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ESPRIT-SAINT


texte, la pensée du saint docteur est clairement exprimée dans les passages cités plus haut.

On donne comme contraires à la procession du Saint-Esprit (ib uinxitie deux passages de saint Grégoire de Nysse. Dans le premier, il est dit que c’est une seule et même personne qui engendre le Fils et fait procéder le Saint-Esprit. De commiinibus notionibus, P. G., t. XLV, col. 179-180 ; Macairc, op. cit., t. i, p. 315 ; Sylvestre, op. cit., t. ii, p. 439. Mais ce texte n’a rien de contraire à la doctrine catholique, car le Fére demeure toujours la cause primordiale du Fils et du Saint-Esprit par le Fils. Franzelin, Examen Macarii, p. 145. Dans le second, il est dit que le Saint-Esprit, par sa propriété personnelle (év zm t5tâ !  ; ovTi), procède du Père autrement que le Fils et cju’il est manifesté par le Fils : c, i’a.)-ot ToO TloO 7t£<pT|V£va’.. Co/î/ra Eunomium, i, P. G., t. XLV, col. 336. Mais il est évident que ce texte affirme explicitement la procession ab utroque. En effet, le Saint-Esprit a un caractère personnel (îôià^ov) qui le distingue du Père et du Fils. Il le distingue du Père, parce que le propre du Saint-Esprit à l’égard au Père est de ne pas procéder du Père par voie de génération comme le Fils ; il le distingue du Fils, parce que le propre du Saint-Esprit par rapport au Fils est d’être manifesté par le Fils. Cette manifestation, comme l’indique le verbe Ticç/ivs’vai, est une manifestation éternelle, qui correspond à la procession éternelle du Saint-Esprit du Fils. Vckkos, Ad Theodonim Sugdeæ, i, 7, P. G., t. cxli, col. 301.

5. Saint Grégoire de Nazianze demeure fidèle aux principes de saint Athanase et de saint Basile, principes qui aboutissent à la conséquence logique de la procession ab utroque. Il distingue ainsi les propriétés personnelles des trois hypostases divines : le Père est avap^oç, le Fils àpyr, , le Saint-Esprit [nza. Tî|c àpxô ?- Orat., XLii, 15, P. G., t. xxxvi, col. 47C. Tout ce qui est au Père, le Fils le possède ; tout ce qui est au Fils, l’Esprit l’a aussi. Orat., xxxiv, 10 ; XLI, 9, P. G., t. xxxvi, col. 252, 441. Tout ce qu’a le Père est du Fils. Tout ce qui est au Fils est de l’Esprit, excepté la filiation et l’incarnation. Orat., XXXIV, 10, col. 252. La formule de saint Grégoire de Nazianze est : Un seul Dieu par le Fils engendré aboutissant à un seul Esprit. Exhort. ad virgines, Carmina, i, 3, P. G., t. xxxvii, col. 632, Voir aussi Orat., xxxi, 4 ; xxxiii, 17 ; xl, 42 ; xli, 9, col. 137, 236, 420, 441. Il fait cette belle comparaison, pour expliquer les processions divines : « Une source, une fontaine et un fleuve, voilà peut-être ce qui peut représenter le Père, le Fils et le Saint-Esprit. En effet, ces trois choses ne sont pas séparées dans le temps ; elles forment ensemble un même contenu, bien qu’on puisse les distinguer par leurs caractères. » Oral., XXXI, 31, 32, P. G., t. xxxvi, col. 109. Saint Grégoire de Nazianze établit donc une relation de continuité entre les personnes divines. Le Père est la source, ôçOaXijo ;, qui verse l’eau dans la fontaine, Tz-r^yr^, d’où sort le fleuve, TtoTaaô ;. L’être divin de la source passe à la fontaine, et de la fontaine au fleuve. D’après la théorie photienne, nous n’avons pas de fontaine : nous avons deux fleuves qui jaillissent de la même source, suivent deux voies divergentes et ne se rencontrent pas.

La même conclusion favorable au Filioquc découle d’un autre texte du saint docteur : Le Père est le soleil, le Fils le rayon, le Saint-Esprit la lumière. La théorie photienne supprime le rayon. Le Fils et le Saint-Esprit sont deux lumières identiques. En quoi se distinguent-elles, puisqu’elles procèdent du même soleil ? La théologie orthodoxe esquive toujours la réponse à cette question, parce qu’elle aboutit logiquement à l’identification du Fils avec le Saint-Esprit.

Macaire, op. cit., t. i, p. 314-315, et Sylvestre, op. cit., t. ii, p. 441, 442, citent de saint Grégoire, comme contraires au Fitioque, deux textes où il affirme que le propre du Fils et du Saint-Esprit est de procéder, Orat., xxv, 16, P. G., t. xxxv, col. 1221, et que ce qui est au Fils est au Saint-Esprit, sauf la qualité (lu Fils. Orat., xxxiv, 10, P. G., t. xxxvi, col. 252. Le premier texte, il est inutile de le faire remarquer, ne contient aucune allusion aux personnes c|ui sont le principe de la spiration du Saint-Esprit. Le second, au contraire, est favorable au Fitioque. Saint Grégoire déclare qu’au Fils appartient tout ce qu’a le Père, excepté être cause, tt/TiV tr, ; aî-t’ar. Le mot aÎTi’a du saint docteur répond àlaTipo-z-aTap-xTiz-r, aîria de saint Basile. Il indique simplement que le Père est une cause et un principe sans principe, mais il ne nie pas que le I<"ils soit avec le Père le principe d’une spiration divine. Franzelin, Examen Macarii, p. 159, 160. Quant aux nombreux textes de saint Grégoire que Zoernikav amoncelle contre le Fitioque, op. cit., t. i, p. 40-50, ou ils traitent de la distinction entre les trois personnes divines, ou même ils déclarent que le Saint-Esprit provient du Père comme de la cause primordiale. Il n’y a rien, dans ces passages, qui contredise à la procession du Saint-Esprit ab utroque.

6. Saint Épiphane ne se borne pas à témoigner en faveur de la procession du Saint-Esprit du Père par le Fils. Il adopte aussi la formule qui est l’équivalent de la formule latine : a Pâtre Fitioque. Il établit que le Saint-Esprit procède du Père et reçoit du Fils, scrute les profondeurs de Dieu et annonce celles du Fils. Ancoratus, 7, P. G., t. xliii, col. 23 ; Hier., hær. lxix, 59 ; Lxxiv, 10, P. G., t. xlii, col. 301, 493. Il est l’Esprit du Père et l’Esprit du Fils, non par composition comme en nous l’âme et le corps, mais il est au milieu du Père et du Fils, sortant du Père et du Fils, èv i.iqu> Ilavpô ? /.al l’ioO, iv. toO Ilatpô ; "/.ai xoO VioC. Ancoratus, 8, 71, col. 29, 148. Le Saint-Esprit est éternel, non engendré, non créé. Il n’est ni frère, ni oncle, ni aïeul, ni neveu, mais de la substance identique du Père et du Fils, éx zf^i aJTTiÇ oùaiaz Ilarpô ; -/.a’. VioO. Hær., hær. lxxiv, 12, P. G., t. xlii, col. 497. « Il faut croire du Christ qu’il provient du Père, Dieu provenant de Dieu, et de l’Esprit qu’il provient du Christ, ou mieux de tous les deux, car le Christ a dit : Qui a Paire procedit, et ailleurs, De meo accipiet. » Ancoratus, 67, col. 137. Dieu nomme Fils celui qui tire de lui son origine et Saint-Esprit celui qui procède des deux : tô izxp’às^soTÉpiov. Le Saint-Esprit est l’Esprit de vérité, la troisième lumière du Père et du Fils : 9(7j ; TpsTov Kxoà Flaipô ; y.a Vio-j. Ancoratus, 71, col. 148 ; Schcrmann, p. 240-242. La même doctrine est formulée à la fin de l’A/icora/us. Le Saint-Esprit y est mentionné comme procédant du Père et recevant du Fils : iv. toO IlaTpô ; èx71rjpî’j(>jj.Evov y.al iv. toC Vioû "Ax(j.gavô(ievrjv. Hahn, op. cit., p. 136 ; P. G., t. xliii, coi. 236.

Après CCS témoignages si explicites au double point de vue de la pensée et de l’expression, il est bien étrange que les théologiens orthodoxes fassent de saint Épiphane un adversaire du Fitioque. Zoernikav, op. cit., t. i, p. 50-59, cite un grand nombre de textes d’Épiphane où il est dit que le Saint-Esprit procède du Père. Dans une note sur les élucubrations de Zoernikav, ibid., p. 59-60, Eugène Bulgaris amoncelle les passages où le saint docteur proclame que le Saint-Esprit procède du Père et reçoit du Fils, pour en conclure qu’il procède du Père seul, parce que de meo accipiel se rapporte à la mission temporelle. Macaire. op. cit., t. I, p. 315, cite d’abord un texte de V Ancoratus, où les mots jj^ôvov r’o (lévov Ilvej|ia sont traduits comme s’il y avait [jiivûv âx [xôvoy IlvEC|xa. Franzelin, Examen Macarii, p. 151, 152. Reinar-