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ESPRIT-SAINT


dons de la grâce qu’il répand dans les co : urs des fidèles. Macaire, op. cit., t. i, p. 281, 282. Les Pères de l’Église ont bien déclaré, et cela suffit pour renverser l’argument de Macaire, qu’il est toujours question du Saint-Esprit, toutes les fois que l’Ecriture dit l’Eapril du Père, VEsprit du Fils. Ces dénominations désignent le Saint-Esprit comme personne divine. S. Athaiiase, Epist., i, ad Serapionem, 4, P. G., t. XXVI, col. 536, 537. Saint Basile déclare que l’Esprit du Christ est inséparable du Christ : s’il en est inséparable, il n’est pas un don. Episl.. xxxviii, 4, P. G., t. xxxii, col. 329. Cf. Alaxime. Quæstiones ad Timlassium, 63, P. G., t. xc. col. 672 ; Franzelin, De Deo trino, p. 424, 425 ; Kolling, Pneumalologie, Gutersloh, 1894, p. 320-323 ; Swete, The Holy Spiril in ihe Xew Testament, p. 204-206 ; Hcinrich, Dogmalische Théologie, t. IV, p. 243-244.

2° L’Évangile de saint Jean renferme un autre texte décisif pour la question qui nous occupe. Le voici ; « Le Saint-Esprit ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu et il vous annoncera les choses à venir. Celui-ci me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncera. Toul ce que le Pre a, e-.l à moi. C’est pour cela que j’ai dit qu’il recevra de ce qui est à moi et qu’il vous l’annoncera. » xvi, 13-15. Le sens de ce texte est si clair, son affirmation de la procession du Saint-Esprit du Fils est si évidente que, pour en amoindrir la portée, Photius a eu recours à la chicane et à une exégèse b17arre. Le Père donne au Fils et le Fils communique à l’Esprit, explique saint Cyrille de Jérusalem. En effet, ce n’est pas moi, c’est Jésus luiiiiênie qui a dit du Saint-Tisprit : Il recevra de moi. Cal., xvi, 24, P. G., t. xxxiii, col. 952

Le Saint-Esprit ne parle pas de lui-même, c’est-à-dire la sagesse qu’il possède n’est pas une sagesse principiclle, mais une sagesse communiquée. Quelle est la nature de cette sagesse ? Devons-nous dire que réellement le Saint-Esprit est plongé (hins l’ignorance et qu’il doit être éclairé par le Fils ? Si nous répondions alfirmativement, le Saint-Esprit ne serait plus Dieu. Nous (levons donc reconnaître que le Fils transmet au Saint-Esprit la sagesse divine, que celle sagesse est identique avec l’essence divine ; en d’autres termes, que le Fils transmet au Saint-Esprit la divinité qu’il reçoit du Père. Car on dit aussi du (Christ qu’il révèle au monde ce qu’il a entendu du Père. Joa., viir, 26 ; ce que le Père lui a enseigné, ibid., 28, que sa doctrine n’est pas à lui, ibid., vii, Ifi : que c’est le Père qui a révélé ce qu’il doit dire et enseigner, /bid., xii, 40. Puisque ces textes montrent que le Fils reçoit du Père la sagesse divine, identique avec l’essence divine, le texte semblable qui se rapporte au Saint-Esprit aflirme que le Saint-Esprit reçoit du Fils la sagesse divine, identique avec l’essence divine. Franzelin, De Deo trino, p. 413. Saint Fulgence donne un beau commentaire de ce texte pour prouver que le Saint-Esprit procède ab utroque : De Filiu crgo arccpit, et omniu quæ liabcl Pater, Filii sunt quæ Spiritus Sanclus accepit, quia non de solo Paire, ncc de solo Filio, sed simut de utroque procedit. In illa natura ubi est summa et ocra simplicilas, in ro Filius videt quod Patrr facil, et Spiritus Sanctus audit quod cum Paire Filius dicit, quia communiom : naturcdis cssentiee et Filius de Paire natus cxislil, et Spiritus Sanctus de Paire F iliaque procedit. Une est igitur Spirilui Sancto audire, quod est de natura Patris Filiique procederc. Contra Fabianum, xxv, /’. L., t. lxv, col. 781.

Les Pères sont unanimes à tirer de ce texte la preuve de la prorcssion du Saint-Esprit du I-’ils. Il recevra de moi, dit Terlullien. comme lui-même il reçoit de ce cjiii est au Père. Adversus Praxcam, 25, P. L., t. il, col. 211. Ce qu’il a reçu par l’unité de nature, par la

même unité, le Saint-Esprit le reçoit de lui. S.Ambroise, De Spiritu Sanclo, ii, 134, P. L., t. xvi, col. 803. Il reçoit du Fils, dit saint Hilaire, celui qui est envoyé par le Fils et procède du Père. Que s’il n’y a pas de différence entre recevoir du Fils et procéder du Père, ce serait la même chose que recevoir du Fils et recevoir du Père. Car le Seigneur lui-même nous dit : Il reçoit de moi. Ce qu’il recevra, que ce soit la puissance ou la vertu, ou la doctrine, le Fils déclare qu’il le recevra de lui. De Trinilate, viii, 20, P. L.. t. x. col. 251 La même doctrine est enseignée par les Pères grecs. Voir S. Cyrille de Jérusalem, Cal., xvi. 24, P. G., t. xxxiii, col. 952 ; S. Épiphane, Ancoralus, 07. 73, P. G., t. XLiii, col. 137. 153 ; U., Hær., lxxiv, 4, P. G., t. XLii, col. 430 ; S. Cvrille d’Alexandrie, In Joa., xii, 15, 26, P. G., t. Lxxiv, col. 427.

Photius a consacré les § 20-30 de sa Mijslagogie à torturerle sens si clair de ce texte pour entireruneconclusion qui, remarque justement le P. de Régnon, op. cit., t. iii, p. 253, rompt avec toute l’ancienne exégèse. P. G., t. en, col. 297-312. Il alfirme que, dans le texte iy. toj ij.rji), r|’]/£rai, on sous-entend le mot Ilaipo ;. Le sens du texte serait alors : // recevra de mon Père, P. G., t. en, col. 312. Cette interprétation est acceptée même de nos jours par les théologiens orthodoxes. Il n’a pas été difficile h la théologie catholique de montrer combien elle est fausse. Saint.Jean Chrysostome explique le sens du 7 : ap’é[j.oj. // recevra de ma science. In Joa.. homil. lxxviii. 2, P. G., t. Lix, col. 423. Le Saint-Esprit reçoit donc du Fils la science qui est au Fils. Manuel Calécas. Advcrsus Grœcos, i, P. G., t. CLii, col. 59, a bien mis en relief qu’au point de vue grammatical, l’adjectif possessif è|j.oj ne peut pas être du genre masculin. Il est du neutre, et, par conséquent, il ne se rapporte ]ias au Père. Si le Saint-Esprit reçoit du Fils, si tout ce qui est au Père est commun aussi au Fils, il est évident que le Fils est un seul Dieu avec le Père et que le Saint-Esprit dérive, vrai Dieu, de l’essence du Père et du Fils. Ce texte donc : // recevra de moi, ou ne signifie rien, ou ne signifie pas ce qu’on voudrait qu’il signifie. Ibid., i, col. 159. Cf. Hugues Etherianus, op. cit., II, 18, P. L., t. cil, col. 325-328 ; Bessarion, De processione Spiritus Sancli ad Loscarin, P. G., t. clxi col. 381 ; Petau. De Trinilate, vii, 9, 11, L iii, p. 330, 331 ; Swete, op. cit., p. 163-164.S

Les théologiens orthodoxes cliicanent sur le temps futur du verbe recevoir. Si l’expression : Il recevra de ce qui est à moi, signifie : C’est de moi qu’il tient l’éternité d’existence, de moi qu’il procède. ]K)urquoi le verbe recevra est-il au futur, ainsi que celui qui le précède immédiatement, glitriftcral » Macaire, op. cit., t. I. p. 279. L’objction a été déjà réfutée par saint Augj « tin : iVec moveat quod verbum futuri teniporis positum est… Illa quippe audicnlia sempilcrna est, quia scmpiterna scientiu.In co autem quod sempitcrnum est sine initio et sine fine, cujuslibel lemporis verbum punatur, sive prietcriti, sive prirsentis, sive fuUiri, non mend’icilcr ponitur. In Joa., Ir. XCIX, 5, P. I.., t. xxxv, col. 1888 ; Id.. Co ; i/r(( sermonem arianorunj. 24, P. L., t. xi.ii, col. 700 ; Georges (le Trébizonde, op. cit., 4, P. G., t. ci-i, col. 833. Les opérations immanentes de la divinité sont éternelles en elles-mêmes, dans la vie intime de Dieu, mais elles ])cuvent avoir une relation à un terme extérieur. Si on le considère en lui-même, l’acte immanent par lequel le Saint-Iilsprit reçoit du Père et du Fils l’essence divine est éternel. Mais, si on considère cet acte en tant qu’il se rapporte à un eflet temporaire et extérieur, il n’est pas étonnant qu’on parle de lui au passé ou au futur. L’acte de la création est éternel de la part de Dieu, parce que Dieu est toujours en acte ; mais il est temiiorairc par rai)port au terme extérieur qui est créé dans le temps. De même.