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ESPRIT-SAINT


humaines, et la troisième comme une cliose. » Op. cit., t. III, p. 164, 165. Cette explication, fort ingénieuse sans doute, nous paraît trop forcée pour être acceptée. A notre avis, Hippolyte est incorrect dans ses expressions ; mais l’imprécision de ses concepts n’implique pas la négation d’une vérité de foi qu’il a clairement formulée dans ses écrits. Les controverses trinitaires du n « et du ine siècle touchaient surtout aux relations mutuelles du Père et du Fils. Hippolyte concentrait donc son attention sur ce point et ne faisait qu’effleurer les questions relatives au Saint-Esprit. La théologie trinitaire n’étant pas précisée à l’époque où il vivait, il a pu employer des termes obscurs, dont on a abusé pour lui reprocher de n’avoir pas évité recueil du subordinatianisme. Tixeront, op. cit., p. 325 ; Maran, op. cit., I. IV.c.xiii, p. 456-458 ; Kuhn, op. cit., p. 261-262 ; Dupin, loc. cit., p. 359.

Saint Grégoire le Thaumaturge est l’auteur d’une exposition de la foi, "EzŒt ;  ; Tila-tio ;, dont l’authenticité n’est aujourd’hui contestée par personne. Hamack ; Dogmengeschichle, t. i, p. 751 ; Ryssel, Gregorius Tliaumaturgus, sein Leben und seine Schriflen, Leipzig, 1880, p. 31-33. Nous y trouvons formulée avec netteté la doctrine de la consubstantialité et de la personnalité divine du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit y est présenté comme recevant de Dieu son être divin. Il s’est révélé au monde par le Fils ; il est l’image parfaite du Fils parfait ; il est la vie et la cause des êtres vivants ; une source sainte, la sainteté même, le dispensateur de la sanctification. C’est en lui que Dieu le Père se manifeste. La Trinité divine est parfaite. Il n’y a rien de créé ni de subordonné en elle, ni de surajouté, comme si, n’existant pas d’abord, il lui était survenu dans la suite. Le Fils n’a jamais manqué au Père, ni l’Esprit au Fils. La sainte Trinité est toujours immuable et inaltérable. Ilahn, Bibliothek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, Brestau, 1897, p. 253-254. Ce texte est assez clair pour n’avoir pa. besoin de commentaire. Bull, op. cit., 1. II, c. xii, p. 151-157.

Saint Basile reproche à saint Denys d’Alexandrie d’avoir enseigné sur le Saint-Esprit une doctrine blâmable et défectueuse : itepi toO IIve-jr^aTo ; àçv.E ^wvà ; f|XtTTa -pîTToJTa ; Trii nvc-J !  ;.aT’., Epist., I. I, epist. IX, P. G., t. xxxii, col. 269, c’est-à-dire d’avoir aflirmé que le Saint-Esprit n’est qu’une créature. Il l’excuse cependant. Le saint évêque d’Alexandrie combattait les sabelliens qui infestaient son diocèse, et sa droiture d’intention n’est pas en jeu. Liber de Spiritu Sancto, xxix, 72, P. G., t. xxxii, col. 201. Saint Athanase a défendu l’orthodoxie de son maître, que les ariens se plaisaient à présenter comme un précurseur de leur hérésie. De sententia Dionysii, I, P. G., t. XXV, col. 480. Saint F3asile lui-même ne paraît pas très convaincu du faux enseignement de Denys, car il le cite trois fois comme témoin de la divinité du Saint-Iisprit. lùi effet, Denys d’Alexandrie condamne ceux qui divisent en Dieu les trois pcrsonnesdivines : il associe le Saint-Esprit : la gloire et à la puissance du Père et du Fils. Le Saint-Esprit n’est donc pas une créature, mais une personne divine. P. G., t. xxxii, col. 201. Cf..Maran, op. cit., I. IV, c. xxiii, 1, 2, p. 544, 345 ; Bull, op. cit., 1. II, c. xi, l, p. 141, 142 ; Tixeront, op. cit., p. 143.

Saint Denys romain était (irec d’origine et écrivait en grec. Nous avons de lui un fragment d’une lettre où il réfutait les sabelliens. A jjropos du Saint-Esprit, nous y trouvons correctement exprimée la doctrine traditionnelle de l’Église. Le saint y déclare que l’Écriture révèle la Trinité, mai » que cette Trinité ne doit pas s’rntendre connue s’il y avait trois dieux différcnts. /’. L., t. IV, col. 112. Il ne faut pas diviser en trois dieux l’admirable et divine monade. La Trinité doit

être ramenée à l’unité. Ibid., Il faut croire en Dieu, le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ, son fils, et au Saint-Esprit. Ibid., col. 114. Le Saint-Esprit tient donc, dans la théologie de Denys de Rome, le même rang que le Père et le Fils. Il participe à la monarchie divine, sans cesser pour cela d’être le troisième terme de la Trinité. Tixeront, op. cit., p. 410.

4. Pères et écrivains latins.

a) Tertullien est « le grand artisan qui, le premier, a donné son aspect et son cachet propres à la théologie latine. » Tixeront, op. cit., p. 329. Il est le créateur de la terminologie latine pour l’exposition scientifique du dogme de la Trinité, ou, du moins, un de ceux qui ont le plus contribué à la fixer. Freppel, Tertullien, Paris, 1871, t. ii, p. 300. La doctrine de Tertullien sur la consubstantialité et la personnalité divine du Saint-Esprit a été développée dans son traité contre Praxéas, un hérétique qui réduisait les trois personnes divines à la triple manifestation d’une seule et unique personne.

Toute la théologie trinitaire de Tertullien appuie avec force sur deux concepts, le concept de la monarchie, qui établit en Dieu l’unité indivisible de la nature, et le concept de l’économie, qui organise, pour ainsi dire, en Dieu des degrés distincts, qui distribue l’être divin à des personnes distinctes, qui, d’après la définition de Tertullien lui-même, unitaiem in trinitate disponit, Aduersus Praxeam, ii, P. L., t. ii, col. 180, pose en Dieu le nombre et la disposition. Ibid., iii, col. 180. Sur la valeur et la signification du terme économie chez Tertullien, voir Thomassin, op. cit., c. xxxvii, 9, t. v, p. 158 ; Kuhn, op. cit., t. ii, p. 179, 180 ; Popov, Tertullien, sa théorie de la science chrétienne et les principes fondamentaux de sa théologie, Kiev, 1880, p. 158.

Le Saint-Esprit fait partie de la monarchie divine. Tertullien le répète sans se lasser, toutes les fois qu’il est question, dans ses écrits, du dogme de la Trinité. Il donne à l’Esprit-Saint le nom de Dieu : Ubi Deus, ibidem et alumna ejus, patientia scilicet ; cum ergo Spiritus Dei descendit, individua patientia comitatur eum. De patientia, xv, P. L., t. i, col. 1384. Dieu donc et l’Esprit de Dieu sont identiques. « Il y a deux dieux… ; jamais une telle parole ne sortira de notre bouche : non pas que le Père ne soit Dieu, que le Fils ne soit Dieu, que le Saint-Esprit ne soit Dieu, que chacun d’eux ne soit Dieu ; mais en distinguant les personnes, nous ne divisons pas une substance identique dans les trois. » Advcrsus Praxeam, xiii, col. 193. La doctrine qui reconnaît en Dieu trois personnes distinctes remonte aux origines mêmes de la tradition chrétienne, aux sources de l’Évangile : elle est plus ancienne que les plus anciens hérétiques. Ibid., ii, col. 180. Il y a en Dieu unité de substance, mais le. dogme de l’économie considère comme troisième terme en Dieu le Saint-Esprit. Ibid., ii, col. 180. Tertullien marque bien la nature de cette distinction, qui n’implique pas une diversité ou une division de la substance divine : « Les termes de la Trinité sonttrois, non pas en nature, mais en ordre ; non pas en substance, mais en fonne ; non pas en puissance, mais en propriété. Tous trois ont une seule substance, une seule nature, une seule puissance, parce qu’il n’y a qu’un seul Dieu à qui l’on doit rapporter ces degrés, ces fonnes et ces propriétés sous les noms de Père, de l’ils et de Saint-Esprit. » Ibid., ii, col. 180. La terminologie de Tertullien frappe ici par sa nouveauté et sa précision. Le latin étranger à la pensée chrétienne est plié aux idées les plus élevées du dogme trinitaire. Tertullien a])pcllcle Saint-I-3spril consorssubslanlim Patris, ibid., ni, col. 181 ; il proteste qu’il ne s’est jamais avisé de le séparer du Père et du Fils, ix, col. 187 ; il déclare que le nom de Dieu lui appartient au même titre qu’au Père et au Fils, xiii, col. 193. Le