historia congregalionis

de auxiliis, 1700, t. i, c. v, Append. iv et xv ; R. Simon,
Histoire critique des princ. commentateurs du y. T., 1693,

c. XLiii ; Critique de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, 1688, t. II, 1. IV, c. x ; Sagarv, dans la Bévue de Lille, ’1896, p. 179.

L. Salembier.

i ESTRIX (ESSCHERIX) Gilles, né à Matines le 5 septembre 1624, entré dans la Compagnie de Jésus le 30 septembre 1641, enseigna la philosophie pendant quatre ans et la théologie pendant sept ans à Louvain ; fut provincial de son ordre en Belgique ; , étant allé à Rome, en 1687, pour l’élection du général de la Compagnie, il y fut retenu par le nouvel élu, le P. Thyrse Gonzalez, qui le nomma d’abord censeur des livres, puis secrétaire de la Compagnie. En Belgique, le P. Estrix fut un adversaire infatigable du jansénisme et du rigorisme, qu’il poursuivit notamment dans les écrits de plusieurs professeurs de l’université de Louvain. Il défendit contre eux surtout la sufïisance de l’attrition dans le sacrement de pénitence. Dans sa Diatriba theologica de sapicnlia Dei benefira, Anvers, 1672, oi’i il critique VInstruclio ad tironem theologum de melhodo théologien du chanoine van Buscum, il soutient une proposition, qui sera condamnée par Innocent XI en 1679, sur la compatibilité de la foi surnaturelle et salutaire avec la connaissance seulement jn-obable de la révélation. Lu Diatriba et deux autres écrits, où il a essayé de justifier cette proposition, ont été mis à l’index en 1674, par décrets du Saint-Ollice du 24 février et du 19 juin, le troisième doncc corrigatur ; mais l’ouvrage de an Ruscumaétéégalement prohibé. Estrix emprunta le pseudonyme Franciscus Simonis pour dénoncer au Saint-Siège les excès du rigorisme patronné par les docteurs de Louvain, dans Status, origo et seopus reformalionis hoc Icmpore altentalx in lielgio circa administrationcm et nsum sacramenti pxiiitentiæ juncla piorum supplicatioiic ad Clementem X P. M., in-12, Mayence, 1675, deux éditions. Les professeurs attaqués ripostèrent en dénonçant à Rome les erreurs des casuistes et la pratique « relâchée » qu’ils propageaient dans l’administration des sacrements, surtout de la pénitence. Innocent XI, dans la congrégation du Saint-Ofiice du 2 mars 1679, condamna 65 propositions de morale, sans eu désigner les auteurs. Aussitôt on vit paraître dans les Pays-Bas lui petit volume anonyme sous le titre : Décret de A’. S. P. le pape Innocent XI contre plusieurs , propositions de monde, contenant le texte latin avec traduction française de la sentence et des propo. sitions frajjpées, et, à la suite, des « Règles générales I pour confirnu’r l’utilité de ce décret > : puis, un long j ' Avertissement > sur l’histoire de la condanmation, I dont il est fait honneur surtout aux elTorls des docleurs de Louvain ; en fin une « Table des livres et autres écrits, où les propositions de morale condamnées j par le décret de N. S. P. le pape Innocent XI ont été j ci-devant flétries, et dans lesquelles on en avait déjà I demandé ou prononcé la condamiuilion. » Dans cette I table, qui renvoie souvent aux /’/oy//icjV ; /cs de Pascal, ! chacune des propositions condamnées est attribuée ù I des auteurs explicitement nommés : ce sont, pour la plupart, des jésuites, avec un certain iiombre (le franciscains flamands. Le P. Estrix, très malmené dans r « .verlisscmenl’et dans la « Table >, répliqua par