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ENFER D’APRES LES PÈRES
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Ad Demetrianum, c. xxiv, xxv, P. L., t. iv, col. 581 sq., édit. Hartel, 1. 1, p. 368 : Cremabit additos ardens seniper gehenna et vivacibus flammis voiax pœna ; ncc erit iinde liabere (ormenta vcl requiem possint aliquando vel finem ; ce texte semble même exclure toute niitigation : Eril tune sine fructu pœnitentiæ dolor pœnse ; inanis ploratio et inefficax deprecatio. In œternam pcenam sero credent qui in vitam œternam credere nolueruni. Ici-bas, se fait la grande décision : Hic vita au[ amittitur aut tenetur. De mortalitate, c. xiv, P.L., t.iv, col. 614 ; mori timeat, qui… gchennæ ignibus mancipatur. .. Mori timeat qui ad sccundam mortem de hac morte transibit. Mori timeat quem… perennibus pœnis ccterna flamma torquebit. Cf. Ad Thiberitanos, 7, 10, P. L., t. IV, col. 365, 367 ; Ad Fortunatum, de exhortatione mariyrii, n. 3, 5, col. 683 sq., avec citations bibliques, notamment celle de Apoc, xiv, 10, 11. Voir aussi une affirmation du tartarc, œlcrna supplicia, perpctuæ noctis vastam œternamque caliçjincm, dans Epist. clcri romani ad Ci/prianum, n. 7, P. L., t. iv, col. 322.
Saint Cyprien ne parle pas du délai de l’enfer ; ses textes semblent plutôt contraires à cette opinion-M. Tunnel, Histoire de la théologie positive, p. 192, la voit dans Ad Demetrianum, 21 ; mais on peut ne voir là qu’une simple description du jugement dernier et des supplices qui le suivent, comme dans l’Évangile. Cf. Atzbergcr, op. cit., p. 538-.’ilO.
Le De laude martiirii, longtemps attribué à saint Cyprien, et qui serait, peut-être, de Novatien, renferme de belles considérations sur la vie de l’au-delà, en particulier sur l’enfer, c. viii, P. L., t. iv, col. 823 : Teneat cupidilas ista vivendi sed quos inexpiuhili malo sseviens ignis œterna scelerum ultione torquebit. Teneat cupiditas vivendi, sed quibus et mori pœna est et durarc iormentum. Cf. c. v, 12 : negatores gehenna eomplexa seternus ignis inardescel ; c. xx, 21 : une description détaillée de l’enfer, sœuiens locus, etc., lieu de pleurs, de flammes, eruclantibus flammis pcr horrendani spissæ noctis caliginem sœva semper incendia camini fumantis expirât, globns ignium arctatus obstruitur et in varias pœnse exitus relaxatur ; de supplices multiples décrits d’après Virgile, plus que d’après la sainte Écriture : des poids écrasants, des courses précipitées, des chaînes, des roues, des compagnies insupportables, etc. Jbid., col. 829 sq.
Le De Trinitate, qui est certainement de N’ovatien, c. I, P. L., t. iii, col. 888, contient une affirmation de la dilatio infcrni et du scheol général où les justes et les méchants attendent, futuri judicii pra’judicia sentientes..Même doctrine dans les Tractatus édités l^ar liatiHol, 1900, sous le nom d’Origène, tr. V, 1). 14 sq., 52.
2. Arnobe.
On sait que son Adversus nationes Cvers 300) est une œuvre de cathéchuméne la’ic, polémiste sincère, mais médiocre théologien. Il aflirme, clairement d’abord, la foi au feu de l’enfer, 1. II, 11. 8, M, P. /.., t. v, col. 831, 832. Mais cet enfer semble être pour lui un instrument d’anéantissement des méchants ;.rnobe est conditionaliste, « u</c//s ridere nos cum gchennasdicimus et incxtinguibiles quosdam ignés, in quos animas dejici ab earum hostibus inimicisque cognovimus. Pourtant, Platon, lui aussi, a cru au Périphlégéthon ; et même il croit à l’immortalité de l’âme suppliciée. Ln cela, il a tort : quod sit immoriale quod simptcx, nultuiii passe dolorcm admittere ; quod aiitem scntiat dolorcm immortalitatem habere non passe. Les âmes jetées dans les llammes sont donc nd nihilum redaclw, inirrilionis pcrprtuie /rustralione vancscunt. L’âme est, en eflct, mediic qualitalis, capable de vie immortelle seulement si elle s’attache à Dieu et au Christ, autrement, /prc est hnminis mors l’cra cum animæ ncscientes Deum pcr longissimi teniporis cruciatum consumentur igni fero.
3. Laclancc expose ex professa son eschatologie. Instit. divinæ (305-310), 1. VII, c. xiv-xxvi, P. L., t. VI. D’abord dilation et hadès commun aux justes et aux impies, jusqu’au premier jugement, c. xxi, col. 802, 803. Après la défaite de l’Antéchrist, premier jugement par le feu : tous passent par le feu bien que les justes n’en souffrent pas ; les pécheurs et les impies in easdem tencbras recondentur ad certa supplicia destinali. Ibid. Alors, règne millénariste, dernière lutte, résurrection générale ; les pécheurs sont condanmés ad cruciatus sempiternos. Enfin, le diable avec ses ministres et toute la tourbe des impies, à la face des anges et des justes perpétua igni cremabitur in seternum, c. xxvi, col. 814. Dans le c. xxi, col. 802, Lactance essaie un des premiers d’expliquer la nature et l’action de ce feu de l’enfer. Le corps ressuscité ne sera plus comme notre chair terrestre, mais insolnbilis ac permanens in œternum ut sufjleere possit cruciatibus et igni scmpiterno cujus natura diversa est ab hoc nos/ro, lequel a besoin d’aliments. A/ ille divinus pcr seipsum semper vivit ac viget sine ullis alimentis, nec admistum habet fumum : sed est purus ac liquidus et in aquæ modum fluidus. Non enim vi aliqua sursum versus urgetur, etc. On voit combien cette représentation du feu infernal diflère des tourbillons, des flammes ardentes, impétueuses, fumeuses, etc., de la plupart des autres Pères.
Ce feu agit aussi sur les damnés : una cademque vi… et cremabit impios et rccrcabil et quantum de corpcribus absumct, tantum rcponet ac sibi ipse œternum pabulum subministrabit. Cette explication n’aura pas de fortune ; l’incorruptibilité du corps ressuscité étant généralement admise, il faudra expliquer autrement sa passibilité.
Cꝟ. 1. VII, c. V : la fin de la création de l’iiomnic est l’éternité de vie heureuse ; à ceux qui refusent cette fin, l’éternité des supplices ; c. x, xi, l’éternité comme sanction, récompense ou châtiment, col. 768, 769 ; 1. VI, c. IV, col. 644, 616, les conséquences éternelles de la vie d’ici-bas jouisseuse ou soulIrante ; l. ii, c. xiii, mors prima et sccunda, eu/us non ea vis est ut in/ustas aninms exslinguat omnino, sed ut puniat in œternum. Cf. Epitome div. instit., c. lxxii.P. /.., t. vi, col. 1091. Dans le De n « De/, il faut noter, c.xxi, P. L., t. vii, col. 740, cette pensée : Dieu éternel peut avoir une colère éternelle ; donc ira dirina in œternum manet ad j versus eos qui pcccanl in œlcrnum.
1. Commodien, le premier poète chrétien (chronologi quemenf, entre 250ct 310), dans ses deux poèmes, aime les descriptions eschatologiques ; elles sont semblables à celles de Lactance, dilation, millénarisine, feu éternel de l’enfer. Voir surtout Inslr.. 11.4 ; 39, V. 8 sq. ; i, 29, v. 16 sq.. P. L.. t. v, col. 223 ; Carmen
I apologeticum, v. 999 sq., 741 sq., 609 sq., édit.
1 Dombart, Corpus de Vienne, t. xv.
5. Saint Victorin de Pcttau. le premier commentateur de r.pocalypse ( ers 300), sur le ci, 14, P. Z… t. V, col.’MH.nous dit : flamma i gnis…pra-cepta Dei quæ
ministrant iustis incredulis incendium ; col. 313 :
igncum ingrcdientur stagnum ; c. vii, 2, col. 33 1, d’après la parabole de l’ivraie, le Seigneur viendra crcmarc igni œterno les imjjies : donc, feu éternel de l’enfer. Au c. VI, 9, col. 330, l’exégète semble admettre un hadès commun jusqu’au jugement ; Valtarc, sous lequel sont les âmes des martyrs est, en elTet, non le ciel, mais la terre, sub quu est i/i/crnus, région, d’ailleurs, rc/Jio/ « a pœnis et ignibus, lieu de repos ; les impies les y verront ; mais, entre eux, se trouve l’infranchissable séparation. l’Infin, in novissimo tcinporr. sanctorum rémunérai io perpétua, et impiorum… ventura d<nnnalio. En attendant, dirlum est cis rxspeclarr.
C. Eirmirus Malernus, Dr errorc prnfaïuir. rcligionum (vers 347), c. xix, afllrme rcxislencc du feu