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ESPRIT-SAINT


Dieu la troisième personne. Dans ce verset d’Amos : Me voici a/Jermissant le tonnerre, et créant l’esprit, et annonçant aux hommes son Clirisl, iv, 13, les tropiques voyaient une preuve de la nature créée du Saint-Esprit. Ce texte, déclare saint Athanase, ne doit pas s’entendre du Saint-Esprit. Il se rapporte à l’esprit de l’homme renouvelé, purifié par les grâces de la rédemption. Epist., i, ad Serapionem, 9, col. 552. Un texte de saint Paul : Je te conjure devant Dieu, devant le Christ Jésus et devant les anges élus, I Tim., V, 21, fournissait aux tropiques un prétexte pour mettre le Saint-Esprit au nombre des anges. Les anges, en effet, y sont nommés après le Christ. « Si cette interprétation est exacte, dit ironiquement saint Athanase, nous pourrions aussi déclarer que le Fils est un homme. Ne lisons-nous pas, en effet, dans l’Évangile de saint Luc, qu’il y avait dans une ville im juge qui ne craignait point Dieu et ne se souciait pas de l’homme ? xviii, 2. L’homme y est nommé après Dieu, donc, il est le Fils, suivant l’exégèse des tropiques. » Ibid., 14, col. 565.

Mais saint Athanase ne s’en tient pas au seul témoignage de la révélation. Les textes de l’Écriture sainte ouvrent un vaste champ à ses spéculations théologiques. La divinité du Saint-Esprit, il la démontre par une triple série d’arguments qui se rapportent à la nature divine, à la nature angélique et à l’action que le Saint-Esprit exerce sur les âmes chrétiennes. Mais, il ne peut pas l’oublier, c’est toujours à la révélation qu’il demande les preuves de ce qu’il avance.

Tout d’abord, il démontre la divinité du Saint-Esprit en invoquant l’autorité des textes scripturaires qui supposent nécessairement dans la troisième personne la nature divine. Les tropiques, remarque-t-il, repoussent toute accointance avec l’arianisme : ils admettent la divinité du Verbe et se bornent à nier la divinité du Saint-Esprit. C’est un défaut de logique, déclare le saint docteur : par rapport au Fils, le Saint-Esprit est dans la même relation d’ordre et de nature que le Fils par rapport au Père. Donc, si l’Esprit du Fils est une créature, il faut, pour être conséquent, affirmer que le Verbe du Père est. lui aussi, une créature. Epist., I, ad Serapionem, 21, col. 580. Le Saint-Esprit vient de Dieu. Or, ce qui est de Dieu ne peut dériver du néant, ni être créé ; autrement, Dieu lui-même, qui est la source du Saint-Esprit, serait aussi une créature. Donc, le Saint-Esprit possède la nature divine. Ibid., 22, col. 582. Le Saint-Esprit participe aux attributs qui ne conviennent pas aux créatures. Il est ùnmuable, incorruptible, tandis que les anges eux-mêmes déchurent de leur gloire, ce qui atteste leur corruptibilité. Donc le Saint-Esprit est Dieu. Jbid., 26, col. 589-593. Le Saint-Esprit est immense, éternel ; il remplit l’univers entier, il est dans tous les êtres. Sap., xii, 1. Or, ni l’immensité ni l’éternité n’appartiennent aux créatures, pas même aux anges. Le Saint-Esprit participe donc à la nature divine. Ibid., col. 592. Le Saint-Esprit est créateur au même titre que le Père et le Fils. Ps. xxxiii, 6. Mais l’acte de la création suppose en celui qui en est l’auteur la nature divine. Le Saint-Esprit possède donc la nature divine du Père et du Fils. Epist., iii, ad Serapionem, 4, col. 632. Le Saint-Esprit est associé à la gloire du Père et du Fils, qui, de l’aveu des tropiques, participent à la nature divine. Or, il serait absurde, si le Saint-Esprit était une créature, d’attribuer la même gloire à ceux qui diffèrent de nature et ne se ressemblent en rien. Le Saint-Esprit doit donc être assimilé au Père et au Fils, quant à la possession de la nature divine. Epist., I, ad Serapionem, 9, col. 552. Rien d’étranger ne se mêle à la nature divine de la Trinité. Donc, si ce Saint-Esprit est le troisième terme de cette Trinité, il ne doit

pas être étranger à la nature divine, il ne doit pas être mis au nombre des créatures. Ibid., 17, col. 569. L’union la plus parfaite et l’unité absolue existent dans la sainte Trinité. Un grand nombre de textes, réunis, Epist., 1, ad Serapionem, 19, montrent que les actes appropriés à une personne divine s’approprient aussi aux autres personnes. Le Père accomplit les œuvres appropriées au Fils, et le Fils les œuvres appropriées au Saint-Esprit. Le Saint-Esprit participe donc à la nature divine du Père et du Fils, puisqu’on ne saurait approprier aux créatures les actes qui dérivent d’une puissance divine. Ibid., 20, col. 576-580. L’Esprit est l’image du Fils. Or, les tropiques confessent que le Fils n’est pas une créature. Donc le Saint-Esprit n’est pas une créature. Ibid., col. 577. Celui qui possède le Saint-Esprit possède le Fils, et, le possédant, il est le temple de Dieu : or, le Fils n’est pas une créature par cela même qu’il est dans la forme du Père. Epist., III, ad Serapionem, 3, col. 629. Donc le Saint-Esprit n’est pas une créature, car le Fils est en lui, et lui-même est dans le Fils.

Une autre série d’arguments se rapporte à la nature angélique ; le saint docteur y a recours pour démontrer contre les tropiques que le Saint-Esprit ne doit pas être mis au nombre des anges. L’argumentation de saint Athanase, toute nourrie de textes scripturaires, est très vigoureuse. Il demande à ses adversaires s’ils sont à même de produire des passages de l’Écriture sainte, où il soit dit que le Saint-Esprit est un ange. L’Écriture sainte ne renferme pas de textes pareils. Le Saint-Esprit n’y a jamais été assimilé aux anges. La sainte Trinité est indivisible et unie en elle-même ; si l’on mentionne le Père, la pensée se rapporte immédiatement au Verbe et à l’Esprit qui est dans le Fils. Si l’on nomme le Fils, le Père est aussi dans le Fils, et l’Esprit n’est pas hors du Verbe. Les anges, au contraire, sont hors du Père et du Verbe. Il serait donc absurde d’attribuer au Saint-Esprit la nature angélique. Epist., i, ad Serapionem, 14, col. 565.

Une troisième série d’arguments touche aux rapports du Saint-Esprit avec les âmes chrétiennes. Au témoignage des auteurs inspirés, le Saint-Esprit répand sa grâce sur ces âmes. Il n’a donc pas une nature créée. Nous nous renouvelons dans le Saint-Esprit. Or, si le Saint-Esprit nous renouvelle, si ce renouvellement répond, en quelque sorte, à une nouvelle création, le Saint-Esprit, qui en est l’auteur, ne saurait être ni renouvelé ni créé, c’est-à-dire ne saurait être une créature. Ibid., 9, col. 553. Le Saint-Esprit est le sanctificateur des âmes, la source de la sanctification ; les créatures, au contraire, sont sanctifiées et renouvelées. Il s’ensuit donc que le Saint-Esprit, qui n’est point sanctifié par un autre et ne reçoit pas la sainteté en participation, ne peut appartenir à la classe des êtres sanctifiés par un autre. Ibid., 23, col. 584. L’Esprit-Saint est un esprit viviflcateur ; les créatures, au contraire, sont vivifiées par lui. Il n’appartient donc pas aux êtres auxquels il communique la vie. Le Saint-Esprit est appelé le chrême, le sceau qui dans le monde oint et scelle toutes les créatures. Le sceau n’a pas la même nature cpie les choses scellées, ni le chrême la même que les choses ointes. Le Saint-Esprit n’est donc pas une créature. Il nous fait participer à la nature de Dieu. Or, s’il était une créature, il ne pourrait pas produire en nous cette participation, parce qu’une nature créée ne peut pas donner ce qui lui est infiniment supérieur et que, par conséquent, elle n’a pas. Le Saint-Esprit n’est donc pas une créature.

Soit donc que l’on considère la nature divine, soit que l’on considère la nature angélique ou l’action de la grâce du Saint-Esprit sur les âmes, on est forcé, à moins de tomber dans l’absurde ou de rejeter les té-