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ESPRIT-SAINT

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divine personnalité. La révélation nous apprend ((u’il n’y a qu’un seul Esprit-Saint : Duos Spirilus Sanclos rumquam coç/novimus ab aliqiio pncdicari. Ibid., II, VII, 1, eoi. 210. C’est eet Esprit qui a ouvert l’intellienee des aneiens prophètes h la vision de l’avenir et a révélé les desseins de Dieu aux prophètes de la loi de grâce. Ibid. Toutes les fois que l’Écriture sainte mentionne l’Esprit sine adjedione, on peut être assuré qu’il y a là une allusion à l’Esprit de Dieu. Ibid., I, 3, 4, col. 148, 140. Cet Esprit de Dieu, qui est identique à l’Espiit du Christ, se nomme le Saint-Esprit ou Vesprit princip(d, parce qu’il tient le sceptre, lu suprématie dans la hiérarchie des esprits. In Epist. ad Rom., xii, 1, P. G., t. xiv, col. 1103. Mais il n’est pas une créature ; il n"est pas l’œuvre de la puissance créatrice eu Père. Le doute n’est guère possible sur ce point. Les Livres saints ne contiennent la moindre allusion à la nature créée du Saint-Esprit. De principiis, L iii, 3, P. G., t. xi, col. 148. On ne saurait dire qu’il est un corps, qui se partage en fragments pour se distribuer aux âmes justes. L’Esprit-Saint est une force sanctifiante, ibid., I, i, 3, col. 122, une Subsistance spirituelle, intellecluelie : subsislenlia est intelleelualis et proprie subsistil et exslal. Ibid., col. 123. Mais cette subsistance spirituelle possède en commun avec le Père et le Fils les attributs divins. A l’égal du Fils, il a la science de Dieu le Père, il pénètre les abîmes de la sagesse de Dieu : Spiritiis Sanctus, qui solus scrutatur etiam alla Dci, révélai Deum cui imll. Ibid., 3, 4, col. 148, 149. On ne peut pas supposer, déclare Origène, qu’il y ait eu un instant où le Saint-Esprit n’ait pas eu la science de Dieu, où la révélation du Fils lui ait donné cette science. Il s’ensuivrait, en effet, que le Saint-Esprit aurait passé de l’état d’ignorance à l’état de science, et une pareille asserlion serait impie et absurde. Ibid., 3, 4, col. 149. On ne saurait dire non plus qu’il est devenu Esprit-Saint après avoir eu la science de Dieu, autrement, il n’aurait pas toujours été le troisième terme consubstantiel de la Trinité. Ibid.

he Saint-Esprit est donc consubstantiel au Père et au Fils. Il embrasse dans toute sa plénitude la science de Dieu, et, par conséquent, il embrasse aussi toute la plénitude de l’être divin. Origène insiste plusieurs fois sur ce fait que le Fils et le Saint-Esprit seuls ont la scierce de Dieu, In Joa., tom. ii, 23, P. G., t. xiv, col. 162 ; que cette science est identique dans le Fils et dans le Saint-Esprit, In Epist. ad Rom., ix, 13, col. 2201, 2202 ; que l’un et l’autre embrassent toute la volonté eu Père. In Joa., tom. xiii, 36, col. 462. Cette compréhension parfaite de la divinité, cette possession absolue de la science et de la volonté de Dieu de la part du Saint-Esprit, ne serait nullement possible, si le Saint-Esprit lui-même n’était pas Dieu. Le raisonnement tlicologique d’Origène conclut donc à la coiisubstanlialité divine du Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit participe aussi aux autres attributs divins. Il y a, dit Origène, une bonté essentielle dont la sidnte "l’rinité est la source unique. De principiis, I, VI, 2, col. 166. Or, cettï unique bonté substantielle est inhérente au Saint-E prit aussi bien qu’au Père et au Fils. De même, il y a une sainteté substantielle, essentielle, qui est propre à Dieu. Cette sainteté sans tache, nous la trouvons aussi dans le Saint-Esprit : Natura Spirilus Sancli quse sancta est non recipil polliilionem : naturaliler enim, vel substanlialiler sancta est. Ibid., I, viii, 3, col. 178. Le Saint-Esprit n’est pas un être sanctifié. Sa sainteté n’a pas une origine temporaire ou extrinsèque. C’est une sainteté ad inlra, une sainteté éternelle, sans coniinencement, tandis que la sainteté des créatures est une sainteté qui découle du Saint-Esprit, comme de sa source. In Num., homil. XI, 8, P. G., t. xii, col. 053. La simple pré sence du Saint-Esprit suffit pour effacer toute impureté spirituelle, pour remettre les péchés. In Lev., homil. II, 2, col. 414.

Le Saint-Esprit est donc la source de la sanctification. In Epist. ad Rom., x, 11, t. xiv, col. 1208. Il est l’auteur de la grâce, de cette grâce qui communique aux âmes la sainteté de Dieu. De princ., I, iii, 8, t. XI, col. 154. Par la participation du Saint-Esprit, dans lequel omnis est natura donorum, ibid., II, vii, 3, col. 217, l’âme devient sainte et spirituelle. Celte parliciiKdion du Saint-Esprit n’est autre que la participation simultanée du Père et du Fils, c’est-à-dire que l’œuvre de la sanctification, appropriée au Saint-Esprit, appartient à la Trinité. Ibid., IV, 32, col. 406. Le Saint-Esprit répand dans les âmes la suraliondance de la charité, par laquelle on s’élève en quelque sorte à la participation de la nature divine. In Epist. ad Rom., iv, 9, t. xiv, col. 997. Grâce au Saint-Esprit, l’âme chrétienne, éclairée de la lumière d’en-haut, éblouie par la connaissance des mystères ineffables de la foi, tressaille d’une joie toute surnaturelle et céleste. De prine., II, vii, 4, l. xi, col. 218. C’est par le Saint-Esprit, uni au Père et au Fils, que l’homme régénéré est mis au nombre des élus. Le salut est une œuvre divine, une œuvre qui appartient à la sainte Trinité prise dans son intégrité, parce qu’on ne saurait posséder le Père et le Fils sans le Saint-Esprit. De princ., I, iii, 5, 8, t. xi, col. 150, 157.

Origène reconnaît formellement l’éternité du Saint-Esjjiit. Le Saint-Esprit renouvelle les âmes, mais lui-même n’est pas en Dieu un être nouveau, un être créé dans le temps : ipse enim Spirilus est in lege, ipse in Evangelio, ipse semper cum Paire et Filio est, et semper est, et eral, et erit, sicut Pater et Filius. Non ergo ipse novus est, sed credenles innovai. In Epist. ad Rom., vi, 7 ; vii, 13, t. xiv, col. 1076, 1141. Mais, bien qu’éternel, il se révèle par degrés aux hommes : prœcipuus Spirilus Sancli advenlus ad liomincs post cscensionem Ctiristi in eselos magis quam anle adventum ejus declaratur. De princ, II, vii, 2, t. xi, col. 216. Il s’est révélé par ses œuvres, par l’effusion de ses charismes, qui, très abondante durant la prédication du Christ, s’est augmentée après l’ascension et s’évanouit presque à l’âge d’Origène. Contra Celsum, 1, 46 ; VII, 8, P. G., t. XI, col. 745, 1432. Mais cette intermittence de son action dans le monde n’enlève rien à la splendeur et à la gloire de sa divinité. Il n’y a qu’un seul Dieu qui mérite toute adoration, et ce Dieu est en trois personnes divines. Père, Fils et Saint-Esprit. In Epist. ad Rom., i, 16, t. xiv, col. 864.

Ces textes nombreux sont le plus éloquent plaidoyer en faveur de l’orthodoxie de la doctrine d’Origène sur la divinité du Saint-Esprit. On pourrait objecter qu’ils ont été tirés en grande partie du De principiis, dont nous n’avons plus, malheureusement, le texte original grec ni la version latine littérale de saint Jérôme. La version de Rufln, que nous possédons encore, fait naître à bon droit le soupçon d’infidélité. Dans la préface de cette version, Rufin déclare franchement avoir omis les passages contraires aux idées exprimées par Origène en d’autres endroits ; d’avoir, en un mot, remanié le texte pour le rendre plus conforme à la saine doctrine de l’Église. P. G., t. XI, col. 112, 113. Mais il n’a pas faussé toute la pensée d’Origène dans les deux chapitres du De principiis, l, 3 ; II, 7, t. XI, col. 145-157, 215-218, où il a traité e.v professa de la personne du Saint-Esprit. Il ne l’a pas faussée non plus dans l ?s autres écrits d’Origène, qui nous ont fourni de nombreux passages, d’où il résulte que le célèbre Alexandrin a toujours allirmè avec la plus grande énergie et netteté la consubstanlialité divine du Saint-Esprit. Et en présence de ces textes qui témoignent si ouvertement en faveur de