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ESPRIT-SAINT


on conserve la raison de l’unilé, Conira Eunomium, i. III, C, col. 668 ; la Trinité n’admet pas de division de nature, elle est l’essence commune de trois incorporels parfaits. Conira sabeltianos, 4, 5, col. 609. Il faut donc croire que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est Dieu. Epist., i, 8, 2, 3, col. 248, 252.

La tradition corrobore aussi la croyance révélée de la divinité du Saint-Esprit. Saint Basile parle de la tradition du baptême. Contra Eunomium, 1. III, 5, col. 669. Le baptême est conféré au nom des trois personnes divines. Ibid., 5, col. 666. Mais le baptême conféré dans l’Esprit-Saint est valide aussi. Act.,

I, 5. Si donc le baptême dans le Saint-Esprit a la même efficacité que le baptême conféré au nom des trois personnes divines, il faut en conclure que le Saint-Esprit possède la nature divine du Père et du Fils.

Il doit y avoir une l’aison en vertu de laquelle le nom du Saint-Esprit a été adjoint au nom du Père et du Fils dans la formule du baptême. Si cette raison n’est pas la communauté de nature entre les trois personnes divines, la formule serait inexplicable. Liber de Spiritu Sanclo, x, 24, col. 112. Et la mention du Saint-Esprit est tellement nécessaire que, si on séparait le Saint-Esprit du Père et du Fils, le baptême serait par cela même inutile, invalide, et on ferait naufrage dans la foi. Il y a, en effet, un lien indissoluble entre la foi et le baptême. Le baptême suppose la foi et la foi trouve son achèvement dans le baptême, parce que, de même que nous croyons au Père, au Fils et au Saint-Esprit, de même nous sommes baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Liber de Spiriiu Sancto, xii, 28, col. 117.

Le témoignage de la tradition se traduit encore dans la gloire que la chrétienté rend au Saint-Esprit. " Il a paru bon à nos pères, dit saint Basile, de ne pas recevoir en silence le bienfait de la lumière du soir, mais de l’endre grâces aussitôt qu’elle brille. Quel est l’auteur de la prière qu’on récite en action de grâces lorsqu’on allume les lampes, nous ne le savons pas. Mais le peuple prononce cette antique formule, que personne n’a jamais taxée d’impiété : Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Qui connaît l’hymne d’Athénogène, légué par ce martyr à ses disciples lorsqu’il montait sur le bûcher, sait ce que les martyrs ont pensé du Saint-Esprit. » Liber de Spiriiu Sancto, XXIX, 73, col. 205. Nous rendons gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, dit Basile, parce que nous sommes convaincus que le Saint-Esprit n’est pas étranger au Père et au Fils par sa nature. Epist.,

II, 159, 2, col. 621. Cf. Scholl, Die Lehre des heiligen Basilius von der Gnade, Fribourg, 1881, p. 160-169 ; Schermann, Die Goltheit des heiligen Geistes, p. 91105.

La personnalité du Saint-Esprit est affirmée par saint Basile avec toute la rigueur des termes théologiques. Nous distinguons, dit-il, entre l’essence et l’hypostase. L’essence est un nom commun, un nom qui s’attribue à la fois à plusieurs êtres. Liber de Spiriiu Sanclo, XVII, 41, col. 144. Mais l’essence a des notes caractéristiques, des formes spécifiques, des propriétés individuelles, des marques particulières, IôtÔTr|Tcç, yapaxTÎipEç, ixopçaî, YV(i)pi’cr[j.aTa. Ibid., xiv, 45, col. 149 ; Epist., i, 38, 3, col. 328 ; Tixeront, op. cit., t. II, p. 77. Les liirjvri-zei ; distinguent, sans la diviser, l’essence qui est commune : oiaipo-jai [j.èv TO -/loivbv Toïç îStâÇoutTi)japaxTqpcrt… zo Se â[ji.ocpuèç tïii ; o-jCTiaç où 61axùuToua-iv. Contra Eunomium, 1. II, 28, col. 637. Entre l’essence et l’hypostase il y a la même différence qu’entre ce qui est commun et ce qui est singulier. Epist., ii, 236, 6, col. 884. Saint Basile donne

une définition exacte de l’hypostase, « qui n’est pas la notion indéfinie de la substance ne trouvant aucun siège fixe, à cause de la généralité de la chose signifiée, mais bien ce qui restreint et circonscrit dans un certain être, par des particularités apparentes, le commun et l’indéterminé. » Epist., i, 38, 3, col. 328.

La distinction entre l’essence et l’hypostase, saint Basile l’applique au Saint-Esprit. Il y a, dans la Trinité, une distinction qui empêche au moins la confusion des propriétés personnelles. Ibid., col. 329. Le Saint-Esprit est uni au Père et au Fils y.arà tV/ ç-jo-iv, mais il est distinct du Père et du Fils v.aTi tV’xâii-/, ibid.. A, col. 332, car la communauté d’essence n’elïace pas les propriétés personnelles. Le Saint-Esprit est unique, [xo/aôi/ôv. Il est uni au Père et au Fils xaxà TÔ xoivôv tt, ^ çJiTEtoç, mais, en tant que personne, il est distinct et singulier. Liber de Spiriiu Sanclo, XVIII, 45, col. 152. Il y a, entre les personnes divines, une communauté ineffable et incompréhensible, y.oivcovi’a, et une distinction, Siâ/.pKTiç. Epist., i, 38, 4, col. 332. Et de même que le Fils est distinct du Père, ainsi le Saint-Esprit l’est du Fils. Ibid., XVII, 43, col. 148. Le Saint-Esprit est donc parfait ; il a la plénitude et l’intégrité de l’être ; il n’est pas la portion d’un autre. Contra sabeliianos, 4, P. G., t. XXXI, col. 609 ; Schermann, op. cit., p. 93-95.

On a reproché à saint Basile de n’avoir pas déclaré nettement la divinité du Saint-Esprit, surtout lorsqu’il fallait, pour fermer la bouche aux macédonines, exprimer sa pensée sans équivoque. De son vivant même, saint Basile a essuyé les attaques ue ses adversaires, qui l’accusaient de pusillanimité, de ruse, à l’égard des pneumatomaques. S. Grégoire de Nazianze, Epist., Lviii, P. G., t. XXXVII, col. 116. Mais il a exposé lui-même les raisons qui l’engagèrent à ne pas donner ouvertement au Saint-Esprit le nom de Dieu. Ses réticences écartaient le danger de scandale pour les fidèles, plus attachés aux mots qu’à la doctrine, et enlevaient aux hérétiques l’occasion de susciter des troubles religieux en Cappadoce. Dans sa lettre aux prêtres de Tarse, il leur recommande de tenir compte des exigences des fidèles chaque fois qu’il n’en résulterait pour eux aucun détriment spirituel. Pour réduire le nombre des hérétiques, il conseille de recevoir dans la communion de l’Église ceux qui reconnaissent que le Saint-Esprit n’est pas une créature. Il suffît qu’on proclame son adhésion à la foi du concile de Nicée, pour être considéré comme catholique. Le temps viendra, dit-il, où la grâce de Dieu poussera les âmes à professer explicitement la divinité du Saint-Esprit et à accueillir avec reconnaissance les explications des théologiens. Epist., ii, 113, col. 525, 528. Le silence de saint Basile a donc pour cause la prudence et la charité vis-à-vis des adversaires. Saint Grégoire de Nazianze justifie la conduite de celui qu’il appelle une lumière de la vérité, et il atteste que les hérétiques attendaient avec impatience que saint Basile donnât au Saint-Esprit le nom de Dieu. Ils en auraient profité pour exciter des troubles, le chasser de son siège épiscopal et y établir un des leurs. Pour déjouer leurs intrigues, le saint docteur s’avisa de les combattre par des arguments, qui les enserraient comme dans un cercle de fer et les obligeaient à admettre la divinité du Saint-Esprit. Il tenait plus à les convaincre par de bonnes raisons de la vérité de la doctrine catholique, qu’à les éloigner par l’usage d’un mot qu’ils détestaient. S. Grégoire de Nazianze, Oral., xliii, 68, P. G., t. xxxvi, col. 588 ; Epist. _ Lviii, t. xxxvii, col. 116. Il valait mieux, à son avis, attendre le temps opportun pour dire la vérité que de compromettre cette vérité par des affirmations très explicites. Epist., lviii, col. 116. Mais la prudence, qui lui suggérait cette ligne de conduite.