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ESPRIT-SAINT


ne l’empêchait pas de saisir les bonnes occasions d’exprimer sa foi en la divinité du Saint-Esprit. Il ne cessait d’affirmer et de prêcher qu’il fallait adorer le Saint-Esprit, parce qu’il était consubstantiel au Père et au Fils. Ses hésitations et ses réticences ne donnent donc pas le droit de conclure que sa foi en la divinité du Saint-Esprit fût chancelante. Des textes nombreux ne laissent pas le moindre doute sur sa parfaite orthodoxie. S. Grégoire de Nazianze, Oral., xliii, 69, P. G., t. xxxvi. col. 589 ; P. G., t. xxxii, col. 23-31. Voir plus haut, t. ii, col. 454.

4. Saint Grégoire de Nazianze renonce à la prudence et à la réserve qui s’imposaient à saint Basile, et prêche ouvertement la divinité du Saint-Esprit. Il laisse même supposer, en des termes couverts, que son zèle à proclamer la nature divine du Saint-Esprit l’avait forcé à quitter sa ville épiscopale et à se séparer des Pères du 1° concile de Constantinople (381).

De nouveaux troubles menaçaient l’Église, et beaucoup des Pères du concile étaient d’avis qu’il fallait ajourner la définition dogmatique de la divinité de la troisième personne. Saint Grégoire, au contraire, croyait que le dogme trinilaire avait atteint son plein épanouissement et qu’il était temps, par des formules précises, de réduire au silence les macédoniens et les eunomiens. Palmieri, Theologia dogmalica orthodoxa, Florence, 1911, t. i, p. 356-357.

Il distingue plusieurs étapes dans la révélation de la Trinité : « L’Ancien Testament annonce clairement le Père et obscurément le Fils. Le Nouveau Testament a manifesté le Fils, mais n’a fait qu’indiquer la divinité du Saint-Esprit. A présent, l’Esprit est parmi nous et se montre dans toute sa splendeur. Il n’eût pas été prudent, avant qu’on reconnût la divinité du Père, de prêcher ouvertement In divinité (hi Fils, et tant que celle du Fils n’eût pas été acceptée, d’imposer le Saint-Esprit, si j’ose m’exprimcr ainsi. » Oral., XXXI, 26, P. G., t. xxxvi, col. 101 ; Carm., i, 3, V. 25-35, P. G., t. XXXVII, col. 410. On a voulu à toute force voir dans ce texte ime ju-euve à rai)pui du développement substantiel du dogme trinitaire. Mais il sudit de remarquer qu’à plusieurs reprises saint Grégoire de Nazianze demande à la tradition de confirmer par son témoignage la divinité du Saint-Esprit. Il ne parle donc pas d’un progrès substantiel, mais de la profession plus explicite d’une vérité de foi qui était connue et anirmée par la tradition apostolique et anténicéenne. Les controverses christolo-Kiqucs, en développant admirablement la théologie du Verbe, avaient fourni aux pasteurs de l’Église les armes pour blesser à mort l’arianisme ; de même, à l’époque de saint Grégoire de Nazianze, les luttes lliéologiques, soulevées par les pneumalomaqucs, avaient donné un magnificiue essor à la théologie du Saint-Esprit, et il ne fallait |)Ius avoir de ménagements vis-à-vis des héréticiues. P. de Hégnon, op. cit., t. III, ]). 117-120 ; Ilergenrother, Die Lchrc von der gôlllichen Dreieinitjhcil narh dern lil. Gregor von.V « zianr, Hatisbonne, 1850, p. 204.

La théologie du Saint-Esprit est Ir.utéc avec ampleur par saint (irégoirc dans le v^ de ses discours théologiques, consacrés à l’exposé et à la défense du dogme trinilaire. Le saint docteur rappelle les origines anciennes de l’hérésie des pncumatomaqucs, qui remonte bien avant le iv » siècle, puisque les sadducécns niaient l’existence du Saint-Esprit. Oml., XXXI, 5, col. 137. Au ive siècle, faute de définitions précises, on ne savait pas encore, dans certains milieux, à quoi s’en tenir sur la nature de la troisième personne. Les uns considéraient celle-ci comme une force impersonnelle de Dieu, i’iéç)- ; tix-r, d’autres la rangeaient au nombre des créatures ; d’autres croyaient à sa divinité ; d’autres encore préféraient

ne rien hasarder, parce que, disaient-ils, l’Écriture sainte garde le silence sur le Saint-Esprit. Ces derniers s’abstenaient de tout acte de vénération à l’égard du Saint-Esprit : les autres, qui croyaient à sa divinité, n’étaient pas d’acccrd sur le culte à lui rendre. Les uns l’adoraient, comme le prescrit l’Église, à l’égal du Père et du Fils : d’autres ne craignaient pas de l’appeler Dieu ; d’autres enfin s’égaraient dans les fausses théories du trithéisme, imaginaient en Dieu un premier terme, infini par essence et puissance, un second terme, infini seulement par puissance, et un troisième terme, circonscrit par le premier et le second. Dieu, à leur avis, se composait d’un démiurge, d’un collaborateur, (r-jvspyoç, et d’un ministre, XsiTo-jpyixô ;, ou exécuteur des ordres divins. Ibid., 5, col. 137. On comptait même, parmi les auditeurs de saint Grégoire de Nazianze, des personnes qui n’avaient jamais entendu parler du Saint-Esprit, qui le traitaient de Dieu étranger et non scriptural, |évov T ; và Osôv y.a’i TrapfyypaTiTov. Ibid., 3, col. 136. Et ceux-ci poussaient l’audace jusqu’à lancer l’épithète de trithéiste aux défenseurs de la divinité du Saint-Esprit. Ibid., 13, col. 148 ; Hergenrolher, p. 206-208.

Contre ces blasphémateurs et méchants serviteurs de l’Esprit de Dieu, Oral., xli, 6, P. G., t. xxxvi, col. 437, saint Grégoire de Nazianze déclare que la théologie chrétienne reconnaît formellement la divinité du Saint-Esprit et que la négation de cette divinité est un horrible blasphème. Orid., xxxiv, 11, col. 252. La sainte Écriture confirme de la manière la plus explicite la divinité du Saint-Esprit comme associé au Christ dans l’œuvre de la rédemption. Les noms et les qualités que lui donnent les auteurs inspirés offrent d’éclatants témoignages de sa divinité. L’Esprit-Saint est l’esprit de Dieu, l’esprit du Christ, la pensée du Christ, l’esprit du Seigneur, le Seigneur lui-même ; l’esprit d’adoption, de vérité, de liberté ; l’esprit de sagesse, de prudence, de conseil, de force, de science, de piété, de crainte de Dieu, l’esprit qui remplit tout par son essence, qui renferme tout, mais que l’univers ne saurait ni remplir, ni renfermer, im esprit bon, droit, principiol, le sanctificateur par nature, celui qui mesure tout sans se laisser mesurer, qui donne aux créatures sans en rien recevoir, un esprit qui nous est donné en héritage, le doigt de Dieu, celui qui a créé l’univers et opère une nouvelle création par la résurrection et le baptême, l’esprit qui connaît tout, qui enseigne, qui conduit dans la voie droite, qui parle, qui envoie, qui sépare, l’esprit qui apporte la lumière et la vie, qui est vie et lumière lui-même, qui élève des temples, déifie, perfectionne, l’esprit qui n’est pas circonscrit par le lieu et le temps. Oral., XXXI, 29, col. 165, 168. Href, l’Écriture sainte allribuc au Saint-Esprit toutes les perfcctions divines qu’elle reconnaît au Père et au Fils. Ibid., col. 165. Elle reconnaît donc la divinité du Saint-Esprit. Ibid., 30, col. 168.

I.a spéculation théologiqne, fondée sur les témoignages de l’Écriture sainte, confirme aussi la divinité du Saint-Espril. Nous ne saurions concevoir le Saint-Esprit que comme substance ou comme accident. Si nous le concevions comme accident, il ne serait pas capable d’agir, de parler, d’entendre, de s’attrister. Le.Saint-Esprit est donc une substance. Mais une substance a la nature divine ou la nature créée. Si la substance du Saint-Esprit était ime créature, comment croirions-nous en lui ?… Ce n’est pas la même chose, en effet, de croire eu quelque chose que de croire à quelque chose. On)>eut croire une chose créée ; on ne croit qu’à la divinité. Le.Saint-Esprit est donc Dieu. Oral., xxxi, 6, col. 140. Il est Dieu, parce qu’il est placé entre deux personnes divines, ibid..