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09’ESPRIT-SAINT

696’O 6ê uib ; To TIv=’j|j.a TÔ (xYiôv âariv, Sim., V, v, 2, Funk, t. I, p. 538. Quel est le sens qu’il faut attribuer à ce passage ? Sclilieiuann, Dorner, liellweg, Hageiiiann, Zahn tiennent que, d’après Hermas, le Fils de Dieu, paru dans le Christ, est distinct du Saint-Esprit. Par contre, Baur, Schwegler, Kayser, Lipsius, Nitzsch, Harnack, etc., sont d’avis qu’Hermas ne connaît pas un Fils de Dieu distinct du Saint-Esprit. Le Fils de Dieu s’identifie avec le Saint-Esprit, et le Christ est tout simplement un homme inspiré par Dieu. Link, Christi Person und Yerk im Ilirlen des Hermas untersuchl, Warbourg, 1886, p. 1-3. Malgré les interprétations contradictoires de sa doctrine, on ne saurait révoquer en doute qu’Hermas approprie au Saint-Esprit les attributs divins, c’est-à-dire qu’il professe sa divinité. Le Saint-Esprit est, pour lui, le sanctificateur des âmes. <i Dans les âmes douces et pénitentes, il exulte comme s’il habitait une maison spacieuse et il se réjouit avec celui qui lui sert de temple. » Mand., V, 1 ; X, 2, 4, Funk, t. I, p. 482, 500. Il est l’auteur des prophéties. Doux et tranquille est celui que le Saint-Esprit inspire : il ne parle pas à tout venant, mais seulement quand Dieu veut. Mand., XI, 8, Funk, t. i, p. 506. Il est éternel, parce qu’il existe avant le temps : Tb IlvcOixa TÔ âyiov t’o Ttpoov. Sim., V, vi, 5, Funk, t. i, p. 540. Il est créateur : Tb xTidav Tiâ(rav tT|V xtÎctcv. Le Saint-Espi-it participe donc à la nature divine.

Hermas le reconnaît aussi comme personne distincte du Père. En effet, le Père a fait habiter l’Esprit dans une chair, choisie par lui-même. Sim., V, vi, 5, Funk, t. I, p. 540. Et cette chair, dans laquelle habitait le Saint-Esprit, a bien servi l’Esprit en toute pureté et sainteté, sans le souiller à jamais. Si le Saint-Esprit habite dans le Christ, il s’ensuit, évidemment, qu’il est aussi distinct du Christ. Link, op. cit., p. 12. Il n’est pas une force impersonnelle, parce qu’il est le principe d’actions qui supposent nécessairement une personnalité. Avant l’incarnation du Fils, il a été la source de toute sainteté et l’inspirateur des prophètes. Lorsque le Fils s’est fait chair, il a habité en lui, il a communiqué une vie nouvelle à ceux qui reconnaissent en lui le Fils de Dieu. Heurtier, op. cit., p. 46-61. Hermas déclare à plusieurs reprises que c’est le Père qui a établi le Saint-Esprit dans la sainte humanité de Jésus : Tb IlvsOjj.a, ô ; ô Oîb ; /.aT(o/.’.17£v év t/j aap/.’i Ta’Jt"^, Mand., III, 1, Funk, 1. 1, p. 473 ; zo IlvejiJia toû OsoO tô So6kv s’iç tt, -/ ai.y/-x taÛT/iv. Mand., X, 2, 6, Funk, p. 502. D’ailleurs, Hermas lui-même mentionne clairement l’Esprit de Dieu, comme distinct du Fils de Dieu. Sim., IX, XXIV, 4, Funk t. i, p. 620.

Les passages cités jusqu’ici n’aplanissent pas les difficultés que soulèvent d’autres textes, où Hermas semble identifier le Saint-Esprit avec le Fils et l’archange Michel. Mais il nous suffît d’avoir montré qu’il ne manque pas, dans le Pasteur d’Hermas, de témoignages explicites sur la divinité et la personnalité du Saint-Esprit.

L’Épitre de Barnabe, i, 3, Funk, t. i, p. 38, et la Doctrine des douze apôtres, Wohlemberg, Die Lchre dcr zw’àlf Apostel in ihrem Verlialtniss zum neulestamentlichen Schrifttum, Erlangen, 1888, p. 8-10, mentionnent aussi le Saint-Esprit comme source de la grâce et de l’inspiration prophétique. ]Iais cette simple mention n’a pas assez de valeur doctrinale pour occuper l’attention des théologiens.

En résumé, la divinité et la personnalité du Saint-Esprit sont attestées parles monuments primitifs de la littérature chrétienne. Le Saint-Esprit s’y révèle avec les attributs de Dieu, c’est-à-dire comme Dieu : on lui approprie des actes divins et on établit une distinction réelle entre lui et les autres personnes de la

très sainte Trinité ; il est l’égal du Père et du Fils, et il participe à la même gloire que le Père et le Fils. Les Pères apostoliques professent donc les points les plus essentiels de la doctrine catholique touchant le Saint-Esprit.

2° Les Pères apologistes et controversisles du ii" et du m" siécte. — 1. Remarques préliminaires. — Aux prises avec le polythéisme païen ou les hérésies antitrinitaires, les Pères et les écrivains ecclésiastiques du n* et du iiie siècle s’efforçaient d’écarter de leur enseignement les conceptions extrêmes du dogme de la très sainte Trinité, d’éviter le double écueil du monarchianisme et du trithéisme ou dithéisme. Contre le premier, qui insistait sur l’unité de Dieu, jusqu’à sacrifier la personnalité distincte du Fils et du Saint-Esprit, la théologie anténicéenne affirmait la distinction réelle des trois personnes divines ; contre les théories trithéistes ou dithéistes, elle revendiquait l’unité de l’essence divine, indivisible en elle-même, bien que possédée en commun par les trois hypostases divines. Mais la tâche de ces Pères et de ces écrivains n’était pas facile, parce que, au point de vue théologique, ils n’étaient pas assez outillés pour repousser les attaques des adversaires de la vérité chrétienne. Leur foi était, sans doute, comme nous l’avons déjà remarqué pour les Pères apostoliques, l’écho fidèle de la tradition, une foi à l’abri du moindre soupçon et exempte de la plus petite tache. Mais les expressions et les images qu’ils employaient pour élucider le mystère de la très sainte Trinité n’exprimaient pas, d’une façon absolument claire, un dogme connu et professé de la manière la plus explicite par les fidèles, et plus encore par les docteurs de l’Église. Nous ne devons donc pas nous attendre à trouver, dans les monuments littéraires de la théologie anténicéenne, un traité en bonne et due forme sur la personne du Saint-Esprit et son action dans l’ordre surnaturel. Bien plus, il n’y aurait pas d’exagération de notre part à affirmer que, dans les ouvrages antérieurs au concile de Nicée, le savant catholique, tout en y puisant la véritable doctrine de l’Église sur le Saint-Esprit, rencontre des passages où la divinité et la personnahté distincte de la troisième personne ne sont pas énoncées avec la sûreté et la plénitude qu’il eût fallu. Il n’est donc pas étonnant qu’une critique mal avisée ou audacieuse et l’exégèse rationaliste du protestantisme se soient parfois évertuées à ranger les Pères du ii « et du IIIe siècle au nombre des pneumatomaques et à tirer de leurs écrits la preuve de la négation du Saint-Esprit dans l’Église primitive.

Le P. Petau ne se faisait pas scrupule de reprocher à ces Pères l’usage de termes dangereux, qui révéleraient chez eux, surtout à l’égard du Saint-Esprit, une certaine ignorance du mystère de la sainte Trinité : Ut erant tempora, nondum myslerio illo salisliquida cogniio, nonnutla periculose dicta jecerunt. De Trinitate, 1. L c. iii, n. 1, t. ii, p. 291-292. Ces attaques contre l’orthodoxie des Pères anténicéens ont été repoussées par le théologien anglican, Georges Bull, dans son ouvrage : Defensio fidei Nicenæ, Oxford, 1685. Dans sa préface aux livres De Trinitate, le P. Petau lui-même s’est vu obligé de mitiger la rigueur excessive de ses jugements et de rétracter en partie ses critiques injustes sur la doctrine trinitaire de la théologie anténicéenne. Præfalio, c. iii, t. : i, p. 260-271.

La critique rationaliste, au contraire, n’a point cessé d’attaquer la continuité de la tradition des^ Pères touchant le Saint-Esprit. D’après Harnack, lesapologistes chrétiens du ii’e siècle et les Pères du iiie siècle ignorent la personne du Saint-Esprit, ne font aucune distinction entre le Verbe et le Saint-Esprit, ne reconnaissent en Dieu que deux hjpostases. Lehrbuch dtr Dogmengeschichte, 3e édit., t. ï„