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ESPRIT-SAINT


en Jésus-Christ, Rom., viii, 2 ; nous communiquant la science surnaturelle de Dieu. I Cor., ii, 14.

La démonstration scripturaire de la divinité du Saint-Esprit est, chez Didyme, d’une richesse incroyable. Il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les c. xxi-xxvi du 1°=’livre De Trinilate, et les c. ii et III du II<^ livre, col. 364-394, 453-479. Les textes s’y amoncellent, bien souvent d’une manière désordonnée. Parfois, ils sont entassés sans explication ; parfois, ils sont suivis de commentaires très concis, qui se résument dans l’affirmation de la divinité du Saint-Esprit. La partie la plus importante de cette théologie scripturaire comprend les textes dont le sens a été faussé par les hérétiques. Ces textes sont l’objet de longues explications dans le II L" livre De Trinilate, et nous n’exagérons pas en disant que Didyme y a répondu d’avance aux objections scripturaires des sociniens du xvi’e siècle.

Le c. VI du II"^ livre De Trinilate contient une démonstration très étendue de la divinité du Saint-Esprit. L’argumentation est très simple, mais très persuasive. Les macédoniens soutiennent que le Saint-Esprit est une créature. Pour les réfuter, Didyme se livre à une étude comparative des propriétés du Saint-Esprit et des propriétés des créatures. Il lui est facile de démontrer que tout ce qui est dans le Saint-Esprit, soit comme qualité, soit comme opération, est marqué au coin de la divinité. L’Ecriture est toujours à la base de cette argumentation serrée qui force les macédoniens dans leurs derniers retranchements.

Les créatures ont commencé à exister ; le Saint-Esprit n’a pas de commencement, vi, 2, col. 508. Les créatures ne remplissent pas l’univers, ne le contiennent pas ; le Saint-Esprit, au contraire, contient tous les êtres. Les créatures sont soumises à la corruption, aux changements ; le Saint-Esprit, au contraire, est incorruptible et immuable. Or, ce qui est incorruptible et immuable n’a ni commencement ni fm ; cela est éternel. Ce qui est éternel est le créateur, non pas une créature. Ibid., col. 513. La créature n’a pas l’éternité parfaite et absolue, et si elle est immortelle, cette immortalité est un don de Dieu. Le Saint-Esprit, au contraire, possède l’éternité par sa nature. Ibid., col. 516. La créature raisonnable penche vers la vérité ou vers le vice, tandis que le Saint-Esprit est la perfection absolue. Il ne dilTère donc en rien du Père et du Fils. Ibid., col. 524. La créature est sanctifiée et justifiée par Dieu, qui est saint par sa nature. Le Saint-Esprit justifie et sanctifie, et il distribue les dons surnaturels. Il est donc consubstantiel au Père, ô ; j.oo-J(T ! ov Tw OîiT) llaToi. Ibid., col. 524. La créature ne peut pas être reçue par une âme raisonnable de manière à y habiter, tandis que le Saint-Esprit se communique substantiellement comme le Père et le Fils. La créature a une bonté relative, tandis que la bonté du Saint-Esprit n’a pas de bornes. Ibid., col. 532. La créature est dans un état servile, car elle n’est pas libre d’elle-même et ne peut donner la liberté aux autres. Ibid., col. 537. La créature ne commande paj par elle-même, tandis que le Saint-Esprit commande aux prophètes et aux apôtres. Ibid., col. 537. La créature reçoit sa force et sa puissance de Dieu, une force limitée, <|u’elle ne peut pas connnuniquer aux autres, tandis que le Saint-Esprit fortifie les créaturcs par sa force invincible. La créature est portée au mensonge, tandis que le Saint-Esprit est l’Esprit de vérité. Ibiil., col. 540. La créature n’a rien qui lui donne le droit de s’appeler la vérité divine ; le Saint-Esprit, au contraire, s’appelle la vérité comme le Père et le I-’iis, parce qu’il est de la même et unique divinité que le Père et le Fils, col. 541. La créature ne connaît pas ce qui est à Dieu et ne peut tendre à celle

connaissance, même si elle appartient au nombre des élus. Le Saint-Esprit, au contraire, tic ôii/oo-j<jtoç Ôeôç, connaît ce qui est en Dieu. Ibid., col. 54L La créature ne voit pas Dieu le Père en lui-même, cac la nature divine ne peut être comprise par la nature humaine. Le Saint-Esprit, au contraire, voit et cojinaît Dieu en lui-même, et il le voit par l’identité de la nature divine. Ibid., col. 544. La créature n’est pas associée à Dieu, parce qu’il n’y a rien de commun entre le créateur et la créature. Le Saint-Esprit, au contraire, est associé au Père et au Fils dans la formule du baptême. Ibid., col. 548. La créature ne saurait avoir les mêmes noms que Dieu, ni la même nature ; mais le Saint-Esprit est désigné sous des noms qui appartiennent à Dieu. Il a donc la même nature. Ibid., col. 552.

La nature divine du Saint-Esprit est révélée par ses opérations divines. Ibid., 11, 7, col. 560. Le Saint-Esprit vivifie : une vie substantielle, une vertu sanctifiante qui n’a ni commencement ni fin suppose la nature divine. Ibid., col. 561. Le Saint-Esprit ressuscite les âmes mortes par le péché et les- élève vers le ciel, ibid., col. 564 ; il remet les péchés, ibid, , col. 578 ; il viendra juger les hommes, ibid., col. 596 ; il ouvre les cieux ; il connaît les choses futures, ibid., col. 597 ; il distribue librement et à son gré les dons surnaturels, ibid., VIII, col. 600 ; il établit les prophètes et les pasteurs dans l’Église, ibid., col. 621 ; il promulgue des lois dans l’ordre surnaturel. Toutes ces opérations du Saint-Esprit sont attribuées au Père. Si donc, de ce que le Père est réellement Dieu, il s’ensuit que SCS opérations sont divines, de même, si les opérations du Saint-Esprit ne diffèrent pas de celles du Père, il s’ensuit que le Saint-Esprit est réellement Dieu. Ibid.. vii, col. 572.

Nous pourrions continuer cette longue énumération de preuves scripturaires et théologiques de la divinité du Saint-Esprit. Mais ce que nous avons dit suffit à montrer en Didyme un défenseur érudit et convaincu de la doctrine catholique. Il a bien raison de dire : « Par le témoignage de textes sublimes et divins, nous avons démontré que de toute élernité le Saint-Esprit a jailli d’une nature unique et divine ; qu’il est, quant à son essence et puissance, infini ot incorruptible, ccnime le Père et le Fils ; que le Père, en nous le donnant comme Saint-Esprit, alllrine sa consubstanlialilé et sa nature divine incrééc. Les Livres saints, sans exception, montrent l’unité de la nature divine et placent le Saint-Esprit à côté du Fils, décrivent ses opérations divines, l’aiipcllent l’Esprit-Saint par excellence, l’Esprit de Dieu qui vient de Dieu, l’Esprit de vérité, l’Esprit divin, le souflle du Tout-Puissant. Ces témoignages de l’Écriture suffisent pour fermer la bouche aux hérétiques. Mais l’Écriture ne s’arrête pas à ces témoignages. lîlle nous fait connaître que le Saint-Esprit nous déifie, nous délivre, nous ressuscite, efface nos péchés, nous communique la sagesse, nous sanctifie, remplit l’univers, inspire les prophètes et les apôtres, les envoie comme Seigneur, est glorifié avec le Père et le Fils. Comment donc ne serait-il pas Dieu celui qui nous déifie, ne serait-il pas Seigneur celui qui nous accorde la liberté… ? Ce qui sépare le Saint-Esprit des créaturcs n’appartient qu’à Dieu. Dieu n’est pas un être créé. Le Saint-Esprit donc est Dieu. » Ibid.. ii, 25, col. 748, 749. Quant à la personnalité divine du Saint-I- : sprit, Didyme emploie souvent la formule : p.ix oJTt’a, -pli ; j-offriiô’. :. une formule dont la paternité lui est attribuée â tort iiar Leipoldt. J)idi/mus der Blinde von Alcxundrien. Leipzig. 1005. p. 126131. Les nombreux passages qui contiennent cette formule, ou des expressions équivuJcntes, sont indiqués par Bardy, op. cit., p. 75. L’insistance avec