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ESPÉRANCE — ESPRIT-SAINT

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doctrine catholique, c’est avant tout, ceninie nous le disions, la perfection morale de l’homme réalisée d’une manière suréminente, continue, éternelle ; c’est ce règne de la justice, dont parlait Kant lui-même. Subordonner les actes de vertu à la béatitude, c’est donc subordonner le moins au plus, la perfection commencée à la perfection accomplie, ce qui est dans l’ordre. Les partisans de l’immanence ne peuvent se plaindre de l’eudémonisme ainsi entendu : quoi de plus immanent, de moins étranger à l’homme, que le suprême développement de son être ? Les rationalistes qui fondent la vie morale de l’homme sur le respect de sa propre personne ne peuvent se plaindre d’une doctrine qui prend pour but de la vie la dignité de la personne humaine portée un jour au plus haut degré de son évolution. Ainsi la doctrine catholique contient en elle cette vérité dont quelques rayons brillent à travers les systèmes.


X. Nécessité de l’espérance.

Nécessité de moyen.

L’acte d’espérance est une disposition absolument nécessaire à la justification de l’adulte. Le concile de Trente exige l’« espérance du pardon » pour que le sacrement avec l’attrition puisse purifier le pécheur. Voir col. 608. La charité parfaite, qui peut justifier en dehors du sacrement, présuppose l’espérance comme disposition. Voir eol. C08.

Nécessité de précepte.

Le précepte divin de l’espérance ne nous oblige évidemment pas à faire à chaque instant des actes de cette vertu ; les préceptes positifs n’obligent pas pro seinper. La difficulté est donc de préciser cette obligation autant qu’on le peut.

1. Y a-t-il certains moments déterminés de la vie où l’obligation soit urgente ? Pour les trois vertus théologales ensemble, la théologie morale examine deux moments déterminés : début de la vie morale, article de la mort. Cette question ayant été déjà traitée à propos de la charité avec d’abondantes références, nous n’y reviendrons pas. Voir Charité, t. II, col. 2253 sq.

2. En dehors de ces deux époques extrêmes de la vie morale, le précepte divin de l’espérance oblige-t-il directement au moins quelquefois pendant la vie, et peut-on fixer un minimum ? La réponse est à peu près la même que pour l’acte de charité. Voir Charité, t. ii, col. 2255.

Toutefois, quand il s’agit de l’espérance, en la disant obligatoire on ne veut pas dire qu’il faille absolument en faire un acte explicite et formel. Il y a un acte parfait d’espérance théologale contenu au moins implicitement dans toute prière par laquelle nous demandons à Dieu avec confiance, pour nous et dans notre intérêt, la vie éternelle et le secours de la grâce pour y arriver ; et l’on sait que la prière, dont la confiance est une condition essentielle, est regardée elle-même par la doctrine catholique comme nécessaire et non moins obligatoire que l’espérance. Voir Prière. Il suffira donc d’accomplir le précepte de la prière pour satisfaire en même temps à celui de l’espérance.

I. L’espérance d’après la bible. — Voir P. Renard, art. Espérance, dans le Diclionnaire de la Bible de M. Vigoureux, t. ii, col. 1965 ; Kaulen, art. Iloffnim ! /, dans le Kirchenlexikon de Wetzer et Weltc, 2e édit., t. vi, p. 148 sq. — Ailleurs prolestanls : I. S. Banks, art. Ilope, dans le Diclionary of Ihe Bible de Hastings, t. ii, p. 413 ; C. Grierson, Bit. Hope, dans le Diclionanj of Christ and Ihe Gospels de Hastings, t. i, p. 747 ; Buchrucker, art. Hoffnung, dans la Realencyklopàdie fiXr protestantische Théologie de Herzog-Hauck, t. viH, p. 23.S ; Jean Monod, art. Espérance, dans l’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger, t. IV, p. 537 sq.

II. Pères de l’Église. — Cités col. 607-608, 649-651. C.î. Suicer, Thésauruse Palribtis griecis…, ^’édit., Utrecht, 1746, art.’Et. ;  ;, t. i, col. 1094.

III. Théologiens.

Hugues de Saint-Victor ou un di->cipfe d’Ab^’-lard (voir Abélard, t. i, col. 53)..Suninia Sententiarum, tr. I, c. ii, P. L., t. CLXXVi, col. 43-14 Csoiirce du Lomhnrd) ; Pierre Lombard, .S’en/., 1. III, dist. XXVI, P. J.., t. cxcii, col. 811-812 ; S. Tliomas, Siim. theol., I" II’, q. XL ; II" II’, q. xvii-xxii ; Qusest. disp.. De viriutibus, q. IV, De spe ; S. Bonaventure, In IV Sent., 1. III, dist. XXVI, Quaracchi, 1887, t. iii, p. 553 sq. — Les autres commentateurs du Lombard sur le même endroit des Sentences, surtout Scot, Paris, 1894, t. xv, p. 320 sq. ; Durand de Saint-Pourçain, Capréolus, Uenys le Chartreux, col. 656-657. — Les commentateurs de la Somme de S. Thomas, surtout In II"- II’, q. xvii sq., particulièrement : chez les dominicains Cajctan, dans leur édition de saint Thomasen cours de publication, Rome, 1895, t. viii, p. 125 sq. ; Banez, In II’" II’, Douai, 1615, p. 307 sq. ;.Jean de Saint-Thomas, Billuart, voir col. 634. Chez les carmes : les Salmanticenses, Paris, 1879, t. xi, p. 440. Chez les docteurs dw Sorbonne : Ysambert, Grandin, voir col. 641. Chez les jésuites : Suarez, In II— II’, tr. De spe, Paris, 1858, t. xii, p. 597 sq. ; Tanner, Theol. scholast., Ingolstadt, 1627, t. liu p. 537 ; Goninck, Arriaga, Oviedo, voir col. 641 ; Ripalda, Pallavicini.Haunold, Platel, Viva et autres, voir col. 639 sq.

— Les commentateurs franciscains de Scot, surtout Lychetus et Poncius dans la nouvelle édit. de Scot, lac. cit., et plus tard Mastrius, Frassen, voir col. 641. — Théologiens plus récents : Perrone, De viriutibus fidei, spei et carilalis, part. II, Turin, 1867, p. 155 sq. ; Mazzella, De viriutibus infiisis, Rome, 1879, p. 6Il sq. ; Jules Didiot, Morale surnaturelle spéciale. Vertus théologales, c. ii, Paris et Lille, 1897, p. 279 sq. ; Lahousse, De virt. theologicis, disp. III. Bruges, 1900, p. 337 sq. ; Billot, L » e pir(. in/usis, Rome.. 1901, p. 345 sq. ; Schiffini, De virl. infusis, Fribourg-en-Brisgau, 1904, p. 349 sq. ; C. Pesch, Prælecliones dogmaiicæ, 3e édit., t. vjii, tr. III, Fribourg-en-Brisgau, 1910. p. 220 sq. Les auteurs de théologie morale, à la suite de S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, 1. II, tr. II, Rome, 1905, t. i, p. 313-314.

IV. Auteurs mystiques ou ascétiques.

S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, 1. II, c. xv-xvii. Œuvres. Annecy, 1894, t. iv, p. 136 sq. ; Philippe de la Sainte-Trinité, carme, Summa theologiee mysticse, part. I, tr. IL disc.III, a. 8-10 ; part. III, tr. II, dise. I, a. 2, Lyon, 1656. p. 101 sq., 372, 373 ; Massoulié, O. P., Traité de l’amour de Dieu (apologie de l’amour intéressé et de l’espérance contre le quiétisme et le semi-quiétisme, Bruxelles, 1886, surtout p. 91-176 ; Vincent Calatayud, de l’Oratoire de S.Philippe. Divus Thomas… tenebras, mysticam theologiam obscurare molientes, angelice dissipans, Valence, 1732, t. iv, surtout p. 78-92, 644-672 ; t. v, p. 163-174, 314-317 ; le cardinal Gennari, I>c/ falso /nis/icisnio (Molinos et Fénelon), 2e édit., Rome, 1907.

S. Harent.


ESPRIT-SAINT. Nous étudierons successivement :
1° sa divinité ;
2° sa procession du Père et du Fils.

I. ESPRIT-SAINT. SA DIVINITÉ.


I. D’après l’Écriture.
II. D’après les Pères.
III. D’après les conciles.
IV. D’après les théologiens.

I. D’après l’Ecriture.

Divers sens du mot « esprit » .

Le mot esprit, spiritus, pneuma, ruha, offre plusieurs sens que nous trouvons énumérés dans le Liber de definitionibus, classé parmi les œuvres apocryphes de saint Athanase, et dans le De fide orthodoxa de saint Jean Damascène. D’après le premier écrit, le mot pneuma peut s’entendre de l’âme, des anges, du vent, et aussi de l’intelligence humaine. P. G., t.xxviii, col. 536. D’après saint Jean Damascène, pneuma désigne d’abord le Saint-Esprit ; il indique aussi les puissances du Saint-Esprit, le bon ange, le démon, l’âme, l’intelligence, le vent, Vair. De fide orthodoxa, 1. I, c. XIII, P. G., t. xciv, col. 857-859.

L’auteur du Liber de definitionibus fait dériver le mot grec pneuma de pan neuma, toute sorte de mouvement, tout ce qui s’agite et se meut, P. G., t. xxviii, col. 536, et puisque la troisième personne de la sainte Trinité pousse la volonté de l’homme, sonde ses secrètes pensées, est la source des mouvements de la vie